Organisation affiliée : ministère de l’agriculture et du développement rural / Programme Alimentaire Mondial
Type de publication : Rapport
Date de publication : Avril 2020
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Contexte et justification
Le premier cas [de Covid 19] est apparu le 11 mars dernier en Côte d’Ivoire et depuis lors, le nombre de cas confirmés ne cesse de croitre. Dans le cadre de la lutte contre cette maladie et afin de limiter au maximum les nouveaux cas, le gouvernement a pris progressivement plusieurs mesures barrières telles que la fermeture des frontières, la limitation des vols internationaux et nationaux, la fermeture des écoles (préscolaires, primaire et universitaire), la fermeture de certaines entreprises (maquis et restaurants) et marchés, l’instauration du lavage régulier des mains, le port obligatoire du masque, le respect de la distanciation sociale d’un mètre et le confinement, d’abord du Grand Abidjan avant de s’étendre aux villes de l’intérieur.
L’ensemble de ces mesures ne sont pas sans conséquences sur le bon fonctionnement du pays. Elles ont un impact sur la situation alimentaire et les moyens de subsistance des populations vulnérables du pays en général et ceux du grand Abidjan en particulier. A côté de cela la perturbation des chaînes d’approvisionnement mondiales et locales, la fermeture des frontières et les restrictions au transport commercial sont également susceptibles d’affecter les opérations des acteurs humanitaires et de développement en Côte d’Ivoire. La capacité à apporter des assistances via des solutions des transferts monétaires est également susceptible de souffrir en raison de l’accès réduit au marché, de la pénurie de fournitures aux détaillants et de la capacité opérationnelle globale réduite. Ce qui affecte considérablement les prix des principaux produits de base de grande consommation, locaux et importés.
En Avril 2020, presque un mois après la mise en application des mesures barrières contre la propagation du Coronavirus, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) en Côte d’Ivoire en collaboration avec le Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural (MINADER) a mené une enquête de référence pour évaluer la situation de la sécurité alimentaire des ménages dans le district d’Abidjan, en notant l’effet important que certaines des mesures auront sur les ménages vulnérables.
Analyse de la sécurité alimentaire
Consommation alimentaire et sources d’approvisionnement
Les ménages ayant une consommation alimentaire pauvre sont ceux qui ne consomment pas de produits de base et de légumes tous les jours et qui ne consomment jamais ou très rarement des aliments riches en protéines comme la viande et les produits laitiers. Les ménages ayant une consommation alimentaire limite sont ceux qui consomment des aliments de base et des légumes tous les jours, accompagnés d’huile et de légumineuses quelques fois par semaine. Les ménages ayant une consommation alimentaire acceptable sont ceux qui consomment des aliments de base et des légumes tous les jours, souvent accompagnés d’huile et de légumineuses, et parfois de viande, de poisson et de produits laitiers.
L’analyse des données montre que 94,1 pour cent des ménages interrogés ont une consommation alimentaire acceptable contre 5,4 pour cent qui ont une consommation limite et 0,5 pour cent qui ont une consommation alimentaire pauvre. Cependant certaines communes connaissent une situation plus critique avec des proportions considérables de ménages ayant une consommation alimentaire pauvre et limite. Il existe une grande différence entre la proportion d’hommes chef de ménage (5,7%) et femmes (4,3%) avec une consommation alimentaire limite. Au contraire, la pauvre consommation est plus prononcée dans les ménages dirigés par des femmes (0,6%) que dans ceux dirigés par des hommes (0,4%).
L’analyse des données montre que 94,1 pour cent des ménages interrogés ont une consommation alimentaire acceptable contre 5,4 pour cent qui ont une consommation limite et 0,5 pour cent qui ont une consommation alimentaire pauvre
Diversité alimentaire des ménages
Les résultats montrent que (86,5%) des ménages ont consommé plus de quatre groupes d’aliments. Cette tendance reste un peu plus élevée chez les femmes chefs de ménages (89,4%) que chez les hommes chefs de ménages (85,5%)
Fréquence de repas des ménages
Dans l’ensemble 42,1 pour cent des ménages ont eu au moins 3 repas par jour au cours des 5 à 7 jours derniers tandis que 46,4 pour cent ont eu moins de trois repas par jour au cours des 5 à 7 jours. Par ailleurs on note que 18,8 pour cent des ménages ont eu moins de 3 repas par jour au cours des 1 à 4 jours parmi lesquels 6% ont eu seulement 1 repas au cours de la même période.
Sources de nourriture
La principale source de nourriture des ménages reste l’achat (81.6%). Ensuite, viennent la nourriture offerte par des parents (8.6%) et les emprunts (6%). Les autres sources de nourriture sont la propre production agricole ou l’élevage (2,2%), l’assistance alimentaire (0,7%), les envois de fonds par les migrants (0,5%) et la nourriture issue de la cueillette (0,2%).
Source de revenu des ménages
Les principales sources de revenu des ménages restent le petit commerce (37%), la main d’œuvre qualifiée (13,6%) et le travail occasionnel non agricole (7,7%). Le petit commerce représente la principale source de revenu des chefs de ménages femmes (70,7%) contre (42%) pour les hommes. Par ailleurs, les chefs de ménages n’ayant pas de source de revenu, au chômage, représentent 6,8 pour cent des ménages interrogés.
Stratégie d’adaptation alimentaire
Dans le cadre de cette évaluation, les résultats montrent que pour accéder à suffisamment de nourriture les ménages dirigés par les femmes ont eu un niveau de stress plus élevé que les ménages dirigés par les hommes. Les stratégies d’adaptation alimentaire les plus utilisées sont la diminution de quantité de nourriture lors des repas a 73,3 pour cent et la consommation des aliments moins préférés a 67,4 pour cent.
Stratégies d’adaptation basées sur les moyens de subsistance
Les stratégies de stress indiquent une capacité réduite à faire face aux chocs du fait d’une réduction actuelle des économies ou d’une augmentation des dettes : 3 ménages sur 5 ont dû emprunter de l’argent ou dépenser leurs économies ou encore vendre leurs biens pour faire fassent à leurs besoins essentiels.
Les stratégies de crise sont associées à la réduction directe de la productivité future. Environ un ménage sur cinq ont dû vendre leurs actifs ou moyens de production, réduire leurs dépenses de santé et d’éducation pour faire face à leurs besoins essentiels.
L’analyse révèle par ailleurs que 95,7 pour cent des ménages n’ont pas eu recours à cette stratégie qui consiste à faire travailler les enfants pour participer aux dépenses de la maison
Les stratégies d’urgence affectent également la productivité future, mais sont plus difficiles à inverser ou de nature plus dramatique que les stratégies de crise. Selon les menages interviewés, (7,8%) des ménages ont dû vendre leur maison ou terre ou ont dû recourir à la mendicité ou la migration de tous les membres du ménage pour pouvoir faire face à leurs besoins essentiels. Pour cette dernière catégorie, les hommes chefs de ménages ont eu moins recours à cette stratégie (6,5%) que les femmes chefs de ménages (11,8%)
L’analyse révèle par ailleurs que 95,7 pour cent des ménages n’ont pas eu recours à cette stratégie qui consiste à faire travailler les enfants pour participer aux dépenses de la maison.
Besoins prioritaires des ménages
L’analyse des besoins prioritaires exprimés par les ménages enquêtés révèle principalement la satisfaction de leurs besoins alimentaires (46,7%), ensuite les besoins d’argent (22,8%) et de santé (10,6%).
Accès au marché par les ménages
Le niveau d’accessibilité physique des ménages au marché reste tributaire de certains facteurs qui font que 25,1 pour cent des ménages interrogés affirment avoir eu des difficultés d’accès au marché au cours des 14 derniers jours. L’analyse de ces facteurs montre principalement la fermeture des marchés, due à la désinfection par pulvérisation, et les restrictions de déplacements. Par ailleurs l’accessibilité économique est aussi affectée par les hausses de prix des spéculations de base. Plus de 60 pour cent des ménages interrogés affirment que les prix sont très en hausse par rapport à la situation normale.
Eau, Education et Santé
La principale source d’approvisionnement en eau à usage domestique utilisée par les ménages interrogés est l’eau de robinet (82,9%). La quasi-totalité des ménages (99,89%) interrogées affirment que c’est la même source d’approvisionnement d’eau qu’elles ont utilisée au cours des mois de janvier et février 2020. Ce qui augure que la crise du COVID-19 n’a pas eu d’impact sur les sources d’approvisionnement en eau des ménages depuis le mois de janvier 2020.
Au cours des 30 derniers jours, près de 64 pour cent des ménages affirment qu’ils n’ont pas reçu de produits hygiéniques pour se protéger contre la maladie à Coronavirus. Ces résultats restent sensiblement le même pour les chefs de ménages femmes et hommes. Cependant ce sont près de 23 pour cent des ménages qui ont déboursé de l’argent pour acheter leurs propres produits hygiéniques.
La majorité des ménages interrogés (87,2%) ont des enfants scolarisés contre 12,8 pour cent des ménages qui n’en ont pas. La proportion des chefs de ménages femmes n’ayant pas d’enfant scolarisé est sensiblement supérieure (14,3%) à celle des hommes chefs de ménages (12,3%).
Au cours des 30 derniers jours, près de 64 pour cent des ménages affirment qu’ils n’ont pas reçu de produits hygiéniques pour se protéger contre la maladie à Coronavirus
Depuis la fermeture des établissements scolaires plus de 55 pour cent des ménages interrogés continuent de faire bénéficier à leurs enfants de 6 à 18 ans des programmes éducatifs contre 32 pour cent des ménages dont les enfants ne bénéficient pas d’un tel programme.
Au cours des 30 derniers jours, 35,6 pour cent des ménages interrogés affirment avoir eu une personne malade au sein de leur ménage. Un ménage sur trois ayant des personnes malades n’a pas recours aux services de santé.
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