Auteur : Ramona Bloj
Site de publication : Fondation Robert-Schuman
Type de publication : Article
Date de publication : 14 février 2022
Une réunion sous les effets de la crise sanitaire
Les économies des pays d’Afrique ont été durement touchées par la crise sanitaire et la relance reste entravée par de faibles taux de vaccination : 11,2% de la population africaine a reçu un schéma vaccinal complet contre le Covid-19 et 16,5% au moins une dose de vaccin.
La crise sanitaire a entraîné également l’augmentation de l’endettement : le ratio dette publique/ PIB est de 65% en 2021, taux le plus haut depuis vingt ans. Il dépasse 100% dans certains pays dont le Mozambique, l’Angola, le Soudan et le Zimbabwe.
À ces tendances macroéconomiques s’ajoute le contexte démographique – selon les Nations unies, la population de l’Afrique subsaharienne devrait doubler d’ici 2050.
Priorités de la relation Europe-Afrique
Dorénavant, la coopération euro-africaine s’inscrit dans plusieurs cadres, dont la Stratégie commune Afrique-Union européenne, adoptée en 2007, et l’accord post-Cotonou qui régit les relations commerciales.
Les relations euro-africaines ont été traditionnellement conduites à travers la politique de développement, qui joue un rôle central dans la promotion des valeurs européennes.
Dans les années qui ont suivi la crise financière et avec les flux migratoires de 2015, la politique d’aide au développement européenne, dans un contexte de politisation de l’action extérieure de l’Union, a poursuivi d’autres objectifs de politique publique, liés notamment à la sécurité et au contrôle des migrations – y compris la promotion des investissements et la création d’emploi pour les jeunes.
Au-delà de la politique d’aide au développement, dans le contexte de l’effort d’établir des relations plus équitables et équilibrées avec le continent africain et dans le cadre du développement de la zone de libre-échange continentale africaine (qui devrait éliminer 90% des barrières tarifaires pour les échanges intra-africains contribuant à l’attractivité de l’Afrique pour les investissements), le commerce et le soutien des PME et TPE jouent un rôle central.
La recherche de la diversification et de la relocalisation des chaînes de valeurs du côté européen, dans le cadre de la volonté de développer une souveraineté stratégique, pourrait également bénéficier aux pays du pourtour méditerranéen, alors que l’Union européenne a été devancée par la Chine et l’Inde comme premier partenaire commercial de l’Afrique.
L’approfondissement des Accords de partenariat économique (APE), qui ouvrent pleinement les marchés de l’Union européenne aux pays signataires, tandis que ces derniers n’ouvrent que partiellement leurs frontières aux importations européennes, seront également en discussion.
Soutien à la lutte contre le changement climatique et la question des vaccins
Malgré sa contribution très marginale au réchauffement de la planète, le continent africain est l’une des zones les plus vulnérables face au changement climatique, qui pourrait avoir des effets catastrophiques sur la sécurité alimentaire et les écosystèmes.
L’Union européenne, qui essaye de prendre la tête de la lutte contre le changement climatique, devrait placer ces préoccupations au centre du nouveau Pacte avec l’Afrique. Son action sera importante en vue de la COP27 au mois de novembre à Charm el‑Cheikh en Égypte, où le financement de la transition climatique dans les pays en développement sera au centre des négociations.
En décembre 2021, la Commission européenne lançait Global Gateway, « la nouvelle stratégie européenne visant à développer des liens intelligents, propres et sûrs dans les domaines du numérique, de l’énergie et des transports et à renforcer les systèmes de santé, d’éducation et de recherche dans le monde entier »
Un autre aspect important du Sommet sera l’accès des pays d’Afrique aux vaccins contre le Covid-19. Si Ursula von der Leyen a écarté la possibilité d’une levée des brevets sur les vaccins, elle a souligné que l’Union européenne avait fait des propositions pour faciliter l’utilisation des licences « volontaires » ou « obligatoires » et qu’elle « investit pour augmenter la capacité de production en Afrique, avec plus d’un milliard € engagés dans cet effort ».
Les aspects sécuritaires, avec la définition d’une architecture renouvelée pour la paix et la sécurité, seront aussi à l’ordre du jour, alors que les coups d’État se sont succédé en Afrique en 2021.
Global Gateway et la présence Russe et Chinoise en Afrique
En décembre 2021, la Commission européenne lançait Global Gateway, « la nouvelle stratégie européenne visant à développer des liens intelligents, propres et sûrs dans les domaines du numérique, de l’énergie et des transports et à renforcer les systèmes de santé, d’éducation et de recherche dans le monde entier ».
Le ” Global Gateway ” sera au centre des investissements que le sommet Europe-Afrique devrait identifier.
Depuis le début des années 2000, et plus particulièrement après 2014, la Russie a continué à accroître son influence en Afrique, notamment en Afrique subsaharienne, dans des domaines économiques, militaires et sécuritaires. Quant à la Chine, si ses investissements sur le continent africain connaissent un certain ralentissement, selon la Direction générale du Trésor, Pékin reste le principal créancier de l’Afrique subsaharienne. En 2020, la Chine détenait 62,1% de la dette externe bilatérale africaine.
Plus particulièrement, comme le soulignait Achille Mbembe, la compétition croissante des grandes puissances en Afrique a lieu dans le cadre ” d’une concurrence acharnée entre différents modèles politiques “. Dans ce contexte, il est essentiel pour l’Union européenne de s’impliquer dans le soutien à la démocratie en Afrique ” pour pouvoir relever les défis centraux de l’Anthropocène ” et ” répondre aux intérêts politiques et sécuritaires de long terme de l’Europe en Afrique
Les Wathinotes sont soit des résumés de publications sélectionnées par WATHI, conformes aux résumés originaux, soit des versions modifiées des résumés originaux, soit des extraits choisis par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au thème du Débat. Lorsque les publications et leurs résumés ne sont disponibles qu’en français ou en anglais, WATHI se charge de la traduction des extraits choisis dans l’autre langue. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
The Wathinotes are either original abstracts of publications selected by WATHI, modified original summaries or publication quotes selected for their relevance for the theme of the Debate. When publications and abstracts are only available either in French or in English, the translation is done by WATHI. All the Wathinotes link to the original and integral publications that are not hosted on the WATHI website. WATHI participates to the promotion of these documents that have been written by university professors and experts.