Croissance, emploi et politiques pour l’emploi au Mali
Yves Bourdet, Kassim Dabitao et Aoua Saran Dembélé
Yves Bourdet, Kassim Dabitao et Aoua Saran Dembélé
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Derrière les données sur l’évolution de la population active, on trouve les décisions des hommes et des femmes qui répartissent différemment leur temps de travail entre activités économiques, marchandes ou hors marché, et activités domestiques. Les données de l’Enquête Malienne sur l’Utilisation du Temps pour l’année 2008 illustrent bien la répartition entre les différentes sortes d’activités selon le genre et le lieu de résidence. Un résultat important pour ce qui nous concerne est que les hommes consacrent une plus grande part de leur journée aux activités économiques comptabilisées dans les comptes nationaux (et parmi elles aux activités marchandes) et que les femmes consacrent beaucoup plus de temps aux activités domestiques, avec comme conséquences des taux d’activité et d’emploi plus faibles et une plus grande dépendance vis-à-vis des revenus des hommes.
Ces arbitrages des hommes et des femmes entre les différentes sortes d’activités ne sont pas immuables et varient au cours du temps, en fonction de facteurs tels que le niveau d’éducation des femmes, la multiplication des emplois, le progrès technique ou le développement des infrastructures. Il varie aussi dans l’espace à l’intérieur même des pays. Le développement économique influe plus fortement sur le taux d’emploi des femmes (la proportion des femmes qui travaillent à l’extérieur du ménage) que sur celui des hommes. Il est courant de parler d’une relation en forme de U entre développement économique et taux d’emploi des femmes, les femmes arbitrant en faveur des activités domestiques dans un premier temps avant, dans un second temps, d’augmenter leur participation aux activités économiques suite à l’élévation du niveau d’éducation et de la multiplication d’offres d’emplois10. Les facteurs mis en avant pour expliquer le profil en U de la relation entre développement économique et taux d’emploi des femmes au cours du temps expliquent aussi les différences entre les taux d’emploi rural et urbain à l’intérieur d’un pays.
Les données de l’EPAM 2010 confirment cet impact différencié du développement économique sur l’accès à l’emploi des femmes selon le lieu de résidence. Le revenu par habitant comme le niveau d’éducation sont nettement plus élevés à Bamako qu’en milieu rural, avec comme conséquence des taux d’emploi moins élevés pour les femmes de Bamako. Le graphique 6 indique également que le taux d’emploi des hommes est nettement supérieur à celui des femmes, indépendamment du milieu de résidence. Une exception toutefois concerne la tranche d’âge 15-19 ans en milieu urbain, en raison probablement de l’allongement de la scolarité et d’une plus grande égalité d’accès à l’éducation des jeunes filles et des jeunes garçons. Un dernier aspect marquant du graphique 6 concerne la forte différence entre les taux d’emploi des hommes de 15 à 29 ans en milieu rural et à Bamako, en raison du travail agricole en milieu rural mais aussi de l’allongement de la scolarité et des grandes difficultés d’insertion professionnelle des jeunes à Bamako.
Les femmes sont surreprésentées dans le secteur tertiaire, en particulier dans les activités de commerce, de restauration et des services aux personnes privées (ménage). Elles sont par contre fortement sous-représentées dans les activités de pêche, d’extraction, de transport ainsi que dans l’immobilier et l’administration publique.