Auteur : Groupe de travail
Organisation affiliée : Institut Montaigne
Type de publication : Note
Date de publication : Février 2019
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L’énergie solaire photovoltaïque (ou l’électricité produite à partir d’énergie solaire) représente une solution prometteuse car elle permet un déploiement rapide, à très grande échelle, d’une énergie décarbonée et économiquement accessible. Les atouts du photovoltaïque sont connus. Pourtant, à ce jour, un nombre insignifiant de centrales solaires ont été concrétisées en Afrique.
L’objectif de cette note est d’identifier les freins au déploiement de l’énergie solaire en Afrique et de proposer des solutions concrètes permettant à cette dernière de se déployer et ainsi de répondre aux défis démographique et climatique du continent africain. S’il est important de réduire les émissions de CO2 de pays comme la France – qui représentent 1,2 % des émissions mondiales -, ou l’Allemagne – 2,7 % -, l’une des priorités de la politique climatique globale doit également viser à contenir les émissions futures des habitants du continent africain, sans pour autant freiner son développement économique.
La production d’électricité en Afrique fait face à plusieurs difficultés
- Elle est encore rare dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne. Seuls 32 % de la population y a accès selon la Banque africaine de développement. C’est le taux le plus faible du monde, alors même que les besoins sont considérables, avec une population en augmentation constante (390 millions d’habitants en plus en 2017 par rapport à l’an 2000);
- Les capacités actuelles sont limitées. Les 48 pays d’Afrique subsaharienne ne disposent que de 46 gigawatts de capacité installée pour une population de plus d’un milliard d’habitants. En comparaison, l’Espagne dispose de 106 gigawatts pour une population de 45 millions d’habitants;
- L’électricité est chère, son coût de production est de 0,20 à 0,50 USD/kWh, ce qui est très élevé par rapport à la moyenne mondiale qui se situe autour de 0,10 USD/kWh.
L’énergie solaire est faite pour le continent africain…
- L’énergie solaire est compétitive, ce qui la rend attractive face aux solutions thermiques;
- Elle bénéficie d’une simplicité de fonctionnement et d’une grande rapidité de construction;
- Elle s’adapte à toutes les réalités du terrain, du kit solaire équipant un foyer isolé, jusqu’à la gigantesque ferme solaire alimentant des villes entières;
- Elle peut fonctionner hors des réseaux de transport et de distribution et ainsi alimenter des populations isolées sans attendre le déploiement long et coûteux des lignes à haute tension.
… mais le continent africain n’est pas encore prêt pour l’énergie solaire
- Les outils de financement existants ne sont pas adaptés au caractère très capitalistique et à la petite taille des centrales solaires. L’essentiel de leur coût étant concentré sur l’investissement initial, qui s’amortit ensuite sur plusieurs décennies, les projets solaires nécessitent une visibilité de long terme.
Les capacités actuelles sont limitées. Les 48 pays d’Afrique subsaharienne ne disposent que de 46 gigawatts de capacité installée pour une population de plus d’un milliard d’habitants. En comparaison, l’Espagne dispose de 106 gigawatts pour une population de 45 millions d’habitants
- La politique de subventions menée sans discernement par quelques États et banques de développement engendre un signal prix, certes très attractif, mais artificiel. Les initiatives subventionnées dans le domaine de l’énergie solaire ont des effets collatéraux néfastes : elles fixent des prix de référence inatteignables sans subventions, rendant ainsi irréalisable tout autre projet financé sur fonds privés dans la région. Ce faisant, elles dissuadent les développeurs privés de continuer à prendre des risques en entreprenant de nouveaux projets dans ces pays.
Nos propositions pour faciliter le déploiement de l’énergie solaire sur le continent africain
- Adapter le financement à la nature capitalistique et à la taille réduite des projets solaires
Proposition n°1 – Promouvoir les efforts de planification, prérequis au développement de l’énergie solaire, notamment par l’adaptation des cadres réglementaires à la spécificité des projets solaires.
Proposition n°2 – Faciliter l’accès au financement. En particulier, mettre en place une documentation standardisée qui serait disponible gratuitement et acceptée par l’ensemble des parties, et réduire les frais d’instruction des dossiers en adaptant les exigences des bailleurs à la taille des projets.
Proposition n°3 – Réduire le coût du financement: faciliter l’accès aux outils de rehaussement de crédit (garanties, assurances) et rendre les prêts concessionnels accessibles à ces projets.
- Restreindre les subventions publiques lorsqu’elles créent des distorsions de marché
Proposition n°4 – Vérifier l’absence de tout projet privé implanté sur une zone donnée avant d’envisager d’y implanter un projet public.
Proposition n°5 – Limiter au maximum les signaux de prix artificiels: éviter les subventions (portant sur les études, le foncier, le raccordement, etc.) de nature à décourager l’investissement privé.
Proposition n°6 – Promouvoir une meilleure collaboration entre fonds publics et privés: cibler les fonds publics sur des projets qui n’attirent pas les fonds privés tels que les infrastructures de réseau de moyenne et basse tension, la mise à disposition d’outils de rehaussement de crédit des contreparties publiques ou l’accompagnement du renforcement des compétences.
- Limiter le recours quasiment exclusif aux appels d’offres, notamment dans des contextes de marchés peu matures et pour des projets de petite taille
Proposition n°7 – Privilégier des mécanismes adaptés à la taille des projets et au contexte de marchés peu matures.
Proposition n°8 – Accompagner les premiers développements, en mettant à disposition des Etats et donneurs d’ordres les expertises qui peuvent leur faire défaut, puis en organisant le transfert de compétences afin de créer une véritable filière industrielle pérenne.
Proposition n°9 – Une fois le marché plus mature, envisager progressivement des mécanismes d’appels d’offres mais en les limitant aux projets de grande envergure.
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