La situation sécuritaire
Niger : un autre maillon faible dans le Sahel ? , 2013
International Crisis Group
Extraits
Le Niger et l’émergence d’une menace terroriste au Sahara
Le Sahara constitue un espace immense sur lequel l’Etat n’est pas absent mais laisse de nombreux espaces favorables à l’implantation de différents groupes armés. A partir des années 2000, des organisations se réclamant du jihadisme armé se dé- veloppent. Leurs membres entretiennent des liens complexes avec les populations locales, les mouvements rebelles et les bandes criminelles. Le convoyage de la drogue s’est certes compliqué depuis l’intervention internationale au Mali mais il ne s’est pas interrompu. Les routes s’adaptent et se déplacent vers l’est du pays. Le contrôle des convois, peut-être parce qu’ils deviennent plus rares, fait l’objet de disputes importantes.
Au Niger, les premiers incidents armés sont signalés dès 2003 lors d’accrochages entre les FAN, des forces spéciales américaines et des éléments issus du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien. En 2007, le GSCP prend le nom d’AQMI. Il se fait d’abord connaitre par l’enlèvement d’otages occidentaux au Sahara et plus particulièrement au Niger à partir de 2008. Au départ, l’organisation n’opère pas directement sur le sol nigérien mais sous-traite les enlèvements à des groupes criminels locaux qui livrent les otages au Nord du Mali, où AQMI consolide dans les années 2000 sa présence. Au Nord du Niger, l’organisation ne dispose pas d’une telle base arrière mais plutôt de petits relais locaux et de caches d’armes identifiables par GPS.
A partir de 2010, un changement de stratégie s’opère : des attaques ciblent directement l’armée ou les intérêts occidentaux au Niger. En janvier 2010 un affrontement éclate dans les environs de Tilia entre les FAN et des éléments présumés liés à AQMI. En mars 2010, une attaque sur la caserne de Tiloa, à proximité de la frontière malienne, provoque la mort de cinq soldats nigériens. Plusieurs sources évoquent également une tentative d’attentat sur cette même caserne. En septembre 2012, un petit groupe d’individus en possession d’explosifs Semtex est intercepté dans la région d’Arlit. Le risque d’une attaque à l’explosif sur les installations minières du Niger apparait donc bien avant mai 2013.
Malgré une implantation probablement réduite, les actions d’AQMI ont un impact important au Niger : les enlèvements ruinent l’économie touristique pourtant prospère au début des années 2000, la présence occidentale au Niger diminue fortement et se concentre désormais à Niamey.230 Alors que dans la première moitié des années 2000, le pays n’apparaissait pas d’emblée comme l’un des plus menacés de la zone sahélienne, le Niger est dorénavant présenté avec le Mali comme l’un des espaces stratégiques de l’affrontement entre groupes jihadistes et pays occidentaux. Le discours des autorités nigériennes évolue également. Le président Tandja n’a guère emprunté la rhétorique de la lutte contre le terrorisme sinon pour tenter de convaincre les pays occidentaux de soutenir son combat contre le MNJ. Le président Issoufou, pour sa part, présente la lutte contre le terrorisme comme l’un des axes centraux de son mandat. Comme l’ont fait avant lui Amadou Toumani Touré au Mali ou ses homologues en Mauritanie, on peut se demander s’il n’y voit pas un moyen de capter la rente sécuritaire associée à la lutte contre le terrorisme. Cet engagement est cependant à double tranchant. Il l’a entrainé par exemple dans une attitude plus belliciste sur la crise malienne.
Niger : du coup d’État à l’engagement international, Retour sur trois années de transition politique sur fond d’insécurité régionale grandissante, 2013
Damien Deltenre du Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP)
Extraits
La Stratégie pour le développement et la sécurité dans les zones sahélo-sahariennes du Niger (SDS Sahel-Niger) constitue le volet sécuritaire du plan de développement dont s’est doté le gouvernement du Premier ministre Brigi Rafini. Bien que la SDS Sahel-Niger soit présentée comme une composante du PDES, elle possède ses orientations spécifiques et fonctionne de manière autonome au sein d’un secrétariat exécutif qui lui est propre. Élaborée en tenant compte des préoccupations de l’Union européenne en matière de lutte contre le crime organisé et le terrorisme, la SDS Sahel-Niger reprend les axes stratégiques identifiés par le PDES et insiste sur la sécurité comme condition nécessaire au développement. Cette stratégie concerne l’ensemble des régions du Niger identifiées comme particulièrement vulnérables, soit l’ensemble du pays à l’exception des régions de Dosso et Niamey. Dans les zones visées, les autorités nigériennes entendent accroître la présence de l’État et lutter contre les menaces tant internes qu’externes.
Concrètement, la SDS Sahel-Niger mobilise l’ensemble des forces de sécurité du pays37 et concentre une grande partie de ses efforts sur la sécurisation de ses frontières, longues de plus de 5 600 kilomètres et qui traversent les confins du Sahara. Ces objectifs se traduisent par un renforcement significatif des forces de police (80 unités supplémentaires et 3 810 nouveaux agents), la création de six nouvelles unités mobiles de surveillance des frontières, de nouveaux postes frontaliers, le renforcement des unités de l’armée situées dans les zones critiques et un accroissement des initiatives internationales afin d’augmenter le nombre de patrouilles mixtes et la coopération judiciaire entre les États. De plus, en ce qui concerne l’affectation de la Garde nationale du Niger, l’illustration ci-dessous indique clairement une consolidation des frontières et des zones rurales, soit par le redéploiement d’unités dans des lieux délaissés, soit par la constitution de nouvelles brigades. Cette stratégie traduit donc la volonté du Niger de réaffirmer sa souveraineté dans ses zones périphériques, qu’il avait auparavant tendance à déserter, laissant libre cours aux activités criminelles et terroristes.
Enfin, à toutes ces initiatives s’ajoute la prise en compte par le gouvernement de la menace sécuritaire posée par le retour d’émigrés nigériens consécutif aux crises en Libye, Côte d’Ivoire, Mali et Nigéria. Pour ces personnes, la SDS Sahel-Niger envisage un accompagnement socio- économique, afin de réintégrer anciens combattants et réfugiés sans risquer de propager la violence à l’intérieur du pays.
Le Mali, sujet imposé du mandat du président Issoufou
Le 7 avril 2011, le président Issoufou prit les rênes d’un pays confronté à une pléiade de menaces tant internes (risque latent de rébellion dans la périphérie, trafics et contrebande dans le Sahara) qu’externes (présence d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI) au Mali, Boko Haram au nord du Nigéria et guerre civile en Libye). D’un point de vue sécuritaire, si la première de ses priorités fut d’empêcher la contagion de la crise libyenne au territoire nigérien, la situation au Mali est devenue la principale préoccupation du Niger à partir de janvier 2012. Afin de garantir la sécurité de leur pays tout juste sorti de la transition politique et encore extrêmement fragile aux niveaux institutionnel et militaire, les autorités de Niamey déployèrent leurs efforts dans trois directions : le renforcement des capacités de défense, la participation directe à la résolution du conflit et l’implication sur le plan international.
Le renforcement des Forces de défense et de sécurité (FDS) du Niger s’est d’abord traduit par un accroissement des effectifs, une revalorisation des salaires et une amélioration de la formation, axe dans lequel s’intègre la mission de l’Union européenne EUCAP Sahel Niger.
Au niveau matériel, le gouvernement a débloqué un budget de 76 millions d’euros pour combler ses besoins en équipement, aidé en cela par la France qui a offert des véhicules et des radios pour une valeur de 2,2 millions d’euros.
Il s’agit d’une réponse à la demande du président Issoufou, lequel, dès septembre 2011, avait profité de la tribune de l’Organisation mondiale du commerce pour attirer l’attention internationale sur le risque de déstabilisation des faibles États sahéliens causé par l’« Open Bar dans l’arsenal libyen ». Le renseignement, la mobilité et les communications constituent trois outils indispensables aux autorités nigériennes pour combattre l’insécurité dans les immensités désertiques qui caractérisent la périphérie du pays. C’est pour cette raison que les besoins matériels du pays se concentrent sur des véhicules tout-terrains, des radios et des systèmes de positionnement par satellite en plus des pièces de rechange nécessaires à une armée constamment en manque de moyens.
Afin d’améliorer ses capacités de projection sur son propre territoire (grand comme presque deux fois la France), le Niger s’est aussi efforcé d’augmenter ses moyens aériens. L’armée de l’air – qui possédait déjà un Hercule C-130 et plusieurs Cessna F-337 de reconnaissance – s’est dotée sous Tandja d’hélicoptères (deux Mi-17 destinés au combat et deux Mi-35 de transport de troupes) afin de lutter plus efficacement contre les rebelles dans le centre du pays et de deux avions de surveillance DA-42 équipés de caméras à vision nocturne pour combattre les trafiquants.
Avec la crise malienne, la flotte a été étoffée de trois hélicoptères de combat Gazelle donnés par la France en mars 2013 et de deux avions de transport Cessna 208 offerts par les États-Unis, pour une valeur de 8,68 millions de dollars. Toutefois, c’est l’achat de deux SU-25 ukrainiens le 27 mars 2013 qui apparaît comme la véritable révolution aérienne pour le Niger, puisqu’il s’agit des premiers avions de chasse à réaction du pays depuis la création de sa force aérienne en 1961.
Bien qu’ils aient coûté « les yeux de la tête » au Niger, ces avions lui offrent une réelle capacité pour imposer son autorité partout sur son territoire. Enfin, depuis le début de l’année 2013, la France a basé trois drones Harfang à l’aéroport de Niamey, rejoints en mars par des systèmes Predator américains, cela à la demande des autorités nigériennes qui entendent profiter des renseignements récoltés par ces appareils. Bien que les drones américains se limitent pour le moment à des missions de surveillance, le Niger n’exclut pas d’autoriser les États-Unis à armer ces drones si les circonstances venaient à l’exiger.
En plus de renforcer ses capacités, dans le but d’empêcher la propagation de l’instabilité à son territoire, le Niger s’est aussi directement impliqué dans la résolution du conflit malien. Dès le début de la crise, Niamey a accru la surveillance de sa frontière avec le Mali en y déployant pas moins de 5 000 soldats, soit près de la moitié de l’armée nationale. Par ailleurs, moins d’une semaine après le déclenchement de l’opération Serval le 11 janvier 2013, le Niger était en mesure de déployer un bataillon de combat au Nord-Mali, composé de forces entraînées par des experts français et américains. Le contingent nigérien ne s’est pas comporté en spectateur et a activement contribué aux combats dans la région de Gao, aux côtés des troupes tchadiennes, maliennes et françaises.
Enfin, en permettant aux troupes de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et du Tchad d’utiliser Niamey comme base arrière pour leurs opérations aux Mali, le Niger s’est affirmé comme un partenaire fiable et volontaire dans la résolution de la crise malienne. Directement menacées par les retombées possibles de ce conflit, les autorités nigériennes se sont d’ailleurs illustrées sur la scène internationale par une position favorable à une ligne dure, en refusant notamment toute concession envers le Mouvement national de libération de l’Azawad tant que celui-ci n’aurait pas déposé les armes.
Cette approche sans compromis face aux groupements rebelles et aux trafiquants, le président Issoufou et son gouvernement la défendent désormais lors de toute rencontre internationale. De la sorte, ils entendent attirer l’attention de leurs partenaires internationaux sur les problèmes de sécurité de la bande sahélo saharienne dans son ensemble, en sollicitant par exemple un soutien pour le renforcement des capacités militaires des pays de la région.
Les autorités Les autorités nigériennes mettent aussi en avant le nombre des menaces auxquelles doit faire face leur pays. Bien que les groupes terroristes aient essuyé un lourd revers au Mali, les attaques du 23 mai 2013 contre la mine d’Arlit et la caserne d’Agadez semblent indiquer un déplacement du problème vers le Sud libyen, toujours hors de contrôle des autorités de Tripoli.
Par ailleurs, sur le front de la lutte contre la secte Boko Haram, les récentes opérations de l’armée nigériane dans le nord du Nigéria ne sont pas de nature à rassurer le Niger. Plus de 6 000 réfugiés auraient ainsi quitté le Nigéria depuis le début des combats, dont la moitié sont des citoyens nigériens retournant dans leur pays. Le risque de contagion de la violence au Niger voisin est réel, comme en témoigne l’attaque de la prison de Niamey, le 1er juin 2013, qui aurait été menée par des éléments de Boko Haram tentant de libérer leurs camarades des mains de la justice nigérienne.
Même s’il tend à s’affirmer comme un acteur régional fort, le Niger demeure fondamentalement un État faible et vulnérable. Au niveau interne, l’esprit d’union nationale qui a fait suite à la transition politique s’efface peu à peu pour laisser apparaître des lignes de fracture qui pourraient être génératrices d’instabilité politique. Il s’agit de l’éternel clivage entre le centre (la capitale) et la périphérie du pays, entre les responsables arrivés à la faveur du coup d’État et ceux qui étaient déjà en place sous Tandja, ainsi que de la méfiance envers les ex-rebelles qui ont été intégrés au sein de l’État. Se pose aussi la question de la capacité du gouvernement à faire face aux crises humanitaires à répétition qui frappent le Niger, mais également dans quelle mesure il peut offrir des alternatives économiques à la contrebande et aux trafics en tous genres qui minent son autorité dans le nord du pays.
Mali, Niger : paix, sécurité et développement, trois défis à relever
Le Sénat français, Groupe interparlementaire d’amitié France-Afrique de l’Ouest
http://www.senat.fr/ga/ga125/ga125.pdf
Extraits
Le Niger, un îlot de paix dans un océan trouble
Le Niger apparaît comme l’allié principal de la France dans la zone et le plus sûr à l’heure actuelle. Il est l’élément stabilisateur au sein d’un ensemble de pays politiquement ou militairement plus fragiles. Lors de leurs entretiens avec la délégation, les responsables politiques nigériens l’ont décrit comme une « enclave dans une zone de foyers d’insécurité ». Ils ont ainsi fait part de leurs difficultés à assurer la protection et le contrôle d’un vaste territoire de plus d’1,2 million de km2 dont la porosité des frontières est une réalité indéniable. Les problèmes religieux s’affranchissent des frontières, qui s’avèrent de toute façon très difficiles à contrôler en raison même de la topographie du terrain.
Les autorités politiques nigériennes ont tenu à mettre en avant les efforts remarquables accomplis par leur pays dans la lutte contre l’insécurité et le terrorisme. Ce pays fait toutefois face à une situation intérieure et extérieure difficile liée à la crise sécuritaire qui frappe la région. Les trafics d’armes et de stupéfiants se multiplient.
Le pays partage, en effet, des milliers de kilomètres de frontières avec des voisins plutôt fragiles : Libye, Nigéria et Mali constituent aujourd’hui les principales menaces, dont l’apparition et le développement se sont échelonnés dans le temps. La menace terroriste y est très forte, l’expansion de la secte Boko Haram relevant le niveau d’insécurité.
La question libyenne et la recherche d’une solution militaire et politique dans cette zone constituent un préalable à la stabilité de la bande sahélo-saharienne. La circulation des armes dans l’espace sahélien résulte en effet largement d’un conflit libyen resté en suspens.
Ainsi, très préoccupé par la situation de la Libye, « lieu de tous les trafics », M. Mohamed Ben Omar, 4ème vice-président de l’Assemblée nationale du Niger, a déploré un « service après-vente non assuré » par la France. M. Massaoudou Hassoumi, ministre de l’Intérieur du Niger, considère l’intervention des Occidentaux en Libye comme un « accélérateur puissant » de l’action des groupes terroristes dans la zone, la disparition du régime de Kadhafi ayant laissé place au chaos en l’absence de « politique de l’après ».
Le dispositif mis en place par les autorités nigériennes a pour objectif de bloquer toute velléité d’infiltration de groupes et d’hommes armés sur la frontière avec la Libye afin de « faire de la frontière Libye-Niger un verrou », selon l’expression du ministre. Ce dispositif est appelé à monter en puissance. Selon M. Mohamed Bazoum, ministre des Affaires étrangères du Niger, les islamistes sont aujourd’hui majoritaires en Libye, mais divisés, avec de nombreuses milices et tribus qui offrent un potentiel de conflit très important.
Depuis le déplacement de la délégation, une intervention internationale en Libye a été demandée par cinq États du Sahel, le Niger, le Tchad, le Mali, la Mauritanie et le Burkina-Faso, le 19 décembre dernier. Ces pays appellent à la mise en œuvre d’une force internationale pour « neutraliser les groupes armés ». Cette option ne fait pas l’unanimité, suscitant notamment des réserves de la part des autorités libyennes réfugiées à Tobrouk et de plusieurs pays de la région. La France a par ailleurs écarté, au début du mois de janvier, toute intervention strictement française.
L’autre foyer d’inquiétude est le Nigéria, actuellement en prise aux assauts du mouvement Boko Haram, dont l’expansion est favorisée par une extrême pauvreté et l’absence de perspectives pour la jeunesse du pays. Alors que l’armée nigérienne a pu, par ses opérations, dans un premier temps, limiter les infiltrations des groupes terroristes et contrôler la frontière sud du Mali, l’efficacité de l’armée nigériane pâtit de sa désorganisation et de la corruption. Cette dernière, relevée par de nombreux interlocuteurs de la délégation, a affaibli la place de ce pays dans la sous-région alors même qu’il en était un élément important notamment sur le plan militaire.
L’implantation de la secte Boko Haram au nord du Nigéria, avec la prise de la localité de Damboa dans l’État de Borno et son influence grandissante sur ce territoire, est dès lors facilitée par l’affaiblissement de l’État et la déroute de l’armée nigériane. Considérées auparavant comme un problème circonscrit au nord-est du pays, les attaques de Boko Haram, qui ont fait plus d’une dizaine de milliers de morts et un million et demi de personnes déplacées depuis 2009, se sont propagées dans la région et ont révélé l’ampleur de la menace djihadiste. L’armée nigériane s’est depuis engagée dans des opérations militaires contre Boko Haram.
Le Niger entretient des liens historiques, linguistiques et culturels forts avec le Nigéria, ainsi que d’importants liens commerciaux. Après avoir déployé des unités mixtes de police, de gendarmerie et de la garde nationale dans la zone de Zinder, à Diffa, en raison de la proximité de bases de Boko Haram situées sur la frontière ces derniers mois, le Niger a proclamé, le 10 février 2015, l’état d’urgence dans cette région suite aux récentes attaques répétées du groupe.
La secte a en effet mené ses premières actions contre le Niger le 6 février. Le Parlement a d’ailleurs autorisé l’envoi de quelque 750 hommes au Nigeria pour le combattre. Ces militaires doivent rejoindre une force multilatérale mixte de 8 700 hommes venant des armées du Nigeria, du Tchad, du Cameroun et du Bénin. Ces pays veulent aussi déposer très rapidement un projet de résolution devant le Conseil de sécurité de l’ONU afin de rendre opérationnelle la force mixte. Les récents affrontements à Karamga, un village proche du lac Tchad, et l’assaut qui s’en est ensuivi ont malheureusement provoqué la mort de sept soldats nigériens.
Face à la dégradation de son environnement, le Niger a axé sa politique sur des priorités essentiellement sécuritaires et engagé des efforts financiers considérables dans le domaine de la sécurité. Des ressources importantes ont été réorientées vers le budget de la défense, qui a doublé depuis 2012 et représente aujourd’hui 240 millions d’euros, soit 25 % de celui de l’État, effectifs compris. Ces efforts semblent pris en compte et reconnus par l’Union européenne, et plus particulièrement par la France, qui en apprécie l’ampleur.
L’armée nigérienne comprend actuellement 12 à 13 000 hommes, dont 2 000 sont déployés dans le cadre de la « Minusma » et en Côte-d’Ivoire, et un peu moins de 2 000 sur les sites d’extraction de l’uranium et du pétrole. Il convient de noter que les effectifs des forces de sécurité augmentent de manière constante, avec le recrutement de plus de 1 000 policiers et 1 000 gardes nationaux chaque année depuis trois ans.
Par ailleurs, les autorités nigériennes sont extrêmement attentives à instruire tous les dossiers liés aux affaires de terrorisme et au trafic de drogues dans le respect des règles de procédure. Le Niger peut être considéré comme le pays le plus stable et le plus actif dans la lutte contre le terrorisme dans la zone sahélo-saharienne. Pour le Premier ministre du Niger le Président Issoufou a réussi à maintenir l’unité nationale, la présence de l’Etat dans le nord du pays et l’intégration de la communauté touareg dans les sphères politiques.
Credits Photo: nigeriadiaspora
WATHI propose une sélection de documents sur le contexte économique, social et sécuritaire du Niger et les enjeux les plus importants pour les cinq prochaines années. Chaque document est présenté sous forme d’extraits qui peuvent faire l’objet de légères modifications. Les notes de bas ou de fin de page ne sont pas reprises dans les versions de WATHI.