Auteur : Rim Berahab
Organisation affiliée : Policy Center for the New South
Type de publication : Note de synthèse
Date de publication : Mai 2019
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Introduction
Les énergies renouvelables, longtemps éclipsées par les combustibles fossiles pour l’approvisionnement en énergie, réapparaissent sur le devant de la scène, depuis la recrudescence des préoccupations liées au réchauffement climatique et la montée, récente, des cours du pétrole. Les énergies renouvelables sont, également, entrées dans un cercle vertueux de progrès technologiques et de réduction de coûts, les rendant de plus en plus compétitives avec les énergies fossiles, ce qui explique, en partie, ce regain d’intérêt. Cela laisse présager, alors, un potentiel de développement majeur pour les années à venir.
L’Afrique n’est pas en reste, mais elle fait face à une réalité contrastée. D’une part, le continent détient d’importantes réserves de ressources énergétiques, à la fois d’origine fossile et renouvelable, mais, de l’autre côté, il est confronté à de nombreux défis énergétiques. En effet, bien qu’abondantes, ces ressources sont réparties de manière inégale, sous-exploitées, exportées sous forme brute, ou bien encore gaspillées lors de l’extraction ou du transport. En conséquence, l’offre disponible pour les populations demeure insuffisante, dans un continent caractérisé par une croissance économique et démographique élevée qui ne ferait qu’accentuer sa demande énergétique.
État des lieux des ressources énergétiques en Afrique
Le pétrole brut
L’Afrique détient 7,5% des réserves mondiales de pétrole brut, principalement concentrées en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest. Ces réserves ont augmenté depuis la fin des années 1990 et sont passées de 75 milliards de barils à 126 milliards durant la période 1997-2017 , soit une croissance de 68%. La production de pétrole brut, quant à elle, s’est élevée à 8 millions de barils par jour en 2017, et a constitué près 8,7% de la production mondiale. Après des taux de croissance négatifs enregistrés en 2015 et 2016, suite à la chute des prix de pétrole, la production africaine a repris à la hausse, marquant une croissance de 5% en 2017. Les principaux producteurs de pétrole en Afrique sont le Nigéria et l’Angola, qui représentent près de 45% de la production africaine totale et 4% de la production mondiale totale. L’Algérie, la Libye et, à moindre mesure, l’Égypte, ont des niveaux de production similaires, bien que la production libyenne soit bien inférieure à son potentiel depuis la guerre civile de 2011. Le pétrole est également extrait dans de nombreux autres pays d’Afrique subsaharienne comme le Congo, le Gabon et la Guinée Équatoriale.
Le gaz naturel
Le gaz naturel, combustible réputé moins polluant que le pétrole ou le charbon, est souvent utilisé en association avec d’autres combustibles pour réduire la pollution liée à la production d’électricité. L’Afrique continentale détient des ressources de gaz naturel abondantes, estimées à 7,1% des réserves mondiales après le Moyen-Orient et la Communauté des États Indépendants. Ces réserves sont, en grande partie, localisées en Afrique de l’Ouest, particulièrement au Nigéria, qui abrite 38% des ressources africaines, et en Afrique du Nord, plus précisément en Algérie (31%), en Égypte (13%) et en Libye (10%).
Le charbon
Les réserves de charbon en Afrique représentent 1,3% des réserves mondiales et sont confinées dans la partie sud du continent. En effet, sur les 13 milliards de tonnes de réserves prouvées de charbon, 75% sont situées en Afrique du Sud. Des réserves existent au Mozambique, au Zimbabwe et, à moindre mesure, en Tanzanie et en Zambie.
En ce qui concerne la production, l’Afrique du Sud se démarque encore une fois. En 2017, ce pays a produit environ 252 millions de tonnes de charbon, soit 95% de la production totale africaine, devenant ainsi le 7ème producteur mondial, derrière la Russie et l’Indonésie.
L’énergie nucléaire
L’énergie nucléaire est générée à partir d’uranium ou de plutonium. L’Afrique comprend trois des dix plus grands détenteurs de ressources en uranium au monde: la Namibie, le Niger et l’Afrique du Sud. Le continent fournit, aussi, une part importante de la production mondiale d’uranium de l’ordre de 18%, répartie comme suit: la Namibie 8,2%, le Niger 7,7%, le Malawi 1,2% et l’Afrique du Sud 1,1%5 . L’Afrique du Sud est le seul pays à disposer d’une capacité de production d’énergie nucléaire, estimée à 14 202 GWh produits en 2013, et a annoncé son intention de l’étendre. D’autres pays africains, tels que le Kenya et la Namibie, ont manifesté leur intérêt pour intégrer l’énergie nucléaire à leur mix domestique. Cependant, l’introduction de l’énergie nucléaire pose de nombreux défis, notamment l’important investissement initial nécessaire, la nécessité de développer des capacités techniques et réglementaires. D’importants défis environnementaux se posent, également, étant donné que la production d’uranium génère une énorme quantité de déchets radioactifs.
Les ressources énergétiques renouvelables
Les énergies renouvelables désignent les sources d’énergie qui ne sont pas dérivées de combustibles fossiles ou nucléaires. Elles comprennent la biomasse, l’énergie hydroélectrique, solaire, éolienne et géothermique. Elles sont abondantes mais réparties de manière inégale en Afrique. La majeure partie de leur potentiel demeure ainsi non exploitée.
La bioénergie
La bioénergie constitue une source importante d’énergie renouvelable. Elle est générée par la conversion des produits solides, liquides et gazeux dérivés de la biomasse. Au niveau mondial, sa contribution à la demande d’énergie finale dans tous les secteurs s’est élevée à 10%, en 2017, soit cinq fois celle de l’énergie éolienne et solaire photovoltaïque combinées. En Afrique, la bioénergie domine le mix énergétique. Elle a constitué près de 49% de la demande d’énergie primaire en 2017, dépassant la part du pétrole (22%) et du gaz (15%) par une large marge. Seuls l’Afrique du Sud et les pays d’Afrique du Nord font exception à ce constat, dans la mesure où leur demande énergétique est dominée par le pétrole.
L’énergie hydroélectrique
L’énergie hydroélectrique est la source la plus importante d’électricité renouvelable au monde. Elle produit environ 16% de l’électricité mondiale à partir de plus de 1 200 GW de capacité installée. En Afrique, l’énergie hydroélectrique est depuis longtemps un élément important dans de nombreux systèmes électriques. Son potentiel technique sur le continent est colossal. Il est estimé à 350 GW et pourrait générer près de 1 200 TWh par an, soit 3 fois le niveau de consommation actuelle de l’Afrique Subsaharienne. A lui seul, le bassin du Congo représente 40% du potentiel total hydroélectrique et comprend des pays tels le Congo, la République Démocratique du Congo et le Cameroun. Des opportunités importantes existent, également, dans le bassin du Nil, notamment en Éthiopie et en Égypte, en Afrique australe, plus précisément en Angola et en Afrique du Sud, et en Afrique de l’Ouest, particulièrement en Guinée et au niveau des fleuves du Niger et du Sénégal.
L’énergie solaire
L’énergie solaire est la source d’énergie renouvelable la plus propre et la plus abondante. Son utilisation reste cependant limitée en comparaison avec l’énergie hydroélectrique. L’énergie solaire produit environ 2% de l’électricité mondiale à partir de 403 GW de capacité installée.
Outre l’électricité, les utilisations de l’énergie solaire comprennent, entre autres, la production de chaleur pour des usages domestiques ou des activités industrielles non intensives, ainsi que pour le refroidissement.
En Afrique, les technologies solaires ont joué un rôle limité dans le secteur de l’énergie historiquement, mais font l’objet d’une attention croissante dans de nombreux pays depuis quelques années. L’Afrique est, en effet, riche en énergie solaire, la majeure partie du continent bénéficiant en moyenne de plus de 320 jours de soleil par an, soit le double du niveau moyen en Allemagne. Par ailleurs, la distribution du niveau d’irradiance est relativement uniforme et est estimée à près de 2 000 kWh par mètre carré (kWh / m2) par an.
L’énergie éolienne
A l’échelle mondiale, l’énergie éolienne est l’une des sources d’énergie renouvelable à la croissance la plus rapide. En 2017, sa capacité cumulative a atteint 515 GW, répartie entre 497 GW, pour l’éolien terrestre, et 18 GW, pour l’éolien offshore. L’énergie éolienne représente près de 4% de la production mondiale d’électricité. En Afrique, le potentiel estimé à 1300 MW, est considérable mais il est moins uniformément réparti que les ressources solaires. Des ressources éoliennes, de qualité moyenne à élevée, se trouvent dans la majeure partie de l’Afrique du Nord. Du potentiel existe aussi dans la région du Sahel, dans les régions montagneuses de l’Afrique australe (notamment l’Afrique du Sud, Lesotho, Malawi, Zambie) et dans certaines régions de l’Afrique de l’Est, en particulier dans la Corne de l’Afrique et le long de la vallée du Grand Rift (Érythrée, Djibouti, Somalie, Éthiopie, Kenya et Tanzanie).
La géothermie
L’énergie géothermique peut fournir du chauffage, du refroidissement et de la production d’électricité à base de ressources hydrothermales à haute température, de systèmes aquifères à basses et moyennes températures et de ressources de roche chaude. En 2017, la production mondiale d’énergie géothermique s’est élevée à 84,8 TWh, tandis que la capacité cumulée installée a atteint 14 GW. En Afrique, les technologies géothermiques ne représentent qu’une petite fraction de l’alimentation électrique, mais peuvent constituer une option attrayante. La génération d’électricité issue de la géothermie a ainsi connu une forte croissance durant la période 2000-2016, enregistrant un taux annuel moyen de 17%. Des ressources géothermiques suffisantes existent et sont concentrées dans la vallée du Rift en Afrique de l’Est, avec un potentiel total estimé entre 10 GW et 15 GW. Le coût de production est compétitif par rapport aux combustibles fossiles, et l’énergie géothermique n’est pas caractérisée par les problèmes de variabilité associés à certaines énergies renouvelables.
Enjeux et déterminants du déploiement des énergies renouvelables en Afrique
Le potentiel peu exploité des énergies renouvelables en Afrique laisse présager d’importantes évolutions dans ce secteur. C’est une fenêtre d’opportunité qui s’ouvre afin de mieux satisfaire les besoins énergétiques de l’Afrique de manière durable et soutenable, dans un contexte de volatilité des prix de combustibles fossiles, de dépendances des importations énergétiques extérieures et de prise de conscience des conséquences néfastes des émissions de carbone. Cette section explique, d’abord, les enjeux du développement des énergies renouvelables et détaille, ensuite, les principaux facteurs économiques qui détermineraient la hausse de leur déploiement en Afrique dans les années à venir.
Enjeux des énergies renouvelables en Afrique
Le déploiement élargi des énergies renouvelables en Afrique détient des enjeux importants. Garantir la sécurité de l’approvisionnement de l’énergie est essentiel, pour ne pas freiner la dynamique du développement économique qui est en train de prendre racine en Afrique. En effet, la volatilité des prix des hydrocarbures, la dépendance à l’égard des combustibles fossiles et les perturbations dans leur approvisionnement sont susceptibles d’entraver les activités économiques, particulièrement dans les secteurs à forte densité d’énergie. Ainsi, la chute des prix du pétrole qui a eu lieu en 2014 a eu des répercussions négatives sur les économies des pays producteurs de pétrole de l’Afrique, à l’instar du Nigéria dont la croissance du PIB a chuté de 6,3% en 2014 à 2,5% en 2015.
Un autre enjeu important est celui de l’accès à une énergie qui soit abordable et fiable. Une part importante de la population en Afrique, environ 600 millions d’individus, disposent d’un accès inexistant à l’électricité en 2017 ; et ceux qui y ont accès souffrent de coupures de courant fréquentes. Le taux moyen d’électrification, de 52% pour le continent, recouvre en réalité d’importantes disparités régionales : s’il atteint 100% en Afrique du Nord et 84% en Afrique du Sud, il n’est que de 26% en Afrique centrale. A l’enjeu de l’accès à l’énergie s’ajoute un autre, tout aussi crucial : la décarbonisation du mix énergétique. L’Afrique est considérée comme le continent le plus vulnérable aux effets du changement climatique, bien que sa contribution aux émissions de dioxyde de carbone soit faible, en comparaison avec d’autres pays en développement. Il devient, donc, nécessaire de limiter la part des combustibles fossiles dans le mix énergétique africain et de mettre en place des stratégies de mitigation et d’adaptation climatique.
Déterminants du déploiement des énergies renouvelables en Afrique
Depuis les années 2000, l’activité économique en Afrique a fait preuve d’un dynamisme remarquable. En dépit des coups portés par la crise économique et financière de 2008, et par la chute des prix des matières premières de 2014, le continent africain a continué d’afficher une croissance économique robuste, malgré un léger ralentissement. En effet, la croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) réel est passée de 5,4% durant la période 2000-2007 à 3,4% en moyenne par an durant la période 2008-2017. D’après les prévisions, l’activité économique devrait reprendre à la hausse progressivement, pour atteindre 4% d’ici 2020.
En effet, la volatilité des prix des hydrocarbures, la dépendance à l’égard des combustibles fossiles et les perturbations dans leur approvisionnement sont susceptibles d’entraver les activités économiques, particulièrement dans les secteurs à forte densité d’énergie
Outre le dynamisme de l’activité économique, l’Afrique connaît une croissance démographique rapide avoisinant les 2,5% en moyenne par an pendant la période 2000-2017, qui est nettement supérieure à la moyenne mondiale de 1,2%. La population d’Afrique a ainsi augmenté de 816 millions de personnes depuis l’année 2000 pour atteindre environ 1,2 milliard de personnes en 2017, et devrait doubler d’ici 2050, selon les estimations des Nations unies pour constituer 26% de la population mondiale. Cette augmentation considérable est principalement concentrée en Afrique de l’Ouest et en Afrique de l’Est qui représentent respectivement 30% et 23% de la population totale en Afrique.
Une demande d’énergie en hausse
Le dynamisme de l’économie du continent, conjugué à l’accroissement de sa population et à l’urbanisation rapide, exerce une pression exacerbée sur sa demande énergétique qui devrait continuer de croître dans les années à venir. A l’horizon de 2040, elle est estimée à 1 299 Mtep, traduisant un taux de croissance annuel moyen de 2%, soit l’un des plus élevés parmi les régions du monde, après l’Asie du Sud-Est et le Moyen Orient. Cette demande peut être satisfaite, soit à travers des sources d’énergie traditionnelles, soit à travers des sources d’énergies renouvelables, ou d’une combinaison des deux.
Il est indubitable que la bioénergie et les ressources énergétiques non renouvelables continueraient à dominer la demande énergétique primaire du continent africain d’ici 2040. En effet, en Afrique du Nord, le gaz naturel, principalement utilisé pour la génération d’électricité, constituerait la plus grande part de la demande énergétique estimée à 47% en 2040. Il serait suivi par le pétrole, dont la part dans la demande énergétique reculerait à 35%, le charbon (4%) et la biomasse (3%). En Afrique subsaharienne, malgré l’augmentation des revenus, la bioénergie continuerait de régner sur la production d’énergie primaire, bien que sa part diminuerait de 61% en 2012 à 47% en 2040. La demande de pétrole augmenterait et représenterait 17% de la demande totale en énergie, dépassant celle de charbon qui diminuerait de 18% à 15% et resterait concentrée en Afrique du Sud. Parmi les combustibles fossiles, la demande de gaz naturel est celle qui augmenterait le plus, portée par le Nigéria, avec une croissance moyenne annuelle de près de 6%.
Promotion des investissements dans les énergies renouvelables en Afrique
La généralisation de l’accès à l’énergie moderne en Afrique, grâce aux ressources renouvelables, nécessite la mobilisation de financements importants ainsi qu’un engagement ferme des différents pays du continent.
Le total des engagements en faveur des infrastructures globales en Afrique est estimé à 81,6 milliards de dollars en 2017, enregistrant, ainsi, le niveau le plus élevé depuis 2010. Bien qu’il s’agisse d’une hausse importante par rapport à l’année précédente, où ces engagements se sont établis à 66,9 milliards de dollars, cela demeure insuffisant pour répondre aux besoins du continent. Le secteur de l’énergie est le deuxième destinataire des investissements en infrastructures, après le secteur du transport. En 2017, le total des engagements pour le secteur de l’énergie a atteint 24,7 milliards de dollars, réalisant une hausse importante par rapport aux 20,6 milliards de dollars de l’année précédente, mais toujours en deçà des 33,5 milliards de dollars enregistrés en 2015.
La croissance des engagements en faveur du secteur de l’énergie est due à la hausse des financements chinois, des investisseurs privés et des États africains. Dans ce sens, les financements des États africains sont passés de 4,4 milliards de dollars, en 2016, à 5,6 milliards de dollars, en 2017. Au niveau régional, l’Afrique de l’Ouest a été la destination qui a reçu le plus d’engagements pour ses infrastructures énergétiques, toutes sources confondues, représentant 34% du total, soit 8,5 milliards de dollars. Elle est suivie par l’Afrique du Nord (19,7%), l’Afrique australe (15%) et l’Afrique de l’Est.
Défis liés au financement et à la profitabilité
Un premier défi réside dans la compétition des projets d’énergies renouvelables, avec les projets d’énergies fossiles. Cela est particulièrement le cas pour les projets d’énergies solaire et éolienne. Bien que leurs prix aient considérablement diminué ces dernières années, leurs coûts de production à l’heure actuelle restent plus chers que ceux des combustibles fossiles. Une des raisons expliquant ce constat est que les parties prenantes ne prennent généralement pas en compte les coûts implicites associés aux projets d’énergie fossiles dans leurs évaluations, tels que les coûts sociaux et environnementaux (pollution, dégradation des sols, effets néfastes sur la santé).
Il est indubitable que la bioénergie et les ressources énergétiques non renouvelables continueraient à dominer la demande énergétique primaire du continent africain d’ici 2040
Un second défi réside dans le profil d’investissement des énergies renouvelables qui est drastiquement différent de celui des énergies fossiles. En effet, les projets d’énergie renouvelables nécessitent des investissements importants en amont, bien que leurs coûts d’exploitation sont ensuite réduits. Aussi, les investisseurs doivent être convaincus que le projet sera rentable et réalisera les performances proposées pendant la période de financement. Or, les marchés obligataires et les marchés de capitaux en Afrique sont relativement peu encore développés et les marchés de capitaux étrangers sont difficiles à exploiter, étant donné que les notations de crédit souverain de la plupart des gouvernements africains sont médiocres. Par conséquent, les risques de financement sont beaucoup plus élevés pour les projets d’énergies renouvelables, puisque les investisseurs sont exposés à un risque plus élevé si le projet échoue dans sa phase initiale.
Un troisième défi concerne le risque de change qui est une source de préoccupation majeure pour les investisseurs. En effet, une part importante des dépenses d’investissement, des salaires et dépenses des travailleurs étrangers, est souvent libellée dans une ou plusieurs monnaies étrangères, tandis que les recettes, les dépenses de fonctionnement et les salaires des travailleurs locaux sont exprimés en monnaie locale. Ainsi, lorsque les monnaies locales dans lesquelles sont perçus les revenus de l’emprunteur se déprécient, le respect des obligations de l’emprunteur en devises, telles que le dollar, peut devenir encore plus difficile.
Recommandations
Afin d’atténuer les risques dits liés aux acquéreurs, une garantie d’un État souverain peut être utilisée s’ils sont jugés non solvables, afin de réduire le coût de projet, réduisant ainsi son profil de risque et le rendant plus attractif aux investisseurs. En Afrique, cependant, un État souverain n’est souvent pas solvable. Dans ce cas, les banques de développement peuvent intervenir et fournir des garanties.
Les décideurs et les régulateurs devraient envisager une stratégie énergétique axée sur trois principes fondamentaux: la durabilité environnementale, la sécurité d’approvisionnement et l’accessibilité économique
En ce qui concerne les risques de change liés aux projets d’énergies renouvelables, de nombreux instruments d’atténuation existent. Plusieurs institutions financières publiques, telles que le Fonds d’échange de devises et GuarantCo, offrent des couvertures de change.
Afin de faire face aux défis administratifs, il serait pertinent d’établir une entité publique capable d’assister les investisseurs dans la coordination administrative et les exigences de permis pour, justement, promouvoir de nouveaux investissements.
En outre, mettre en place un système de réglementation solide, et un cadre juridique efficace, est primordial pour établir des politiques saines en matière d’énergie renouvelable. De ce fait, les décideurs et les régulateurs devraient envisager une stratégie énergétique axée sur trois principes fondamentaux: la durabilité environnementale, la sécurité d’approvisionnement et l’accessibilité économique.
Dans ce sens, les pays africains doivent établir et maintenir des politiques claires à long terme et de n’apporter que des changements de politique graduels, annoncés bien en avance. Ces mesures permettront d’établir un bilan clair et de renforcer la confiance dans le marché. En effet, les changements rétroactifs fréquents risquent de décourager les investissements pendant un certain temps, en minant la confiance dans le marché.
En conclusion, à l’instar des autres projets d’infrastructures, attirer des financements pour les projets d’énergies renouvelables constitue, encore, un obstacle en Afrique. Résoudre ces défis nécessitera un engagement fort des pays africains, afin de mettre en place des cadres financier, juridique et réglementaire adéquats.
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