« Il faut inviter les femmes dans les instances de décision »
Extraits de l’entretien
Situation des jeunes filles au Sénégal
« De nos jours, avec l’émancipation de la femme, on voit qu’il y a une révolte »
« Il y a des filles du village qui viennent à l’université, elles étudient mais parfois, faute de moyens, elles n’arrivent pas à se payer certains documents. Si elles n’ont pas de bourse, cela devient compliqué. Donc, pendant les vacances, au lieu de rentrer au village, elles restent ici. Elles s’évertuent à faire des petits boulots pour pouvoir continuer leurs études et acheter leurs fournitures. Elles se battent pour pouvoir réussir et atteindre un niveau où n’importe quel homme peut arriver.
On est dans un monde où l’homme est plus considéré que la femme. De nos jours, avec l’émancipation de la femme, on voit qu’il y a une révolte. On commence à scolariser les filles. Avant, c’étaient juste les garçons. Les filles étaient femmes au foyer parce qu’on se disait que c’est notre société qui l’impose. Maintenant, on voit qu’il y a des filles qui atteignent le même niveau que les hommes dans tous les domaines. Dans la politique par exemple, on voit qu’il y a beaucoup de femmes qui ont leur mot à dire. »
Les contraintes dans le monde professionnel
« Il y a certaines personnes qui prennent les femmes pour des objets »
« Dans certaines entreprises, tu amènes tes diplômes, tu te donnes et tout, mais tu vois qu’après ils te disent qu’ils vont te rappeler. Quand ils te rappellent, ils te disent « votre CV n’est pas si fourni que cela mais ça peut s’arranger… ». Ce sont des avances indécentes que les recruteurs vont faire.
On est dans un monde où l’homme est plus considéré que la femme
Dans certaines entreprises, ils préfèrent prendre l’homme que la femme parce qu’ils se disent que la compétence que l’homme a, la femme ne l’a pas. Il y a certaines personnes qui prennent les femmes pour des objets. On se dit que c’est une femme, elle a des diplômes, etc., mais bon, ça reste une femme. La femme ne pourra jamais être au-dessus de l’homme.
Droit d’expression de la femme
« On a tendance à mettre de côté la femme disant qu’elle n’a pas de décision à prendre, qu’elle n’a pas de point de vue »
« J’ai eu à participer à une étude à Joal. C’était par rapport au manque d’eau. On était parti faire des entretiens avec les habitants du village. Arrivée là-bas, j’ai remarqué que le chef de la maison a automatiquement “chassé” la femme et les petites filles. Il avait un fils un peu âgé. Ils se disaient que c’étaient à eux de pouvoir répondre à nos questions.
Je me suis dit que c’est un problème parce que c’est la femme qui utilise plus l’eau que les hommes dans la maison. C’est la femme qui fait le linge, c’est elle qui cuisine, c’est elle qui fait plein de choses avec l’eau. Elle est plus consciente de la réalité du manque d’eau que l’homme.
On doit laisser les femmes s’exprimer. On doit laisser les femmes donner leurs points de vue par rapport à certaines situations
On a tendance à marginaliser la femme, à la mettre de côté disant qu’elle n’a pas de décision à prendre, qu’elle n’a pas de point de vue, c’est une très grande erreur. »
Solutions pour valoriser le statut de la femme
« Les femmes doivent continuer à se battre quel que soit le degré de difficulté »
« La première chose que je dirais c’est d’inviter les femmes dans les instances de décision, de pouvoir prêter une oreille attentive aux femmes. On doit laisser les femmes s’exprimer. On doit laisser les femmes donner leurs points de vue par rapport à certaines situations.
Les gens voient comment la femme a tendance à se sacrifier, à faire certains boulots pour pouvoir s’épanouir ou bien contribuer à l’épanouissement des enfants. On n’a qu’à continuer à se battre quel que soit la situation, quel que soit le degré de difficulté. On doit continuer à se battre parce que ça ira. On doit continuer à se battre pour qu’on puisse nous écouter. On doit continuer à se battre pour occuper certaines positions dans certains milieux. »
Photo : WATHI
Géraldine Françoise Sagna est diplômée d’une Licence en Sociologie option anthropologie de la santé à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Elle effectue actuellement une formation pour le poste de délégué médical.
1 Commentaire. En écrire un nouveau
Discours pertinent comme son auteur que j’ai eu la chance de connaître à l’Université. Elle a raison de montrer la situation de la femme sénégalaise que souvent nous éludons souvent. Bravo Geraldine