Auteur : Pr. Jean-Pierre Cabestan
Organisation affiliée : Hong Kong Baptist University / Asia Centre
Type de publication : Rapport
Date de publication : 7 Juin 2017
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Le contexte : Niger et Tchad
Comme ailleurs en Afrique où elle est maintenant très présente, au Niger et au Tchad la Chine doit faire face à des Etats qui soit sont fragiles (Niger) soit connaissent des problèmes de sécurité majeurs (Niger et dans une moindre mesure Tchad) : Boko Haram au Sud et à l’Ouest, des frontières poreuses au Nord et à l’Est. Néanmoins, la sécurité de ces pays s’améliore progressivement notamment grâce à l’Opération Barkhane lancée par la France.
La présence française y est importante, comme la présence américaine. Les Etats-Unis jouent en effet un rôle complémentaire croissant dans la région, avec la présence de bases de drones de Niamey et d’Agadez. Quant à la présence chinoise, elle reste avant tout économique et a été ces dernières années ralentie par la chute des cours du pétrole.
Les principaux domaines d’investissement sont l’énergie (5,12 md $), les mines (620 m $) et l’immobilier (140 m $). Les autres aspects de la coopération concernent : la construction de stades et d’écoles, les missions médicales, la coopération militaire, les infrastructures (routes, ponts, matériel roulant, centrales thermiques). Enfin, un prêt chinois d’1 milliard de dollars (15% PIB : 6-7 milliards) de l’Exim Bank a été accordé pour financer des projets en 2015.
Les échanges commerciaux, investissements et autres aspects de la coopération
Même si les statistiques continuent de placer la France en tête, la Chine est le premier fournisseur du Niger depuis 2014, et son troisième client derrière le Nigeria et la France (deuxième dans les statistiques)1 . Entre 2005-2016 les investissements (et contrats d’investissements) chinois ont considérablement augmenté. Ces investissements se sont concentrés en 2008. Ils représentent au total 5,88 milliards de $.
L’uranium et le pétrole
En 2007, la société d’Etat Sino-Uranium (China National Nuclear Corporation, CNNC) investit 300 m$ dans une nouvelle mine à Azelik en JV avec le Niger, la SOMINA, et brise le monopole d’AREVA. La même année, la Sino-U a dû faire face à une prise d’otage d’un responsable chinois par le Mouvement des Nigériens pour la justice.
La mine de CNNC ferme en 2015 après moins de 3 ans de production (2012-juin 2015): 300 tU/an et 500 tU au total seulement contre 4 200 tU/ an pour AREVA. Les causes de l’arrêt de la production ont été la chute du prix de l’uranium, la concurrence et le ralentissement de l’activité en Chine : la CNNC a perdu de l’argent. Toutefois, l’uranium reste le principal produit d’exportation vers la Chine en dépit d’une baisse de 60% des ventes (en valeur) en 2016 : 190m€.
Les principaux domaines d’investissement sont l’énergie (5,12 md $), les mines (620 m $) et l’immobilier (140 m $). Les autres aspects de la coopération concernent: la construction de stades et d’écoles, les missions médicales, la coopération militaire, les infrastructures (routes, ponts, matériel roulant, centrales thermiques). Enfin, un prêt chinois d’1 milliard de dollars (15% PIB: 6-7 milliards) de l’Exim Bank a été accordé pour financer des projets en 2015
La coopération militaire
Les partenaires de sécurité du Niger sont multiples – France, USA, Algérie, Egypte, Maroc, Allemagne. La Chine n’a pas d’attaché de défense mais est le 3ème partenaire après la France et les USA (avant l’Algérie). Par ailleurs, la Chine équipe en fibres optiques et serveurs les forces armées (FAN) : l’état-major de l’Armée de terre (et autres états-majors) à l’aide de la société ZTE ; mais ce sont des militaires chinois qui mettent en place les câbles. La Chine vend aussi des blindés : copie VAB à 6 roues : modèle 92 (APC) : 40 de livrés en 2015 à Maradi (sans doute via le Nigeria), 20 déjà en panne.
Le Niger n’est cependant pas satisfait de cet achat car la formation et les pièces détachées manquent et que les APC ont été surfacturés (coût VAB 66 : 850 000 € / coût APC chinois : 800 000 €)3 . Il y a 15 officiers nigériens en Chine chaque année (contre 1 à 2 en France), mais les Nigériens déplorent le manque de contact avec les Chinois. La coopération militaire est donc structurelle mais pas opérationnelle.
La politique étrangère du Niger
Les priorités du Niger restent leur partenariat avec la France, les Etats-Unis, l’Union européenne, mais aussi le Moyen-Orient, en particulier l’Arabie saoudite, partenaire à bien des égards plus important que la Chine. Néanmoins, les élites nigériennes sont assez liées à la Chine.
Depuis les années 1980, Conclusion : Chine-Niger On note un rôle significatif de la Chine dans les domaines pétrolier, énergétique et des infrastructures, qui reste néanmoins marginal en matière de sécurité. Leurs relations politiques sont étroites et équilibrées par la proximité entre le Niger d’une part et la France, les Etats-Unis ou les pays du Moyen-Orient d’autre part marquant une nouvelle normalisation de leurs relations.
Leur coopération militaire est jugée importante par la Chine, alors qu’en 2009, le président Idriss Déby avait critiqué la Chine pour n’avoir pas soutenu le Tchad au CS de l’ONU contre les rebelles soutenus par le Soudan. La coopération entre les deux pays se développe également dans les domaines agricole, médical et énergétique : la CNPC y est présente depuis 2003, et a construit une “mini-raffinerie au nord de Ndjamena et un pipeline pour l’alimenter depuis la région de Bongor où la CNPC extrait du pétrole. La Chine est aussi très présente dans les infrastructures : en 2011, on estimait à 10 milliards de dollars les investissements chinois, chiffre sans doute exagéré et à 5 000 les ouvriers chinois au Tchad.
Le Tchad a signé un projet de chemin de fer avec la China Civil Engineering Construction Corporation de 840 miles dans les régions productrices de pétrole (7,5 md $) mais celui-ci n’a pas encore vu le jour. Concernant le développement des échanges commerciaux, le Tchad importait 353 m$ de Chine et exportait pour 496 m$ de pétrole vers la Chine en 2010.
Les échanges commerciaux avec le Tchad
La Chine est le premier fournisseur du Tchad depuis au moins 2012, sauf en 2015-2016 (France) et le troisième client du Tchad depuis 2014, derrière les USA et l’Inde et devant la France et le Cameroun. Les achats chinois concernent le pétrole, le coton, la gomme arabique, et leurs ventes chinoises se concentrent sur les véhicules, les pièces détachées, les produits chimiques, les machines, et les chaussures.
Les priorités du Niger restent leur partenariat avec la France, les Etats-Unis, l’Union européenne, mais aussi le Moyen-Orient, en particulier l’Arabie saoudite, partenaire à bien des égards plus important que la Chine. Néanmoins, les élites nigériennes sont assez liées à la Chine
Les investissements chinois au Tchad
Entre 2005 et 2016, les investissements chinois étaient de 7,97 md $ (3,2% Afrique sub-saharienne) – 1,28 md $ pour l’énergie, 6,69 md $ pour les transports – avec une concentration en 2011 (5,06 md$).
Le pétrole La CNPC s’est chargée de l’exploration et du développement du Block H dans le bassin de Bongor (sud de Njamena) qu’elle a acheté à Cliveden Petroleum en 2006. En 2014, la CNPCIC (CNPC au Tchad) a trouvé du pétrole dans plusieurs puits dont Baobab, Ronier-1, Mimosa et Cassia N-1, et la production a commencé en 2011. En 2011, elle a construit un oléoduc de 311 km entre Ronier-1 et la Société du Raffinage de N’Djamena 8 S.A. L’investissement d’un milliard de dollars (la moitié pour la raffinerie) a été financé par la CNPC et l’Exim Bank.
Les routes, ponts, palais, telecoms, sociétés privées
La Sino-Hydro a construit une route de 133 km entre Bongor et Kélo, et une route de 15 km entre Moundou et Le parc industriel de Djermaya a été créé en 2013 par la société Soluxe International, succursale catering de la CNPC, qui a obtenu un bail emphytéotique de 99 ans pour un franc CFA symbolique. Il est situé à proximité de la raffinerie de la CNPC.
La Soluxe y a construit des bâtiments administratifs et a aménagé des espaces pour bureaux et résidences pour les ouvriers des sociétés qui viennent s’installer. Le coût de location d’un terrain est de 200 000 $ par an, hors eau et électricité. Des routes goudronnées doivent être construites par la Soluxe pour accéder aux entreprises.
Conclusion : Tchad-Chine
Les relations Tchad-Chine sont étroites mais loin d’être exclusives. Elles se concentrent dans le domaine pétrolier et des infrastructures. Parmi les pays asiatiques, l’Inde et Japon sont aussi présents et actifs. La Chine joue encore un rôle marginal en matière de sécurité en dépit des bons offices qu’elle a proposés.
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