Mission et principes directeurs La mission de l’Unité de recherches cliniques de Nanoro (URCN), basée à Nanoro une localité à 80 kilomètres de Ouagadougou, est de renforcer la base rationnelle des soins de santé pour les populations vivant dans les pays tropicaux ; cet objectif sera atteint en fournissant une excellente plate-forme de formation et de recherche sur les maladies tropicales, entièrement conforme aux normes internationales. Les principes directeurs régissant le développement de l’URCN sont les suivants: Vision Au cours des dix prochaines années, l’URCN deviendra l’un des principaux centres de recherche et de formation en Afrique subsaharienne. Elle participera aux travaux fondamentaux pour la formulation et l’orientation des stratégies et programmes de santé publique en Afrique, et fournira des ressources humaines compétentes dans le domaine de la santé. Recherche Outre le paludisme, principal sujet de recherche, l’activité de l’URCN s’étendra progressivement à d’autres maladies, notamment les infections bactériennes, la tuberculose, le VIH, la schistomiase et d’autres maladies négligées. Ce projet sera réalisé en développant un cadre rigoureux avec de chercheurs et techniciens compétents qui mèneront une recherche clinique de haute qualité. L’URCN devrait également devenir un membre actif des réseaux et consortiums existants pour accroître sa visibilité et favoriser de nouvelles collaborations. Formation L’URCN a pour objectif de devenir un centre de formation majeur dans le domaine de la recherche clinique en attirant de jeunes scientifiques, non seulement Africains mais aussi d’autres continents. Ils apprendront en participant activement aux projets de recherche en cours. L’URCN attirera également de jeunes scientifiques africains et les aidera à obtenir des diplômes d’études supérieures (Master et Doctorat) en collaboration avec des établissements universitaires du Sud et du Nord. Certains d’entre eux seront retenus comme personnel de base. En outre, l’URCN mettra au point un programme de formation destiné aux professionnels de la santé qui souhaitent acquérir une expertise clinique en matière de gestion des maladies tropicales.
Nos activités de recherche J’ai beaucoup travaillé dans le domaine des plantes médicinales antipaludiques. Je participe également avec mes collègues à la recherche de molécules efficaces contre le paludisme. En effectuant au laboratoire des essais précliniques, c’est-à-dire de tester l’efficacité des médicaments, des plantes médicinales. C’est dans le domaine de recherche du traitement contre le paludisme. J’ai aussi des activités dans le domaine de la microbiologie, il s’agit de toujours rechercher des molécules et des plantes qui sont actives contre les maladies microbiologiques. En tant qu’Institut des sciences de la santé, on fait surtout les essais cliniques avec les médicaments, les vaccins, et les plantes médicinales. Il y a quelques années, on a commencé aussi d’autres activités secondaires telles que la microbiologie et la sociologie, avec des études pour voir comment les maladies se manifestent sur le terrain. Pour ce qui est de la recherche des médicaments, il faut dire que la plupart de nos activités sont menées en collaboration avec des partenaires du Nord. Nous travaillons sur des nouvelles molécules, on essaye d’évaluer leur efficacité chez les patients sur le terrain. Mais aussi, nous mesurons l’efficacité des médicaments déjà sur le marché, les vaccins et les plantes médicinales. Il y a deux ans, nous avons testé un médicament traditionnel du Burkina Faso sur le paludisme. Le financement de la recherche Les ressources financières constituent vraiment un gros débat. Ce qui est sûr, c’est que les chercheurs se battent pour faire entrer les financements, parce que sans argent, on ne peut pas faire de la recherche. C’est vrai que nous sommes des fonctionnaires payés par l’État, mais les budgets de fonctionnement sont si petits que cela ne nous permet pas de mener des activités de recherche. Donc chaque chercheur se bat pour trouver des financements avec les partenaires pour conduire ses activités de recherche. Il y a des appels lancés par les bailleurs internationaux auxquels nous postulons, c’est ce qui nous permet de mener nos activités. Le budget national pour le moment reste très limité. La participation du secteur privé à la recherche Ce n’est vraiment pas très développé pour le moment au Burkina Faso. Le seul mécanisme qui nous aide à avoir quelques financements, c’est le Fonds national de la recherche et de l’innovation pour le développement (FONRID) qui est encore une structure publique. Mais le privé n’est pas très engagé. Le privé n’est pas sensibilisé, parce qu’il faut d’abord que le privé comprenne l’intérêt. Au niveau de l’Institut des sciences de la santé, nous avons développé de futurs médicaments, les privés devaient en faire la promotion. Ce qui n’a pas été fait, malgré les rencontres et échanges, il faut renforcer la sensibilisation à leur niveau sur l’importance des résultats de la recherche. Les difficultés et les défis Les difficultés, en dehors des problèmes de financement, sont d’abord liés au déplacement parce que nous sommes en dehors de Ouagadougou et les routes ne sont pas les meilleures. Être une femme dans le domaine de la recherche constitue aussi une difficulté majeure. Il reste encore beaucoup de défis. J’ai l’impression qu’on a les moyens pour combattre le paludisme. Il faut une synergie d’action. Si on prend en compte le vaccin, les médicaments, les moustiquaires et l’assainissement de l’environnement on devrait pouvoir arriver à des résultats plus satisfaisants. Mais nous constatons qu’en terme d’assainissement peu d’efforts sont faits, alors que le paludisme est lié à l’assainissement. Si nous regardons avec l’hivernage, par exemple les gens cultivent un peu partout, avec la multiplication des flaques d’eau les moustiques se développent inévitablement. Avec les moyens que nous avons aujourd’hui, réunis ensemble avec une volonté d’engager les ressources qu’il faut, on devrait pouvoir réduire considérablement le paludisme. Le genre et la recherche Il faut dire qu’il y a de plus en plus de femmes qui s’engagent dans la recherche. C’est vrai que ce n’est pas très évident, mais il le faut. C’est assez passionnant et la recherche demande un engagement total. J’ai foi que de plus en plus de femmes s’orienteront vers la recherche. Même s’il y a des domaines plus aisés que d’autres, je les encourage à s’intéresser à tous les domaines. Les difficultés pratiques, lorsqu’on est une femme sont liées d’une part à la durée du cursus de formation qui est assez long, si on pas le soutien de la famille ou du mari cela peut être compliqué. D’autre part, les collègues hommes n’aidaient pas beaucoup les femmes, cela commence à changer mais c’était difficile d’être une femme entourée d’hommes dans un laboratoire. L’impact de la recherche sur les populations Un des chefs de Nanoro, aujourd’hui disparu, avait l’habitude de dire que depuis que nous sommes dans sa localité, les cas de paludisme ont considérablement diminué. Il entendait souvent parler de sorcellerie. Les gens venaient se plaindre et accuser les vieilles femmes de « sorcières » lorsque les enfants de la localité mouraient de maladie. Depuis que l’unité de recherche s’est installée dans cette localité, il y a eu une baisse très significative de ces cas.
Titulaire d’un Doctorat en Sciences pharmaceutiques option chimie des substances naturelles, ses travaux de recherche portent sur les plantes médicinales anti paludiques, la microbiologie et les traitements antipaludiques. Auparavant, elle a travaillé dans l’équipe pluridisciplinaire de l’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS) et du Centre Muraz. Son travail a porté sur l’évaluation préclinique et clinique des médicaments modernes et phytomédicaments et la caractérisation des composés chimiques actifs des plantes médicinales. Actuellement, elle est directrice de recherche à l’Institut de recherche en sciences de la santé de Nanoro.
Mission and guiding principles The mission of the Clinical Research Unit of Nanoro (URCN), based in Nanoro, a locality 80 kilometers from Ouagadougou, is to reinforce and improve healthcare for populations living in tropical countries. This objective will be attained by providing an excellent platform for training and research on tropical diseases, entirely in accordance with international standards. The guiding principles governing the development of URCN are the following: Vision Over the course of the next ten years, URCN will become one of the principle research and training centers in Sub-Saharan Africa. It will participate in fundamental work for the formulation and integration of strategies and programs for public health in Africa. It will develop competent human resources in the domain of health. Research Outside of malaria, which is the principal research subject, URCN’s activities will progressively spread to include other diseases, notably bacterial infections, tuberculosis, HIV, schistomiasis, and other under-studied diseases. The project will be conducted by developing a rigorous framework with competent researchers and technicians who will lead a high-quality clinical research study. URCN should also become an active member of existing networks and consortiums in order to increase its visibility and promote new collaborations. Training URCN will reach its objective of becoming a major training center in the domain of clinical research by attracting young scientists, not only from Africa but from other continents as well. They will learn by actively participating in current research projects. URCN will also attract young African scientists and will help them to obtain their higher education degrees (masters and doctorates) by collaborating with university establishments in the south and north. Certain among them will be retained as personnel. Furthermore, URCN will develop a training program designed for health professionals who wish to acquire clinical expertise in tropical disease management.
Our research activities I have worked a lot in the field of medicinal antimalarial plants. I also participate with my colleagues in researching molecules that are effective at fighting malaria. We do this by performing pre-clinical trials in the laboratory, meaning that we test the effectiveness of medicines and medicinal plants. All of these activities fall under the domain of researching malaria treatments. I also have research activities in the domain of microbiology, which includes researching molecules and plants that have the potential to fight microbiological diseases. As an institute of health sciences, we primarily conduct clinical trials with medications, vaccinations, and medicinal plants. A few years ago, we began to add secondary activities such as microbiology, sociology, and studies to see how diseases manifest on the ground. While discussing medical research, it must be said that the majority of our research activities are led in collaboration with partners in the north. We work on new molecules and we try to evaluate their effectiveness in patients on the ground. We also measure the efficacy of medications already on the market, vaccinations, as well as medicinal plants. Two years ago, we tested a traditional medication from Burkina Faso as a malaria treatment. Funding the research Financial resources constitute a large debate. What is certain is that researchers must fight to bring in funding, because without money we cannot do research. It is true that we are civil servants paid by the state, but the operating budgets are so small that they do not permit us to carry out research activities. Therefore, each researcher fights to find funding with external partners in order to drive forward his/her research. International donors release project requests that we respond to, which permit us to carry out our activities. The national budget remains very limited for the moment. The participation of the private sector in research The private sector is not very developed right now in Burkina Faso in terms of contributing to research. The soul mechanism that helps us gain some funding is the National Fund for Research and Innovation for Development (FONRID), which is still a public structure. However, the private sector is not very engaged in research. The private sector is currently not aware of the importance of research, because they must first understand why they should have an interest in medical research. As the Research Institute of Medical Sciences, we have developed future medicines that private enterprises would benefit from promoting. However, this has not been accomplished despite many meetings and exchanges. We must reinforce the understanding of the importance of medical research at the private sector level. Difficulties and challenges The difficulties that we face, outside of the aforementioned financial problems, concern movement and displacement, because we are outside of Ouagadougou and the roads are not the best. Also, being a woman in the field of research constitutes a major difficulty. There remains a lot of challenges. I have the impression that we have the means to fight malaria, but this requires a synergy of action. If we consider the vaccine, drugs, mosquito nets and environmental sanitation, we should be able to arrive at more satisfactory results. However, we have seen that little efforts have been made in terms of sanitation, even though malaria is directly affected by sanitation levels. If we look at the rainy season, for example, the increase of stagnant water inevitably allows mosquitos to multiply. With the means that we have today, working together with a strong will to use required resources, we should have the ability to considerably reduce malaria. Gender and research We must discuss that there are more and more women who are engaged in research. It is true that this is not very evident, but we must mention it. Research is driven by passion and it demands complete engagement. I have faith that more and more women will orient themselves towards research. Even if some fields are more relaxed and affluent than others, I encourage women to explore all domains. The practical difficulties when you are a woman are on one hand related to the duration of the educational period, which is quite long. During the educational and training period, she may not have the ability to support her family or her husband, which can be complicated. On the other hand, male colleagues do not help women a lot. This is beginning to change, but it was difficult to be a woman surrounded by men in a lab. The impact of research on populations One of the chiefs of Nanoro, who is no longer with us, often said that since we arrived in his locality the cases of malaria have diminished considerably. He used to hear people talk of sorcery. People came to him to complain and accuse old women as being “witches,” when children died of the disease. Since the research unit was erected in this locality, there was a significant decrease of these cases.
Holder of a Doctorate in Pharmaceutical Sciences with a concentration in chemistry of natural substances, Dr. Traoré Coulibaly Maminata’s research focuses on medicinal antimalarial plants, microbiology, and other antimalarial treatments. She previously worked on the multidisciplinary team of the Research Institute of Medical Sciences (IRSS) and at the Muraz Center. Her work focused on the evaluation of preclinical and clinical modern medicines and phytomedicines and the characterization of active chemical compositions in medicinal plants. Currently, she is the director of research at the Research Institute of Medical Sciences of Nanoro.