La situation du secteur de la santé
WATHI propose une sélection de documents sur le contexte économique, social, politique, sécuritaire et alimentaire du Tchad. Chaque document est présenté sous forme d’extraits qui peuvent faire l’objet de légères modifications. Les notes de bas ou de fin de page ne sont pas reprises dans les versions de WATHI. Nous vous invitons à consulter les documents originaux pour toute citation et tout travail de recherche.
Tchad : Plan National de Développement 2013-2015
Ministère du Plan, de l’Economie et de la Coopération Internationale
http://www.td.undp.org/content/dam/chad/docs/UNDP-TD-PLAN-NAT-DVLP-2013.pdf
Extraits
Extraits
Le but de la politique de santé du Gouvernement est d’assurer l’accès de toute la population à des services de base de qualité.
Les stratégies retenues sont :
- Amélioration de l’efficacité du système de santé ;
- Amélioration de l’accès aux services et la qualité de prestations des soins ;
- Réduction de la mortalité et la morbidité liées aux problèmes prioritaires de santé de la population en générale et plus particulièrement ceux de la Santé de la mère et de l’enfant ;
- Renforcement des interventions contre les principales maladies
Les actions/projets et programmes à mettre en œuvre sont :
Nouveaux projets
- Programme de Renforcement du système de planification et du suivi et évaluation
- Programme de renforcement des capacités managériales
- Programme de renforcement du partenariat
- Programme de construction d’infrastructures et d’équipements
- Programme de recrutement et de formations initiale et continue
- b) Amélioration de l’accès aux services et la qualité de prestations des soins
Nouveaux projets
- Programme de communication et mobilisation sociale
- Programme d’appui aux personnes vulnérables
- Projet de mise à l’échelle de l’accès aux interventions, des traitements et des capacités de prestation de service du programme MTNS
- Projet Equipe mobile pour les zones inaccessibles
- Projet santé urbaine
- c) Réduction de la mortalité et la morbidité liées aux problèmes prioritaires de la Santé de la mère et de l’enfant ;
Nouveaux projets
- Programme santé de reproduction
- Feuille de route pour la réduction de la mortalité infantile et néonatale
- d) Renforcement des interventions contre les principales maladies
Programmes en cours
- Programme de lutte contre les pandémies (paludisme, tuberculoses, et VIH/SIDA) ;
- Programme gratuité des soins d’urgence
Rapport d’activités sur la riposte au Sida au Tchad 2012-201
Conseil national de lutte contre le Sida (CNLS)
Extraits
De l’analyse de la situation actuelle sur le VIH/sida au Tchad, il ressort que l’épidémie est évolutive et de type généralisé. Elle évolue dans un contexte marqué par la dominance de pesanteurs socioculturelles, la persistance des comportements sexuels à risque favorisés par la pauvreté et l’analphabétisme.
De même, le conflit centrafricain qui a occasionné le retour massif des Tchadiens et l’arrivée par vagues successives des Centrafricains et autres nationalités à la recherche de refuge au Tchad, a comme conséquences l’entassement et la concentration humaine dans les lieux d’installation.
Compte tenu de la promiscuité et du manque des moyens matériels et financiers pour subvenir aux besoins vitaux, il peut se développer dans les sites d’accueil et des camps de refugiés, des activités de survie dont la prostitution. De ce fait, des rapports sexuels non protégés, avec des personnes non régulières peuvent être contractés, augmentant ainsi le risque d’infection à VIH.
De plus, la prévalence du VIH est plus élevée en République centrafricaine (RCA) (6,2%) qu’au Tchad (3,3%), il ne fait aucun doute que les retournés tchadiens et les refugiés en provenance de la Centrafrique représentent un danger potentiel en termes de la transmission du virus du Sida.
Prévalence dans la population générale
D’après les résultats de l’enquête nationale de séroprévalence de 2005, la prévalence du VIH est estimée à 3,3% dans la population générale. Des disparités sont observées en fonction du milieu de résidence (urbain : 7% et rural : 2,3%), du sexe (hommes : 2,6% et femmes : 4%), de l’âge (la tranche de 24-29 ans étant la plus affectée : hommes (3,5%) et femmes (5,6%).
Des pics de séroprévalence très importants à noter à Ndjamena (8,3%) et au Logone Oriental (9,8%). Par ailleurs, les estimations de l’ONUSIDA donnent une prévalence de 2,7% en 2013. Cette prévalence est très élevée dans certains groupes spécifiques comme les TS au sein desquels elle atteint 20,0% (Enquête TS, 2009).
Par ailleurs, les décès dus au Sida auraient amorcé une baise depuis 2008, passant de 16 000 en 2008 à 14 000 décès annuels en 2013 (Projections ONUSIDA, juin 2013). Cette baisse de la mortalité serait à imputer en grande partie à la prise en charge médicale et à l’assistance alimentaire fournie par tous les acteurs aux PVVIH.
Aspects organisationnels de la riposte
Le Tchad, à travers les différentes déclarations sur le VIH/Sida, notamment la Déclaration d’engagement sur le VIH/Sida de 2001, la Déclaration de politique sur le VIH/Sida de 2006 et, surtout celle de juin 2011 au sommet de haut niveau sur le VIH/Sida de New York, s’est résolument engagé à mettre en œuvre des actions multisectorielles sur différents fronts afin d’assurer un appui efficace à la réponse nationale au VIH dans le but de stopper la progression de la maladie et inverser la tendance d’ici 2015 comme le stipule les OMD à l’objectif 6 et cible 7.
Au plan politique, l’organisation de la riposte nationale au VIH se caractérise par :
- La mise en place d’un cadre organisationnel et institutionnel de la lutte ;
- L’engagement au plus haut niveau des autorités en faveur de la riposte au Sida ;
- L’adhésion du Tchad à la vision Zéro de l’ONUSIDA à travers le Plan Stratégique national 2012-2015 ;
- L’instauration d’une réunion mensuelle sur la santé, présidée par le Président de la République ; · L’annonce de la gratuité du traitement en 2007 ;
- La mise en place d’une équipe conjointe se composant de tous les points focaux VIH du système des Nations Unies, des partenaires gouvernementaux et non gouvernementaux impliqués dans la riposte au Tchad ;
- La décentralisation de la lutte à la faveur de la mise en place des conseils régionaux ;
- L’implication de tous les partenaires au développement.
Au plan stratégique, la mise en place du Plan Stratégique National de riposte au Sida pour la période 2007-2011 a couvert tous les domaines de la riposte au VIH. Il s’agit entre autres de la prévention en milieu communautaire et en milieu de soins et traitement, de la prise en charge et de l’appui.
Revu en 2011, ce cadre a permis de dégager les principaux défis en vue de la formulation du nouveau plan stratégique 2012-2015. A l’issue de l’analyse des résultats et des données sur l’impact de la lutte à travers la revue du cadre stratégique, des progrès importants ont été enregistrés, ce sont :
- La sensibilisation des populations en général et, en particulier, celles à haut risque comme les jeunes, les hommes en tenue, les professionnels de sexe, la population carcérale, etc. On doit la réussite de cette sensibilisation au suivi des CDV et aux interventions sur le terrain des OSC dont la plupart ont fait de l’IEC/CCC et de la mobilisation sociale leur activité primordiale ;
- La mise en place de l’approche des conversations communautaires ;
- La mise en place progressive et significative de mesures pour la PTME ;
- L’existence et le fonctionnement de sites sentinelles permettant de suivre l’importance et l’évolution du VIH et des IST chez les femmes enceintes en vue de dégager la tendance de l’épidémie à VIH dans le temps;
· L’intensification de la prise en charge médicale du fait de l’engagement du gouvernement à rendre gratuite la prise en charge aussi bien des infections à VIH que des IST.
La santé des femmes au Tchad, entre urgence et développement, 2013
Agence Française de Développement et l’Association Tchadienne pour le Bien-être Familial
Extraits
Appréhender la situation de la santé maternelle et reproductive au Tchad n’est pas sans difficulté. Les données (fiables et actualisées) sont rares et celles disponibles ne reflètent que partiellement la réalité d’un pays où plus de cinq femmes sur six accouchent à domicile sans assistance qualifiée. La plupart des complications liées aux grossesses et à l’accouchement (jusqu’au décès) ne sont pas répertoriées et les véritables tendances de la mortalité et de l’état de santé des femmes restent incertaines.
En outre, le pays affiche des disparités importantes entre le milieu urbain –particulièrement à N’Djaména, la capitale, où la situation est sensiblement meilleure et les campagnes aux indicateurs de santé très dégradés qui abritent les deux tiers de la population.
Avec une fécondité parmi les plus élevées au monde (7 enfants en moyenne) et en constante augmentation depuis l’indépendance (1960), les femmes tchadiennes paient de leur santé, voire de leur vie, la démographie galopante du pays. Pour cause, malgré une croissance économique forte (5 à 7% par an) depuis que le pays est devenu exportateur de pétrole en 2003, peu de réels progrès ont été réalisés en matière de santé des populations et particulièrement des femmes.
Pour la femme tchadienne, la probabilité de mourir un jour d’une cause liée à une grossesse ou un accouchement est de 1 sur 11, contre 1 sur 150 en moyenne dans les pays dits « en développement » et 1 sur 3800 dans les « pays développés ».
À l’instar de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, les réticences vis-à-vis de la planification familiale (appelée localement « bien- être familial ») constituent un obstacle majeur à l’amélioration de la santé des Tchadiennes. Dans le pays, moins d’une femme sur vingt, mariée ou en union, utilise une méthode contraceptive moderne ou traditionnelle (9% en milieu urbain et moins de 4% en milieu rural), soit le plus faible taux d’Afrique.
Les ménages tchadiens ont peu recours aux services modernes de santé disponibles, que ce soit à titre préventif ou curatif. Même en cas de complication, les femmes tardent à prendre la décision – qui ne leur appartient pas nécessairement – de consulter.
Si le recours à la médecine traditionnelle, les croyances populaires (« les complications et le ralliement à l’hôpital pour accoucher trahiraient l’infidélité ou une malédiction », rapporte un médecin) et l’éloignement des établissements dans les zones rurales expliquent en partie cette tendance, les services de santé portent aussi une lourde responsabilité.
Au-delà des causes économiques et culturelles, la mortalité maternelle très élevée au Tchad résulte aussi de carences importantes du système de santé en termes d’infrastructures en capacité d’offrir des soins appropriés, faute de ressources financières, de personnels qualifiés (notamment féminins), d’équipements, de médicaments, d’un système efficace de référencement des patients…
Le système de santé tchadien souffre d’un déficit chronique en ressources humaines qualifiées, tant en termes de quantité que de qualité. En 2009, le ministère de la Santé recensait 351 médecins, 799 infirmiers diplômés d’État (IDE) et 243 sages-femmes diplômées d’État (SFDE); soit un ratio de 1 médecin pour 32000 habitants (contre 1 pour 10000 selon les recommandations de l’OMS), 1 infirmier diplômé d’État pour 14000 habitants (contre 1 pour 5000) et 1 sage-femme pour 10500 femmes en âge de procréer (contre 1 pour 5000).
En outre, certaines spécialités essentielles font cruellement défaut : seuls 16 gynécologues obstétriciens et un unique médecin anesthésiste étaient en activité dans l’ensemble des formations sanitaires publiques en 2011.
Ces statistiques accablantes sont aggravées par une mauvaise répartition du personnel : plus de la moitié des sages-femmes et des médecins exerce à N’Djaména qui concentre pourtant moins de 10% de la population. Tout aussi problématique, la question des compétences est soulevée de façon récurrente par l’ensemble des observateurs et acteurs de la santé. Rares sont les sages-femmes et
Face à l’« urgence » sanitaire, les pouvoirs publics tchadiens, en collaboration avec leurs partenaires du développement, ont adopté aux cours des dernières années plusieurs politiques et programmes visant à améliorer la santé des femmes. Élaborée pour la période 2009-2015, la Feuille de route nationale pour l’accélération de la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infantile (FRN), à l’initiative de l’Union africaine, constitue aujourd’hui le document de référence pour l’ensemble des acteurs de la santé.
Conformément aux Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), cette Feuille de route porte l’ambition de réduire de trois-quarts le taux de mortalité maternelle d’ici à 2015. Si, à deux ans de l’échéance, les ambitions chiffrées de ce plan restent hors de portée, la Feuille de route nationale sert néanmoins de guide aux différents acteurs pour la planification et la mise en œuvre de leurs interventions.
En ce sens, elle a permis de définir des champs d’actions prioritaires visant à augmenter le taux de prévalence contraceptive, la couverture en consultations prénatales, postnatales et le taux d’accouchements assistés par du personnel qualifié, ainsi qu’à améliorer la prise en charge des complications obstétricales (y compris celles dues aux avortements), des maladies de l’enfant (PCIME17) et des fistules obstétricales. Compte tenu des faiblesses du système de santé, ce chantier implique une grande variété d’interventions comme :
- la réhabilitation, la construction et l’équipement des infrastructures sanitaires (y compris en moyens de transport et d’évacuation);
- le recrutement et la formation de professionnels qualifiés nécessitant un appui à l’offre et à la qualité des formations initiales;
- le renforcement des capacités du personnel en activité au moyen de formations continues, de supervisions formatives et d’évaluations; le développement d’une réelle politique de gestion des ressources humaines au niveau national et local pour une meilleure affectation du personnel ;
- L’amélioration de la continuité des soins par la mise en place d’un système viable de référence et de contre-référence ;
- le subventionnement des coûts des soins maternels, en particulier la prise en charge des urgences obstétricales depuis l’instauration de la gratuité ;
Au Tchad, les 15-24 ans représentent près d’une personne sur cinq (2 millions d’individus). Confrontée aux réticences des adultes et en particulier de leurs parents à aborder les questions de sexualité, la grande majorité des jeunes baigne dans l’ignorance et continue d’entretenir de fausses croyances peu propices au développement d’une sexualité épanouie et à l’adoption de pratiques à moindre risque. Les grossesses précoces et leurs corollaires (avortements provoqués, complications liées à l’accouchement, etc.) affectent toujours une proportion importante d’adolescentes.
Et la jeunesse reste, de l’avis des autorités sanitaires internationales, un groupe à haut risque par rapport à l’infection au VIH/Sida (plus de la moitié des nouveaux cas dans le monde). Dans un tel contexte, aucune amélioration durable en santé sexuelle et reproductive n’est possible sans un investissement massif dans l’éducation, la sensibilisation et la prévention auprès de la jeunesse. Si cette « évidence » s’impose dans le pays, elle ne suscite pas encore l’allocation de moyens à la mesure des besoins des acteurs de terrain.
Credits Photo: MSF