Auteur : Issa Wone
Organisation affiliée : The sanitation learning hub, Université Assane Seck de Ziguinchor
Site de publication : opendocs.ids.ac.uk
Type de publication : Article
Date de publication : Mars 2021
Introduction
Malgré sa richesse en ressources naturelles, l’Afrique de l’Ouest est l’une des régions les plus pauvres de la planète. Cependant, cette région connaît une transformation rapide qui se traduit souvent par une urbanisation inappropriée (Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest/OCDE 2006) et une certaine instabilité.
En conséquence des crises économiques des années 1970 et 1980 et des plans d’ajustement qui en ont découlé, le rôle des collectivités locales dans la gestion des programmes publics s’est renforcé, tandis que les capacités des pouvoirs centraux ont diminué.
Il est donc nécessaire que les collectivités locales prennent les rênes de l’hygiène et de l’assainissement. Afin de passer de quelques villages ayant le statut FDAL (fin de la défécation à l’air libre) à un assainissement à grande échelle géré de manière sûre dans les pays à prévalence élevée, les collectivités locales (et les gouvernements nationaux) doivent prendre les devants, faire preuve de leadership politique et mobiliser des ressources humaines et financières à la hauteur des engagements.
Enseignements généraux
Une combinaison de facteurs, notamment la gravité de la situation de l’A&H (assainissement et hygiène) dans la plupart des villes et villages et la crise économique, entre autres, a donné lieu à une réorientation des politiques d’A&H. En effet, le paradigme a cessé d’être axé sur le développement d’infrastructures pour se focaliser sur les politiques de santé publique pour la promotion de l’A&H.
La priorité accordée au problème de la défécation à l’air libre par les collectivités locales reste insuffisante. Même lorsque des avancées significatives ont été faites, des efforts doivent encore être fournis.
Décentralisation et prise de décisions
Avec le regain d’intérêt en faveur de la décentralisation dans les pays d’Afrique de l’Ouest depuis les années 1980, la responsabilité en matière d’A&H a de plus en plus été confiée aux autorités locales.
Toutefois, certains pays restent centralisés, en particulier le Liberia, qui a connu une longue crise politique et militaire dans les années 1990.
Dans les cas où la prise de décisions a été véritablement décentralisée, une volonté politique en matière d’A&H est observée aux échelons infranationaux sous forme de plans politiques et stratégiques. Le processus de planification local est la principale voie d’intégration de l’A&H aux priorités infragouvernementales et l’efficacité de la priorisation de l’A&H au niveau infranational est subordonnée aux pratiques de planification.
Cependant, la planification n’est pas une garantie de mise en œuvre adéquate.
En effet, la planification politique et stratégique souffre souvent d’un déficit d’exécution en Afrique de l’Ouest.
Des progrès décisifs vers l’éradication de la défécation à l’air libre ne pourront être faits qu’en alliant les efforts de l’échelon central à ceux des collectivités locales.
Avec le regain d’intérêt en faveur de la décentralisation dans les pays d’Afrique de l’Ouest depuis les années 1980, la responsabilité en matière d’A&H a de plus en plus été confiée aux autorités locales
Modalités de priorisation de l’A&H dans les collectivités locales
Des projets d’A&H intéressants, développés et financés au niveau local, voient le jour dans les pays d’Afrique de l’Ouest. La programmation et le financement de ces projets sont généralement mutualisés entre le gouvernement fédéral/central et les collectivités locales.
Pour les collectivités locales nouvellement constituées, la décentralisation s’accompagne souvent d’un appui solide de l’État central et de ses services déconcentrés, se traduisant par la mise à disposition de moyens techniques, matériels et financiers.
Des initiatives conjointes associant les municipalités, le secteur privé, les services publics et les organisations de la société civile, ainsi que des partenariats public-public et public-privé, devraient permettre d’accroître l’efficacité et la transparence.
Compte tenu des faibles ressources affectées à l’A&H, les collectivités locales n’ont souvent pas d’autre solution que de faire appel à la coopération décentralisée pour financer et mettre en œuvre leurs projets d’A&H.
Parties prenantes et soutien
Plusieurs catégories d’acteurs soutiennent l’A&H au niveau infranational en Afrique de l’Ouest : institutions nationales/centrales, services chargés de l’appui aux collectivités locales, UNICEF, ONG, organisations de la société civile, chefs et dirigeants coutumiers.
Des organismes gouvernementaux assurent le soutien technique et logistique, y compris le renforcement des capacités. Des ONG ont également essayé de promouvoir la participation du secteur privé aux projets d’A&H en Afrique de l’Ouest.
Les agences des Nations Unies, en particulier l’UNICEF, transmettent et soutiennent le programme international d’A&H au niveau national, y compris auprès des collectivités locales. Elles interviennent sous l’autorité et la supervision du gouvernement en pratiquant un plaidoyer de haut niveau, en établissant des normes et des lignes directrices et en fournissant des conseils techniques.
Lutte contre les inégalités et l’iniquité
La plupart des politiques s’attaquent aux problèmes d’inégalités ou d’iniquité. Ces politiques exigent la prise en compte des questions concernant les femmes, les filles et les groupes défavorisés durant la planification, la conception et la mise en œuvre. Les autorités infranationales/locales sont tenues de suivre et d’évaluer la mise en œuvre de l’A&H sous l’angle de ces politiques.
Des initiatives conjointes associant les municipalités, le secteur privé, les services publics et les organisations de la société civile, ainsi que des partenariats public-public et public-privé, devraient permettre d’accroître l’efficacité et la transparence
Obstacles
Le financement est le principal obstacle signalé dans les projets d’A&H au niveau infranational. Les fonds proviennent principalement des ONG et des familles. Les capacités financières des collectivités locales ouest-africaines sont généralement très faibles.
Les collectivités locales, et plus largement les populations bénéficiaires, ne sont pas assez sensibilisées à l’A&H en tant que priorité infranationale. Les actions sont considérées comme des contributions « externes » et non pas comme des apports essentiels au développement socioéconomique local.
Le dialogue entre le gouvernement national et les collectivités infranationales semble généralement de type « descendant ». Les collectivités locales reçoivent des politiques, des directives et des contributions techniques des gouvernements centraux.
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