La situation des femmes dans la société sénégalaise « La femme sénégalaise est chanceuse par rapport à beaucoup de pays d’Afrique. Traditionnellement, le rôle de la femme était de rester à la maison et de s’occuper des enfants. Mais, nous voyons qu’il y a vraiment une montée et que la pente est en train de se redresser par rapport aux femmes dans notre pays parce qu’elles commencent à occuper des postes politiques assez forts, elles deviennent des décideurs publics. La femme sénégalaise prend son rôle très à cœur d’actrice de développement. Elle a cette capacité de résilience qui fait qu’elle s’adapte très rapidement et elle essaie toujours de trouver des moyens pour pouvoir créer des choses qui ont de l’impact Mais, on voit aussi une émancipation dans le mode de vie et de fonctionnement au sein des familles. Là où l’homme était traditionnellement le chef de famille, aujourd’hui, la femme revêt cette prérogative également. Elle est souvent celle qui ramène de l’argent dans le foyer, qui s’occupe du foyer et aussi de toute la famille. C’est une place qui fait que la femme sénégalaise est de plus en plus émancipée. La femme sénégalaise prend son rôle très à cœur d’actrice de développement. Elle a cette capacité de résilience qui fait qu’elle s’adapte très rapidement, elle essaie toujours de trouver des moyens pour pouvoir créer des choses qui ont de l’impact. » L’accès des femmes aux ressources économiques « Elles n’ont pas assez accès aux ressources parce que malgré leur émancipation, c’est une bataille qu’on connaît depuis des décennies qui fait qu’aujourd’hui, même si timidement nous voyons une sorte d’amélioration, les femmes ont encore des difficultés pour accéder aux ressources parce que le schéma fait qu’on pense qu’elles doivent toujours rester à la maison. Le schéma fait que prêter à une femme ne semble pas sûr, alors que quand vous allez dans les institutions de microfinance, sur dix femmes, neuf remboursent sans problème. Il y a aussi une amélioration parce qu’ils mettent en place des systèmes et des nouveaux mécanismes de financement qui sont destinés aux femmes. De plus, je pense que la politique genre est intégrée dans tous les dispositifs mis en place au niveau national, avec des cellules genre dans tous les ministères et les directions. Tout cela pour pouvoir travailler davantage sur l’autonomisation des femmes, mais aussi pour donner pleinement à la femme le rôle principal qu’elle occupe dans le fonctionnement de la nation. » Les contraintes favorisant l’inégalité dans l’accès aux ressources dans le secteur informel « Je pense que la première des difficultés est sociale. On reste sur un modèle où la femme, bien qu’elle soit créatrice de valeur, créatrice de croissance, reste une femme, donc une maman qui doit s’occuper de ses enfants. Souvent, il est très mal vu quand cette femme rentre trop tard, quand elle doit se déplacer et qu’elle voyage. On réplique juste le schéma, c’est comme un miroir. En tant que femme, je suis maman. Il m’est difficile par moment d’être avec mes enfants pendant plusieurs jours, je ne les vois pas. C’est vrai que c’est très mal vu. C’est toujours la même chose : “Ah toi la femme, tu dois rester à la maison”. Mais, je pense qu’on sait que sans la femme, le pays n’avancera pas économiquement. Les foyers ne pourraient pas subvenir à leurs besoins. Donc, il faut vraiment qu’on donne beaucoup plus d’indépendance financière à la femme. Cette indépendance financière lui permet aussi de créer de la valeur. C’est ce qui lui permet aussi de mettre en place des projets à fort impact. Parce qu’en fait, une femme qui entreprend ne le fait pas pour la gloire. Souvent, elle entreprend pour répondre à un besoin qui est concret. On le voit dans les start-up qui se mettent en place. On le voit dans les activités que les femmes font et on le voit notamment dans le secteur informel, qui représente 80% du marché des femmes. » En tant que femme, je suis maman. Il m’est difficile par moment d’être avec mes enfants pendant plusieurs jours, je ne les vois pas. C’est vrai que c’est très mal vu. C’est toujours la même chose : “Ah toi la femme, tu dois rester à la maison” Les recommandations pour accompagner les femmes, sur le long terme, à sortir de la précarité économique « J’ai envie d’abord de pointer du doigt l’État qui se doit d’accompagner les femmes, qui se doit d’outiller les femmes et mettre en place des mécanismes d’accompagnement et de financement pour les femmes afin de les sortir non seulement de la précarité mais aussi permettre leur autonomisation. Il faut se dire que grâce aux femmes, ils ne pourront qu’aller porter le pays en croissance. C’est une forte recommandation que je fais. J’accompagne beaucoup de femmes qui ont un taux d’analphabétisme très élevé, qui n’ont pas été à l’école, qui ont dû interrompre leur parcours scolaire juste parce qu’il fallait qu’elles accompagnent la famille. Ces femmes qui ont arrêté leurs études, Il faut qu’on travaille davantage pour être à leurs côtés, pour pouvoir les accompagner. Mais il faut également qu’on puisse vraiment travailler sur des mécanismes de maintien des filles à l’école parce que les problématiques sont larges. Elles vont des problèmes d’hygiène jusqu’aux problèmes de précarité qui font que la fille doit rester travailler avec sa maman pour les tâches ménagères, etc. »
Après une formation en management et relations publiques, Fatoumata Niang Niox a beaucoup travaillé à l’étranger avant de rentrer au Sénégal pour mettre ses compétences au service du développement de sa nation. Mère, épouse, sœur, elle est aussi la Directrice exécutive de Jokkolabs Dakar, où elle a construit une forte communauté Jokkolabs au Sénégal, et un réseau solide d’innovateurs dans le domaine de l’entrepreneuriat à travers divers programmes, événements et projets.
Elle a été cheffe de projet pour le programme Migration et Développement où elle a dirigé le conseil d’administration pour le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Maroc et le Cap-Vert. Fatoumata Niang Niox est également membre du conseil d’administration du Conseil numérique du rassemblement international pour le Sénégal (SIPEN). Elle est connue pour son engagement dans l’accompagnement des entrepreneurs et des femmes en particulier.