Auteurs : Emmanuel Hache, Rebecca Martin, Gondia Seck
Organisation affiliée : ifp énergies nouvelles
Type de publication : Article
Date de publication : Septembre 2018
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L’Afrique subsaharienne possède de nombreux atouts pour envisager une dynamique de développement économique durable. Selon l’Organisation des nations unies (ONU), l’Afrique subsaharienne est dotée d’importantes ressources en matières premières énergétiques et minérales et sa population devrait doubler d’ici 2050. Toutefois, contrairement aux pays émergents asiatiques, les pays africains ont peu profité de la phase d’accélération de la mondialisation des années 90, bridés par leurs faiblesses industrielles et énergétiques. Dans ce contexte, un déploiement massif et structuré des énergies renouvelables peut-il devenir la clé du développement africain dans les années à venir?
L’Afrique subsaharienne (ASS) est l’une des zones les plus riches en ressources naturelles. Elle fait donc naturellement l’objet de plus en plus d’attention ces dernières années. Avec une population jeune et croissante, elle semble disposer de tous les éléments nécessaires à un développement majeur de son économie. Toutefois, le déficit en infrastructures du continent et/ou l’obsolescence des équipements dans les secteurs clés comme l’eau ou l’électricité, les transports ou l’industrie ont sans doute été un frein à la croissance économique inclusive des pays africains.
Un sous-continent aux ressources trop peu exploitées
L’ASS possède le double avantage d’être un sous-continent extrêmement riche en ressources naturelles et en capital humain. Une bonne gestion de ces deux éléments pourrait garantir le développement économique dans les années à venir, alors que la région ne représente aujourd’hui que 3 % du produit intérieur brut (PIB) mondial et 2 % des échanges mondiaux en valeur.
L’ASS possède 3 % des réserves mondiales de gaz, 4 % des réserves de pétrole et 23 % des réserves d’uranium, ainsi que d’importantes réserves minières dont 25 % de la bauxite (Guinée), 56 % du cobalt (République démocratique du Congo) ou 28 % du diamant.
Certains pays comme le Nigeria ou l’Angola en concentrent la part la plus importante (respectivement 58 % et 18 % des réserves de pétrole du sous-continent), mais globalement, les ressources naturelles restent assez dispersées sur le territoire. On trouve ainsi du pétrole dans le golfe de Guinée (55 milliards de barils (Gb), soit 85 % des réserves de l’ASS) et dans le sud, de l’uranium avec 31 % au Niger et 63 % dans la région sud du continent.
Mais comme beaucoup de pays riches en ressources au niveau mondial, les producteurs africains souffrent, dans leur développement, d’une faible diversification de leurs économies et d’une forme de désindustrialisation depuis les années 70, en raison notamment de leur dépendance marquée aux cycles observés sur les marchés de matières premières. De plus, la faiblesse des infrastructures, les spécialisations historiques dans des productions à faible valeur ajoutée (extraction énergétique ou minière sans transformation) et les problèmes de gouvernance dans la gestion des ressources naturelles ont souvent, par le passé, obéré la dynamique de développement.
La consommation d’énergie primaire en ASS reste ainsi largement inférieure à la moyenne mondiale (0,7 tep/habitant contre 1,9 tep/habitant en 2014) (fig. 4). Le mix énergétique primaire s’appuie largement sur l’utilisation de la biomasse (61 %) et des énergies fossiles (34 %), dont près de 17 % de charbon (fig. 5).
La population africaine représente aujourd’hui 17 % du total mondial (1,26 milliard d’habitants) et elle devrait doubler d’ici 2050 pour atteindre environ 40 % de la population mondiale en 2100, selon l’ONU. L’ASS représente 84 % de la population du continent, avec un taux de croissance de 2,8 %, supérieur de 0,1 % à la moyenne de l’Afrique.
La main-d’œuvre est jeune et abondante, 60 % ayant moins de 25 ans (fig.7), mais les taux de chômage, bien qu’assez disparates sur l’ensemble du territoire, atteignent des valeurs proches de celles observées en Occident (9 % de chômage en Afrique en 2016, 4 % en Chine et 8,2 % dans l’Union européenne). Le dynamisme démographique place chaque année 12 millions de travailleurs supplémentaires sur le marché du travail.
Toutefois, la faible productivité observée dans les secteurs agricole et industriel rend les travailleurs africains moins compétitifs que leurs homologues des pays émergents asiatiques. D’autant plus que l’accès à l’éducation de base n’est pas garanti partout et qu’une partie des élites fuit le continent pour de meilleures opportunités d’emploi en Europe ou aux États-Unis. Ainsi, selon l’UNESCO, les étudiants africains représentaient en 2015 un dixième de la mobilité étudiante mondiale (dont 74 % provenant d’Afrique subsaharienne). Près de 50 % de ces étudiants d’ASS vivaient dans les pays de l’OCDE.
Industrie : faiblesse infrastructurelle et manque de diversité économique
Au cours des dix dernières années, certaines économies d’Afrique ont connu des taux de croissance parmi les plus élevés au monde. Cela a permis une hausse du PIB/habitant en ASS de 300 € entre 2010 et 2017, un chiffre qui reste faible comparé aux pays émergents asiatiques (+ 10 000 €/habitant sur la même période par exemple en Corée du Sud). Les États producteurs de pétrole (Nigeria, République démocratique du Congo) ont enregistré une croissance très dynamique dans les années 2000 à 2009, mais ont connu un ralentissement de leurs économies par la suite, en lien avec les évolutions du prix du pétrole.
Les États de l’est et de l’ouest, moins riches en ressources mais aux économies plus diversifiées, sont aujourd’hui plus dynamiques. Mais la croissance africaine est loin d’être inclusive. Elle s’accompagne de peu de changements structurels, de création d’emplois ou de réduction de la pauvreté.
La Banque africaine de développement (BAD) indique dans son rapport de 2018 à propos de la situation économique en Afrique que le décollage industriel est indispensable au développement économique et social de l’ASS. Trente et un des 35 pays ayant rédigé un Plan émergence, à horizon 2025 ou 2030, font du développement industriel une priorité. Or, ce dernier s’appuie aujourd’hui essentiellement sur l’extraction et l’exportation de matières premières, un secteur à faible contenu local en emplois et largement dépendant des relations avec les entreprises (nationales ou étrangères) sur le territoire.
L’industrie africaine reste ainsi peu créatrice d’emplois (11% d’emplois industriels au Nigeria, 8 % en Angola, les deux premiers exportateurs de pétrole de l’ASS, contre 27% en Chine ou 25% en Corée du Sud. Les tensions politiques liées à l’appropriation des ressources créent un climat des affaires tendu et une insécurité omniprésente.
Un retard considérable pour l’électrification
40% de la population de l’ASS, soit environ 407 millions de personnes, vit ainsi sous le seuil international de pauvreté défini par la Banque mondiale, avec un accès limité à l’eau, à l’électricité, aux soins de santé de base et à une éducation rudimentaire.
Les disparités géographiques sont remarquables: des territoires comme les Seychelles présentent un taux d’électrification proche de 100% tandis que le Tchad ou le Burundi sont en dessous de 10% en 2016 selon le WEO 2017. La disparité entre les zones rurales et les zones urbaines reste aussi très importante, avec une électrification moyenne de 22% pour la première, contre 71% pour la seconde en 2016.
Les conséquences sur la population et l’économie sont nombreuses. En zone non électrifiée, les jeunes ne peuvent pas étudier à la nuit tombée, les agriculteurs ne peuvent pas suivre l’évolution des prix de leurs produits sur les marchés locaux, et les femmes, qui passent en moyenne 1 à 5 h par jour en 2017 à récolter du bois, peuvent difficilement accéder à un emploi et s’émanciper.
Les entreprises doivent utiliser des générateurs diesel de secours pour pallier les faiblesses du réseau, ce qui pèse sur les finances et n’améliore pas le climat des affaires (le Liberia et le Tchad produisent plus de 50% de leur électricité grâce à des générateurs diesels individuels). La majorité des pays africains se situe ainsi en fin de liste du classement Doing Business 2017 établi par la Banque mondiale. Il est donc urgent d’établir un plan structuré, réaliste, déployable rapidement et aux répercussions durables pour l’ensemble de la société, afin de développer le secteur électrique en ASS.
Les ENR, vecteur du décollage économique et social de l’Afrique?
Elle estime que pour répondre à l’initiative Énergie durable pour tous (SE4ALL), de nombreux investissements seraient nécessaires. Pour le seul accès à l’électricité, la Banque mondiale avait chiffré les besoins, en 2014, à environ 34 G$ par an au niveau mondial et à 20G$ par an, soit près de 60 % du total, pour la seule Afrique subsaharienne32. Des chiffres bien en deça des valeurs de la Banque africaine de développement.
Mais, entre 1990 et 2012, hors investissements chinois réalisés depuis 2010, les investissements dans le secteur électrique en Afrique subsaharienne n’ont jamais dépassé 600 M$ par an. Or, le potentiel d’énergie renouvelable du continent n’est utilisé qu’à 0,3 % aujourd’hui alors que les progrès technologiques rendent les solutions renouvelables de plus en plus intéressantes financièrement, compte tenu du manque d’infrastructures de réseau en place.
Cependant, le sous-continent africain possède un potentiel sans égal pour les ENR, notamment le solaire (10 TW) et l’hydraulique (350 GW, soit 10 % du potentiel mondial), qui, allié à des technologies off-grid, peut réduire rapidement et à faible coût le problème de l’accès à l’électricité en zone rurale.
Les disparités géographiques sont remarquables: des territoires comme les Seychelles présentent un taux d’électrification proche de 100% tandis que le Tchad ou le Burundi sont en dessous de 10%
L’investissement de départ nécessaire à la construction d’un système a beaucoup diminué ces dernières années pour le photovoltaïque (fig. 13). Ainsi, d’après l’Irena, le solaire photovoltaïque (PV) est l’énergie dont la production serait la moins chère dans la majorité des États africains. L’éclairage d’un ménage coûterait entre 4$ et 15$ par mois avec un générateur diesel, contre 2$ par mois avec du solaire PV. Toutefois, cette estimation ne prend pas en compte le surcoût engendré par l’acquisition d’un moyen de stockage (batterie) pour le ménage, même si sa valeur devrait diminuer dans les années qui viennent.
L’investissement initial reste ainsi plus important pour un système solaire, mais la répartition des coûts sur la durée de vie rend le système solaire plus intéressant sur le long terme.De plus, avec l’explosion du marché de la téléphonie en Afrique au cours des cinq dernières années, avec 420 millions d’abonnés en Afrique subsaharienne (soit un taux de pénétration de 43 % en 2016) et selon Deloitte, 660 millions d’Africains seront équipés d’un smartphone en 2020, soit un quasi-doublement.
Ce dynamisme devrait permettre de résoudre, en partie, le problème du financement. Le principe dit du Pay-As-You-Go consiste pour le consommateur à réaliser un premier paiement à l’installation du dispositif, dans la mesure de ses moyens, puis d’acheter l’électricité dont il a besoin au fur et à mesure de l’utilisation du dispositif.
Un autre modèle, promu par le leader mondial du off-grid solaire, l’entreprise kényane M-Kopa, consiste à installer des SHS chez les particuliers puis de leur proposer un paiement régulier, encore une fois dans la mesure de leurs moyens, jusqu’à ce qu’ils deviennent propriétaires du système. Si l’acheteur manque une échéance, le fournisseur peut couper l’alimentation du foyer à distance. M-Kopa a distribué des milliers de systèmes dans toute l’Afrique de l’Est et se prévaut d’électrifier environ 500 nouveaux foyers chaque jour.
Les centrales ENR: particularité industrielle africaine; potentiel varié et puissant
Outre l’ensoleillement, le territoire possède un immense potentiel pour plusieurs types d’ENR dont l’hydraulique (grâce notamment aux fleuves Nil, Zambèze ou Congo) utilisé à seulement 8 % malgré sa part déjà importante dans le mix électrique. Viennent ensuite la biomasse grâce à la forêt primaire d’Afrique centrale et à la bagasse issue des plantations de canne à sucre au sud, la géothermie dans la vallée du Rift et l’éolien sur les côtes et les îles.
Depuis les années 90, investisseurs internationaux et gouvernements profitent de ce potentiel et développent des centrales utilisant ces ressources renouvelables. La Chine a déjà installé 5 GW de production hydraulique sur le territoire africain, ses ingénieurs devenant des experts mondiaux dans le domaine.
Les infrastructures hydrauliques se distinguent particulièrement des autres investissements dans les ENR par la possibilité de réaliser des interconnexions transfrontalières et ainsi de créer des externalités positives fortes en matière de développement et de coopération régionale.
Le potentiel d’énergie renouvelable du continent n’est utilisé qu’à 0,3 % aujourd’hui alors que les progrès technologiques rendent les solutions renouvelables de plus en plus intéressantes financièrement, compte tenu du manque d’infrastructures de réseau en place
Outre les impacts environnementaux et sociaux créés par ces grands projets, ces derniers permettent d’améliorer la sécurité énergétique d’un ensemble régional. La République démocratique du Congo au centre avec le barrage Inga (dont le potentiel est estimé selon la Banque mondiale à environ 110 GW) ou les pays dans la vallée du Rift au potentiel géothermique important (plus de 20 GW selon l’Irena) souhaitent, par exemple, distribuer leur électricité au-delà de leurs frontières.
Les conditions de la réussite
Aujourd’hui, les investissements recensés en ASS dans le déploiement énergétique sont de trois types. Les plus importants sont les IPP, regroupant investisseurs privés internationaux et gouvernements et concentrés sur la production thermique bien que la part de solaire et d’éolien augmente. Viennent juste derrière les investisseurs chinois, spécialisés dans les barrages hydrauliques, et enfin les financements par des institutions d’aide au développement, concentrés sur des pays attirant moins les investisseurs traditionnels.
La Chine est donc un partenaire privilégié pour le développement africain, à l’origine de 40 % des investissements directs à l’étranger en direction de l’ASS en 2016 (36 G$), ce qui aurait permis la création de 38 000 emplois. Les investissements chinois se font majoritairement dans l’immobilier et les transports. Cette stratégie n’est pas anodine, 13 % des importations de pétrole de la Chine proviennent de l’ASS (8 % de l’Angola seule) et ces investissements rentrent en partie dans une logique de sécurisation énergétique.
Les investissements directs étrangers, bien qu’en nette augmentation depuis le début des années 2000, restent toutefois insuffisants pour répondre à la demande croissante de la population et des acteurs économiques. Certains pays, comme l’Ouganda, gagnent en attractivité, grâce à la mise en place d’un cadre légal spécifique et des efforts pour favoriser le climat des affaires (lutte contre la corruption, formalisation des services, planification énergétique, etc.).
Toutefois, la faiblesse des monnaies locales, couplée à un endettement extérieur et un manque de liquidités croissants des États africains, constitue l’une des limites pratiques majeures. La majorité des monnaies africaines a un taux de change faible et reste très volatile et dépendante des cours des matières premières. Une dévaluation soudaine peut mettre en péril la viabilité économique de projets ENR entamés ou la capacité de remboursement de prêts contractés.
La participation de la population est essentielle à la réussite du développement des ENR en ASS
La formation de la population africaine est indispensable. Elle passe d’abord par une éducation de base pour tous (aujourd’hui, les inégalités sont à la fois spatiales et de genre), puis une formation spécialisée, professionnalisante (cursus spécialisés ENR à l’université, écoles dédiées) et offrant de vrais débouchés. Aujourd’hui l’investissement dans l’éducation reste faible et beaucoup de jeunes diplômés sont au chômage par manque de connexion entre l’université et le monde professionnel. En 2016, par exemple, le taux d’insertion des diplômés en Côte d’Ivoire était inférieur à 15%.
Des organismes de formation émergent, souvent soutenus par des institutions internationales d’aide au développement économique ou énergétique. C’est le cas d’Ecowas Renewable Energy Entrepreneurship Support Facility, fondée en 2015 par les gouvernements d’Afrique de l’Ouest en partenariat avec l’Irena. L’organisme a pour vocation de former et de soutenir les entrepreneurs locaux qui souhaitent se lancer dans les ENR. L’influence chinoise sur le territoire africain passe également par l’éducation, puisque le pays consacre une part importante de ses investissements au développement des compétences en Afrique subsaharienne.
Du développement national à la coopération régionale
Encouragée par une meilleure connaissance et par une meilleure maîtrise des nouvelles technologies ENR et, plus généralement, par le désir de participer au développement économique et profiter de ses retombées, la population pourrait s’impliquer, notamment au travers de financements participatifs aux investissements, dans l’électrification du continent.
Le Grand barrage de la renaissance en Éthiopie constitue un premier exemple prometteur de cette dynamique. D’une capacité de 6 GW, ce barrage devrait être mis en service en 2018. Sa construction a été rendue possible par la participation de la population éthiopienne. Suite au refus des bailleurs internationaux de prendre part au projet et à la désolidarisation des pays voisins, le gouvernement s’est tourné vers la population éthiopienne en émettant des bons, achetés par les Éthiopiens et la diaspora, qui ont permis de mener à terme ce projet chiffré à 6G$. Un tel financement local permet ainsi de pallier les difficultés à attirer des capitaux étrangers et limite les conflits géopolitiques qui freinent parfois le développement de projets internationaux.
La résolution des inégalités de déploiement du réseau électrique pourrait ouvrir la voie à une coopération régionale portant sur une meilleure gestion des flux énergétiques et économiques. La mise en place de zones de collaboration comme la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) ou le COMESA (Common Market for Eastern and Southern Africa) montre l’envie d’une meilleure intégration régionale, même si les résultats sont inégaux.
La création en 2018, par 44 pays d’Afrique, d’une zone de libre-échange continentale renforce et élargit cette collaboration.Des lignes électriques transfrontalières commencent d’ailleurs à voir le jour, comme Zizabona reliant le Zimbabwe, la Zambie, le Botswana et la Namibie. Le Sénégal envisage même une expansion de son réseau jusqu’au sud de l’Europe dans son Plan Sénégal émergent.
Les zones à haut potentiel énergétique étant parfois situées aux frontières, une collaboration structurée, établie dans un cadre légal précis et présentant des avantages pour toutes les parties, permettrait d’éviter de nombreux conflits. Au contraire, un partage de l’investissement, puis de la production et de la rente pourrait s’avérer avantageux pour des projets de grande ampleur, coûteux à développer mais fondamentaux, pour le développement du réseau électrique régional. L’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) emprunte déjà cette voie: les quatre États membres (Sénégal, Guinée, Mauritanie et Mali) partagent ainsi les investissements et les revenus des barrages construits sur le fleuve Sénégal grâce à la création, en 2015, d’un marché commun de l’énergie.
Conclusion
Avec 70 % de la population sans accès à l’électricité et une activité économique et industrielle en partie bridée par la faible efficience du réseau, la question des infrastructures en ASS est primordiale et nécessitera d’investir massivement d’ici 2025. Combler ce déficit infrastructurel dans le secteur de l’énergie doit désormais se penser dans une logique inclusive pour l’ensemble des populations et en relation avec le développement économique de long terme de chacun des différents pays africains. Avec un potentiel important en matière de ressources naturelles, mais également un potentiel marqué dans les ENR, de nombreuses solutions s’offrent aux différents acteurs : de l’off-grid pour les populations locales aux centrales ENR, gage de développement économique et d’inclusion nationale puis régionale.
Avec la population indienne, la population africaine est aujourd’hui la plus jeune du monde. L’ensemble des économies subsahariennes doivent profiter de ce dynamisme démographique, et des motivations entrepreneuriales de cette jeunesse ambitieuse de s’investir dans des solutions économiques et technologiques durables et adaptées à leurs situations. La mise en place de mécanismes institutionnels efficaces et la prise en compte d’aspects non matériels tels que le renforcement des capacités (formation du capital humain) pour la planification, la réglementation, la conception et la mise en œuvre des projets pourraient permettre de tirer le maximum du potentiel de développement.
La consolidation d’infrastructures de production électrique et de transports, permettrait de combler le retard industriel du continent. Cela rejoint, en effet, le message fort lancé par la Banque africaine de développement en 2018, lors de son sommet à Abidjan: il ne peut y avoir “de développement sans industrialisation”. Cette logique inclusive doit prédominer en matière d’investissements dans le secteur de l’énergie, aujourd’hui trop dépendants de financements extérieurs.
Au final, les ENR peuvent devenir un réel moteur de développement économique. Des solutions existent déjà sur le continent et la question du décollage économique de l’Afrique ne relève donc pas d’une problématique technologique. Il reste surtout à catalyser différents éléments : le dynamisme entrepreneurial, des systèmes de financement innovants et des réformes nationales dans les différents pays de l’ASS.
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