Le Centre IRD de Ouagadougou a été officiellement créé en 1968. En plus de ce centre, l’IRD Burkina possède une Mission à Bobo-Dioulasso. Il est un établissement public français à caractère scientifique et technologique, placé sous la double tutelle des ministères chargés de la Recherche et de la Coopération. Il conduit depuis plus de 60 ans des activités de recherche, de valorisation et de formation en Afrique, en Méditerranée, en Amérique latine, en Asie et dans l’outre-mer tropical français. Ses chercheurs se consacrent à l’étude des milieux et de l’environnement, de la gestion durable des ressources vivantes, du développement des sociétés et de la santé en étroite collaboration avec les partenaires des pays du Sud. Au Burkina Faso, les principales thématiques de recherches menées par des équipes en affectation de longue durée concernent les maladies à vecteurs (paludisme, maladie du sommeil), l’agronomie, la pédologie et la sécurité alimentaire (nutrition), les sciences sociales (migrations régionales, anthropologie de la santé). Mission La société, la santé, l’environnement et les ressources naturelles sont les départements scientifiques de l’IRD. Tenant compte des grands défis du moment, les projets de recherche ont pour perspective le développement social, culturel et économique des pays du Sud. Depuis sa mise en place au Burkina Faso, Les recherches menées au sein du département «Santé et sociétés» (SAS) de l’IRD sont étroitement liées aux enjeux prioritaires de santé mondiale: impact des changements globaux (climatiques, démographiques, environnementaux), refonte des systèmes de santé et de leur financement, défis posés par les nouvelles menaces sanitaires, résistance aux anti-infectieux et aux insecticides, etc. Elles s’inscrivent pleinement dans la stratégie de la France en matière de santé globale. Les recherches autour des interactions santé/environnement au sens large (biodiversité́, changement climatique, système alimentaire) et systèmes politiques et sociaux sont ainsi un axe transversal et fédérateur des différentes disciplines représentées dans le département. Depuis 2001, il est mis en place le Centre d’Information Commun sur la recherche et le développement (CICRD). Il a pour mission d’offrir aux enseignants-chercheurs, étudiants, professionnels et partenaires au développement, des outils modernes d’accès à une information scientifique pertinente. Il dispose de ressources documentaires nombreuses et variées: monographies, périodiques, mémoires d’étudiants, bases de données scientifiques, ressources audio-visuelles… Les principaux domaines du fonds documentaire Le fonds documentaire englobe plusieurs domaines. L’IRD a contribué et contribue toujours à l’amélioration de la recherche au Burkina Faso. Il est l’un des premiers centres de recherche du pays et intervient dans les domaines suivant:
Le choix des thématiques de recherche Les termes de recherche sont décidés avec nos partenaires. Historiquement, nous avons des partenaires et des sujets d’étude traditionnelles. Par exemple, nous travaillons sur les maladies à vecteur et en particulier le paludisme, depuis des années avec le Burkina Faso. À cet effet, nous avons une équipe qui travaille avec les l’IRSS à Bobo-Dioulasso. Les sujets de recherche évoluent avec les défis. Pour le paludisme, il y a eu toute une recherche qui a été focalisée sur l’utilisation des moustiquaires imprégnées qui ont ensuite été valorisées. Nous avons vu que cela ne suffisait pas, donc, il y a d’autres sujets de recherche développés. Aujourd’hui, il y a un travail de recherche, par rapport à des vaccins altruistes contre le paludisme. Mais, il y a aussi des aspects de suivi des moustiques en fonction de leur environnement. Il y a beaucoup de sujets d’étude qui émergent, toujours en collaboration, qui sont suivis et sont décidés en partenariat.
Aujourd’hui, il y a un travail de recherche, par rapport à des vaccins altruistes contre le paludisme. Mais, il y a aussi des aspects de suivi des moustiques en fonction de leur environnement
À l’IRD, nous avons lancé un comité stratégique de partenariat que nous développons dans chaque pays dans lesquels nous travaillons. Nous essayons de réunir autour de la table le plus d’acteurs possible de la recherche au niveau national et régional pour définir ensemble les priorités. Ces dernières sont liées à l’agenda national de la recherche et de l’enseignement supérieur. On suit une cohérence puisqu’on travaille avec nos homologues burkinabè. Le financement de la recherche De toute façon, le problème de financement est récurrent. C’est vrai qu’il faut aller chercher des fonds sur différents guichets. Il y a vraiment une grande compétitivité puisque tout le monde cherche de l’argent pour faire de la recherche et c’est une grande part du travail d’un chercheur. Donc, cela prend aussi sur son temps de recherche. Comment faisons-nous pour trouver des fonds ? Justement, il faut s’associer au bon partenaire qui a une production scientifique de bonne qualité. On parle même de qualité scientifique et d’excellence scientifique. Plus on a de résultats, plus on a la possibilité d’avoir des financements. Étant Français, nous avons accès à un guichet européen assez important parce que nous avons beaucoup de financements qui sont issus du guichet H20/20, dont la Direction générale de la recherche de l’Europe. Il s’agit de défendre des idées, de trouver des groupements pour construire des propositions. En fait, il faut que les chercheurs s’associent pour aller démarcher des bailleurs. Le financement par le secteur privé C’est vrai que le secteur privé est peu représenté ici. Ce secteur peut investir moins dans la recherche parce qu’il n’a pas forcément vu l’intérêt d’investir ou parce qu’il n’a pas suffisamment de liquidités pour réinvestir tout de suite dans la recherche.
Dernièrement, nous avons eu une recherche qui a été faite aussi sur la circulation à Ouagadougou et en particulier les accidents liés aux mobylettes
Ceci dit, rappelons qu’ils sont au centre de la recherche. On ne voit pas comment une société qui ne réinvestit pas dans la recherche va évoluer parce que c’est le “nerf de la guerre”. Pour faire avancer leurs activités à tous les niveaux, il faudrait idéalement que toutes les sociétés puissent investir dans la recherche. Après, elles n’ont pas forcément les moyens parce qu’il faut quand même des entreprises solides. Quelques exemples d’activités de recherche Au niveau du Burkina, un des projets importants était la conception de moustiquaires imprégnées qui a véritablement conduit à une réduction de la transmission du paludisme aux populations. Au Burkina, il y a eu également un projet important qui a consisté à analyser les signaux des téléphones en fonction des précipitations pour faire des prévisions météo et savoir quelles précipitations vont avoir lieu et quels sont les risques d’inondation.
Au Burkina, il y a eu également un projet important qui a consisté à analyser les signaux des téléphones en fonction des précipitations pour faire des prévisions météo et savoir quelles précipitations vont avoir lieu et quels sont les risques d’inondation
On sait qu’au Burkina, malheureusement, à Ouaga, une année a été très dévastatrice. Après, ce qu’il faut garder en tête aussi est que la recherche qui est faite au Burkina peut servir au Mali, celle qui est faite au Vietnam peut servir au Burkina. Et dans ce contexte, on a toute une série de travaux qui ont été réalisés sur des compléments alimentaires. Il s’agit d’identifier des aliments qui peuvent être utilisés localement pour compléter l’alimentation, notamment des plus jeunes ou des femmes enceintes ou des populations un peu plus vulnérables. Ces travaux peuvent conduire à la production de compléments alimentaires dans le pays.
Cette recherche a clairement montré que sur certaines zones de Ouagadougou, le fait même de rajouter un agent de sécurité peut réduire considérablement le nombre d’accidents dans certains créneaux horaires
Dernièrement, nous avons eu une recherche qui a été faite aussi sur la circulation à Ouagadougou et en particulier les accidents liés aux mobylettes. On a un chercheur géographe géomaticien, qui a suivi un peu la progression des mobylettes, l’incidence sur les accidents de la route. Cette recherche a clairement montré que sur certaines zones de Ouagadougou, le fait même de rajouter un agent de sécurité peut réduire considérablement le nombre d’accidents dans certains créneaux horaires. Donc, il y a des choses très simples à mettre en place pour limiter les accidents qui deviennent de plus en plus nombreux. Les difficultés La première difficulté est de trouver des fonds puisque nous avons toujours besoin de plus de financements. Je pense que tout est lié à cela. Plus vous avez de fonds, plus vous pourrez travailler dans les meilleures conditions. Aujourd’hui, malheureusement au Burkina-Faso, la grosse difficulté, c’est la situation sécuritaire. Cela change complètement nos manières de travailler. Bien sûr, on a encore beaucoup de partenaires qui continuent à aller dans le Sud du pays. Au Nord, les terrains commencent à être un peu fermés aujourd’hui. C’est vraiment un réel problème pour nous. Après, en matière de recherche, nous avons parfois l’instabilité au niveau de l’électricité. Par exemple, il faut des équipements supplémentaires pour stabiliser l’électricité puisque l’environnement peut aussi poser problème. Et puis, bien sûr, il y a ce lien entre la recherche et la valorisation. C’est encore un parent faible parce qu’il manque un certain nombre d’acteurs entre les deux. C’est vrai qu’on produit beaucoup de connaissances qui sont valorisées, académiquement publiées, qui vont resservir dans la communauté internationale, mais après les impacts locaux restent. C’est vrai qu’il faut plus de valorisation de nos recherche à l’endroit de la société et des décideurs politiques. Ceci étant, je pense que tout le monde en est conscient. J’ai l’impression que les choses changent.
The IRD Centre in Ouagadougou was officially created in 1968. The Research Institute for Development (IRD) is a French public science and technology establishment under the joint supervision of the Ministries of Research and Cooperation. It has been conducting research, development and training activities in Africa, the Mediterranean, Latin America, Asia, and the French tropical overseas territories for more than 60 years. Its researchers are dedicated to the study of ecosystems and the environment, the sustainable management of living resources, the development of societies and health in close collaboration with partners in the South. The main research areas carried out in Burkina Faso by long-term assignment teams are vector-borne diseases (malaria, sleeping sickness), agronomy, soil science and food security (nutrition), social sciences (regional migration, health anthropology). Mission IRD’s scientific departments are society, health, environment, and natural resources. Given the major challenges of the moment, research projects are focused on the social, cultural, and economic development of southern countries. Since its establishment in Burkina Faso, the research conducted within the IRD’s “Health and Societies” department (SAS) is tightly related to the priority issues of global health: impact of global changes (climate, demographic, environmental), restructuring of health systems and their financing, challenges of new health threats, anti-infective and insecticide resistance, etc. This research is fully in line with France’s global health strategy. Research on health/environment issues at large (biodiversity, climate change, food system) and political and social systems is thus a cross-cutting and unifying aspect of the various fields covered by the department. As of 2001, the Joint Information Center on Research and Development (CICRD) was set up with the task of providing Research Professors, students, professionals, and development partners with modern tools for accessing relevant scientific information. The Center has many and varied documentary resources, including monographs, periodicals, students’ dissertations, scientific databases, audiovisual resources, etc. Main areas of the documentary holdings The documentary holdings cover several areas. IRD has contributed and is still contributing to the improvement of research in Burkina Faso. It is one of the country’s leading research centers and operates in the following areas:
IRD Burkina Faso also has a mission in BOBO-Dioulasso.
Choice of research topics The search criteria are agreed upon with our partners. Historically, we do have partners and historical subjects. For example, we have been working on vector-borne diseases, particularly malaria, for years with Burkina Faso. So, we have a team working with the IRSS in Bobo-Dioulasso. The research topics change as the challenges evolve. In the case of malaria, a lot of research has been focused on the use of impregnated mosquito nets, which were then promoted. However, this was not enough, so other research subjects were developed. Today, some research is being carried out on altruistic malaria vaccines. But there are also aspects of mosquito control based on their environment. A lot of subjects are emerging and are always monitored and decided on in partnership. At the Institute of Research for Development, we have launched a strategic partnership committee that we are developing in every country we work in and we are trying to bring together as many national and regional research players as possible to define the priorities. These priorities are linked to the national research and higher education agenda. We remain consistent since we work with our counterparts in Burkina Faso. Research Funding In any case, the funding problem is recurrent. It’s true that you must raise money from different sources. There is really considerable competition because everyone is looking for money to do research, and that is a big part of a researcher’s job. So, this also requires his research time. What is the process for raising funds? You just have to find the right partner with a good quality scientific production. Some even talk about scientific quality, scientific excellence. And the more results we have and the more we can demonstrate these results to a donor, the more funding we can get. As a French organization, we have access to a fairly large European funding facility because we have a lot of funding from the H20/20 program, i.e. the Research DG in Europe. It is a question of defending ideas, of finding clusters to build proposals. Researchers must work together to approach donors. Private Sector Funding Private investors are not well represented here, and are investing less in research, perhaps because they do not necessarily consider it beneficial or have insufficient funds to reinvest in research directly. Perhaps these private investors are more likely to look for ideas on other public research or elsewhere. However, it should be remembered that they are at the center of research. It is hard to see a society evolve if it does not reinvest in research, because that is the sinews of war. To advance their activities at all levels, all companies should be able to invest in research. Then they do not necessarily have the means to do so, because solid companies are still needed. Some examples of research activities In Burkina Faso, one of the major projects was the design of treated mosquito nets, which really led to a reduction in malaria transmission among the population. Another project equally important consisted in analyzing phone signals based on rainfall to forecast the weather and to know how much rain will fall and the risks of flooding. As we know, Burkina Faso, especially Ouaga, has had a very devastating year. We must also bear in mind that research done in Burkina Faso can be used in Mali, and what is being done in Vietnam can be used in Burkina Faso. And in this context, various research has been done on food supplements. The aim was to identify local foods that can be used to supplement diets, especially for younger people or pregnant women, and the most vulnerable people. This research may result in the production of food supplements in the country. A research was recently conducted on traffic in Ouagadougou and in particular on moped-related accidents. Thus, a geomatics geographer and researcher has been following the progress of mopeds and the impact on road accidents. This research has clearly shown that in certain parts of Ouagadougou, even adding one more safety officer can considerably reduce the number of accidents at certain time slots. Consequently, some very simple measures can be implemented to limit the number of accidents that are increasing in number. Challenges Our first challenge is to find funding since we always need more money. I think everything is related to this issue. The more funds you have, the easier it will be for you to work. Unfortunately, the major issue today in Burkina Faso is security. This completely changes the way we work. Naturally, many of our partners are still going to the south of the country, after the north, which is now starting to be a little closed. This is a real problem for us. In terms of research and laboratory research, electricity may sometimes be unstable. For example, additional equipment is necessary to stabilize the environment that can also be a problem. And then, of course, there is this link between research and use of research results. This is still a weakness because there are a number of actors missing between the two. Yes, we produce a lot of research findings that are published academically, used by the international community, but the local impacts still remain behind. We must promote research more towards society, towards political decision-makers. That said, I think that everyone is aware of this. As a result, things seem to be changing.
A Research Director and Specialist in Ex-Situ Conservation of Plant Genetic Resources, Dominique DUMET joined IRD at the end of 2011, after having been Director of the Genetic Resources Center of the International Institute of Tropical Agriculture (IITA) for seven years.
Before joining IRD’s Representation in Burkina Faso, she was Coordinator of Expertise and Consultancy within the Department of Mobilization of Research and Innovation for Development.