Auteur : António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies
Site de publication : Nations Unies / Afrique Renouveau
Date de publication : Aout 2020
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L’éducation est un droit humain fondamental. Elle est le fondement de sociétés justes, égales et inclusives et un moteur essentiel du développement durable. Pour éviter qu’une crise préexistante de l’apprentissage ne se transforme en une catastrophe de l’apprentissage, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, appelle les gouvernements et la communauté internationale à agir. Vous trouverez ci-dessous son message lors du lancement de sa note de synthèse sur l’éducation et Covid-19.
L’éducation est la clef du développement personnel et de l’avenir de nos sociétés. Elle ouvre des possibilités et réduit les inégalités. C’est le socle de sociétés éclairées et tolérantes, ainsi qu’un des principaux moteurs du développement durable.
La pandémie du COVID-19 a bouleversé l’éducation comme jamais auparavant.
À la mi-juillet, plus d’un milliard d’élèves avaient été touchés par la fermeture des écoles dans plus de 160 pays. À travers le monde, 40 millions d’enfants d’âge préscolaire n’ont pu bénéficier d’une première année d’éducation pourtant si importante.
Les parents et notamment les femmes ont dû assumer le lourd fardeau d’avoir à s’occuper des enfants à domicile. Même si l’enseignement a continué par radio, par télévision ou en ligne, et malgré la mobilisation des enseignants et des parents, beaucoup d’élèves n’étaient pas connectés.
Les apprenants handicapés, les membres de minorités ou de groupes défavorisés, les déplacés ou réfugiés ou ceux encore vivant dans des zones reculées courent le plus grand risque d’être laissés-pour-compte.
Même ceux qui ont accès au télé-enseignement ne sont pas certains de réussir, du fait de leurs conditions de vie et notamment de la répartition équitable des tâches ménagères.
La crise de l’apprentissage nous menaçait déjà avant la pandémie
Plus de 250 millions d’enfants en âge d’aller à l’école n’étaient pas scolarisés.
Dans les pays en développement, seul un quart des élèves sortait de l’école secondaire en ayant acquis des compétences de base.
Nous sommes désormais face à une catastrophe qui touche toute une génération et risque d’empêcher l’humanité d’exploiter un énorme potentiel, de compromettre des décennies de progrès et d’aggraver encore des inégalités tenaces.
Les répercussions de cette crise sur la nutrition des enfants, sur le mariage d’enfants et sur l’égalité des genres, entre autres, sont très inquiétantes.
C’est dans ce contexte que s’inscrivent la note de synthèse que je lance aujourd’hui et la nouvelle campagne mise en place avec des partenaires dans le domaine de l’éducation et des organismes des Nations Unies, qui s’intitule « Sauvons notre avenir ».
Nous sommes à un tournant décisif pour les enfants et les jeunes du monde entier.
Les décisions que les gouvernements et leurs partenaires prennent aujourd’hui auront des effets durables sur des centaines de millions de jeunes et influenceront les perspectives de développement des pays pendant des décennies.
Dans cette note de synthèse, nous préconisons des mesures dans quatre domaines prioritaires.
Premièrement, rouvrir les écoles
Lorsque la transmission du COVID-19 à l’échelle locale sera jugulée, il faudra donner la priorité absolue au retour des élèves dans les écoles et autres centres d’enseignement dans les meilleures conditions de sécurité possibles.
Nous avons publié des orientations pour aider les gouvernements dans cette entreprise complexe.
Il sera essentiel de soupeser les risques pour la santé et ceux pour l’éducation et la protection des enfants, en tenant compte des effets sur la participation des femmes au marché du travail.
Il sera indispensable de consulter les parents, les soignants, les enseignants et les jeunes.
Deuxièmement, donner la priorité à l’éducation dans les décisions financières
Avant la crise actuelle, le déficit de financement en matière d’éducation dans les pays à revenu faible ou intermédiaire était déjà de 1 500 milliards de dollars par an. Depuis, ce déficit s’est creusé.
Il faut préserver et augmenter le budget alloué à l’éducation.
L’éducation doit être placée au cœur de l’action de solidarité internationale, à savoir la gestion de la dette, les plans de relance économique, les appels humanitaires mondiaux et l’aide publique au développement.
Troisièmement, cibler les personnes les isolées
Il faut concevoir des initiatives dans le domaine de l’éducation qui bénéficient aux personnes les plus à même d’être laissées de côté : celles en situation d’urgence ou de crise, celles qui font partie de minorités, celles qui sont déplacées ou handicapées.
Il faut au cours de ces initiatives tenir compte des difficultés particulières que connaissent les filles, les garçons, les femmes et les hommes, et combler d’urgence le fossé numérique.
Quatrièmement, bâtir aujourd’hui l’avenir de l’éducation
Nous avons actuellement une chance singulière de repenser l’enseignement.
Nous pouvons adopter des systèmes prospectifs, qui permettront d’offrir à tous une éducation de qualité et serviront de tremplin à la réalisation des objectifs de développement durable.
Pour cela, nous devons investir dans le numérique et dans les infrastructures, enseigner aux élèves comment apprendre, revitaliser l’apprentissage tout au long de la vie et renforcer les liens entre éducation formelle et non formelle.
Nous devons aussi exploiter des méthodes d’enseignement plus souples et les nouvelles technologies, tout en modernisant les programmes scolaires et en fournissant un appui constant aux enseignants et aux communautés.
Au vu d’inégalités insoutenables, nous avons besoin plus que jamais de l’éducation et de son grand pouvoir de mettre chacun sur un pied d’égalité.
Il nous faut prendre immédiatement des mesures audacieuses pour créer des systèmes éducatifs de qualité, inclusifs et résilients, adaptés aux exigences de demain.
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