La situation sociale
WATHI propose une sélection de documents sur le contexte économique, social et politique du Bénin. Chaque document est présenté sous forme d’extraits qui peuvent faire l’objet de légères modifications. Les notes de bas ou de fin de page ne sont pas reprises dans les versions de WATHI. Nous vous invitons à consulter les documents originaux pour toute citation et tout travail de recherche.
Bénin 2015
Daniel Ndoye, Économiste pays, Département régional Afrique de l’Ouest, Banque africaine de développement et El Hadji Mamadou Fall, Conseiller économique, Progamme des Nations unies pour le développement, African Economic Outlook
http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/aeo/2015/CN_data/Cn_Long_FR/Benin_2015.pdf
Extraits
Développement des ressources humaines
Au cours des dernières années, le Bénin a fait des progrès en matière de développement humain, grâce à la hausse des ressources allouées à l’éducation et à la santé. Selon l’édition 2014 du Rapport sur le développement humain du PNUD, l’IDH au Bénin est ressorti à 0,476, contre 0,436 en 2013. Ce niveau reste inférieur à la moyenne de 0.502 observée en Afrique subsaharienne.
Dans le secteur de l’éducation, le gouvernement a démarré la troisième phase du Plan décennal de développement du secteur de l’éducation (PDDSE) pour la période 2013-15. Le PDDSE a appuyé 31 communes ciblées à faible taux de scolarisation et d’achèvement du primaire et du premier cycle du secondaire. Le taux brut de scolarisation s’est inscrit dans une tendance haussière, passant de 119,72 % en 2012 à 121.13 % en 2013 sur le plan national – dépassant ainsi l’objectif fixé pour l’année 2013.
Au niveau de l’efficacité interne, la tendance haussière observée depuis 2012 s’est poursuivie en 2013. Le taux d’achèvement du primaire (OMD 2) s’élève à 76,8 % en 2013 contre 71,44 % en 2012 et 65 % en 2011. Une progression du taux d’accès est aussi notée dans le secondaire. Cependant dans l’enseignement supérieur, la pression des effectifs d’étudiants pose le problème de la rationalisation des flux au niveau du secondaire, d’autant plus que les informations disponibles sur l’emploi illustrent des difficultés d’insertion croissantes pour les jeunes les plus instruits. Ce qui implique un réexamen de la répartition des effectifs entre la formation professionnelle et l’enseignement général.
La situation sanitaire du pays se caractérise par quelques faiblesses dues à une offre inadéquate de services sanitaires, des capacités humaines limitées, une faible utilisation des services sanitaires qui sont offerts et la récurrence des mouvements de grève. Le gouvernement a adopté, en septembre 2009, un Plan national de développement sanitaire pour la période 2009-18 décliné en plans triennaux. Le taux de fréquentation des services de santé par la population s’est établi en 2013 à 52,7 % contre 51,4 % en 2012.
Les efforts se sont poursuivis pour la réalisation de l’OMD 4 (réduction de la mortalité des enfants de moins de cinq ans, avec un taux de fréquentation des services de santé par ces enfants passé de 90,6 % en 2012 à 94,3 % en 2013) et de l’OMD 5 (amélioration de la santé maternelle avec une hausse du taux de consultation prénatale). Cependant, les progrès ne sont pas encore suffisants pour l’atteinte des cibles à l’horizon 2015. La lutte contre les maladies prioritaires que sont le paludisme, le VIH/Sida et la tuberculose constituent aussi un axe important de la politique sanitaire au Bénin. En particulier, la prévalence du VIH/Sida chez les femmes enceintes est stabilisée en dessous de 2 %, et l’OMD 6 pourra vraisemblablement être atteint.
Réduction de la pauvreté, protection sociale et travail
La croissance économique des trois dernières années, en hausse, reste insuffisante pour réduire la pauvreté et promouvoir l’inclusion économique et sociale. La population vivant sous le seuil de pauvreté est estimée à 36.2 % en 2011. Le taux de croissance démographique s’est accéléré, passant d’une moyenne de 3,25 % sur la décennie 1992-2002 à 3,5 % entre 2002 et 2013. Du coup, le rythme de la croissance n’est pas suffisant pour réduire significativement la pauvreté, qui touche près de 60 % des ménages de grande taille (huit personnes et plus). Des disparités importantes en termes de niveau de pauvreté sont en outre relevées selon les zones géographiques, l’âge et le sexe.
La pauvreté touche plus les populations des zones rurales (39,7 %) que des zones urbaines (31,4 %). L’agriculture, qui occupe environ 50 % de la population active, affiche une faible productivité. L’évolution de sa production dépend des superficies emblavées. Des taux élevés et soutenus de croissance agricole, tirés par une forte productivité, s’avèrent nécessaires pour augmenter les revenus et réduire la pauvreté. Les disparités régionales sont également manifestes : les départements du nord et du sud-ouest du pays sont plus touchés par la pauvreté (Atacora, Donga, Couffo et Mono).
Le niveau de chômage et de sous-emploi des jeunes est élevé, estimé à plus de 60 % chez les 25-34 ans. Les jeunes n’occupent souvent que des emplois précaires ou vulnérables, n’en tirant que de faibles revenus et peu de sécurité. Le gouvernement cherche à promouvoir l’emploi décent des jeunes à travers un meilleur ciblage et une meilleure orientation des ressources vers des secteurs à forts potentiels d’emploi, notamment le pôle agroalimentaire.
En matière de protection sociale, une bonne partie de la population reste privée de l’accès aux services sociaux de base. Environ 10 % de la population est couverte par les systèmes formels de sécurité sociale. La sécurité sociale reste à étendre aux personnes qui n’en bénéficient pas, et le gouvernement travaille à la mise en œuvre effective du Régime d’assurance maladie universelle (Ramu). Ce dernier a été lancé en 2011 mais n’est pas encore opérationnel.
Les efforts déployés dans le cadre de la mise en œuvre de la SCRP 2011-15 devront être consolidés pour réduire la pauvreté et les inégalités. Un défi important pour les autorités reste la maîtrise de la croissance démographique. Cette croissance, parmi les plus rapides du continent, implique une accélération de la demande sociale aussi bien sur les secteurs de l’éducation, de la santé que sur la sécurité alimentaire.
Égalité hommes-femmes
Les inégalités de genre persistent, même si l’égalité des sexes figure depuis 1990 dans la Constitution. Des progrès ont été constatés. Le taux brut de scolarisation des filles au primaire est passé de 107,8 % en 2011 à 118,7 % en 2013, en progression plus forte que le taux global de scolarisation, passé de 112,6 % à 121,1 % sur la même période. Cette hausse résulte de la politique de gratuité de l’enseignement primaire pour les filles. L’autonomisation de la femme, la réduction de la pauvreté et la prise en compte du genre dans les plans de développement communaux constituent un des axes prioritaires du plan d’actions 2010-15 de la promotion du genre.
La faible présence des femmes dans les instances de prise de décision au Bénin est toujours à déplorer, avec 22,22 % de femmes occupant des postes de ministre dans le gouvernement en 2013, 25 % des effectifs de la fonction publique et 18.5 % des postes de responsabilité dans l’administration. L’activité des femmes est confinée au commerce et à l’agriculture. Pour appuyer l’entreprenariat féminin, le gouvernement a mis en place, avec l’appui du PNUD, des Women Business Promotion Center (WBPC) qui ont permis de renforcer les capacités de près d’un millier de femmes d’affaires et femmes chefs d’entreprises en management et gestion d’entreprises.
Le Bénin a ratifié de nombreux instruments internationaux et régionaux dont la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (Cedef). Des points focaux chargés des questions du genre ont été nommés dans tous les ministères.
Présentation du Bénin
Banque mondiale, 2015
http://www.banquemondiale.org/fr/country/benin/overview
Extraits
Situation sociale
Avec un taux de pauvreté national de l’ordre de 37,5 % en 2006, 35,2 % en 2009 et 36,2 % en 2011, le Bénin reste un pays profondément pauvre. Les ménages dont la personne de référence est une femme s’en sortent comparativement mieux (28 % sont pauvres, contre 38 % lorsque c’est un homme qui est chef de famille), même si les femmes sont plus vulnérables et continuent d’être pénalisées par un manque d’opportunités économiques.
Elles sont aussi sous-représentées dans les postes de direction à hautes responsabilités. Les secteurs de l’éducation et de la santé représentent encore une part importante des dépenses publiques (en moyenne, 23 et 7 % respectivement alloués chaque année à ces secteurs). Le gouvernement doit s’efforcer de répartir plus équitablement les ressources à travers le pays et mieux gérer les dépenses de santé et d’éducation pour rendre ces secteurs plus performants.
Enjeux de développement
Les répercussions de la chute des cours internationaux du pétrole sur l’économie du Nigéria risquent de ternir les perspectives économiques du Bénin pour 2015. Le pays est en effet extrêmement sensible aux choix de politique commerciale de son voisin nigérian, puisqu’environ 80 % de ses importations lui sont destinées dans le cadre d’un commerce transfrontalier informel. De sorte que le moindre changement de politique au Nigéria peut avoir un impact considérable au Bénin.
Le repli des cours internationaux du coton est aussi susceptible d’affecter la croissance, d’autant que les opérations menées actuellement par le gouvernement dans cette filière pourraient avoir des conséquences budgétaires significatives. Et, en dépit des progrès soulignés dans l’édition 2015 du rapport Doing Business de la Banque mondiale, l’environnement des affaires reste particulièrement difficile au Bénin.
Les autorités vont devoir accélérer les réformes si elles veulent bénéficier de l’enveloppe de 12 milliards de dollars d’engagements promise en juin 2014 par le Groupe consultatif réuni à Paris. Mais pour éviter le risque de surendettement, les plans de financement visant à renforcer les investissements devront être très concessionnels. Le Bénin doit également se doter d’un cadre réglementaire pour susciter des partenariats public-privé.
L’optimisation du recouvrement des recettes intérieures, la restructuration du système de contrôle financier, l’amélioration de la gouvernance des institutions publiques autonomes et le renforcement des systèmes d’information comptable et budgétaire font partie des axes prioritaires de réforme identifiés par le rapport d’évaluation financière et de gestion des finances publiques de 2015.
Credits Photo: Ulule