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Auteurs:
William Assanvo, Chercheur Senior au sein du bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest, le Sahel et le lac Tchad de l’Institut d’études de sécurité (ISS)
Date de publication: Septembre 2023
Site de publication : Institut des études de sécurité (ISS)
Depuis 2016 au moins, la Côte d’Ivoire est confrontée sur son territoire à la menace de groupes extrémistes violents opérant dans le Sahel et plus largement en Afrique de l’Ouest. Quatre ans après l’attentat de Grand Bassam le 13 mars 2016, le pays a de nouveau été ciblé le 12 juin 2020 avec une attaque contre le poste mixte armée-gendarmerie de Kafolo, localité ivoirienne située à la frontière avec le Burkina Faso. Entre 2020 et 2021, les groupes extrémistes ont exercé une forte pression dans le nord-est du pays. Parallèlement aux attaques menées dans le nord-est de la Côte d’Ivoire depuis 2020, les groupes extrémistes violents se sont infiltrés dans l’économie du bétail sur pied et l’orpaillage illégal afin de générer des ressources financières, de mobiliser des ressources humaines et de se procurer des moyens de subsistance. Les réponses à la menace doivent intégrer cette dimension et s’atteler à priver ces groupes de moyens indispensables à leur fonctionnement. Le rapport génère des données empiriques qualitatives sur les liens entre extrémisme violent et activités illicites dans les régions septentrionales de la Côte d’Ivoire, frontalières du Burkina Faso, du Ghana et du Mali. Le rapport met également en évidence l’attitude des groupes extrémistes vis-à-vis de certaines activités illicites et analyse la place de ces activités dans leurs stratégies d’implantation et de mobilisation de ressources humaines, opérationnelles, logistiques et financières.
Ce rapport analyse les liens entre extrémisme violent et activités illicites dans les régions frontalières du nord de la Côte d’Ivoire. Il souligne l’importance de comprendre les liens entre l’extrémisme violent et l’activité illicite en Côte d’Ivoire. Les leçons tirées peuvent inclure la nécessité d’une coopération régionale renforcée en matière de sécurité et de renseignement, ainsi que des efforts coordonnés pour lutter contre le crime organisé et les facteurs socio-économiques propices à l’extrémisme. Compte tenu de la nature transfrontalière de la menace posée par l’extrémisme violent et des dynamiques documentées en lien avec l’économie du bétail sur pied et l’orpaillage illégal, la coopération entre la Côte d’Ivoire et ses voisins (Burkina Faso, Ghana et Mali) est déterminante. Cette coopération devra porter sur les aspects militaires et sécuritaires, mais également sur la gouvernance des espaces frontaliers communs.
Les extraits proviennent des pages : 7, 8-9, 10, 13, 14, 15,16, 17-18
Le nord de la Côte d’Ivoire : une région confrontée à l’extrémisme violent
Bien avant l’attaque de Grand-Bassam en 2016, le contexte régional, marqué par la crise sécuritaire au Mali, représentait déjà une menace et une source de préoccupation pour la Côte d’Ivoire. La tentative d’implantation d’un groupe lié à Ansar Dine, dénommé « Ansar Dine sud » ou « katiba Khalil Ibn Walid », dans la région de Sikasso, et plus précisément dans les communes de Misséni et Fakola, frontalières de la Côte d’Ivoire, avait conduit au démantèlement de camps en août 2015.
Des rumeurs ou informations sur des attentats ou des projets déjoués d’attentats ciblant la Côte d’Ivoire en particulier la capitale économique Abidjan ont également circulé au cours des sept dernières années. Ce phénomène montre la persistance, quoique diffuse, de la menace. L’attaque en juin 2020 du poste mixte armée-gendarmerie de Kafolo, localité frontalière du Burkina Faso, a ouvert une nouvelle séquence marquée par une menace concentrée le long des frontières nord du pays, notamment celle du nord-est avec le Burkina Faso.
Trois principales phases caractérisent cette nouvelle séquence. La première, remontant, au plus tard, à 2019, s’est distinguée par la présence rapportée, dans le nord de la Côte d’Ivoire, d’individus parfois armés, suspectés d’appartenir à des groupes extrémistes violents, ou d’individus qui leur étaient associés. Ces personnes ont été rencontrées dans la brousse, dans les forêts (notamment dans le parc national de la Comoé PNC), sur les bords du fleuve Comoé ou lors de passages dans des villages ivoiriens situés le long de la frontière avec le Burkina Faso.
Cette présence pourrait suggérer une phase au cours de laquelle des individus liés aux groupes extrémistes auraient procédé à des incursions à visée exploratoire. La seconde phase, couvrant la période de 2020 à 2021, a débuté par l’attaque de Kafolo en juin 2020. C’est au cours de cette période, précisément entre mars 2021 et la fin de l’année, que l’activisme et la menace posée par les groupes extrémistes dans le nord du pays ont été les plus manifestes, à la fois dans le Bounkani et le Tchologo. Elle a été marquée par une série d’attaques qui ont principalement ciblé des positions et des convois des forces de défense et de sécurité (FDS) (postes de gendarmerie, de l’armée et des douanes), y compris à l’aide d’engins explosifs improvisés (EEI).
Bien avant l’attaque de Grand-Bassam en 2016, le contexte régional, marqué par la crise sécuritaire au Mali, représentait déjà une menace et une source de préoccupation pour la Côte d’Ivoire. La tentative d’implantation d’un groupe lié à Ansar Dine, dénommé « Ansar Dine sud » ou « katiba Khalil Ibn Walid », dans la région de Sikasso, et plus précisément dans les communes de Misséni et Fakola, frontalières de la Côte d’Ivoire, avait conduit au démantèlement de camps en août 2015
Les interlocuteurs et interlocutrices ont également rapporté de fréquentes incursions en territoire ivoirien, à partir du Burkina Faso, et des passages d’individus armés appartenant aux groupes extrémistes dans des villages frontaliers du Bounkani et du Tchologo ainsi que dans le PNC. Ces contacts avec les populations ont souvent donné lieu à des prêches, des menaces et des intimidations. Certaines de ces rencontres ont débouché sur des enlèvements suivis de détentions.
Au cours de cette phase, les groupes extrémistes ont maintenu une présence sporadique ou ponctuelle sur le territoire ivoirien. Des camps de fortune ont été établis dans le PNC ou dans des forêts situées autour de villages du Bounkani et du Tchologo ou le long de la frontière avec le Burkina Faso. Ces camps, ainsi que les hommes qu’ils abritaient ou qui les fréquentaient, étaient approvisionnés souvent quotidiennement. Entre la fin de l’année 2021 et le 8 août 2023, près de 32 000 « réfugiés » provenant majoritairement de ces zones ont été enregistrés dans le nord de la Côte d’Ivoire. Près de 53 % d’entre eux sont originaires du département de Mangodara (province de la Comoé, région des Cascades). Ils ont fui à cause des menaces, intimidations et attaques attribuées aux groupes extrémistes. La présence de ces « réfugiés » suscite l’inquiétude des autorités ivoiriennes quant au risque d’infiltration de personnes liées à ces groupes et de situations conflictuelles résultant du bétail qu’ils emportent avec eux. Une résurgence de l’insécurité dans le nord-est n’est pas à écarter. De même, les dynamiques relevées dans cette partie du pays n’excluent pas l’émergence possible d’autres foyers dans d’autres zones frontalières (notamment avec le Mali ou le Ghana).
Liens entre extrémisme violent et activités illicites
La recherche a mis en évidence les efforts déployés par les groupes extrémistes violents pour s’associer à certaines activités socioéconomiques dans le nord de la Côte d’Ivoire, en particulier dans la bande frontalière située entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso et, dans une moindre mesure, le Ghana. Ces efforts ont occupé une place centrale dans la stratégie d’implantation des groupes. Ils visaient essentiellement à générer des ressources financières, à mobiliser des ressources humaines et à se procurer des moyens de subsistance. Les données recueillies montrent que deux secteurs d’activité ont particulièrement retenu l’attention des groupes extrémistes violents: le vol de bétail, plus largement l’économie du bétail sur pied, et l’orpaillage illégal.
Liens entre extrémisme violent et économie du bétail sur pied
L’élevage de bovins représente, après l’agriculture et avant l’exploitation minière et le commerce, l’une des principales activités socio-économiques pratiquées le long de la bande frontalière entre la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Mali. Les données recueillies dans le cadre de la recherche mettent en évidence le système mis en place par les groupes extrémistes violents autour de l’économie du bétail sur pied (en particulier le vol, l’élevage et la commercialisation de bétail). Cette stratégie a pour but de générer et d’investir des ressources financières, de se procurer des moyens de subsistance et de mobiliser des ressources humaines à travers la constitution d’un réseau de « partenaires commerciaux », d’informateurs, de recruteurs et de coursiers. L’élevage de bovins est pratiqué dans le nord de la Côte d’Ivoire par des acteurs économiques locaux qui confient le bétail à des bouviers. Dans le nord du pays, les troupeaux sont aussi alimentés de manière saisonnière particulièrement pendant la saison sèche par la transhumance en provenance du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Du fait de la raréfaction des pâturages dans leur pays d’origine, des éleveurs burkinabè se sont installés dans le nord de la Côte d’Ivoire avec leur bétail depuis de nombreuses années.
L’élevage bovin dans le nord de la Côte d’Ivoire comporte un certain nombre de vulnérabilités. Les bouviers qui veillent sur le bétail et sont chargés de leur convoyage vers des points d’eau et de pâturage ou vers des points de vente sont ainsi confrontés aux dangers de la vie dans la brousse. Ils sont généralement livrés à Cliquez ici pour entrer du texte.eux-mêmes. Les éleveurs, propriétaires et commerçants de bétail sont également dépendants des conditions de sécurité sur les lieux de pâturage de leur bétail. Par ailleurs, le non-respect des dispositifs réglementaires qui organisent le secteur en fait une activité vulnérable dans le contexte sécuritaire actuel. Cette situation fait, par exemple, que du bétail volé ou non se retrouve en Côte d’Ivoire ou au Burkina Faso pour y être introduit dans les circuits de commercialisation.
L’élevage de bovins occasionne parfois des conflits notamment avec les agriculteurs autour des déplacements ou de l’accès aux pâturages et aux points d’eau. Il donne aussi lieu à l’une des formes de criminalité ordinaire que l’on retrouve dans les zones rurales ou périurbaines, à savoir le vol de bétail. La présence « djihadiste » à la frontière nord a introduit une nouvelle dynamique dans l’économie du bétail sur pied Le vol de bétail n’est pas une pratique nouvelle46 dans la zone de recherche. Le phénomène a été spécifiquement rapporté dans le Bounkani et dans le Tchologo. Dans la Bagoué, plus précisément le département de Tengréla, il semble peu développé en dehors de Tengréla ville. Le vol de bétail repose traditionnellement sur une chaîne de complicités entre les acteurs suivants : bouviers, éleveurs, groupes de voleurs de bétail, bouchers et commerçants de bétail.
Les troupeaux sans surveillance sont particulièrement ciblés. Les voleurs de bétail bénéficient parfois aussi de la complicité de bouviers qui mettent à leur disposition quelques têtes subtilisées dans les troupeaux dont ils ont la garde, en échange d’une rétribution financière. En fonction du nombre de têtes de bétail entre leurs mains et de la proximité de la frontière, les voleurs peuvent revendre le bétail à des bouchers ou à des commerçants locaux, ou l’écouler de l’autre côté de la frontière. Les bouchers locaux se chargent d’abattre le bœuf volé, de le dépecer et de vendre la viande. Quant aux commerçants, ils s’occupent de la commercialisation du bétail volé sur les marchés locaux ou chargent les animaux dans des convois qui les acheminent vers Abidjan, précisément jusqu’à Port-Bouët où se trouve le principal abattoir de la capitale économique. Une partie du bétail volé dans le Bounkani et le Tchologo est convoyé à pied vers le Burkina Faso ou le Ghana.
Le Burkina Faso apparaît également comme un lieu de transit pour ce bétail, qui est ensuite conduit à pied ou chargé dans des camions en direction du Ghana. Les mouvements du bétail volé se font aussi de façon horizontale, par exemple entre le Tchologo et la Worodougou ou entre le Tchologo et le Bounkani. La Côte d’Ivoire représente par ailleurs une destination pour le bétail volé au Burkina Faso. Ce bétail rentre par le nord du pays, convoyé à pied par des groupes de voleurs ou des bouviers. Il est ensuite confié ou cédé à d’autres groupes de voleurs, éleveurs et/ ou commerçants pour être vendu au niveau local ou acheminé jusqu’à Abidjan. Face à l’insécurité qu’ils ont eux-mêmes contribué à générer, les groupes extrémistes violents, tels des pompiers pyromanes, se sont posés en pourvoyeurs de protection dans les zones du Bounkani et du Tchologo où ils opéraient ou exerçaient une influence, et plus spécifiquement le long de la frontière avec le Burkina Faso. De nombreux acteurs de l’élevage ont intégré cette réalité et ont fait le choix de composer avec ces individus afin de continuer à exercer leur activité. Ceux qui n’étaient pas disposés à « collaborer » avec les groupes avaient pour seul choix de quitter les zones concernées, au risque d’être victimes du vol de leur bétail, d’intimidations, de menaces, voire d’enlèvement.
L’élevage de bovins occasionne parfois des conflits notamment avec les agriculteurs autour des déplacements ou de l’accès aux pâturages et aux points d’eau. Il donne aussi lieu à l’une des formes de criminalité ordinaire que l’on retrouve dans les zones rurales ou périurbaines, à savoir le vol de bétail
Liens entre extrémisme violent et orpaillage illégal
L’orpaillage illégal est un sujet de préoccupation en Côte d’Ivoire du fait de son impact social, économique, environnemental, sanitaire et sécuritaire. L’émergence de la menace « djihadiste » dans le nord du pays, zone abritant de nombreux sites illégaux, a encore intensifié les inquiétudes avec, en filigrane, la crainte et les risques59 que les groupes extrémistes violents fassent main basse sur cette activité ou en tirent profit. L’orpaillage progresse depuis un peu plus de deux décennies, porté par l’augmentation du nombre de régions où il est pratiqué et du nombre de personnes qui s’y adonnent. C’est l’une des principales activités socio-économiques exercées dans la zone couverte par la recherche, généralement de manière illégale du fait du non-respect des conditions qui réglementent sa pratique. Il n’a pas été possible de dénombrer ni d’identifier avec précision tous les sites d’orpaillage illégal se trouvant dans la zone de recherche. Sur la base des récits de nos interlocuteurs et interlocutrices, il y aurait près d’une trentaine de sites autour des localités et villages couverts par la recherche dans les régions de la Bagoué, du Bounkani et du Tchologo. C’est sans compter le PNC qui abrite potentiellement de nombreux sites.
Comme dans d’autres contextes, l’orpaillage et les activités gravitant autour des sites attirent de nombreuses personnes, dont des ressortissants de plusieurs pays de la région. Sur les sites de la Bagoué, les interlocuteurs relèvent notamment la présence de Burkinabè, de Ghanéens, de Guinéens, de Maliens et de Nigériens. La présence d’individus présentés comme des ressortissants « chinois » est signalée en lien avec l’activité de prospection aurifère. Même si une présence importante de ressortissants maliens est relevée, du fait de la proximité du Mali, l’exploitation aurifère artisanale est pratiquée en particulier par les Burkinabè. Du côté du Bounkani et du Tchologo, ce sont les ressortissants burkinabè qui sont en plus grand nombre, en raison non seulement de la proximité de leur pays, mais aussi de leur savoir-faire avéré et recherché dans l’orpaillage. L’afflux de citoyens burkinabè pourrait également s’expliquer par la migration économique traditionnelle et par les conditions d’exercice de l’activité, rendues difficiles dans leur pays du fait de l’insécurité alimentée par les groupes « djihadistes » ou encore de conflits locaux. On observe un engagement croissant des populations autochtones, également attirées par les perspectives d’enrichissement que le secteur fait miroiter, au sein de la chaîne d’extraction de l’or dans la zone de recherche. Les femmes y occupent une place importante. Elles se chargent essentiellement du lavage du gravier et de la terre afin d’en extraire le minerai. Elles exercent aussi, souvent en parallèle ou en alternance, des activités commerciales sur les sites d’extraction : vente de nourriture, de boissons, de vêtements, de médicaments et drogues, etc. Des enfants participent également à l’exploitation. Ils sont généralement présents sur les sites le week-end, notamment pour le lavage du gravier. D’autres, ayant abandonné l’école, exercent cette activité à plein temps.
Dans la Bagoué, l’orpaillage illégal est pratiqué sur des sites généralement bien établis et organisés, souvent d’anciens champs d’anacarde reconvertis, situés à proximité des localités et villages. On relève le même type de sites d’extraction artisanale dans le Bounkani et le Tchologo, où l’orpaillage se pratique également dans le PNC et sur le fleuve Comoé. L’extraction de l’or sur terre – y compris dans le PNC – implique une forte activité de creusage et de lavage de la terre. Sur le fleuve Comoé, l’exploitation se fait plutôt par dragage et lavage du sable.
Le climat de psychose et de crainte engendré par la présence et l’action des groupes extrémistes a réduit la fréquentation des sites, à la fois par les orpailleurs et par divers commerçants qui avaient l’habitude d’y opérer (restauratrices, vendeurs de médicaments, mécaniciens, etc.), et entraîné un ralentissement de l’activité. Dans le PNC, de nombreux orpailleurs habitués des lieux ont soit renoncé à s’y rendre, soit choisi de rester à la lisière. Cette situation prévalait notamment au plus fort de la présence et de l’activité des groupes, de la dernière moitié de 2020 jusqu’au début de l’année 2022. Au cours de cette période, les données recueillies indiquent une implication des groupes dans la recherche d’or, particulièrement dans le PNC. Des orpailleurs ont relaté y avoir croisé des « djihadistes » avec des appareils de détection de minerai. Des personnes enlevées et détenues par des « djihadistes », toujours dans le PNC, ont également rapporté que ces derniers étaient en possession de matériel de détection d’or. De nombreux récits donnent à voir la mécanique par laquelle les groupes extrémistes violents se sont immiscés dans l’exploitation aurifère artisanale. Elle s’est illustrée par un certain nombre de rôles joués par ces groupes ou leurs associés. Des orpailleurs et commerçants, ayant continué à fréquenter des sites au bord du fleuve Comoé malgré la présence des groupes extrémistes violents dans les environs, ont évoqué des assurances données par leurs « patrons »80 que rien ne leur arriverait. Ces assurances suggèrent l’existence d’ententes entre les « patrons » et les « djihadistes » permettant la poursuite de l’exploitation aurifère.
Plusieurs hypothèses pourraient être avancées pour qualifier sa nature et en expliquer les objectifs. Le recours à la soustraction d’or pourrait être interprété comme un moyen employé par les « djihadistes » pour se procurer le minerai. Il pourrait également s’agir d’actes s’apparentant à du banditisme menés contre des orpailleurs isolés par des individus liés aux groupes extrémistes violents. L’hypothèse privilégiée est celle d’actes d’intimidation afin de décourager l’exploitation aurifère dans le PNC par des orpailleurs qui n’opèreraient pas « sous le contrôle » des groupes ou avec leur autorisation. Ces deux dynamiques illustrent la démarche, similaire à celle précédemment décrite pour l’économie du bétail, que les groupes extrémistes violents ont employée pour s’immiscer dans l’exploitation aurifère, que ce soit dans le parc ou sur le fleuve Comoé. Leur méthode s’est appuyée sur une offre de protection ou, tout au moins, sur l’octroi d’un quitus pour poursuivre les activités d’exploitation. Dans certains cas, les groupes ont également fait appel à la coercition.