« Laissons les filles s’exprimer librement… »
Extraits de l’entretien
La situation des jeunes filles au Sénégal
« Les filles ne peuvent pas exprimer les larmes qui se cachent derrière leur sourire »
« Ici au Sénégal, on voit beaucoup de filles qui pleurent à causes de maltraitances, de leurs conditions de vie, de la manière dont la société voit les filles. La femme n’a pas la totale liberté de pouvoir faire ce qu’elle veut ou bien s’exprimer totalement. On sait très bien que dans la culture, la femme est toujours soumise, si on se fie à cela, les filles ne pourront pas dire ce qu’elles pensent ou bien dévoiler les secrets qui se cachent derrière leurs sourires.
On doit donner aux filles l’importance qu’elles méritent dans ce pays. Il y a beaucoup de secteurs où on limite le potentiel des filles. Par exemple dans la politique, on ne voit pas souvent les femmes se présenter à l’élection présidentielle, il y en avait mais plus maintenant parce qu’elles ont vu que les Sénégalais ne veulent pas avoir de femme présidente et ils ne l’ont pas caché. »
Les discriminations à l’école
« Dans une classe de série scientifique, on nous dit toujours que les filles doivent être derrière les garçons »
« Je suis dans une série scientifique et on nous dit généralement que les filles ont des difficultés avec les matières scientifiques. Dans notre classe, on nous disait que nous allions changer de filière parce que dans les séries scientifiques, on n’a pas l’habitude de voir des filles.
En plus, on nous disait souvent que les filles de la classe devaient toujours avoir des notes inférieures à celles des garçons. Les garçons croyaient qu’ils devait être devant avec des notes de 17 ou 18 en Maths et en Physique Chimie, alors que nous qui sommes filles, on nous disait qu’une note de 11 suffisait.
C’est une généralité à l’école ; parce qu’il y a certains professeurs qui disent que les classes scientifiques ne sont pas faites pour les filles. Ils disent qu’avoir un baccalauréat scientifique, ce n’est pas vraiment nécessaire pour une fille et également de faire des études assez longues. »
Le mariage et les grossesses chez les jeunes filles
« Les filles qui n’ont pas le temps de s’occuper de leur famille ne sont pas de bonnes femmes »
« Selon un de mes camarades, les filles ne doivent pas faire des études poussées parce que la place de la fille, c’est à la maison. Selon lui, une femme responsable, c’est une femme qui reste à coté de ses enfants et s’occupe de son mari. Quand j’étais en classe de Première S1, j’avais une amie qui était toujours à côté de moi, elle a dû arrêter ses études parce qu’elle était enceinte. Elle n’avait pas le temps d’étudier à cause de sa belle-mère qui lui disait de cuisiner le dîner à sa descente de l’école. Au Sénégal, la femme est soumise à toutes les obligations de sa belle-famille. »
Recommandations
« Au Sénégal, on parle des problèmes des filles, mais les actions concrètes ne suivent pas… »
« On voit beaucoup d’organisations, beaucoup de débats sur la question du bien-être des filles mais au final, on voit toujours que les filles sont confrontées à des problèmes. La société vit toujours dans une situation d’inégalité au Sénégal. On parle des problèmes des filles mais jusqu’à présent, on ne voit pas des choses concrètes.
Et si on laissait par exemple à la femme dire ce qu’elle pense vraiment et ne pas lui donner de limite? Il faudrait laisser à la femme montrer ses capacités réelles et lui laisser le pouvoir de décider dans la société. Si on laissait à la femme le fait de pouvoir créer, de pouvoir dire, parler, est-ce qu’on n’aurait pas un changement ?
Si on avait un peu de soutien, il y aurait beaucoup de femmes qui seraient prêtes à se battre pour pouvoir changer la situation actuelle. Je suis convaincue que le monde va changer parce qu’on a des choses importantes à dire dans la société, il faudrait nous donner l’occasion de les dévoiler. »
Photo : WATHI
Mame Diarra Bousso est une élève en classe de Terminale
2 Commentaires. En écrire un nouveau
Félicitation Mame diarra
venez faire la géomatique au CEDT/G15 voilà une filière ouverte aux femmes