Réponse du candidat Alassane Ouattara
Le candidat n’a pas répondu directement aux 5 questions de WATHI. Mais son équipe de campagne nous a fait parvenir son projet de société sous la forme d’un « livret-programme ». Le texte ci-dessous est composé d’extraits de ce document qui apportent des éléments de réponse aux questions de WATHI.
(1) Qu’est-ce qui dans votre parcours personnel et professionnel vous a préparé à présider aux destinées de votre pays?
Les formations politiques membres de l’Alliance du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), ont décidé de renouveler la confiance qu’elles m’ont accordée il y a cinq ans, en soutenant ma candidature pour un deuxième mandat à la tête de la Nation ivoirienne.
Le bilan des actions menées au cours de mon premier mandat a montré que celles-ci ont globalement produit des résultats en phase avec mes promesses électorales et que les fondements de l’émergence ont bel et bien été posés.
Bien qu’ayant hérité d’une situation catastrophique, nous avons pu :
- Ramener la paix et restaurer la sécurité des Ivoiriens sur toute l’étendue du territoire national ;
- Renforcer le dialogue et la cohésion nationale ;
- Remettre à niveau nos infrastructures et recommencer à les développer ;
- Relancer l’économie, créer des emplois et améliorer les conditions de vie des Ivoiriens.
Dans la paix et en renouant avec ses valeurs, dont l’Union et le Travail, notre pays a su surmonter les nombreux défis issus des années de crise et de la crise post-électorale et a enregistré grâce à cela, l’une des plus fortes croissances économiques au monde au cours de ces 4 dernières années.
Forts de ces résultats, nous voulons aller plus loin et plus vite en accélérant notre développement afin de continuer à améliorer le quotidien des Ivoiriens. Nous le ferons en maintenant notre cap d’une croissance économique forte et en continuant à partager les fruits de cette croissance au profit de tous les Ivoiriens.
(2) Quels sont les changements immédiats que vous comptez apporter dans sa gouvernance et sur lesquels vous voudriez être jugé à la fin de la première année de votre mandat?
Le document de campagne du candidat présente son projet quinquennal de gouvernement en matière de gouvernance, dans ses différentes dimensions, mais sans indication sur le calendrier de mise en œuvre et leur ordre de priorité.
La bonne gouvernance est un enjeu important pour notre pays. Elle contribue à une meilleure gestion des ressources publiques et une meilleure redistribution des fruits de la croissance. Elle rassure également le secteur privé, les partenaires et les investisseurs internationaux désireux d’investir dans notre pays. Nous y portons un intérêt particulier.
C’est pourquoi nous avons mis en place la Haute Autorité pour la bonne gouvernance au cours de mon premier mandat. Nous allons au cours des cinq années à venir, continuer à renforcer les champs de compétences, les attributions et les moyens de cette institution afin qu’elle puisse jouer pleinement son rôle.
Nous allons également continuer à réduire le train de vie de l’État, afin d’allouer plus de ressources aux investissements structurants de notre économie. Nous allons enfin terminer notre réforme sur l’attribution de titres fonciers dans les zones urbaines et rurales.
Mesures clés :
- Renforcement des capacités de la Haute Autorité pour la bonne gouvernance en vue de lutter avec plus d’efficacité contre la corruption ;
- Renforcement du rôle et des moyens de l’Inspection générale d’État et amélioration du suivi de ses recommandations ;
- Mise en place effective de la Cour des comptes ;
- Simplification des procédures administratives afin de réduire les risques de mauvaise gouvernance et de corruption et d’accélérer la délivrance des documents administratifs ;
- Mise en place du Fichier unique de la population ;
- Accélération des réformes engagées pour l’amélioration du climat des affaires en collaboration avec nos partenaires au développement (Doing Business, Millenium Challenge Corporation, Open Gouvernement Partnership) ;
- Accélération de la réforme des codes fonciers urbain et rural ;
- Modernisation en profondeur du cadastre afin d’en améliorer la transparence et la gouvernance ;
- Création des bureaux de crédit et de la centrale des risques afin d’améliorer la qualité du crédit bancaire ;
- Actions de moralisation du système judiciaire, de lutte contre le racket et de contrôle interne de la gestion des affaires de l’État ;
- Amélioration des infrastructures des tribunaux civils et de commerce ;
- Mise en place d’une cour d’appel du tribunal du commerce ;
- Amélioration de la gouvernance des Établissements publics nationaux (EPN), des sociétés d’État et des sociétés à participation financière de l’État par une meilleure sélection des dirigeants, un accroissement du contrôle de leur gestion et des sanctions des gestionnaires ayant failli à leurs obligations.
(3) Quelles sont les sources de financement de votre campagne électorale ?
Le document reçu de l’équipe de campagne du candidat n’aborde pas cette question.
(4) Quelles sont les politiques que vous comptez mettre en place pour renforcer la cohésion nationale et sur lesquelles vous souhaitez être jugé au terme de votre mandat ?
Le document de campagne du candidat n’aborde pas explicitement cette question, mais les extraits suivants donnent des indications sur la manière dont le candidat aborde cette question, en lien avec les priorités affichées pour le quinquennat.
Je suis également candidat pour aborder avec vous quatre nouvelles priorités :
- Le renforcement des institutions pour la paix, la cohésion sociale et la bonne gouvernance ;
- La transformation de notre économie ;
- L’amélioration des conditions de vie ;
- La promotion de la jeunesse et de la femme.
Ces quatre priorités vont nous permettre de bâtir dans la paix un pays dont nous serons tous fiers ; une Côte d’Ivoire moderne, disciplinée et au travail, dans l’union de ses filles et de ses fils.
De cette Nation, doit émerger un Ivoirien nouveau. Un Ivoirien nouveau qui contribuera au développement de la Côte d’Ivoire ; une Côte d’Ivoire qui offre à chacune de ses filles et à chacun de ses fils un avenir rayonnant…
Au RHDP, nous avons la conviction que c’est ensemble que nous construirons une Côte d’Ivoire en paix, réconciliée et unie. Nous croyons que nous pouvons réussir ensemble l’ambition de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020.
L’enjeu pour le prochain quinquennat sera de consolider les nombreux acquis, d’accélérer les réformes et de faire face sans complaisance, aux défis majeurs qui persistent.
La crise post-électorale a entrainé une dégradation de notre sécurité intérieure et a divisé notre Armée. Au cours de ces quatre dernières années, nous avons donc travaillé à restaurer la sécurité sur toute l’étendue du territoire et avons commencé à restructurer notre Police et notre Armée. Nous avons constaté également l’augmentation de nouvelles formes de criminalité que nous nous sommes attelés à combattre.
Nous allons finir de bâtir une armée républicaine au service de la cohésion nationale, capable de défendre efficacement l’intégrité du territoire national et de participer à des forces de paix internationales et une police qui protégera les personnes, les biens et les activités économiques de notre pays. Il ne saurait y avoir de croissance sans la paix et la sécurité.
(5) Quelles sont vos propositions précises de réformes dans l’un des quatre domaines suivants :
a) l’enseignement supérieur
b) la santé publique
c) l’accès à l’électricité
d) la réduction de la corruption
a) de l’enseignement supérieur
L’ambition est de fournir à toute notre jeunesse une éducation de qualité qui lui permette de contribuer au développement de notre pays, en la préparant au marché de plus en plus compétitif du travail et en lui permettant de rivaliser sans complexe avec des compétences venues d’ailleurs.
Au niveau des réformes :
- Intégrer plus fortement le secteur privé dans l’élaboration des programmes de l’enseignement technique, de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle ;
- Accélérer le développement de l’enseignement technique et professionnel ;
- Améliorer l’employabilité des diplômés de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle, à travers la révision du BTS (Brevet de technicien supérieur) et l’accélération de la réforme LMD (Licence, Master, Doctorat).
Au niveau des infrastructures :
- Extension des universités (Nangui Abrogoua, Alassane Ouattara, Péléforo Gon Coulibaly, Lorougnon Guédé, Université de Grand-Bassam) ;
- Construction et équipement de nouvelles universités (Man, Bondoukou, San- Pedro, Adjaké, Bouaké, Abengourou, Odienné, Daoukro) ;
- Construction, réhabilitation et équipement des infrastructures et résidences universitaires.
b) de la santé publique
Au niveau de la santé, nous voulons que chaque Ivoirien puisse avoir accès à des soins de qualité dans un centre de santé quel que soit le quartier, le village, la ville ou le campement qu’il habite, quel que soit son niveau de vie.
Mesures clés au niveau de la santé :
1/ Continuer à améliorer l’offre et la qualité des services de santé en construisant, réhabilitant et équipant :
- 450 Établissements sanitaires de premiers contacts (ESPC) ;
- 5 nouveaux hôpitaux généraux ;
- un centre de médecine nucléaire ;
- les CHU (centres hospitaliers universitaires), CHR (centres hospitaliers régionaux)
2/ Renforcer la gouvernance du secteur de la santé ;
3/ Favoriser l’utilisation des services de santé par les populations grâce à la mise en place de la Couverture maladie universelle (CMU) et la poursuite de la gratuité des soins pour la mère et l’enfant ;
4/ Finaliser la construction et l’équipement du centre national de la radiothérapie et d’oncologie médicale.
c) de l’accès à l’électricité
Au niveau de l’électricité, notre ambition est de réaliser d’ici 2020, l’électrification de toutes les localités de plus de 500 habitants :
- Renforcement de la gouvernance du secteur pour en assurer sa santé financière à long terme
- Construction de 7 centrales hydroélectriques au cours des 5 prochaines années, dont celles de Soubré, de Grigbo-Popoli, de Lougah
- Construction de deux centrales à charbon de 2 x 350 MW chacune à l’Ouest de notre pays
- Connexion de 200 000 ménages par an au réseau électrique jusqu’en 2020, notamment les plus démunis (en milieu rural, périurbain et urbain) ;
- Électrification des localités rurales isolées par systèmes d’énergie renouvelable;
- Accroissement des infrastructures de production et de distribution d’énergie électrique.
d) de la réduction de la corruption
Le projet de société reçu du candidat n’aborde pas explicitement cette question. Dans la section du document sur la modernisation de l’administration publique, les extraits suivants donnent quelques indications sur le programme du candidat en matière d’amélioration de la transparence dans le secteur public :
L’administration est par essence au service des citoyens et des opérateurs économiques. Elle assure la réalisation du service public. C’est pourquoi, nous faisons de la qualité de notre administration publique, un pilier important de notre ambition de faire de la Côte d’Ivoire, un pays émergent à l’horizon 2020. L’efficacité, la rigueur morale et technique, la rapidité de l’intervention de l’administration seront nos priorités permanentes. Pour ce faire, nous utiliserons notamment les technologies de l’information afin d’accélérer l’efficacité, la transparence, la gouvernance et la décentralisation de notre service public.
Mesures clés :
- Mise en place du Système de gestion des projets, des statistiques et de la programmation des effectifs de la Fonction publique ;
- Déploiement du Système intégré de gestion des fonctionnaires et agents de l’État (SIGFAE) et de Gestion électronique des archives et des documents (GEAD) ;
- Promotion de l’E-gouvernance dans l’organisation de l’administration publique ; des services aux citoyens et dans les rapports avec le secteur privé et les usagers ;
- Restructuration de l’École nationale d’administration (ENA) pour tenir compte des nouveaux besoins de l’administration publique et des collectivités territoriales ;
- Amélioration de la sélection aux concours d’entrée dans l’administration publique ;
- Mise en place d’un cadre de formation continue pour l’accès à certaines fonctions suite à des concours internes ;
- Simplification des procédures administratives en utilisant les technologies de l’information ;
- Création de l’Institut national de renforcement des capacités des collectivités territoriales (INRCCT), du Comité national des finances locales (CNFL) et la réforme de la Fonction publique territoriale (FPT).