Auteur : Myriam Donsimoni
Revue : Communication, technologies et développement
Site de publication : journals.openedition.org
Type de publication : Article de revue
Date de publication : 2 janvier 2018
Internet et son rôle dans le développement économique
Le déploiement du réseau internet en Afrique est en progression notable, mais le continent accuse toujours un important retard par rapport aux autres pays de la planète et une certaine lenteur d’accès au réseau. L’une des explications à ce retard est sûrement liée à l’absence de langues africaines sur Internet. La domination des langues européennes a limité la diffusion d’Internet en excluant ceux qui ne maîtrisaient pas complètement ces langues.
Sur le total des pays d’Afrique qui ressortent du rapport, 137 470 058 personnes utilisent Internet. Le Nigeria arrive en tête du nombre d’internautes en Afrique (suivi de l’Égypte) et au 7e rang pour la part des internautes dans la population (4e rang pour l’Égypte). Son taux de croissance entre 2011 et 2012 est relativement élevé, car il atteint 6,9 %, mais n’a pas fait reculer la pauvreté dans le pays ni réduit le taux de chômage, qui est de presque 24 %.
Le Ghana, le Mozambique, le Nigeria et la Tanzanie (à l’instar d’autres pays africains, et notamment d’Afrique de l’Ouest) ont également développé des services d’enseignement à distance et peuvent ainsi bénéficier des enseignements d’universités occidentales.
On voit ici que l’impulsion vient des pouvoirs publics et que, si la mise en réseau accompagne le processus de croissance économique, elle n’en est pas à l’origine.
Dans la plupart des pays, l’enseignement semble être le lieu de prédilection des implantations numériques et, en ce sens, Internet peut être perçu comme une impulsion à une dynamique d’ouverture et d’échanges d’étudiants, d’enseignants, d’idées et de thèmes de recherche, ce qui, à terme, structure les fondements d’une croissance endogène.
Même dans le domaine de l’agriculture, l’accès à des informations en ligne sur les prix et la météo a permis d’améliorer la gestion de la chaîne d’approvisionnement, de réduire les coûts et d’améliorer le revenu des agriculteurs.
Mais l’optimisation des répercussions d’Internet dépend de l’environnement réglementaire et des infrastructures haut débit dont peuvent disposer les pays : réglementations et infrastructures, deux conditions de réussite de l’outil internet.
Esprit communautaire et culture numérique
Les sociétés africaines sont des sociétés de communautés, et non d’individus ; elles sont maillées d’innombrables solidarités qui, comme une toile d’araignée, leur donnent une très grande résilience. Elles contribuent à relier les morceaux d’une société déstructurée par la colonisation, par les exigences d’un capitalisme qui veut imposer des préconisations occidentales inadaptées, par des dirigeants le plus souvent incompétents et corrompus.
Dans la plupart des pays, l’enseignement semble être le lieu de prédilection des implantations numériques et, en ce sens, Internet peut être perçu comme une impulsion à une dynamique d’ouverture et d’échanges d’étudiants, d’enseignants, d’idées et de thèmes de recherche, ce qui, à terme, structure les fondements d’une croissance endogène
La communauté peut servir le développement en facilitant la participation et la mobilisation des populations au service des objectifs de ce dernier. En s’exprimant par des actions de proximité, elle prévient et résout des problèmes, favorise les partenariats et les coopérations, et permet de gérer la complexité parce qu’elle en connaît les ressorts.
L’intrusion d’Internet dans ce contexte est globalement bien perçue, car l’Afrique est caractérisée par une population très jeune, attirée par cet outil ludique et facile d’utilisation qui les ouvre sur le monde. On assiste aujourd’hui à une mutation sociale et culturelle qui se traduit par une profonde restructuration des modes de vie et des valeurs à la base du quotidien.
Internet leur offre pour cela un outil formidable : il permet de diffuser une culture hédoniste à la place du puritanisme des pays du Nord et des traditionalismes et communautarismes du Sud. De nouveaux modèles de cohabitation voient le jour, remplaçant les modèles dépassés ; la culture monolithique (par groupe ethnique ou classe sociale) est remplacée par une culture pluraliste et segmentée.
Mais la jeunesse africaine est à la charnière entre communautés traditionnelles et communautés virtuelles, contraintes et libertés, connaissance et inconnu, confiance et risque.
Communautés traditionnelles vs communautés virtuelles
Le propre d’une communauté est de définir un espace socio-économique décrivant un intérieur et un extérieur ; en ce sens, elle est un ensemble d’individus, avec des frontières formalisées et visibles. Un réseau est plutôt un ensemble d’interactions n’ayant pas de frontière bien définie.
Le réseau est plutôt un processus émergent et dynamique, sa faible visibilité empêche la constitution d’appartenances fortes.
D’une certaine manière, les deux structures sont conçues pour résister à l’environnement, mais la communauté protège d’abord son mode d’organisation, son fonctionnement, son mode de vie et l’esprit qui l’anime, alors que le réseau privilégie ses membres, quitte à modifier son organisation. De ce point de vue, la communauté est d’abord une structure sociale considérée comme un tout : elle représente en quelque sorte un bien commun pour chacun de ses membres. Le réseau reste une somme d’individus.
L’intrusion d’Internet dans ce contexte est globalement bien perçue, car l’Afrique est caractérisée par une population très jeune, attirée par cet outil ludique et facile d’utilisation qui les ouvre sur le monde. On assiste aujourd’hui à une mutation sociale et culturelle qui se traduit par une profonde restructuration des modes de vie et des valeurs à la base du quotidien
Deux risques principaux peuvent menacer les communautés. Le premier est celui d’une déviation holiste, qui se manifeste par des situations où des initiatives individuelles et innovantes, entrepreneuriales ou institutionnelles, peuvent entrer en conflit avec la fonction de protection de la communauté ou avec sa fonction d’inclusion sociale. Le second risque est celui d’une déviation narcissique, où la communauté échange moins et entretient moins de relations avec l’extérieur, affichant une tendance au repli sur elle-même (communautarisme).
Les réseaux ont également leurs faiblesses. Ils ont une forte connectivité et un pouvoir important de croissance et d’infiltration de nouveaux milieux, mais ils sont au contraire assez peu résilients et, en fait, très vulnérables. Le réseau est très dépendant de chacun de ses membres, et la défection de quelques individus peut le mettre entièrement à bas.
Entre les mains d’une jeunesse africaine de mieux en mieux éduquée, dans le cadre rassurant et stabilisant des communautés héritées, l’outil Internet bien utilisé peut servir les priorités d’un processus de développement décidé par les Africains eux-mêmes.
Les Wathinotes sont soit des résumés de publications sélectionnées par WATHI, conformes aux résumés originaux, soit des versions modifiées des résumés originaux, soit des extraits choisis par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au thème du Débat. Lorsque les publications et leurs résumés ne sont disponibles qu’en français ou en anglais, WATHI se charge de la traduction des extraits choisis dans l’autre langue. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
The Wathinotes are either original abstracts of publications selected by WATHI, modified original summaries or publication quotes selected for their relevance for the theme of the Debate. When publications and abstracts are only available either in French or in English, the translation is done by WATHI. All the Wathinotes link to the original and integral publications that are not hosted on the WATHI website. WATHI participates to the promotion of these documents that have been written by university professors and experts.