Au pouvoir depuis 26 ans, Idriss Déby Itno a remporté la présidentielle tchadienne dès le premier tour avec 61,56 % des voix, soit 2 693 062 voix, pour un taux de participation de 76,11 % (résultats provisoires, les résultats définitifs ne sont toujours pas disponibles). Au lendemain du premier et unique tour de l’élection, des observateurs d’organisations régionales et/ou de la société civile ont dénoncé de nombreuses irrégularités, notamment le caractère sommaire des bureaux de vote aménagés au mileu des quartiers et des grandes places, l’absence de discrétion au niveau des isoloirs, ainsi que le manque de connaissances et de formation des responsables des bureaux de vote.
La mission d’observation de l’Union africaine a relevé des points qui auraient pu être une source de problème. Selon le chef de cette mission, l’ancien président de la transition malienne Diouncounda Traoré, « Avec 41 membres au niveau national et dans les démembrements, cette composition de la Céni peut sembler quelque peu pléthorique. La composition tripartite de la Céni la met à la merci des pressions et des interférences politiques, en raison de sa nature politique plutôt que technique, et à cause d’un déséquilibre potentiel des forces en son sein entre ses diverses composantes. »
Les résultats attribuant la victoire au président sortant sont très contestés par l’opposition qui ont réclamé l’annulation des résultats provisoires une fois publiés. Selon le chef de l’opposition, Saleh Kebzabo « proclamer un candidat élu dans les circonstances confuses relève d’une imposture que le Conseil constitutionnel ne devrait cautionner ». Il a également déclaré qu’un second tour serait plus avisé, pour une « nouvelle évaluation objective ». Le 29 avril 2016, l’opposition a publié des résultats qui imposaient un second tour sans Déby. Ce second tour aurait opposé Saleh Kebzabo (33,15 % des voix) à Laoukein Kourayo Mbaiherem (25,82 %). Selon ces résultats, Idriss Deby n’aurait obtenu que 10,10 % des voix.
Les troubles enregistrés durant la période électorale se sont poursuivis après la proclamation des résultats le 22 avril 2016. Selon la population, une quarantaine de policiers et militaires qui n’auraient pas voté pour Idriss Deby sont portés disparus. Le gouvernement refute ces chiffres. Selon le journal Le Monde, alertée par vingt-et-une familles de « disparus », la Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH) a enquêté auprès des morgues, des centres de détention et des hôpitaux. Ces recherches n’ont à ce jour pas permis de déterminer si des morts sont à déplorer.
Photo : Œil d’Afrique
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