L’état actuel de la question du handicap Nous avons beaucoup évolué, je peux l’affirmer parce que je suis née ici, j’ai grandi dans ce pays. Je suis née avec un handicap et par rapport à ma situation, par rapport à mon parcours, j’ai vu que depuis 2012 quand même, je n’occulte pas les luttes qui ont été menées par des associations de personnes handicapées, notamment la Fédération, pour avoir au Sénégal la loi d’orientation sociale et aussi avant la loi il y a eu la convention que le Sénégal a signé et ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées des Nations Unies qui nous ont sortis des instruments plaçant le Sénégal dans ce qu’on appelle les pays désireux de changer les politiques en faveur du handicap. Et le changement a eu lieu de façon effective, de façon concrète après l’avènement du président Macky Sall. Dès qu’il a eu le pouvoir en 2012, il a signé le premier décret relatif à la délivrance de la carte d’égalité des chances et ainsi à l’institution de l’éducation spéciale et inclusive pour montrer par ce décret là, sa ferme volonté de mettre les personnes handicapées au cœur de ses priorités. La situation économique était catastrophique et tout le monde sait que pour un décret, il faut nécessairement des moyens financiers. Et ça ne l’a pas empêché de signer le décret. Et nous avons travaillé avec les personnes handicapées pour la mise en œuvre de ce décret. Il a signé le premier décret relatif à la délivrance de la carte d’égalité des chances et ainsi à l’institution de l’éducation spéciale et inclusive pour montrer par ce décret là sa ferme volonté de mettre les personnes handicapées au cœur de ses priorités Et la carte d’égalité des chances a été lancée officiellement en 2014 par le président de la République lui-même et instituant ainsi l’éducation spéciale et donnant les directives au ministère en charge de l’Éducation nationale, en charge de la santé et de l’action sociale, vu la condition hybride de la prise en charge du handicap sur l’éducation de l’enfant handicapé dès le bas âge. Nous y travaillons parce que nous sommes dans un contexte sénégalais où, depuis des décennies, on n’a jamais eu à être confronté à ça. Prenant toujours mon exemple, j’ai été à l’école publique sénégalaise, pas une école spéciale. Je suis un pur produit, comme j’aime à le dire de l’école publique sénégalaise, j’ai étudié dans ces conditions-là, que ce soit à la maternelle, une maternelle publique et primaire, collège et tout le reste du cursus, même les différentes formations que j’ai eu à faire c’était au niveau du Sénégal et donc dans le public. Stigmatisation des personnes vivant avec un handicap Les gens ont un regard différent qui montre que cette personne est différente. Le regard de l’autre attire la pitié ou quelquefois le dégoût selon le type de handicap ou l’indifférence en montrant que cette personne est inutile à la société. C’est parce qu’on ne comprend pas les handicaps, et au Sénégal ou partout ailleurs dans le monde, si on ne comprend pas quelque chose, on la fuit ou bien on en a pitié, on veut la prendre en charge ou tout simplement, on l’ignore, on l’oublie. On ne tient pas compte de cette chose-là dans la communauté. C’est exactement la même situation que certaines personnes handicapées ont vécu au sein de nos sociétés africaines. Le regard de l’autre attire la pitié ou quelquefois le dégoût selon le type de handicap ou l’indifférence en montrant que cette personne est inutile à la société La situation a tendance à changer positivement et des familles nous interpellent pour nous demander d’accompagner leurs enfants en situation de handicap pour qu’ils puissent aussi réussir dans la vie et quelquefois dans les familles c’est très compliqué.
Pour commencer avec l’État dont je suis partie prenante, mes recommandations, je les envoie au président c’est pour cela qu’il m’a nommé, pour changer effectivement et mettre dans la bonne direction les situations de personnes handicapées qui étaient vraiment très compliquées dans ce pays. Nous avons produit un document sur le plan national sur le handicap, ce que beaucoup de pays recherchent aujourd’hui et copient sur le Sénégal. Nous avons commencé à élaborer l’outil de mesure du handicap nous permettant d’avoir une réelle lecture de la situation des personnes handicapées, le nombre de handicaps. Toutes ces questions-là peuvent être renseignées par l’outil que nous avons commencé à élaborer, qui s’appelle la mesure du handicap. On voudrait bien que la société civile puisse aussi recruter des personnes handicapées Le Sénégal n’avait jamais eu ce genre de document et aujourd’hui, nous sommes dans la finalisation, justement, de ce document qui va nous permettre d’aller plus en avant et plus rapidement dans les questions de prise en compte du handicap. Parce que depuis 2012, nous avons quitté la prise en charge pour aller vers la prise en compte parce que juridiquement, quand on veut mettre des minorités au sein d’une politique publique, il faut voir comment les prendre en compte. On ne peut pas continuer à les prendre en charge, cela va aider à déterminer le fardeau, cela pèsera sur l’économie. Mais, il n’en demeure pas moins qu’elles ont des compétences à faire valoir pour la bonne marche de leur communauté et de leur nation. Au Sénégal, nous avons ce qu’on appelle un gouvernement inclusif parce que la directrice du budget, c’est une personne handicapée. Le président Macky Sall n’a pas vu le handicap, il a vu la compétence de la personne. Au cabinet du président, je ne suis pas la seule personne handicapée, il y en a trois ou quatre qui sont là-bas et qui travaillent selon les domaines de compétence de chacun. Et moi, à mon niveau, je ne suis pas là-bas que pour le handicap, j’ai d’autres compétences pour lesquelles le président a besoin de moi. Et on a eu des directeurs de cabinet handicapés donc le Sénégal a franchi ce pas et nous sommes devenus une référence. C’est pour cela que l’Union africaine a choisi le Sénégal à la Namibie comme pays référence sur l’intégration des personnes handicapées. De ce fait, nous sommes devenus avec le président de la Fédération des associations de personnes handicapées Yatma Fall des experts au sein de l’Union africaine pour former les États membres à installer cette politique d’intégration pour la réussite de cette politique franche et effective du Sénégal en faveur de la cible qui l’a placée à ce niveau continental. Pour la société civile, on voudrait bien que la société civile puisse aussi recruter des personnes handicapées parce que souvent, on nous dit qu’il faut respecter les droits des personnes handicapées. Mais ce n’est pas seulement à l’État de les respecter, c’est la société civile, le secteur privé et c’est tout le monde parce que ce sont les individus qui vivent dans la société, dans la nation. L’État ne peut pas recruter tout le monde, mais les autres ont des postes aussi à faire valoir. Les entreprises privées le font d’ailleurs. On fait des formations. Moi-même, je forme des entreprises sur la façon de gérer un espace inclusif avec des travailleurs différents. C’est toute une procédure pour que l’inclusion soit respectée. A ce niveau là parce que souvent, on a tendance à minimiser une personne différente, c’est pour cela que moi-même, je m’investis à la formation dans les sociétés, dans les entreprises, des multinationales qui recrutent des personnes handicapées. On les accompagne afin de comprendre déjà le handicap et les handicaps, parce qu’il y a différents types de handicaps. Il faut savoir gérer un espace inclusif pour créer du respect dans la sphère professionnelle.