Auteur: The Era of Africa
Organisation affiliée: The Era of Africa
Type de publication : Article
Date de publication : 2018
Lien vers le document officiel
L’Intelligence artificielle en Afrique : levier d’émancipation ou terreau d’un « cyber-colonialisme » ?
L’Intelligence Artificielle (IA) constitue aujourd’hui une formidable opportunité en matière, d’éducation, d’environnement et de santé pour répondre aux besoins primaires des africains. Cependant, les risques d’exploitation de cette force d’innovation par des puissances étrangères, en particulier américaines et chinoises, semblent néanmoins bien réels.
L’IA en Afrique : le pragmatisme avant tout
L’arrivée de l’IA en Afrique a bouleversé en profondeur le rapport des africains au numérique. Véritable moteur d’un marché en pleine essor, cette nouvelle technologie digitale est devenue rapidement pour de nombreux pays un levier important de croissance pour leur économie. Des start-up se sont multipliées un peu partout à travers le continent. De nombreux entrepreneurs ont décidé de se lancer dans l’aventure en proposant des outils basés sur l’intelligence artificielle afin de répondre aux besoins des Africains.
Par example, Mehdi Khemiri, « business angel » tunisien, créateur de la start-up Favizone qui propose un robot conversationnel conseillant les consommateurs dans leurs achats. Une autre initiative innovante à saluer est celle de la start-up Camerounaise GiftedMom qui développe une application mobile et un chatbot visant à réduire la mortalité maternelle et infantile en apportant de l’information aux femmes enceintes.
Des gouvernements encore peu sensibles aux enjeux de l’IA
Les grandes entreprises cherchent en effet à se positionner sur l’ensemble du globe et l’Afrique n’échappe pas à cette course aux vues de la rapidité du développement technologique du continent. L’Europe s’est dotée d’une nouvelle réglementation : le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données), et un grand nombre de chercheurs africains sont sensibles à cet enjeu mais difficile d’affirmer s’ils ont les moyens de convaincre les gouvernements de s’en saisir.
Des start-up se sont multipliées un peu partout à travers le continent. De nombreux entrepreneurs ont décidé de se lancer dans l’aventure en proposant des outils basés sur l’intelligence artificielle afin de répondre aux besoins des Africains
La crainte d’une « cyber-colonisation » du continent ?
Nicolas Miailhe, président de The Future of Society rappelle que l’Afrique ne dispose quasiment d’aucune infrastructure numérique orientée vers l’IA. En matière d’investissement dans le domaine du numérique, la Chine poursuit son expansion. Elle est d’ailleurs devenue le premier partenaire commercial de l’Afrique devant la France et les États-Unis. Plusieurs groupes industriels et start-ups chinois spécialisés dans les télécoms ou les smartphones ont signé des accords avec certains gouvernements africains. Nicolas Miailhe observe ici une connivence inquiétante qu’il va jusqu’à qualifier de « phénomène cyber-colonialiste puissant ». La Chine n’exporte pas seulement ses technologies, elle diffuse également ses standards et son modèle de société.
Cédric Villani mathématicien et député, chargé d’une mission sur l’Intelligence artificielle nous alerte sur les investissements « prédateurs » des grandes plates-formes en Afrique telles Google, Facebook ou Alibaba : « Ces grandes plates-formes captent toute la valeur ajoutée : celle des cerveaux qu’elles recrutent, et celle des applications et des services, par les données qu’elles absorbent. Le mot est très brutal, mais techniquement c’est une démarche de type colonial : vous exploitez une ressource locale en mettant en place un système qui attire la valeur ajoutée vers votre économie. Cela s’appelle une cyber-colonisation ».
Les Wathinotes sont soit des résumés de publications sélectionnées par WATHI, conformes aux résumés originaux, soit des versions modifiées des résumés originaux, soit des extraits choisis par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au thème du Débat. Lorsque les publications et leurs résumés ne sont disponibles qu’en français ou en anglais, WATHI se charge de la traduction des extraits choisis dans l’autre langue. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
The Wathinotes are either original abstracts of publications selected by WATHI, modified original summaries or publication quotes selected for their relevance for the theme of the Debate. When publications and abstracts are only available either in French or in English, the translation is done by WATHI. All the Wathinotes link to the original and integral publications that are not hosted on the WATHI website. WATHI participates to the promotion of these documents that have been written by university professors and experts.