Débuter dans l’entrepreneuriat au Sénégal « Par rapport à la France où je suis née, l’accès à l’entrepreneuriat est beaucoup plus simple ici qu’en Occident. En France, pour être entrepreneur, vous avez l’administration fiscale derrière vous. Personne ne peut se lever et entreprendre d’un coup alors qu’ici on a cette chance. Aujourd’hui, une femme qui ne travaille pas, avec très peu de moyens, peut se mettre en bas de chez elle et faire du commerce. Une femme qui a des prédispositions dans la restauration peut faire des plats et les vendre à deux pâtés de maison sans contraintes. Bien sûr, il y a des normes. Mais même si elle ne respecte pas forcément les normes, elle a cette possibilité de pouvoir accéder à l’entrepreneuriat. Après, il est évident que pour entreprendre, il faut beaucoup de paramètres. Par exemple, la dernière fois, je faisais une publication dans un groupe en ligne et je leur demandais quelles sont les idées de business qu’on peut faire à partir de 500 francs CFA. Vous ne pouvez pas vous imaginer le nombre d’activités qui sont sorties à partir de 500 francs. Lorsque je posais la question, je pensais qu’il n’allait pas y avoir de commentaires. Il y en avait une pléthore. Pour vous dire que c’est vraiment possible. Il faut juste le vouloir et avoir la volonté. il ne faut pas avoir un état d’esprit pessimiste. Il faut aussi savoir qu’il va y avoir forcément des difficultés et savoir frapper aux bonnes portes. C’est la raison pour laquelle je suis devenue business coach. Au vu des compétences que j’ai acquises dans différents métiers, je me suis dit qu’aujourd’hui, les femmes n’ont pas la possibilité et la capacité de payer des agences pour les aider à mettre en place un projet. Je pense que je pourrai aider ces femmes à mettre en place leurs projets, ne serait-ce qu’aider à faire connaître les bases. Est-ce que vous avez une vision? Est-ce que vous avez une mission? Qu’est-ce qu’un plan marketing? Un business plan? Ce sont tous ces préalables qui garantissent et sécurisent plus ou moins l’activité. » Les difficultés des femmes pour mener un projet d’entrepreneuriat « La plupart du temps, les difficultés se retrouvent autour de leur cocon familial. D’ailleurs, lors d’un de mes coaching que j’appelle diagnostic projet, les premières questions portent sur l’entrepreneur lui-même. Je vous donne un exemple : imaginons que j’ai à coacher une femme qui subit des violences conjugales. Si je ne décèle pas qu’elle a des soucis dans son couple, je peux lui parler de toutes sortes de projets, elle peut recevoir tous les financements nécessaires, mais le projet n’ira nulle part parce que chaque deux ou trois jours ou une fois par mois, elle subit les violences de son époux. Psychologiquement, elle est instable. Psychologiquement, elle n’a pas toutes les énergies réunies pour pouvoir mener un projet. Cela constitue une perte de temps pour elle et pour moi. Les premières questions me permettent déjà de savoir si l’environnement autour de cette entrepreneure est stable pour qu’elle puisse mener à bien son projet. » Contourner les défis liés au financement dans un environnement avec peu de soutien « Concernant le financement, j’ai une politique de promotion de l’autofinancement. Aujourd’hui, généralement, les gens sont des mauvais payeurs. Ils prennent des financements et ils ne remboursent pas. Une fois qu’ils ont les fonds, ils ne les allouent même pas au projet auquel c’était destiné. Nous avons un système de recouvrement qui est quasi archaïque, les huissiers arrivent, sont présents dans la rue et c’est assez humiliant Vu que nous avons un système de recouvrement qui est quasi archaïque, les huissiers arrivent, sont présents dans la rue et c’est assez humiliant. Je veux éviter ce genre de situation à mes entrepreneures. C’est pour cela que je leur dis ceci: « votre projet, découpez-le en sous-projets. Cela vous permettra d’acquérir le capital qui vous permettra de financer le gros projet. De cette façon, vous ne devez rien à personne, vous dormez tranquille, votre famille ne subit pas la honte. » L’impact de la pandémie de la Covid-19 sur les activités informelles des femmes « La pandémie a forcément eu un impact, mais certaines femmes ont eu de la répartie. Lorsqu’une situation de force majeure se présente, si l’entrepreneur n’a pas une autre activité à côté, il développe très souvent son instinct de survie. Il a absolument besoin de trouver une autre activité génératrice de fonds pour qu’il puisse survivre. Donc, certaines femmes ont développé d’autres activités et ont développé d’autres compétences. Après tout dépend de l’état d’esprit. Si on a un état d’esprit de gagnant, on va pouvoir trouver les solutions. Je sais que l’État a donné des aides, mais pour profiter de cela, il fallait être formel. Si on n’avait pas de NINEA et de registre de commerce, ce n’était pas possible de bénéficier de ces aides. Cela a poussé beaucoup de femmes à être en règle pour que, si jamais des situations de crise se posent, qu’elles puissent bénéficier de ces aides au même titre que les autres. »
Âgée de 38 ans, maman de trois enfants, Mafoudia est sortie d’une École de commerce avec un BTS en Action commerciale-management des organisations commerciales et un MBA en Marketing et management des industries de luxe. Elle a fait une grande partie de sa carrière dans la vente pour des industries de luxe.
Aujourd’hui, elle est cheffe de projet pour une compagnie pétrolière, elle est chargée de mettre en place un réseau de boutique (concept store). Très active pour l’accompagnement des femmes entrepreneures, elle est devenue business coach en entrepreneuriat à travers un groupe qu’elle anime sur Facebook.
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Félicitations à vous ma soeur aînée
Machallah toujoir fier de toi ma belle une très brave damme
Trop fière
Une fierté sans limite