Tamaro Touré, première femme inspecteur du travail et fondatrice de l’association des Villages d’Enfants SOS au Sénégal.
Partie I : Être une jeune fille dans la période coloniale.
Madame Tamaro Touré nous a reçus dans les locaux de son association, les Villages d’Enfants SOS, à Dakar le 13 octobre 2016. Cette rencontre a permis d’aborder de nombreux sujets tels que le fonctionnement et l’évolution de l’administration sénégalaise depuis l’indépendance, le rôle et les changements dans le statut et les droits de la femme dans la société sénégalaise au cours des cinq dernières décennies, la question de l’éducation des enfants qui, selon elle, doit être au cœur de tout projet de développement pour un Etat, et celle, intimement liée de la culture et de sa transmission aux nouvelles générations.
Tamaro Touré est née au Soudan français (l’actuel Mali) et y a passé son enfance avant d’intégrer au Sénégal l’Ecole normale des jeunes filles de Rufisque et l’université de Dakar devenue en 1987 l’université Cheikh Anta Diop. Elle fut la première femme inspecteur du travail du Sénégal en 1967. Elle fut nommée conseiller technique sur les questions sociales du Premier ministre Abdou Diouf en 1972 puis elle le suivit à ce poste à la présidence de la République en 1981. En 1991, elle est nommée directrice du travail cumulativement avec son poste de conseiller technique à la présidence.
En 1976, elle fonde l’association des Villages d’Enfants SOS au Sénégal qui s’est occupée jusqu’en 2016 de plus de 50 000 enfants avec la création de centres dans les régions les plus peuplées du pays (Dakar, Kaolack, Louga, Tambacounda).
Présidente de cette institution qui fait partie du réseau mondial des Villages d’Enfants SOS (http://bit.ly/2dOhmiY), elle témoigne d’une passion pour tous les combats qui font évoluer les sociétés sur la durée. Elle est membre fondatrice de l’Association des juristes sénégalaises (AJS, http://bit.ly/2feq2Aj) et de l’Association sénégalaise pour le bien-être familial (ASBEF, http://www.asbef.sn/ ).
Retraitée mais toujours active et engagée pour la cause des enfants, Madame Touré travaille à la mise en place d’une université dédiée aux sciences et filières techniques. Elle est convaincue que l’éducation et la valorisation de la culture sénégalaise et des cultures africaines peuvent être des outils de transformation positive des pays de la région et du continent. Entretien Passerelle en quatre parties essentiellement en format vidéo.
Entretien réalisé par Babacar Ndiaye et Brice Koué, WATHI
De Bamako, je suis arrivée à Rufisque à l’Ecole normale ou nous étions toute de l’AOF comme l’on disait à l’époque l’Afrique occidentale française. Les filles venaient de la Guinée, du Dahomey, de la Côte d’Ivoire, du Niger etc. Et là aussi, c’était vraiment un creuset de concertation et d’échange d’idées qui ont abouti d’ailleurs à des activités disons revendicatives. Attention la colonisation, il y avait derrière une vigilance assez conséquente et qui faisait qu’on ne tolérait pas certains langages. On ne tolérait pas certaines attitudes. On ne tolérait pas certains comportements.
Photo : ©WATHI