Auteurs : Prateek Sibal et Bhanu Neupane
Organisation affiliée : UNESCO
Site de publication : ircai.org
Type de publication : Rapport / enquête
Date de publication : 2021
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Résumé
Le continent africain enregistre des signes encourageants en matière d’innovation et de développement dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) : cours dans des structures de quartier le week-end, formations intensives pour étudiants et jeunes chercheurs, création de pôles d’innovation transnationaux publics ou privés… Cependant, malgré un fort potentiel de développement, des défis subsistent quant à la disponibilité des infrastructures. De même, le développement et la gestion de l’IA dans le but d’optimiser les avantages et de minimiser les dommages se heurtent à des problèmes de compétences humaines et institutionnelles.
Voici les principaux résultats de l’enquête :
Un nécessaire renforcement des initiatives politiques en faveur de la gouvernance de l’IA
- Dans 21 des 32 pays africains qui ont répondu à l’enquête, le développement et l’utilisation de l’IA figurent parmi les priorités des programmes de développement nationaux. Certains d’entre eux ont pris des mesures visant à orienter le développement et l’utilisation de l’IA grâce au lancement de stratégies et de politiques dédiées, à la promulgation de lois, à la création de centres d’excellence et à l’élaboration d’un code déontologique.
Un nécessaire développement des cadres juridiques et réglementaires pour la gouvernance de l’IA
- Même si 22 pays déclarent disposer d’un cadre juridique pour la protection des données personnelles, une adaptation de ces dispositions aux nouvelles utilisations et applications des données de l’IA sera sans doute nécessaire. Elle permettra de pallier les discriminations et les préjugés. Au-delà, il est indispensable d’instaurer une protection contre les préjugés et la discrimination algorithmiques. Seuls 9 pays déclarent avoir pris des mesures pour faire face à ces défis.
- Les données gouvernementales ouvertes permettent indéniablement de renforcer la transparence et l’innovation grâce au développement de services publics basés sur les données. Ainsi, 19 pays indiquent avoir pris des mesures pour donner libre accès aux données gouvernementales dans un format consultable facilement.
Une nécessaire consolidation des capacités de gouvernance de l’IA
- Afin d’accompagner le développement et l’utilisation de l’IA, il est nécessaire de développer à la fois des cadres politiques ainsi que des compétences humaines et institutionnelles. Ainsi, 19 pays ont fait part d’un besoin de consolidation de compétences pour répondre aux implications juridiques de l’IA. Ces pays relèvent également une absence de cadres juridiques pour répondre à ces défis et un manque important de ressources humaines pour aborder les implications juridiques qui en résultent.
- Le recours aux technologies IA engendre des défis éthiques. Il est urgent d’y répondre afin d’orienter la gouvernance de ces technologies. 26 indiquent un déficit de compétences pour traiter les implications éthiques de l’IA. Seuls 6 pays ont déclaré disposer des moyens nécessaires sur cette question.
- La capacité des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire à formuler, mettre en application et exécuter des législations portant sur l’IA est indispensable au respect de la loi et à la création d’un environnement propice à l’innovation. Sur les 32 pays qui ont répondu à l’enquête, 5 déclarent avoir pris des mesures pour renforcer les connaissances et les compétences des autorités ; un seul pays a fait de même au niveau législatif, et 2 pays ont pris des mesures pour renforcer les compétences de leur système judiciaire.
Les données gouvernementales ouvertes permettent indéniablement de renforcer la transparence et l’innovation grâce au développement de services publics basés sur les données. Ainsi, 19 pays indiquent avoir pris des mesures pour donner libre accès aux données gouvernementales dans un format consultable facilement
- La normalisation des produits et des services en collaboration avec le secteur industriel est nécessaire à la garantie de la conformité éthique de l’IA. Sur ce point, 23 pays indiquent manquer de ressources financières ou humaines pour faire avancer l’élaboration de ces normes.
De multiples priorités associées à de multiples possibilités de coopération en matière d’IA
Plus de la moitié des pays qui ont répondu font état des domaines prioritaires suivants en matière d’IA : protection des données personnelles et gouvernance des données ; recours à l’IA pour la croissance économique ; encouragement de l’innovation numérique et des start-up ; actualisation de l’éducation, des systèmes de formation et des savoir-faire afin de transmettre des compétences et des connaissances dans le domaine de l’IA ; encouragement de la recherche et du développement. En outre, pour une majorité de pays participants, la lutte contre les préjugés de genre et les discriminations dans le développement et l’utilisation de l’IA est une priorité.
Des efforts supplémentaires requis afin de faire progresser l’éducation, la recherche et la formation en IA
- La plupart des États membres sont concernés par les problématiques suivantes : actualisation et adaptation des systèmes éducatifs aux défis de l’IA et des nouvelles technologies au regard des aptitudes et des compétences requises au xxie siècle ; renforcement des compétences et des réseaux de recherche ; offre de formations en IA pour les travailleurs. Dans 7 pays, des universités et établissements scolaires développent des cours spécialisés en IA et des initiatives sont lancées en milieu scolaire pour renforcer l’éducation aux médias et à l’information des étudiants et des citoyens.
- Le renforcement des compétences représente un défi majeur pour le développement de ressources pédagogiques sur l’IA, la recherche fondamentale et appliquée et l’accès aux ressources pour la recherche.
- Capacité de recherche en IA : la fracture numérique et le fossé des connaissances se creusent entre les pays, voire au sein des pays, que ce soit au niveau de la qualité ou de la quantité de recherches sur l’IA. Ainsi, 22 pays déclarent disposer d’infrastructures de recherche limitées et signalent un manque important en ressources humaines.
- Réseaux de recherche sur l’IA : 16 pays indiquent que la coopération entre les réseaux de recherche nationaux et internationaux sur l’IA est limitée et 15 pays relèvent l’absence de lien entre les réseaux d’experts nationaux et internationaux.
La capacité des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire à formuler, mettre en application et exécuter des législations portant sur l’IA est indispensable au respect de la loi et à la création d’un environnement propice à l’innovation
Recommandations
Les pays concernés par des enjeux de sécurité ont exprimé la nécessité de s’appuyer sur l’IA pour bâtir la paix et instaurer l’inclusivité dans les sociétés. Les pays misant sur le tourisme et l’agriculture ont identifié des applications de l’IA susceptibles de soutenir en priorité ces secteurs. De même, d’autres facteurs comme la situation géographique et l’état des ressources naturelles fournissent des indices quant aux priorités nationales de développement et d’utilisation de l’IA.
- Initiatives politiques de gouvernance de l’IA : Concevoir un ensemble de politiques relatives à l’IA dans les domaines de la science, de la technologie, de l’innovation, de l’éducation, de la culture et de la politique de communication pour le développement durable qui soient susceptibles d’orienter les politiques nationales. Lancer des projets pilotes pour déterminer comment exploiter l’IA et les données d’apprentissage et ainsi saisir les opportunités dans les domaines prioritaires identifiés par les États membres.
- Renforcement des compétences qui permettent de répondre aux conséquences juridiques de l’IA et de défendre les droits humains fondamentaux : Inclure des programmes de sensibilisation à l’IA, aux droits de l’homme et aux implications juridiques dans le cadre de la formation politique des décideurs gouvernementaux. Les modules de formation doivent comporter un volet d’informations sur les risques et conséquences d’une propagation potentielle des préjugés et stéréotypes de genre à travers les systèmes d’IA.
Sensibilisation du grand public et perception de l’IA : Former les journalistes pour qu’ils rendent compte avec précision des problèmes relatifs à l’IA et à son impact social. Favoriser le dialogue multipartite au niveau national en invitant des plateformes numériques et d’autres acteurs du milieu à échanger sur l’utilisation de l’IA dans la modération des contenus conformément aux normes internationales des droits de l’homme et à la réalité locale.
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