Auteur: Viviane Forson
Organisation Affiliée: Le Point
Type de Publication: Article
Date de Publication: 3 juillet 2018
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Ce n’est que lorsque l’épaisse couche d’humidité et de pollution se dissipe enfin que Lagos affiche son immensité : depuis les airs, la mégalopole de quelque 22 millions d’habitants s’étale à l’infini. Rien, pas même l’océan Atlantique, ne semble pouvoir arrêter sa croissance exponentielle. Voilà pourquoi les Lagosiens aiment tant comparer leur ville à New York.
Lagos veut devenir le « Manhattan d’Afrique »
Tout comme « La grosse pomme », Lagos possède un accès direct vers le grand large. Son port Apada est l’un des plus importants d’Afrique de l’Ouest, ses gratte-ciel reflètent le pouvoir que procure l’argent, le Third Mainland Bridge est le plus long pont d’Afrique (13 km) : il relie le continent aux îles. Et voilà que Lagos affiche avec fierté ses quartiers phares Ikoyi, Victoria Island, Lekki, Banana island, CMS Lagos, Badagry Beach, etc. Ils abritent toujours plus de millionnaires.
Mais surtout Lagos est considérée, au Nigeria, comme la terre de toutes les opportunités : chaque jour, des milliers d’habitants des autres régions viennent s’y installer en quête d’un avenir meilleur (chaque année, la population croît de près de 400 000 personnes). Là s’arrête toute comparaison, car Lagos, créée il y a tout juste 50 ans, est géographiquement le plus petit État du pays.
Une ville à l’histoire récente
Le 27 mai 1967, cette ancienne colonie britannique devient un État fédéral. Lagos, qui vient du portugais et signifie lacs, constituée d’un ensemble d’îles dans la lagune du golfe du Bénin découverte par les Portugais au XVe siècle, en est la capitale. Imprégnée d’histoire, la ville a maintenu son statut de centre de civilisation au Nigeria, peuplée qu’elle est par les Yorubas, même après qu’Abuja eut été transformée en capitale fédérale.
Tout comme « La grosse pomme », Lagos possède un accès direct vers le grand large. Son port Apada est l’un des plus importants d’Afrique de l’Ouest, ses gratte-ciel reflètent le pouvoir que procure l’argent, le Third Mainland Bridge est le plus long pont d’Afrique
À cette époque, la « ville des lacs » ou Eko, comme la nomment les Yorubas, est une capitale tranquille, au bord d’une grande lagune verdoyante, où vivent un petit million d’habitants. De cette époque coloniale reste néanmoins une division très nette entre le « Lagos des pauvres » et le « Lagos des riches », matérialisé par le Mainland et les îles. Elles sont situées le long de la côte du golfe de Guinée, c’est l’endroit où vous trouverez des milliardaires classés par Forbes, les grandes sociétés, des magasins hors de prix, et le noyau historique. La partie continentale enclavée est moins riche et plus densément peuplée, avec des bâtiments à peine achevés avec toitures en tôle et habitations sur pilotis.
Mais surtout Lagos est considérée, au Nigeria, comme la terre de toutes les opportunités : chaque jour, des milliers d’habitants des autres régions viennent s’y installer en quête d’un avenir meilleur
Mais les Lagosiens font preuve d’une ingéniosité à toute épreuve pour pallier les défaillances d’un État souvent absent, notamment pendant les deux décennies de dictature militaire (1975-1999). Plus de terrains constructibles ? Les plus riches construisent des digues, assèchent les marécages ou ensablent l’océan pour construire le « Dubaï de l’Afrique ». Les plus pauvres se construisent des parcelles de terre sur la lagune avec des tonnes de déchets mélangés à du sable.
Une ville entre traditions et modernité
Il est préférable de ne pas faire de plans concrets avec les Lagosiens un samedi. Si le dimanche à Bamako est jour de mariage, à Lagos, c’est le samedi. Mariage, concert, anniversaire, on appelle cela owambe, c’est-à-dire « c’est ici que se déroule la fête », car, techniquement, c’est une grande fête tenue dans un lieu public où se retrouvent familles et amis de différentes parties du pays et d’ailleurs pour célébrer des événements spéciaux tels que le mariage. Vous saurez facilement en repérer, car tous les invités s’habillent en uniforme (aso ebi traditionnel). À l’origine, c’était une tradition yoruba, mais les autres communautés du Nigeria ont également adopté l’esprit de ces fêtes géantes.
L’industrie cinématographique nigériane rayonne à travers l’Afrique entière et son industrie musicale s’exporte mondialement et relaie ce goût pour le luxe. Lagos est une ville résolument festive et son monde de la nuit est très développé.
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