Auteur : Benjamin Auge
Site de publication : IFRI
Type de publication : Article
Date de publication : 19 janvier 2021
Les anciennes colonies portugaises ont été parmi les dernières du continent à obtenir leur indépendance, entre 1974 et 1975.
La politique africaine du Portugal se décline en trois axes. Le premier est mené via l’UE et les organismes régionaux comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), via les organismes panafricains (Union africaine) et via la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP).
Le deuxième axe se traduit par une coopération économique et politique avec les anciennes colonies dont l’économie (Guinée Bissau, Cap Vert, Sao Tomé et le Mozambique) et la population (excepté le Mozambique) sont relativement faibles et le dernier avec l’Angola avec lequel les liens économiques, politiques et culturels sont particulièrement denses.
Quels sont les instruments de la politique africaine du Portugal ?
Le Portugal a des moyens relativement modestes pour mener sa politique africaine. Le Portugal peut s’appuyer sur un réseau diplomatique de 18 ambassades en Afrique dont 13 en Afrique subsaharienne. Le Portugal est par ailleurs membre observateur de la CEDEAO.
La CPLP est un instrument d’influence du Portugal. Cependant, si le siège de l’institution se trouve à Lisbonne, le leadership de l’organisation est partagé avec l’Angola et le Brésil. Cette institution, créée en 1996, est un espace de promotion de la langue portugaise et un cadre d’entraide politique.
Conscient de la modestie de ses moyens, Lisbonne élabore de plus en plus sa politique africaine via des coopérations aux niveaux continental et régional.
Le pays a par exemple toujours été à l’avant-garde de la coopération entre l’UE et l’Union africaine.
Des relations spéciales avec l’Angola et plus modestes avec les autres anciennes colonies
L’Angola a un statut à part dans la politique étrangère du Portugal
Cette relation a été forgée par de profonds liens historiques, familiaux et culturels entre les élites des deux pays, une relation qui a survécu à la guerre de libération comme à la guerre civile. La période coloniale a donné lieu à un métissage luso-angolais, très représenté dans les élites angolaises.
L’Angola est le troisième partenaire commercial de Lisbonne jusqu’à la crise de 2008. Si l’ambassade du Portugal à Luanda parait modeste avec ses cinq diplomates, la relation politique et les interpénétrations économiques luso-angolaises demeurent très fortes. Le Portugal a, pendant les dix dernières années, tenté d’étouffer certains scandales liés à cette intrication économique.
Futur géant de la liquéfaction du gaz, le Mozambique est susceptible de devenir un important terrain d’opportunités pour des firmes portugaises implantées de longue date dans le pays
La relation politique et économique entre l’Angola et le Portugal se distingue de celles entretenues avec les autres anciennes colonies en Afrique. Pour ces dernières, on peut davantage parler de relations de coopération avec des pays en développement.
Quant à la politique à l’égard des pays africains non lusophones, les moyens qui sont alloués par le gouvernement portugais demeurent également très limités. Certains jouent tout de même un rôle politique non négligeable comme le Sénégal, qui est un poste d’observation indispensable du Portugal afin d’appréhender au mieux le dossier bissau-guinéen.
Le Mozambique, quelles promesses pour les compagnies portugaises ?
Les principales firmes portugaises sont actives en Angola ou au Mozambique dans la construction avec Elevo (également au Cap Vert et Gabon), Mota Engil, ou encore Teixeira Duarte, ainsi que dans les télécommunications avec VisaBeira, dans le pétrole avec Galp et dans la production d’énergie, la mobilité électrique, l’ingénierie et les transports avec EFACEC.
Conscient de la modestie de ses moyens, Lisbonne élabore de plus en plus sa politique africaine via des coopérations aux niveaux continental et régional
Futur géant de la liquéfaction du gaz, le Mozambique est susceptible de devenir un important terrain d’opportunités pour des firmes portugaises implantées de longue date dans le pays.
Ce dernier pourrait dans les prochaines années attirer une petite partie de la main d’œuvre qualifiée en partance d’Angola.
Conclusion
Le Portugal est conscient de ses faiblesses du fait d’un petit marché domestique et de la succession de crises économiques qui ont limité ses moyens financiers et sa capacité à déployer des ressources humaines dans la représentation diplomatique. Cependant, cette situation économique a forcé nombre de firmes de construction portugaises à se projeter à l’international, favorisant la création de géants dans le secteur des bâtiments et des travaux publics.
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