Auteur (s) : N’kekpo Koffi Mensah Dodzi
Organisations affiliées : Handicap international (HI), Fédération togolaise des associations de personnes handicapées (FETAPH)
Type de publication : Rapport d’étude
Date de publication : 2012
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Contexte
Dans le cadre des activités du projet DECISIPH, Handicap International, la Fédération Togolaise des Associations de Personnes Handicapées (FETAPH) et la Fédération Malienne des Associations de Personnes Handicapées (FEMAPH) mettent en œuvre le projet le « Portail Régional Ouest Africain des Droits et de l’Inclusion des Personnes Handicapées en Afrique de l’Ouest » (PROADIPH). L’objectif de ce projet est de renforcer les capacités des organisations de personnes handicapées dans la collecte, la production et la diffusion d’informations et de données sur le handicap en Afrique de l’Ouest et favoriser l’accès à l’information des personnes handicapées pour une meilleure insertion dans la société.
Objectif de l’étude
Réaliser un état des lieux de l’accès des personnes handicapées aux TIC au dans les six pays du projet DECISIPH et identifier les obstacles rencontrés par les personnes handicapées en fonction du type de déficience, dans l’usage, des TIC. Ces informations permettront de mettre en place des formations adaptées visant la pleine inclusion numérique des populations en situation de handicap. Cette étude porte particulièrement sur le Togo.
La population cible de l’étude
Sur la base des derniers chiffres publiés dans le rapport mondial sur le handicap lancé le 9 juin 2011 par la Banque Mondiale et l’OMS à New York, la prévalence du handicap dans le monde est en augmentation. Le nouveau taux de prévalence est de plus de 15% de la population mondiale. Dans cette hypothèse, environ 900 000 personnes au Togo vivent avec un handicap sous une forme ou une autre, soit près de 15% de la population ; environ 52 % d’entre elles sont des femmes.
On peut alors estimer le nombre des femmes handicapées au Togo à environ 450 000. Selon l’annuaire des organisations intervenant dans le domaine du handicap au Togo (édition 2009), 66 organisations de/pour personnes handicapées ont été enregistrées et les membres sont estimés à plus de 7000. Une quarantaine de ces associations sont membres de la Fédération Togolaise des Associations de Personnes Handicapées (FETAPH).
L’accès aux TIC par les personnes handicapées au Togo et les obstacles rencontrés
L’accès aux TIC par les personnes handicapées varie selon le type d’incapacité et selon un certain nombre de conditions qui peuvent être favorables ou défavorables.
Les personnes avec une incapacité visuelle
Les personnes avec une incapacité visuelle ont une forte prédilection pour la radio et la télévision. Le téléphone portable est aussi utilisé par elles mais il vient en troisième position. L’ordinateur et internet sont utilisés uniquement par ceux d’entre eux qui ont un niveau intellectuel très élevé (BAC+3 au minimum). Il faut noter qu’ils privilégient très fortement l’utilisation de la radio par-dessus tous les TIC. Cette prédilection de la radio vient du fait qu’elle est facilement manipulable et qu’elle ne nécessite pas la vue pour être utilisée.
Les outils qui leur sont plus difficiles d’accès sont l’internet qui vient en première position et la télévision. Le premier obstacle qu’ils rencontrent en voulant utiliser ces TIC est leur défaut d’adaptabilité au handicap. Le manque de moyens financiers pour accéder surtout à l’internet (accès privé ou public) constitue également l’un des obstacles. Il faut noter que les personnes avec une incapacité visuelle auraient préféré un ordinateur propre à elles avec une connexion internet, ce qui leur éviterait les problèmes de déplacement et les problèmes liées aux matériels non adaptés dans les cybers café.
Les personnes avec une incapacité auditive
Les personnes avec une incapacité auditive passant outre les TIC préfèrent avoir l’information à partir d’une personne pouvant communiquer par les signes. A défaut, ils peuvent se contenter du journal écrit et de la télévision. Il est donc clair que si les émissions télévisées sont systématiquement traduites, la télévision constituerait la TIC de prédilection pour les personnes avec une incapacité auditive. Il leur est très difficile d’utiliser la radio, le téléphone mobile, internet et la télévision. Outre les obstacles liés au fait que les outils ne sont pas adaptés à leur handicap, le manque de formation, l’analphabétisme et le manque de moyens financiers constituent également des obstacles majeurs à l’accessibilité des TIC par les personnes avec une incapacité auditive.
Les personnes avec une incapacité intellectuelle
De par leur handicap, les personnes avec une incapacité intellectuelle sont les plus lésées lorsqu’on parle des TIC. L’approche méthodologique utilisée pour avoir des informations sur leur accès aux TIC rend compte de la spécificité de ce groupe de personnes handicapées. Nous nous sommes plutôt mis en contact avec leurs familles et des personnes ressources avant d’avoir des informations les concernant.
Il faut dire que leurs intérêts à ces TIC varient selon la profondeur du handicap. Il est donc important (ce qui n’est pas la vocation de cette étude) d’étudier ou de catégoriser les degrés de leur handicap par des spécialistes avant de pouvoir se prononcer réellement sur les obstacles liés à leur handicap. Toutefois, les obstacles relevés globalement montrent que la plupart des TIC n’est pas adaptée à leur handicap. Le manque de moyen financier est également évoqué comme obstacle.
Les personnes avec une incapacité motrice
Les personnes avec une incapacité motrice ont accès à toutes les TIC avec une proportion relativement satisfaisante. En ce qui concerne l’ordinateur et l’internet, moins de la moitié les utilise, ce que nous jugeons relativement satisfaisant sous réserve que nous ne connaissons pas la fréquence avec laquelle elles ont accès à internet. Ils privilégient quand même dans l’ordre de préférence la télévision, le téléphone mobile et la radio. L’internet est l’outil qui leur est plus difficile d’accès. Les deux obstacles principaux auxquels ils sont confrontés sont le manque de formation et celui de moyens financiers.
RECOMMANDATIONS
Les recommandations contenues dans cette rubrique viennent de la recension et de la compilation des propositions ou recommandations des personnes handicapées elles-mêmes et des personnes ressources œuvrant dans la thématique du handicap et dans le domaine de l’informatique.
- Scolariser la personne handicapée:
L’analphabétisme est le facteur principal limitant les personnes handicapées dans leur accès à l’information. L’utilisation et la compréhension du langage des TIC nécessitent un minimum de niveau intellectuel. Il faut donc outre ce qui se fait déjà, initier de grands projets d’éducation dont l’objectif principal sera d’encourager les parents à scolariser systématiquement leurs enfants handicapés quel que soit le type du handicap. Outre cette mesure d’encouragement, un plaidoyer doit être fait au niveau de l’État afin que des mesures coercitives soient prises pour obliger les parents ou tuteurs à scolariser leurs enfants. Il est également important que l’État s’inspire des expériences et des acquis du projet « Éducation inclusive » initié par Handicap International afin de se l’approprier pour en faire un programme national.
- Former la personne handicapée en informatique et internet:
L’accès aux TIC (en particulier l’informatique et internet) par les personnes handicapées ne sera possible que lorsqu’elles sont en mesure de les utiliser. La formation donc de cette population s’impose avec beaucoup d’urgence. Cependant, vu la particularité de certains types de handicap, il est important de prendre des mesures spécifiques : Créer un « centre inclusif de formation en informatique » par région.
- Encourager les Organisations de Personnes Handicapées qui initient des activités de formation en informatique:
Au cours de nos enquêtes sur le terrain, nous avons réalisé que certaines associations initient des activités de formation de leurs membres en informatique. Renforcer ces associations en matériel informatique adapté et en faire le suivi donneraient une nouvelle dynamique à leur activité.
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