Auteur : Direction des études et de la recherche
Organisation affiliée : Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO)
Type de publication : Étude monographique
Date de publication : Juin 2014
Lien vers le document original
Introduction
Le cacao constitue, selon l’Agence Belge de Développement «Trade for Development Centre», le troisième marché alimentaire mondial, avec un montant annuel des échanges estimé à environ 10 milliards de dollars. A la faveur de l’émergence d’une classe moyenne dans plusieurs pays d’Asie, d’Amérique Latine et d’Europe de l’Est, la demande de cacao et de ses produits dérivés a progressé au cours des dernières années. Selon les statistiques de l’Organisation Internationale du Cacao (ICCO), la demande, approximée par les quantités broyées, est passée de 3,2 millions de tonnes en 2004 à près de 4,0 millions de tonnes en 2012.
Pour répondre à cette demande mondiale sans cesse croissante, le développement de la culture du cacao a pris de l’ampleur, notamment en Asie, après l’Afrique où elle est fortement ancrée. Les perspectives de la filière cacao demeurent d’autant plus favorables que la demande effective et la demande potentielle sont appelées à croître, eu égard aux profondes mutations en cours, notamment la montée en puissance de la classe moyenne partout dans les pays en développement, y compris ceux d’Afrique.
Dans l’UEMOA, le cacao fait partie des principaux produits de base exportés par les États membres. Il provient essentiellement de la Côte d’Ivoire et du Togo. Avec en moyenne 35,0% de la production mondiale de cacao fèves au cours des deux dernières années, l’UEMOA se positionne comme le premier producteur mondial. En Côte d’Ivoire, la production de cacao est le principal pilier du sous-secteur agricole et revêt, de ce fait, une importance stratégique pour l’équilibre macroéconomique et la stabilité sociale.
Le cacao constitue, selon l’Agence Belge de Développement «Trade for Development Centre», le troisième marché alimentaire mondial, avec un montant annuel des échanges estimé à environ 10 milliards de dollars
Durant ces dernières années, la filière cacao dans l’Union a été confrontée à plusieurs contraintes et difficultés qui ont entravé son plein développement. Le dynamisme qui caractérisait la situation de la filière cacao a commencé à montrer des premiers signes d’essoufflement vers le milieu des années 1980. Parmi les freins au développement de la filière, la chute des cours internationaux et leur forte volatilité, ainsi que la baisse continue des revenus perçus par les producteurs, ont joué un rôle déterminant à côté d’autres problèmes que sont l’amenuisement des terres cultivables, la faiblesse des rendements et les difficultés des planteurs à s’approprier les techniques modernes de production.
Analyse du marché international du cacao
Évolution de la production
La production mondiale du cacao n’a cessé d’augmenter depuis 1960. Elle est passée de 1,2 million de tonnes en 1961 à 1,7 million de tonnes et 5,0 millions de tonnes respectivement en 1980 et 2012. Cette progression est pour l’essentiel due à l’extension des superficies plantées et dans une moindre mesure, à l’accroissement des rendements qui sont, en moyenne, passés de de 352,4 kg à 503,6 kg entre 1980 et 2012, soit une hausse de 43% en 26 ans. Ils atteignent 2kg à l’hectare actuellement dans les pays les plus performants.
La carte géographique de l’offre de cacao a connu des bouleversements durant les cinq dernières décennies. L’Amérique Latine, d’où est originaire le cacaoyer, est passée du stade de premier producteur avec plus de 80% des quantités mondiales à la fin du 19e siècle, à la troisième position derrière l’Afrique de l’Ouest et l’Asie en 2012.
En Afrique de l’Ouest, la production est passée d’environ 1.000.000 tonnes à près de 1.400.000 tonnes au cours de la décennie 1980. Elle se situait autour de 3.000.000 tonnes en 2012. Dans les pays d’Asie, la production qui était inférieure à 60.000 tonnes à la fin des années 1970 a atteint près de 400.000 tonnes à la fin de la décennie suivante. En 2012, elle s’est élevée à environ 1000.000 tonnes. En Amérique Latine, la production est demeurée autour de 450.000 tonnes entre 1980 et 2010. Elle s’est accélérée au cours des deux dernières années, atteignant une quantité moyenne de 560.000 tonnes.
Le changement dans la hiérarchie des producteurs s’est accéléré au cours des années 1980, lorsque des pays d’Asie, tels que l’Indonésie et la Malaisie, ont adopté une politique de développement de la culture du cacao. Au cours des dernières années, la majeure partie de la production, environ les deux tiers, provient d’Afrique, singulièrement de l’Afrique de l’Ouest, où la Côte d’Ivoire et le Ghana assurent plus de 50% de l’offre mondiale. Elle est suivie par l’Asie et l’Amérique Latine qui contribuent chacune pour environ 15%.
Cette configuration de la production mondiale de cacao pourrait se maintenir au cours des années à venir, eu égard aux efforts déployés par les plus gros producteurs pour maintenir leur positionnement sur le marché mondial, notamment la réforme ambitieuse entamée en Côte d’Ivoire depuis la fin de l’année 2011 et la politique de renouvellement des plants au Ghana. Les chiffres de la FAO indiquent que du début des années 1980 à 1995, la croissance annuelle moyenne de la production cacaoyère s’est élevée à environ 14,2% pour l’Asie, 4,7% pour l’Afrique de l’Ouest et 0,2% pour l’Amérique Latine.
A partir de 1996, un léger ralentissement a été enregistré en Asie et en Afrique de l’Ouest, l’accroissement ressortant en moyenne à 4,3% et 2,6% respectivement dans ces pays sur la période allant de 1996 à 2012. En revanche, l’Amérique Latine a connu un regain d’activité avec une production en augmentation de 1,0%.
Physionomie de la demande
La demande de cacao, approximée par le volume broyé, est estimée à près de 4,0 millions de tonnes depuis 2012. Elle émane essentiellement des pays du Nord, principalement de l’Europe. En 2009, 60% du cacao produit dans le monde étaient exportés vers l’Europe, 21% vers l’Amérique du Nord, 10% dans la Communauté des États Indépendants (CEI) et le reste en Asie. Cette situation s’expliquerait par le fait que, l’Amérique du Nord reste, avec l’Europe, les principaux consommateurs de chocolat, selon l’ICCO.
Le cacao est généralement importé sous forme de fèves, de beurre et de tourteaux destinés à l’alimentation, et dans une moindre mesure aux industries pharmaceutique et cosmétique. La demande de poudre de cacao est prédominante dans les pays d’Asie où elle est utilisée pour parfumer les biscuits, glaces et boissons chocolatés de plus en plus consommés dans cette région du monde. Par ailleurs, la demande de cacaos «spéciaux» et de cacao d’origine est très dynamique. L’organisme de certification Fairtrade estime que la vente de cacao issu du commerce équitable a augmenté de 35% en 2009.
Le marché du cacao est très oligopolistique. La quasi-totalité (environ 99%) des parts de marché est détenue par une dizaine de broyeurs et de chocolatiers. S’agissant du broyage de cacao, cinq entreprises se partagent un peu plus de 50% des parts de marché. Ce sont Cargill (14,5%), Archer Daniels Midland (ADM : 13,5%), Barry Callebaut (12,5%), Petra Foods (7%) et Blommer (5,3%). Au niveau du chocolat, 50% de la fabrication sont assurés par cinq industriels, à savoir Kraft (14,9%), Mars (14,5%), Nestlé (7,9%), Hershey’s (4,6%) et Ferrero (4,5%).
En 2009, 60% du cacao produit dans le monde étaient exportés vers l’Europe, 21% vers l’Amérique du Nord, 10% dans la Communauté des États Indépendants (CEI) et le reste en Asie. Cette situation s’expliquerait par le fait que, l’Amérique du Nord reste, avec l’Europe, les principaux consommateurs de chocolat, selon l’ICCO
La demande mondiale de cacao est suffisamment couverte par la production et les stocks disponibles. Elle s’est, avec celle des produits dérivés, accompagnée au cours des dernières années d’une évolution des exigences des consommateurs. Les grands industriels du secteur ont édicté des normes regroupées sous le vocable de «cacao durable».
C’est un ensemble de règles de production qui doit respecter trois aspects essentiels : économique, social et environnemental. L’objectif visé est de mettre sur le marché un produit de bonne qualité de façon durable, faisant l’objet de transactions transparentes et équitables, afin d’améliorer les conditions de vie des producteurs et de porter un coup d’arrêt au travail des enfants dans les plantations.
Aspects normatifs en matière de production du cacao
La production de cacao fait l’objet d’une grande attention qui la place au centre d’un intense débat à l’échelle mondiale sur les méthodes employées dans le secteur. La filière se retrouve ainsi impliquée dans les grandes questions d’actualité internationale telles que le travail des enfants, la préservation de l’environnement et la pauvreté en milieu rural. Ces sujets sont étroitement liés aux normes internationales de qualité de la production de cacao.
Le travail des enfants dans les plantations de cacao, considéré comme répulsif par les industriels et les consommateurs de cacao, en particulier européens, fait l’objet d’une attention soutenue depuis quelques années. Il est à l’origine de menace de boycott du cacao produit dans certains pays. Dans ce cadre, le Gouvernement ivoirien, des ONG et de grandes compagnies se sont impliqués sur le marché national du cacao, en vue de surveiller la main d’œuvre utilisée dans la filière.
La filière cacao dans l’UEMOA
Situation de la filière
L’histoire de la gestion de la filière cacao en Côte d’Ivoire rime avec celle de la Caisse de Stabilisation et de Soutien des Prix des Produits Agricoles (CAISTAB). Cette structure, créée en 1962 puis liquidée en 1999, a été l’instrument de gestion de la filière et de la politique agricole nationale dès l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Le rôle principal qui lui était dévolu était de superviser tout le processus d’achat et de vente du café et du cacao, de sorte à lisser les revenus des acteurs de la filière tout en cherchant à les améliorer. Elle a été le maître d’œuvre du développement des cultures du café et du cacao et des premières réformes qui ont eu lieu au sein de cette filière.
La filière se retrouve ainsi impliquée dans les grandes questions d’actualité internationale telles que le travail des enfants, la préservation de l’environnement et la pauvreté en milieu rural. Ces sujets sont étroitement liés aux normes internationales de qualité de la production de cacao
La première réforme a été mise en œuvre de 1990 à 1997. Les innovations majeures ont été l’entrée des acteurs privés du secteur dans l’organe de décision de la structure étatique, à savoir le Conseil d’Administration, l’ouverture de la concurrence entre les opérateurs pour le décorticage industriel ainsi que pour l’attribution des droits à exporter et la diminution des prélèvements publics sur la filière.
En outre, les contrôles de qualité ont été supprimés et un fonds de garantie a été créé par le Fonds Européen de Développement (FED) pour accompagner les coopératives dans la commercialisation de leurs produits. Plusieurs activités qui relevaient autrefois de la CAISTAB avaient été alors transférées aux producteurs. Elles concernaient notamment les opérations de transport et la gestion de la sacherie ainsi que celle des agréments des traitants. En conséquence, le prix d’achat des produits n’était plus garanti.
La réforme actuelle, débutée en 2011, est mise en œuvre par le Conseil de Régulation, de Stabilisation et de Développement de la Filière Café-Cacao connu sous l’appellation du Conseil du Café-Cacao. Elle vise principalement à promouvoir une économie cacaoyère durable. De façon spécifique, la réforme vise:
– l’amélioration de la transparence dans la gestion des ressources générées par la filière;
– la réorganisation de la production et l’amélioration de la productivité;
– la transformation de la moitié de la production par l’industrie locale.
Pour la prise en charge de la mission qui leur est assignée, les dirigeants de la filière ont arrêté les principales mesures suivantes:
– l’instauration d’un prix d’achat minimum garanti équivalent à 60% du prix CAF et la limitation des prélèvements sur la filière à 22% du prix CAF en vu d’améliorer les revenus des producteurs;
– la consolidation de la vente à l’exportation par la méthode de vente anticipée de 70% à 80% de la production de la campagne suivante.
Évolution de la production et performance économique de la filière
Dans l’UEMOA, le cacao est cultivé en Côte d’Ivoire et au Togo, sur une superficie estimée à environ 2,6 millions d’hectares en 2011, selon les données de la FAO. Au Bénin, il n’existe pas, à l’heure actuelle, de statistiques suffisantes sur cette culture qui y est encore à l’état embryonnaire. Le cacao est la culture de rente la plus importante de l’Union. Les chiffres des organismes de commercialisation agricole des États membres de l’UEMOA montrent qu’au cours des cinq dernières années, la production moyenne a été d’environ 1.400.000 tonnes.
Elle a procuré à la Côte d’Ivoire 30% des recettes d’exportation et a représenté pour l’Union près de 17% des exportations. La culture du cacao représente entre 15% et 20% du PIB en Côte d’Ivoire, où elle emploie près de 600.000 planteurs et fait vivre près du quart de la population, soit environ 6 millions de personnes, selon le Conseil du Café-Cacao. A ce titre, cette filière est le principal pilier de l’économie ivoirienne.
La production du Togo est beaucoup plus modeste. Selon les données de FAOSTAT, elle est évaluée à 100.000 tonnes en moyenne par an durant les cinq dernières années. Celle du Bénin est estimée à 100 tonnes selon la même source. Toutefois, elle serait alimentée par les produits en provenance du Nigeria pour être réexportés.
La culture du cacao représente entre 15% et 20% du PIB en Côte d’Ivoire, où elle emploie près de 600.000 planteurs et fait vivre près du quart de la population, soit environ 6 millions de personnes, selon le Conseil du Café-Cacao
La production cacaoyère semble avoir atteint ses limites comme en témoigne l’évolution de certains indicateurs au cours des dernières années. Les croissances moyennes de la production, du rendement et de la surface cultivée en Côte d’Ivoire au cours des vingt-cinq dernières années (1987 à 2011) sont respectivement de 3,6%, 0,6% et 3,0%. Estimés sur les quinze dernières années (1997 à 2011), ces chiffres décroissent et se situent respectivement à 2,4%, 0,1% et 2,3%. En outre, la part moyenne de marché de l’UEMOA, sur la période allant du milieu de la décennie 1990 au début des années 2000 oscillait autour de 40%, voire plus.
Elle est tombée à 32% au cours des cinq dernières années. Le rendement de cacao en Côte d’Ivoire serait parmi les plus faibles actuellement au monde, avec environ 500 kg par hectare contre 2 tonnes en Indonésie et 1,5 tonne au Ghana, selon une analyse de Agritrade publiée en juillet 2011. Cette situation est imputable au vieillissement des plantations, aux attaques parasitaires (le Swollen Shoot et la Pourriture Brune) et aux crises successives qu’a traversées la Côte d’Ivoire depuis 1999.
Selon des études effectuées dans le secteur du cacao, l’âge moyen des vergers était de 20 ans au début de la décennie 2000, contrairement au Ghana où des efforts d’investissement ont été consentis pour renouveler les plants de cacaoyer. En Côte d’Ivoire, le projet «Quantité-qualité-croissance (2QC)», un programme national de développement durable de la filière café-cacao est mis en œuvre depuis 2009 pour améliorer globalement les conditions de production du cacao, en particulier le renouvellement des plantations vieillissantes par des semences sélectionnées et l’assistance accrue aux paysans.
Évolution des prix et des revenus des producteurs
En Côte d’Ivoire et au Togo, la filière cacao est placée respectivement sous la tutelle du Conseil du Café-Cacao (CCC) et du Comité de Gestion des Filières Café et Cacao (CGFCC), qui sont des organismes publics chargés d’encadrer le processus de production et de commercialisation. Les prix payés aux producteurs sont fixés par ces structures en fonction des cours du marché international. Ils ont enregistré une tendance baissière depuis 2009 dans le sillage des prix mondiaux, en liaison avec la crise économique et financière qui a prévalu dans les principaux pays importateurs. Toutefois, à la faveur d’une reprise de l’activité dans les pays avancés, les cours se redressent progressivement. En Côte d’Ivoire, cette situation, conjuguée à la mise en œuvre de la nouvelle réforme de 2011, qui a réintroduit le système du prix minimum garanti, a favorisé la hausse du prix payé aux producteurs.
Les chiffres des organismes de commercialisation agricole des États membres de l’UEMOA montrent qu’au cours des cinq dernières années, la production moyenne a été d’environ 1.400.000 tonnes. Elle a procuré à la Côte d’Ivoire 30% des recettes d’exportation et a représenté pour l’Union près de 17% des exportations.
Au regard de ce qui précède, le prix demeure donc un facteur important dans la survie de la filière. Son évolution est amplifiée par la rigidité de la demande, comparativement à l’offre, favorisée par une anticipation erronée des producteurs. En effet, selon une étude, les producteurs plantent plus au moment où les prix sont à la hausse. Quand arrive la récolte, le décalage temporel entre ces prix favorables et la production effective provoque une production excédentaire qui entraîne une baisse des prix. La demande étant rigide, cette baisse des prix est alors amplifiée, amenant les paysans à réduire leur offre lors des saisons suivantes. De nouveau, la rigidité de la demande tire les prix à la hausse et le cycle se répète.
Contraintes pesant sur les performances de la filière
La relance durable de la filière cacao en Côte d’Ivoire se heurte à plusieurs problèmes d’ordre technique et institutionnel. La principale contrainte a trait au vieillissement des plantations. Elle est également liée à l’âge avancé des cacaoculteurs. L’âge moyen des cacaoyers en Côte d’Ivoire était de 20 ans en 2001 tandis que celui des planteurs se situait à 49 ans. Les plantations, par manque d’entretien, de renouvellement des cacaoyers, ainsi que d’engouement chez les cacaoculteurs, sont à la fin de leur cycle de vie. Cela se traduit par des rendements décroissants depuis quelques années.
La petite taille des exploitations, qui sont en majorité de type familial et le manque de formation des agriculteurs entravent le développement des plantations et l’amélioration des rendements. En effet, l’usage de méthodes agricoles archaïques, notamment une culture extensive avec une sous-utilisation de produits phytosanitaires appropriés accentue la détérioration de la qualité des sols et affecte la productivité des plantations ainsi que leur rendement.
L’âge moyen des cacaoyers en Côte d’Ivoire était de 20 ans en 2001 tandis que celui des planteurs se situait à 49 ans. Les plantations, par manque d’entretien, de renouvellement des cacaoyers, ainsi que d’engouement chez les cacaoculteurs, sont à la fin de leur cycle de vie
En outre, les maladies du cacaoyer demeurent l’une des difficultés majeures auxquelles la filière est confrontée depuis plusieurs années. Le Swollen Shoot et la Pourriture Brune qui sévissent dans les pays tropicaux d’Afrique sont responsables avec d’autres maladies, de la perte de 30% des récoltes annuelles de cacao.
Au niveau institutionnel, l’une des difficultés importantes réside dans la défaillance relevée dans les différentes structures de gouvernance de la filière, à l’origine des échecs répétés. En outre, les revenus perçus par les producteurs ont continué à baisser au cours des dernières années. Par ailleurs, les difficultés d’accès des planteurs au financement exacerbent les problèmes rencontrés dans la filière, en limitant les possibilités de développement des plantations ainsi que l’acquisition de matériels et produits agricoles modernes.
Perspectives
La dynamique en cours dans le secteur du cacao aura des répercussions au cours des années à venir sur la demande et l’offre. Les analystes estiment que la demande de cacao augmentera au cours des dix prochaines années de 30%, principalement sous la poussée de la demande asiatique, mais aussi de celle des pays de l’Europe de l’Est. Ainsi, la poudre de cacao prisée par les nouveaux consommateurs devrait gagner en importance dans les échanges portant sur le cacao.
Cette situation est d’autant plus importante pour l’avenir du marché de cacao que les grands centres de consommation vont se déplacer progressivement de l’Occident vers l’Asie et la CEI. Ce mouvement sera favorisé et amplifié par l’avantage comparatif des pays émergents dont la démographie se caractérise non seulement par sa vitalité, comparée à la population européenne vieillissante, mais aussi par la formation d’une classe moyenne appelée à se renforcer au fil des années. Au regard de la tendance actuelle de l’accroissement de la production, il est prévu à moyen terme un déficit de production de fèves de 1 million de tonnes.
Cette demande potentielle laisse donc augurer, à tous égards, de bonnes perspectives pour les pays producteurs, en particulier pour l’UEMOA. La Côte d’Ivoire, a accru sa capacité de broyage en atteignant 35% de transformation de la production nationale. Elle est devenue le premier broyeur devant les PaysBas. L’objectif visant la transformation de la moitié de sa production dans un horizon de moyen terme est en bonne voie.
En 2011, Barry-Callebaut a annoncé l’accroissement de sa capacité de broyage de 70.000 tonnes supplémentaires tandis que Olam annonçait en 2012 des investissements dans une nouvelle usine de transformation de 60.000 tonnes12. Autrefois dominées par les filiales des multinationales13 européennes et américaines, les activités de transformation sont de plus en plus exercées par des entreprises ivoiriennes telles que Oct Holding, Ivcao, Tafi et Choco Ivoire.
La progression de la demande sera à la fois quantitative et qualitative, notamment avec la hausse de la part de la poudre de cacao et de l’exigence normative des grands industriels du secteur. Afin de profiter de cet atout, la Côte d’Ivoire doit relever efficacement les défis qui se posent à la filière en vue d’en faire, de nouveau, un secteur de croissance.
Priorités d’actions
Action 1 : l’approfondissement de la chaîne de valeurs
En devenant le premier broyeur mondial, la Côte d’Ivoire a consenti des efforts considérables sur la voie de l’industrialisation. Toutefois, la valeur ajoutée à ce stade de la transformation étant devenue relativement faible, les actions futures devraient viser d’autres maillons de la chaîne de valeurs, notamment la fabrication de chocolat de qualité, au standard international mais aussi adapté aux goûts des populations locales, la confection de produits pharmaceutiques et cosmétiques à base de produits de cacao, etc. Les revenus générés par la filière devraient être optimisés à travers la création en amont de ces chaînes.
Action 2 : la promotion d’investissements structurants qui permettent d’améliorer les capacités de production avec le moins de main d’œuvre possible
A cet égard, l’utilisation des nouveaux plants de cacao dont le délai de production a été raccourci à dix-huit mois, contre cinq ans auparavant, offre une opportunité de renouvellement généralisé des plantations. Elle devrait s’accompagner de l’acquisition de matériel performant dans le cassage des cabosses. Pour ce faire, des mesures d’accompagnement sont nécessaires, notamment la facilitation de l’accès des producteurs au financement. Ce dispositif faisait partie de la mission de l’ex-FGCCC. Il devrait donc être actualisé en y apportant des améliorations pour le rendre plus efficace.
Action 3 : la promotion de la formation de spécialistes en cacao devrait être un axe majeur de la politique agro-alimentaire en Côte d’Ivoire, eu égard à l’importance du secteur dans son économie
Une filière de formation exclusivement dédiée au cacao dans les programmes des écoles spécialisées en agriculture, telles que les lycées agricoles, l’École Nationale Supérieure d’Agronomie et l’Institut des Techniques Agricoles pourrait être développée, afin de former l’élite du secteur à tous les stades de sa chaîne de valeurs. Elle prendrait en charge la recherche scientifique en vue de mettre au point de nouvelles variétés plus productives et résistantes. Elle mettrait également l’accent sur la qualité qui, du reste, apparaît aujourd’hui comme le facteur majeur influençant les marchés.
Action 4 : la promotion de la diversification des cultures, afin de mettre les producteurs à l’abri de tout choc brutal qui interviendrait dans la filière cacao
L’exploitation parallèle d’autres spéculations, ainsi que de produits vivriers, devrait permettre aux producteurs de cacao, non seulement de se créer des alternatives, mais aussi, d’assurer leur autosuffisance alimentaire.
Les Wathinotes sont soit des résumés de publications sélectionnées par WATHI, conformes aux résumés originaux, soit des versions modifiées des résumés originaux, soit des extraits choisis par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au thème du Débat. Lorsque les publications et leurs résumés ne sont disponibles qu’en français ou en anglais, WATHI se charge de la traduction des extraits choisis dans l’autre langue. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
The Wathinotes are either original abstracts of publications selected by WATHI, modified original summaries or publication quotes selected for their relevance for the theme of the Debate. When publications and abstracts are only available either in French or in English, the translation is done by WATHI. All the Wathinotes link to the original and integral publications that are not hosted on the WATHI website. WATHI participates to the promotion of these documents that have been written by university professors and exper