Auteurs: Raphaël Claustre, Marc Jedliczka, Meike Fink
Organisation affiliée: energivie.info
Type de publication: Guide pratique
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Notre avenir? 100% renouvelable, assurément!
L’Agence Internationale de l’Énergie nous a prévenus dès 2011: compte tenu du pouvoir de réchauffement des gaz à effet de serre que nous émettons, il nous faut absolument laisser dans le sous-sol de la terre au moins 80% des ressources d’énergies fossiles connues en 2010. C’est la seule manière d’éviter un réchauffement de plus de 2°C à la surface de la planète, qui serait catastrophique.
En creusant des puits toujours plus profonds ou en cherchant à exploiter des ressources jusque-là inaccessibles, les fameux gisements «non-conventionnels» comme les gaz et huiles de schiste, nous faisons aujourd’hui exactement le contraire ! Ainsi, nous augmentons chaque jour un peu plus le risque de rendre la planète invivable pour l’humanité. Tout cela pour maintenir en vie encore quelques années un système énergétique devenu obsolète.
Pourtant, les solutions sont à portée de main. Dans un monde menacé par les changements climatiques, dopé à l’énergie bon marché sous pression de l’épuisement prévisible des ressources, les énergies renouvelables apparaissent comme la seule vraie piste de solution : disponibles à foison (du soleil, il parvient chaque année à la surface de la terre plus de 10 000 fois la consommation mondiale d’énergie!), réparties sur l’ensemble de la planète et inépuisables. Associées à une réduction de la consommation (sans diminution de notre confort), elles apportent une réponse durable à tous ces problèmes, en offrant en outre l’avantage de créer beaucoup d’emplois.
Convaincus que cette transition énergétique est une chance et non un fardeau, un nombre toujours croissant de villages, villes, territoires et pays font le choix d’un système énergétique basé sur une consommation plus sobre de l’énergie, plus efficace, produite par des sources propres, locales, pourvoyeuses d’activité et d’emplois: les énergies renouvelables.
Convaincu que la raison finira par l’emporter contre la seule défense d’intérêts très particuliers, ce document rétablit, sous forme de fiches thématiques, quelques vérités en ne s’appuyant que sur des faits.
Idées reçues 1: On entend souvent dire que les énergies renouvelables coûtent et coûteront toujours plus cher que les autres sources d’énergie
Pourtant, l’électricité la moins chère de toutes est d’origine renouvelable: c’est celle qui nous vient des barrages qui ont été construits par nos aïeux au début du XXe siècle ! En effet, l’investissement très important qu’il leur a fallu consentir est amorti depuis longtemps et il n’y a pas besoin d’acheter de combustible pour actionner les turbines puisque le courant des rivières et des fleuves s’en charge gratuitement: leur coût de fonctionnement, très faible, se limite donc à l’entretien courant et à des réparations périodiques dont le montant peut être étalé sur plusieurs années.
Les filières d’électricité renouvelable plus modernes, comme l’éolien ou le photovoltaïque, suivent le même schéma: l’essentiel des dépenses doit être fait au départ, pour fabriquer et installer les équipements. Mais ensuite, leur fonctionnement ne coûte (presque) rien, et ceci pendant plusieurs dizaines d’années.
De même, beaucoup de gens ignorent que le bois est l’une des sources d’énergie les moins chères pour se chauffer, et pas seulement à la campagne: les réseaux de chaleur urbains alimentés au bois-énergie sont souvent compétitifs par rapport à ceux qui fonctionnent au charbon ou au fioul. Ils sont aussi beaucoup moins chers que le chauffage électrique. Ici encore, quoique dans une moindre mesure, c’est l’investissement qui pèse le plus lourd dans le prix pour le consommateur final, mais si l’approvisionnement en bois se fait dans un rayon de quelques dizaines de kilomètres, cela permet de créer des emplois locaux tout en évitant d’importer du pétrole, du gaz ou du charbon. Le biogaz fabriqué avec nos déchets organiques (agriculture, industrie agro-alimentaire, déchets ménagers, stations d’épuration etc.) suit la même logique. Son développement est promis à un bel avenir.
Enfin, les énergies renouvelables apportent de multiples bienfaits qui ne sont pas comptabilisés en tant que tels dans notre système économique mais n’en sont pas moins essentiels: indépendance énergétique, stabilité des prix dans le temps, valeur ajoutée locale, création d’emplois, sécurité d’approvisionnement, absence de pollution locale, etc.
Idée reçue 2: Notre facture énergétique va augmenter à cause des énergies renouvelables
Il est important de rappeler que la facture énergétique d’un consommateur ne se résume pas à un prix unitaire par kWh d’électricité, litre d’essence ou mètre-cube de gaz, mais qu’il est le résultat de la multiplication de ce prix par la quantité consommée. Or ce n’est pas la quantité d’énergie consommée qui détermine la satisfaction d’un besoin donné : une maison bien isolée sera plus confortable qu’une «passoire thermique», tout en consommant quatre fois moins d’énergie. Et c’est tant mieux si une voiture nous emmène à bon port avec 4 litres aux 100 km au lieu de 10!
Réduire notre consommation nous permet d’utiliser déjà des énergies renouvelables sans que la facture augmente, même si elles coûtent encore plus cher à l’investissement que les autres sources d’énergie. De plus, nous pouvons être sûrs que le prix n’augmentera pas à l’avenir puisque le soleil et le vent parviendront gratuitement sur la terre pendant les 5 prochains milliards d’années ! Et si le coût de certaines sources d’énergie comme le bois augmente un peu, ce sera principalement pour payer la main d’œuvre et créer de l’emploi près de chez nous…
Idée reçu 3: Les énergies renouvelables ne créent pas d’emploi
Avec 90 000 emplois dans les énergies renouvelables et 220 000 dans l’efficacité énergétique11 en 2012, les secteurs connaissent une progression continue. Mieux, cette tendance ne pourra que se poursuivre, et la raison en est simple: lorsqu’on investit 1€ dans les énergies renouvelables, l’essentiel sert à financer des emplois. C’est loin d’être le cas des autres sources d’énergie qui nécessitent d’acheter des matières premières (pétrole, gaz, uranium).
De plus, nous pouvons être sûrs que le prix n’augmentera pas à l’avenir puisque le soleil et le vent parviendront gratuitement sur la terre pendant les 5 prochains milliards d’années
Les investissements à faire dans des secteurs «riches en emplois» et les innovations que nécessitera une vraie politique de transition énergétique sont autant de chances pour notre économie. C’est donc bien en temps de crise, alors que la création d’emploi est plus urgente que jamais, que les filières les plus riches en emploi doivent être soutenues.
Idée reçu 4: Les énergies renouvelables épuisent des ressources rares et menacent la biodiversité!
Elles consomment plus d’énergie qu’elles en produisent : faux ! La seule énergie qu’une éolienne ou un panneau photovoltaïque consomment sur leur durée de vie, c’est celle nécessaire pour leur fabrication, leur installation, leur entretien et leur maintenance, ainsi que leur démontage et recyclage.
Il suffit de comparer cette énergie avec celle que ces installations produiront chaque année en fonction de l’ensoleillement ou du régime des vents de leur lieu d’implantation pour calculer leur «temps de retour énergétique*» (ou «TRE»), c’est-à-dire le temps qu’elles mettront à «rembourser» leur «dette énergétique».
Elles occupent tout l’espace: faux ! Les grandes éoliennes, occupent très peu de surface au sol et elles sont compatibles avec la grande majorité des activités industrielles et agricoles. Comme elles doivent être écartées d’une distance minimale de 5 à 7 fois le diamètre du rotor pour ne pas se gêner les unes des autres en «prenant le vent» de la voisine par effet de sillage*, la surface totale d’un parc éolien peut être relativement importante. Mais la quasi-totalité du terrain autour ou entre les mâts, laissé libre, peut continuer à être exploitée sans aucun problème. Avec une «densité de puissance» d’environ 10 MW par km2 permettant de produire en moyenne 20 millions de kWh (soit la consommation électrique annuelle de 6 000 foyers), l’éolien se révèle finalement efficace pour un encombrement au sol très réduit avec quelques dizaines de m2 tout au plus qui sont effectivement occupés.
La seule énergie qu’une éolienne ou un panneau photovoltaïque consomment sur leur durée de vie, c’est celle nécessaire pour leur fabrication, leur installation, leur entretien et leur maintenance, ainsi que leur démontage et recyclage
Elles détruisent la biodiversité: ça dépend! Il est vrai qu’un parc éolien mal placé dans une zone où nichent des rapaces en voie de disparition comme les aigles de Bonelli ou trop proche de grands espaces d’habitat des chauves-souris peuvent causer la mort prématurée d’individus d’espèces protégées. De même, le défrichage forcené de vastes surfaces forestières ou d’espaces naturels sensibles peut menacer une biodiversité qui a grandement besoin qu’on se soucie de la préserver, au même titre que le climat.
La part de cette menace qui l’humanité fait peser sur l’environnement provenant des énergies renouvelables reste cependant faible. La surface totale d’un parc éolien peut être relativement importante mais la quasi-totalité du terrain laissé libre peut continuer à être exploitée sans aucun problème.
Idée reçue 7: Se chauffer au bois détruit la forêt
Le bois est la plus ancienne source d’énergie domestiquée par l’humanité et il compte toujours parmi les plus utilisées dans le monde, notamment pour la cuisine. En France, il permet à près de 8 millions de foyers de se chauffer, à près d’un million d’entre eux de produire en plus leur eau chaude sanitaire et à 400000 ménages de faire la cuisine en hiver.
Loin des images négatives de la corvée de bois qui casse le dos et de l’âtre contre lequel il faut se coller pour arriver à se réchauffer, les appareils performants d’aujourd’hui offrent un vrai confort et une facilité d’utilisation tout à fait compatible avec les exigences de la vie moderne. Poêles, chaudières et autres cuisinières à bouilleur qui peuvent fonctionner aux granulés, au bois déchiqueté (les «plaquettes») ou avec des bûches, diffusent leur chaleur par simple rayonnement, par des radiateurs ou par des tuyaux dans le sol et chauffent souvent en même temps l’eau chaude sanitaire.
Contrairement aux cheminées traditionnelles à foyer ouvert et même aux inserts qui n’en améliorent l’efficacité qu’à la marge, les poêles et chaudières permettent un bon contrôle de la combustion, avec à la clé une division de la consommation de bois par 8 ou 10 pour la même chaleur utile. Ils limitent aussi très fortement les émissions de particules qui sont une cause majeure de pollution de l’air en ville dont la source principale reste de loin le gazole des moteurs Diesel des voitures et des camions.
Idée reçue 10: L’énergie, c’est l’affaire des grandes entreprises !
Par nature décentralisées et proches des consommateurs, les énergies renouvelables peuvent être mises en œuvre par les citoyens, les collectivités locales ou les PME à côté ou à la place des grandes entreprises du secteur. Tous ces acteurs des territoires sont proches de «leurs» gisements d’énergies renouvelables, ce qui justifie que le développement de ces dernières devienne «l’affaire de tous». Les exemples montrant non seulement que c’est possible mais que cela bénéficie à l’économie locale se multiplient : en Allemagne et au Danemark bien sûr, mais aussi en France, des citoyens s’organisent pour reprendre en mains l’énergie de leur territoire.
Cette initiative est loin d’être isolée ou marginale: 40% des capacités de production d’énergies renouvelables installées en Allemagne entre 2000 et 2010 appartiennent aux particuliers, qui sont de loin les premiers investisseurs dans la transition énergétique et en tirent des bénéfices financiers directs. Les 4 grands groupes allemands de l’énergie (E.on, Vattenfall, RWE et EnBW) n’en détiennent à eux tous que 7% !
Par nature décentralisées et proches des consommateurs, les énergies renouvelables peuvent être mises en œuvre par les citoyens, les collectivités locales ou les PME à côté ou à la place des grandes entreprises du secteur
Cela ne se limite pas aux petites installations relevant de projets individuels : la participation des citoyens à des projets de grande taille se fait couramment au travers notamment de coopératives. S’équiper chez soi d’un toit photovoltaïque ou de tout autre système d’énergie renouvelable ou bien mettre une partie de ses économies dans des projets «citoyens» de plus ou moins grande taille est un geste civique qui mérite reconnaissance et soutien.
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