Ministère de la femme et de l’action sociale / Direction de l’équité et de l’égalité des genres
La Direction de l’Equité et de l’Egalité de genre (DEEG) a été créée par décret N° 2008-1045 du 15 septembre 2008 en vue d’offrir à la SNEEG un cadre institutionnel pour piloter sa mise en œuvre. Elle est fonctionnelle depuis l’année 2009. Au plan institutionnel, elle ressort du Ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance.
Date de publication : 2016
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Introduction
Il est aujourd’hui reconnu que le développement durable ne pourra se réaliser sans l’élimination des inégalités entre les femmes et les hommes. Ce dessein de lier la question de la promotion de la femme, la croissance économique en vue de l’émergence et le développement durable est devenu incontournable dans toutes les perspectives des politiques économiques et sociales et d’évolution des sociétés.
Ainsi, le gouvernement du Sénégal a décidé de renforcer les efforts déployés pour la promotion de la femme en adoptant, plus que par le passé, une démarche devant garantir la réalisation de l’égalité entre l’homme et la femme consacré par la Constitution. A cet effet, le gouvernement a adopté la présente stratégie qui sert de base d’orientation des actions à développer pour une intégration progressive et effective des questions de genre dans les priorités de développement du pays déclinés.
Toutefois, la revue de la SNEEG et l’analyse actuelle de la situation ont révélé que, dans leur grande majorité, les femmes continuent de subir, de façon disproportionnée, le poids de la pauvreté et de l’analphabétisme ; elles sont encore victimes de graves violations de leurs droits humains et de leurs droits en matière de sexualité et de santé de reproduction ; elles subissent encore, plus que les hommes, les effets de la pandémie du VIH/SIDA et nombreuses sont celles qui risquent encore aujourd’hui de mourir en donnant la vie. Au niveau éducatif, la parité entre filles et garçons, tant souhaitée, est encore loin d’être réalisée au niveau du secondaire et du supérieur et des progrès importants sont encore attendus pour ce qui est de l’accroissement de la présence des filles dans les filières scientifiques.
Au plan économique, le poids des tâches ménagères continue de limiter la disponibilité de bon nombre de femme à mener des activités génératrices de revenus pour lesquelles d’importants efforts ont été déployés ces dernières années pour accroitre le taux d’accès aux services financiers et non financiers offerts par les Services Financiers Décentralisés (SFD) et autres institutions.
Au plan de la participation politique où des progrès significatifs ont été obtenus grâce à l’effet de la loi sur la parité, des actions sont à développer pour parvenir à la représentation paritaire au niveau de l’assemblée nationale et dans les collectivités locales.
Au plan des droits, il est attendu d’adopter une démarche de planification des politiques selon l’approche droit pour créer les conditions d’une effectivité de la jouissance des femmes de leurs droits, parachever l’élimination des discriminations entre les femmes et les hommes à tous les niveaux et assurer une protection de l’intégrité morale et physique des femmes. Il apparaît ainsi qu’en dépit des réels progrès accomplis, il reste encore beaucoup à faire pour réaliser l’égalité des droits et des chances entre les filles et les garçons, les hommes et les femmes.
L’atteinte d’un tel objectif exige de réels changements dans la façon d’analyser les situations des politiques sectorielles visant le développement du Sénégal. Par conséquent, il convient de mieux faire ressortir, dans tous les domaines et autant que possible, les inégalités entre les femmes et les hommes, d’analyser comparativement les déterminants des inégalités relevées et de déterminer, sur la base des écarts constatés, les stratégies de réponses efficaces et pertinentes pour réaliser l’égalité.
Ceci justifie, par conséquent, l’adoption de l’approche genre comme outil d’analyse, de planification, de suivi et d’évaluation des politiques de développement et plus particulièrement celles destinées à faire du Sénégal un pays émergent ; solidaire et dans un Etat de droit.
Ainsi, l’option du Sénégal d’élaborer la présente Stratégie Nationale pour l’Egalité et l’Equité de Genre répond au double souci de disposer : (i) d’un cadre global de référence qui clarifie la vision du pays en matière de genre et (ii) d’un instrument opérationnel qui permette de rendre visible les questions de genre à tous les niveaux, de proposer les mesures appropriées pour lever les contraintes à l’égalité entre les hommes et les femmes et d’obtenir les changements souhaités en matière de genre.
Contexte de la Stratégie Nationale pour l’Equité et l’Egalité des Genre
* Environnement international et égalité entre les femmes et les hommes :
La promotion de la femme, engagée depuis des décennies par la communauté internationale, est marquée par des étapes importantes qui ont débouché sur des consensus pour faire progresser les droits humains sur un pied d’égalité entre les sexes. Les efforts déployés, en particulier depuis Beijing, sont sanctionnés par des progrès significatifs matérialisés par des accords internationaux, régionaux et continentaux.
Il s’agit de conventions, protocoles, recommandations et traités dont les objectifs accordent, de plus en plus, une attention particulière aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes. C’est le cas de la Convention sur l’Elimination de toutes les Formes de Discrimination à l’Egard des Femmes (CEDEF), le Protocole de Maputo, les conclusions des exercices d’évaluation de la plate-forme d’action de Beijing et les instruments sectoriels adoptés au niveau des institutions spécialisées des Nations Unies et régionales comme la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et des Objectifs de Développement Durable (ODD), adoptés en 2015 dont le N°5 porte sur l’égalité entre les femmes et les hommes et l’autonomisation des femmes.
* Au niveau international :
A partir des années 1990, la prise en compte des questions de genre a suscité un intérêt de plus en plus perceptible au sein de la communauté internationale avec l’organisation de plusieurs conférences régionales et mondiales tenues sous l’égide des Nations Unies et de ses organisations spécialisées. Le but des réflexions engagées au fil des années était d’assurer une intégration effective des questions de genre dans les actions visant l’amélioration des conditions de vie des femmes tenant compte des relations de pouvoir entre les hommes et les femmes et des droits de l’homme dont les droits des femmes sont une partie intégrante.
Les objectifs de développement durable, qui s’appuient sur le succès des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), comprennent un objectif spécifique relatif à l’égalité : « Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles ». Il est visé l’éradication, dans le monde entier, de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et des filles, en éliminant de la vie publique et de la vie privée toutes les formes de violence faite aux femmes et aux filles, y compris la traite et l’exploitation sexuelle et d’autres types d’exploitation.
De même l’ODD 5 ambitionne l’élimination de toutes les pratiques préjudiciables, telles que le mariage des enfants, le mariage précoce ou forcé et la mutilation génitale féminine, en considérant davantage les travaux de soins et domestiques non rémunérés qu’ils convient d’intégrer et valoriser dans les agrégats nationaux, en apportant aussi des services publics, d’infrastructures et de politiques de protection sociale et la promotion du partage des responsabilités dans le ménage et la famille, en fonction du contexte national de manière à garantir la participation entière et effective des femmes et leur accès en toute égalité aux fonctions de direction à tous les niveaux de décision, dans la vie politique, économique et publique.
Egalement, il est attendu d’assurer l’accès de tous aux soins de santé sexuelle et procréative et faire en sorte que chacun puisse exercer ses droits en matière de procréation, ainsi qu’il a été décidé dans le programme d’action de la conférence internationale sur la population et le développement et le programme d’action de Beijing et les documents finals des conférences d’examen qui ont suivi.
Les objectifs de développement durable (ODD), qui s’appuient sur le succès des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), comprennent un objectif spécifique relatif à l’égalité : « Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles ». Il est visé l’éradication, dans le monde entier, de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et des filles, en éliminant de la vie publique et de la vie privée toutes les formes de violence faite aux femmes et aux filles, y compris la traite et l’exploitation sexuelle et d’autres types d’exploitation.
De même l’ODD 5 ambitionne l’élimination de toutes les pratiques préjudiciables, telles que le mariage des enfants, le mariage précoce ou forcé et la mutilation génitale féminine, en considérant davantage les travaux de soins et domestiques non rémunérés qu’ils convient d’intégrer et valoriser dans les agrégats nationaux, en apportant aussi des services publics, d’infrastructures et de politiques de protection sociale et la promotion du partage des responsabilités dans le ménage et la famille, en fonction du contexte national de manière à garantir la participation entière et effective des femmes et leur accès en toute égalité aux fonctions de direction à tous les niveaux de décision, dans la vie politique, économique et publique.
Egalement, il est attendu d’assurer l’accès de tous aux soins de santé sexuelle et procréative et faire en sorte que chacun puisse exercer ses droits en matière de procréation, ainsi qu’il a été décidé dans le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement et le Programme d’action de Beijing et les documents finals des conférences d’examen qui ont suivi.
* Au niveau continental :
Avec l’avènement de l’Union Africaine, des avancées significatives ont été enregistrées en matière de genre : au niveau de la Charte de l’Union où il est clairement stipulé qu’il revient aux Etats de “veiller à l’élimination de toute discrimination contre la femme et d’assurer la protection des droits de la femme et de l’enfant tels que énoncés dans les déclarations et conventions internationales”.
En plus, dans la déclaration solennelle effectuée à l’occasion du cinquantième anniversaire, les Chefs d’État et de Gouvernement de l’UA qui ont réaffirmé leur engagement pour le développement accéléré du continent se sont également engagés à intégrer les idéaux et objectifs d’égalité et de promotion de la femme dans leurs plans nationaux de développement et dans l’élaboration de l’Agenda continental 2063.
Veiller à l’élimination de toute discrimination contre la femme et d’assurer la protection des droits de la femme et de l’enfant tels que énoncés dans les déclarations et conventions internationales
Ainsi, les objectifs visés par l’UA dans le domaine de l’égalité entre les sexes matérialisent une vision forte et pleine d’espoir d’un continent dans lequel les femmes et les hommes ont des droits égaux : égalité d’accès à la justice et à la protection ; égalité d’accès à l’eau, à l’assainissement, à l’énergie, à la santé, à l’éducation et à d’autres services publics ; égalité d’accès aux ressources productives et aux moyens d’action sur ces dernières ; égalité de rémunération pour un travail égal ; et égalité d’opportunités pour participer à la création de la richesse sur un même pied d’égalité.
Aussi s’agit-il d’une vision de réalisation d’une Afrique transformée où la mortalité infantile et maternelle est faible, où l’éducation primaire universelle est une réalité, où les filles et les garçons ont les mêmes chances de terminer leurs études secondaires et supérieures, où les jeunes femmes et jeunes hommes ont les mêmes chances d’acquérir les compétences recherchées par les marchés de l’emploi, et, en somme, une Afrique où les femmes et les hommes ont l’égalité des opportunité qui s’offrent pour participer au processus décisionnel, à l’activité économique et à l’édification de leur continent.
* Au niveau régional :
Au niveau régional, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ( CEDEAO ) qui regroupe une quinzaine d’Etats membres dispose, depuis 2015, d’un Acte additionnel pour l’égalité des droits entre les femmes et les hommes pour un développement durable en Afrique de l’Ouest. Cet acte a été adopté par la CEDEAO qui ambitionne d’amener les Etats membres à réaliser un espace communautaire des peuples qui intègre suffisamment les femmes dans le développement.
Elle considère qu’à l’horizon 2020, les questions de genre en Afrique de l’Ouest se poseront avec plus d’acuité en raison du rôle déterminant des femmes dans le développement, de leur part importante dans la population de la communauté et des enjeux liés à la problématique de leur insertion socioéconomique en terme de formation, d’emploi, droits d’établissements, accès aux moyens de production, vulnérabilité, discriminations et droits humains fondamentaux.
L’Union économique et monétaire ouest- africaine (UEMOA), qui accorde de plus en plus une place importance à la prise en compte des questions de genre dans les politiques économiques communautaires s’est dotée d’une direction du genre chargée de promouvoir la prise en compte des inégalités de genre dans les politiques au niveau macroéconomique et social et dans les programmes appuyés ou initiés au profit des Etats membres.
En somme, les contextes international, continental et régional offrent au Sénégal de réelles opportunités pour l’opérationnalisation de la présente Stratégie. L’engagement de la communauté internationale en faveur de la réalisation de l’égalité entre les femmes et les hommes et l’autonomisation des femmes et de la mobilisation de tous les potentiels pour le développement durable de l’Afrique constitue, sans aucun doute, un atout essentiel à la mobilisation des moyens financiers, humains et techniques nécessaires pour réussir le pari de la croissance et d’un développement durable égalitaire, indispensables à la réalisation d’un Sénégal émergent solidaire dans un Etat de droit.
Ainsi, la politique nationale pour l’égalité entre les sexes, la SNEEG, est le fruit de l’évolution et de l’engagement politique au niveau national, mais aussi des engagements pris à ces trois niveaux. Sa mise en œuvre devrait aboutir, sûrement, à des progrès significatif vers l’élimination des inégalités entre les femmes et les hommes à tous les niveaux des domaines sectoriels et au niveau national.