Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD)
Septembre 2018
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Planification familiale
Au Sénégal, 20 % des femmes âgées de 15-49 ans utilisent actuellement une méthode contraceptive, en majorité une méthode moderne (19 %). L’utilisation de la contraception moderne chez les femmes âgées de 15-49 ans augmente avec l’âge de la femme pour atteindre son niveau le plus élevé dans le groupe d’âges 35-39 ans (32 %). À partir de 40 ans, on note une baisse de l’utilisation de la contraception qui passe, pour les méthodes modernes, à 29 % chez les femmes âgées de 40-44 ans et à 21 % chez les femmes du groupe d’âge 45-49 ans.
Chez les femmes actuellement en union de la même tranche d’âge, 28 % utilisent une méthode contraceptive dont 26 % une méthode moderne. La prévalence selon l’âge suit la même tendance que celle observée dans l’ensemble des femmes : une augmentation avec l’âge jusqu’à 35-39 ans où le pourcentage d’utilisatrices est le plus élevé (34 %), puis une diminution (23 % à 45-49 ans).
Parmi les femmes qui ne sont pas en union et sexuellement actives, le pourcentage de celles qui utilisent une méthode de contraception est plus élevée que parmi les femmes en union (56 % contre 28 %). Ces femmes utilisent, en majorité, une méthode moderne (46 %).
Les résultats de l’enquête montrent que l’utilisation de la contraception moderne par les femmes en union est plus élevée en milieu urbain (37 %) qu’en milieu rural (19 %). L’utilisation de la contraception moderne varie selon la région de résidence. La prévalence contraceptive la plus élevée est enregistrée dans la région de Dakar (42 %), suivie des régions de Thiès (34 %), Fatick (27 %), Ziguinchor (27 %) et Saint-Louis (25 %). Les prévalences les plus faibles sont enregistrées dans les régions de Matam (10 %), Kédougou (11 %), Tambacounda (13 %) et Diourbel (15 %).
Environ 22 % des femmes âgées de 15-49 ans, actuellement en union, ont des besoins non satisfaits en matière de planification familiale dont 16 % pour espacer les naissances et 6 % pour les limiter
La pratique contraceptive augmente avec le quintile de bien-être économique. La prévalence passe de 16 % dans le quintile le plus bas à 36 % dans le quintile le plus élevé. Elle augmente aussi avec le niveau d’instruction : de 22 % chez les femmes sans aucun niveau à 32 % chez celles ayant le niveau moyen/secondaire ou plus.
Parmi les femmes non en union sexuellement actives, on constate que la prévalence contraceptive moderne ne varie que très peu entre les milieux de résidence (45 % en urbain contre 48 % en rural).
Au Sénégal, la principale source d’approvisionnement des utilisatrices de méthodes contraceptives modernes est le secteur public (86 %) pour toutes les méthodes. Le pourcentage des femmes de 15-49 ans qui s’approvisionnent dans le secteur privé médical est de 12 %.
Environ 22 % des femmes âgées de 15-49 ans, actuellement en union, ont des besoins non satisfaits en matière de planification familiale dont 16 % pour espacer les naissances et 6 % pour les limiter.
Près de trois femmes en union sur dix (28 %) ont des besoins satisfaits en matière de planification familiale c’est à- dire qu’elles utilisent la contraception. Par conséquent, la demande totale en matière de planification familiale s’élève à 50 % et plus de la moitié de cette demande (53 %) est satisfaite par des méthodes modernes. Parmi toutes les femmes de 15-49 ans, 15 % ont des besoins non satisfaits, orientés principalement vers l’espacement (11 %).
Parmi les femmes non en union sexuellement actives, le pourcentage ayant des besoins non satisfaits est plus élevé (38 %). Près de six sur dix utilisent la contraception (56 %) et, par conséquent, la demande totale s’élève à 94 %. Dans cette catégorie de femmes, 60 % de la demande sont satisfaites et, dans près de la moitié des cas, par des méthodes modernes (49 %). La demande en planification familiale reste très disparate selon certaines caractéristiques sociodémographiques.
Variations par caractéristique
La demande totale en planification familiale et le pourcentage de demande satisfaite varient selon l’âge des femmes en union. De 33 % chez les femmes à 15-19 ans, la demande totale en planification passe à 56 % à 35-39 ans, puis diminue pour concerner 46 % des femmes de 45-49 ans. Le pourcentage de demande satisfaite est plus faible chez les femmes en union de 15-19 ans (27 %) que chez celles de 35-39 ans (62 %).
La proportion de femmes actuellement en union et dont les besoins en planification familiale ne sont pas satisfaits est plus élevée en milieu rural qu’en milieu urbain (26 % contre 16 %). Les résultats selon le niveau d’instruction montrent que les besoins non satisfaits sont plus élevés chez les femmes en union non instruites que parmi celles qui ont un niveau moyen/secondaire ou plus (24 % contre 20 %).
Le pourcentage de femmes ayant des besoins non satisfaits en planification familiale varie d’un maximum de plus de 37 % dans la région de Matam à un minimum de 13 % dans celle de Dakar. Parmi les femmes utilisatrices actuelles de la planification familiale, la décision d’utiliser est le plus souvent prise par les deux conjoints (60 %) alors que dans 12 % des cas, elle a été prise par le mari/partenaire. En outre, 25 % des femmes ont pris seules la décision d’utiliser la contraception. Par conséquent, la femme est impliquée dans 85 % des cas dans la décision d’utiliser la planification des naissances.
Par contre, on constate que dans certaines régions, le rôle de l’homme dans cette prise décision est encore important : par exemple, dans la région de Matam, dans 31 % des cas, c’est principalement le mari/partenaire qui prend la décision. Il en est de même dans les régions de Diourbel (19 %), Fatick (19 %) et Kaolack (17 %).
Parmi les femmes en union qui n’utilisent pas actuellement la planification, la décision est uniquement prise par la femme dans 57 % des cas. Dans 22 % des cas, la décision est prise en commun et dans 16% des cas, c’est principalement l’homme qui décide ne pas utiliser la contraception. La tendance est la même pour toutes les régions où dans plus de 50 % des cas, c’est la femme qui a pris seule la décision, sauf à Kaolack, où, dans 44 % des cas, la décision de ne pas utiliser est une décision conjointe et où seulement 29 % des femmes ont décidé seules, de ne pas utiliser la planification familiale.
La sante maternelle
La couverture en soins est homogène et très élevée quelle que soit la caractéristique sociodémographique considérée, sauf par région. En effet, la quasi-totalité des femmes résidant à Dakar (99 %) ont reçu des soins de santé prénatals auprès de personnel de santé qualifié. C’est dans la région de Kédougou que cette proportion est la plus faible (85 %).
La proportion de femmes ayant reçu des soins prénatals d’un médecin augmente avec le niveau d’instruction, de 2 % chez les femmes sans niveau d’instruction à 5 % parmi les femmes de niveau primaire et à 13 % parmi celles de niveau moyen ou plus.
Assistance durant l’accouchement par un prestataire de santé qualifié
Au Sénégal, 68 % des naissances ont été assistées par un prestataire de santé qualifié : 59 % par une sage femme, 5 % par un médecin et 4 % par une infirmière. Près d’une naissance sur cinq (19 %) a été assistée par une matrone/accoucheuse traditionnelle. En outre, 4% des naissances n’ont bénéficié d’aucune assistance.
Le pourcentage de naissances des cinq dernières années dont l’accouchement a été assisté par un prestataire de santé qualifié varie entre le milieu rural et le milieu urbain. En milieu urbain, neuf naissances sur dix (90 %) ont été assistées par un prestataire qualifié contre seulement un peu plus de la moitié en milieu rural (56 %).
Les résultats selon les régions mettent en évidence des disparités importantes. En effet, si dans certaines régions comme Dakar (95 %) et Thiès (78 %), les pourcentages de femmes ayant bénéficié d’une assistance à l’accouchement par un prestataire de santé qualifié sont relativement élevés, il en va tout autrement dans des régions comme Kaffrine (39 %), Kolda (41 %) et Kédougou (41 %) où les pourcentages sont inférieurs à 50 %.
Au Sénégal, 27 % des femmes de 15-49 ans ont subi des violences physiques depuis l’âge de 15 ans
En considérant le niveau d’instruction de la mère, les résultats montrent que plus le niveau d’instruction augmente, plus la femme a tendance à accoucher avec l’assistance de personnel de santé qualifié. Les proportions de naissances assistées par du personnel qualifié chez les femmes sans niveau d’instruction est de 59 % contre 80 % parmi celles ayant le niveau primaire et atteint 88 % parmi celles ayant le niveau moyen/secondaire et plus.
Parmi les femmes de 15-49 ans, 53 % ont au moins un problème d’accès aux soins de santé. Ces problèmes sont notamment liés à l’accessibilité financière (45 %), à l’accessibilité géographique inhérente à la distance (22 %), au fait de ne pas vouloir s’y rendre seule (14 %) et à l’obtention de la permission d’aller se faire soigner (7 %).
L’excision
Parmi les femmes âgées de 15-49 ans, 24 % ont déclaré avoir été excisées. Dans plus de la majorité des cas (58 %), de la chair a été enlevée ou on a pratiqué une entaillée et pour 10 %, on a enlevé de la chair sans pratiquer d’entaille. Il convient de souligner la proportion importante de femmes qui n’ont pas été en mesure de donner une réponse ou une réponse précise sur le type d’excision (22 %), probablement parce qu’elles étaient trop jeunes au moment de l’excision.
Tendances
La comparaison des résultats de l’enquête avec ceux des enquêtes précédentes ne met pas en évidence de modification importante de la prévalence de l’excision, le pourcentage de femmes excisées étant passé de 25 % en 2014 à 24 % en 2015 puis à 23 % en 2016 et 24 % en 2017.
L’excision est plus fréquemment pratiquée chez les filles dont la mère est musulmane que chez les filles dont la mère est chrétienne (14 % contre 3 %).
Les résultats selon le milieu de résidence laissent entrevoir une nette différence entre le milieu urbain et le milieu rural où 19 % des filles âgées de 0-14 ans sont excisées contre 6 % en milieu urbain. La prévalence de l’excision varie aussi selon la région.
Dans les régions de Matam, Kédougou, Tambacounda, Ziguinchor et Kolda, plus du tiers des filles âgées de 0-14 ans sont excisées. Le phénomène est plus fréquent à Matam avec une prévalence de 61 %. À l’opposé, dans la région de Diourbel, le pourcentage de filles de 0-14 ans excisées est de 0,2%.
L’instruction de la mère influence la pratique d’excision de la fille. Plus la mère est instruite, moins la fille est exposée au risque d’être excisée. En effet, la prévalence de l’excision passe de 16 % chez les filles dont la mère n’a aucun niveau d’instruction à 6 % chez les filles dont la mère a un niveau moyen/secondaire ou plus.
De même, la prévalence de l’excision diminue avec le bien-être économique du ménage. Parmi les filles de 0-14 ans vivant dans un ménage du quintile de bien-être le plus élevé, 4 % sont excisées alors que parmi celles du quintile le plus bas, ce pourcentage atteint 26 %.
La comparaison des résultats de l’enquête avec ceux des enquêtes précédentes ne met pas en évidence de modification importante de la prévalence de l’excision, le pourcentage de femmes excisées étant passé de 25 % en 2014 à 24 % en 2015 puis à 23 % en 2016 et 24 % en 2017.
Pour mieux comprendre les raisons qui expliquent que la pratique de l’excision perdure, on a demandé aux femmes et aux hommes s’il pensait d’une part que cette pratique était exigée par leur religion et d’autre part s’ils pensaient eux-mêmes qu’il fallait maintenir cette pratique.
80 % des femmes et 70 % des hommes ayant entendu parler de l’excision ne pensent pas que c’est une pratique exigée par la religion. La grande majorité des femmes (81 %) et des hommes (79 %) se sont prononcés pour l’abandon de la pratique de l’excision. À l’opposé, 15 % des femmes et 14 % des hommes y sont toujours favorables.
L’opinion selon laquelle l’excision est une pratique exigée par la religion varie selon que la femme est excisée ou non. En effet, 43 % des femmes qui ont été excisées pensent que c’est une nécessité religieuse contre seulement 3 % parmi celles qui ne le sont pas. De même, 53 % des femmes excisées sont favorables au maintien de cette pratique contre 2 % parmi celles qui n’ont pas subi cette pratique.
L’opinion selon laquelle l’excision est une pratique exigée par la religion est plus répandue chez les femmes et les hommes musulmans que chez les chrétiens (13 % des femmes et 16 % des hommes contre 2 % chez les femmes et hommes chrétiens). De même 16 % de musulmanes et 15 % de musulmans sont favorables au maintien de la pratique contre respectivement 5 % et 2 % parmi les chrétiens.
Pouvoir d’action des femmes
Ce chapitre présente l’analyse des résultats concernant le pouvoir d’action des femmes, en termes d’emploi, de revenus, de contrôle de leurs gains et d’écarts de revenus par rapport à ceux de leur conjoint.
Emploi et type de rémunération
Parmi les femmes et les hommes de 15-49 ans en union, respectivement 63 % et 99 % avaient travaillé au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête. Le pourcentage de femmes non rémunérées pour leur travail est plus élevé que celui des hommes (17 % contre 13 %). Dans 68 % des cas (contre 74 % des cas chez les hommes), les femmes ont été payées en argent uniquement.
Contrôle de l’utilisation des gains de la femme
Au Sénégal, 85 % des femmes en union qui gagnent de l’argent décident elles-mêmes de l’utilisation de leurs gains. Dans 9 % des cas, cette décision est prise conjointement dans le couple alors que pour 5 % des femmes, c’est le conjoint qui décide principalement de l’utilisation de leurs gains.
Violences domestiques
Au Sénégal, 27 % des femmes de 15-49 ans ont subi des violences physiques depuis l’âge de 15 ans.
Dans 55 % des cas, le mari/partenaire actuel est l’auteur de ces actes. À un moment quelconque de leur vie, 8 % des femmes de 15-49 ans ont déclaré avoir subi des actes de violence sexuelle. Dans la plupart des cas (62 %), c’est le conjoint/partenaire actuel qui est cité comme responsable de ces actes de violence sexuelle.
Contrôle exercé par le mari
Globalement, 14 % des femmes de 15-49 ans non célibataires ont déclaré avoir subi au moins trois types de contrôle conjugal exercé par leur mari/partenaire.
Violence conjugale
Une femme de 15-49 ans non célibataire sur quatre (25 %) a subi, à un moment donné, des actes de violence, sous la forme émotionnelle, physique et/ou sexuelle, de la part d’un mari/partenaire. Dans 15 % des cas, ces actes de violence se sont produits récemment, c’est-à-dire au cours des douze mois avant l’enquête.
Blessures dues à la violence conjugale
Un peu plus d’une femme de 15-49 ans sur quatre (27 %), non célibataires, ont subi n’importe quel type de blessure à la suite de violences physiques ou sexuelles. Cette proportion est de l’ordre de 30 % au cours des 12 mois avant l’enquête.
Recherche d’aide
La proportion de femmes de 15-49 ans ayant recherché de l’aide pour mettre fin à la violence s’élève à 24 %.