Auteurs : Pr KABORE Pato Daniel, Dr SANOU Erdjouman Jean, Mr OUEDRAOGO André, Richard Mme TAPSOBA/MARE Gisèle
Organisation affiliée : Présidence du Faso
Type de publication : Note de conjoncture
Date de publication : avril 2020
Contexte socioéconomique récent du Burkina Faso
Le Burkina Faso fait face à un contexte déjà difficile du fait d’une insécurité marquée par des attaques terroristes persistantes, ce qui rend difficile la mise en œuvre de certaines activités arrêtées dans le cadre du Plan national de développement économique et social (PNDES). En dépit de cette situation défavorable, le gouvernement, avec l’aide des partenaires au développement, continue d’agir pour l’amélioration des conditions de vie des populations. Ainsi, le taux de croissance de l’économie s’est situé à 5,7% en 2019.
La pauvreté recule au regard du taux de pauvreté qui est passé de 46,7% en 2009 à 40,1% en 2014 selon l’enquête multisectorielle continue de 2014. Toutefois, du fait de l’insécurité, près d’un million de personnes (les déplacés internes) se retrouvent en situation de précarité et pour lesquelles des mesures d’urgence sont prises à l’effet de garantir la satisfaction de leurs besoins physiologiques de base. En termes de développement humain durable, l’IDH du Burkina est ressorti à 0,434 en 2018 contre 0,402 en 2015, plaçant le pays 183ième sur 188 pays.
La situation de la maladie au Burkina Faso
Au total, à la date du 30 avril 2020, le pays dénombre 649 personnes (257 femmes et 392 hommes) testés positifs au COVID-19 parmi lesquels 517 sont guéris, 88 sont sous traitement et malheureusement 44 personnes sont décédées. Quatre (04) laboratoires (trois à Ouagadougou et un à Bobo- Dioulasso) sont pour le moment les seuls capables de réaliser les tests sérologiques de dépistage de la maladie à corona virus.
Plan de riposte sanitaire
L’avènement de la pandémie au COVID-19 a remis au goût du jour les capacités de riposte et de prise en charge du système de santé du Burkina Faso. Depuis 2016, un système de surveillance des infections respiratoires aiguës sévères (IRAS) a été mis en place dans quatre districts pilotes (Bogodogo, Houndé, Kongoussi et Boussé) ; il en est de même pour les syndromes grippaux dans deux sites (Colsama et Bolmakoté).
Le mécanisme de coordination mis en place au niveau du Burkina Faso est multisectoriel et implique les décideurs politiques (niveau national et régional) ainsi que les acteurs directs de la santé. Le Comité national de gestion des épidémies (CNGE) et ses démembrements ont été créés par un arrêté interministériel n°2013-089/MS/MATD/MEF du 24 février 2014. Ils ont pour objectif de préparer et de répondre aux éventuelles épidémies. En outre, dans le cadre de la gestion des activités d’urgences sanitaires, le Centre des opérations de réponse aux urgences sanitaires (CORUS) a été opérationnalisé depuis 2018. L’opérationnalisation de ces structures a permis la gestion de plusieurs urgences sanitaires dont celle en cours due au coronavirus.
Placé sous la direction du Premier Ministre et assisté des Ministres en charge de la gestion de la crise, le CNGE a pour attribution de :
- donner des orientations et des stratégies de lutte contre cette épidémie;
- coordonner la mise en œuvre du plan d’action au niveau national, y compris les activités d’information, de retro information et d’éducation du public;
- coordonner l’appui des différents partenaires dans la lutte contre l’épidémie;
- mobiliser les ressources humaines, matérielles et financières indispensables à la lutte contre l’épidémie;
- élaborer et diffuser le rapport de fin d’épidémie;
- évaluer la gestion de l’épidémie.
Le souci d’une réaction efficace face à la maladie a amené le CNGE à mettre en place une coordination composée d’experts en santé publique en plus des acteurs du CORUS (Centre des opérations de réponses aux urgences sanitaires) dont un incident manager, des cliniciens et des partenaires techniques et financiers. Cette coordination est responsable de la supervision des activités et des équipes terrains.
Le dispositif organisationnel est complété par la surveillance épidémiologique qui dans le cas du COVID-19 a adapté les outils de surveillance que sont les 4 Mesures d’urgence mises en œuvre.
En guise de réponse à la pandémie et pour empêcher sa propagation à l’échelle du pays, des mesures, communément appelé mesures barrières, ont été prises par les pouvoirs publics. Au nombre de ces mesures, on peut citer :
- Fermeture des lieux à fortes fréquentation : la fermeture des aéroports internationaux, la fermeture des frontières terrestres et ferroviaires, la suspension des transports en commun, la fermeture des marchés et yaars, l’interdiction de tout regroupement de plus de 50 personnes et les restrictions concernant les débits de boissons et les salles de cinéma.
- Couvre-feu : un couvre-feu a été instauré sur toute l’étendue du territoire.
- Quarantaine : interdiction d’entrée et de sortie dans toutes les villes qui enregistrent au moins un cas de COVID-19.
- Désinfection des lieux publics ou privés pour éradiquer le virus.
Conséquences du COVID-19 sur l’économie nationale
Le COVID 19 a la particularité d’être une maladie infectieuse avec un fort degré de contagion. Qualifié par l’OMS le 30 janvier 2020 d’urgence de santé publique de portée internationale, le COVID-19 est devenu, dès le 13 février 2020, une pandémie du fait des niveaux alarmants et sévères de propagation de la maladie. Aucun continent n’est épargné encore moins un secteur économique. Ainsi, pour la première fois de notre histoire économique moderne, plusieurs secteurs d’activités économiques sont à l’arrêt ou en quasi-arrêt. L’inquiétude monte et les experts sont unanimes pour dire que les conséquences économiques qui découleront de cette crise sanitaire mondiale seront plus graves ou autant que celles de la crise de 1929. D’ailleurs, plusieurs pays membres du G7 (France, Allemagne, Japon) enregistrent déjà une récession sur le premier trimestre 2020.
Les perspectives sur l’année 2020 ne sont guère reluisantes. Selon le Fonds Monétaire International , la croissance économique mondiale ressortirait à -3% à fin 2020 contre une projection d’avant crise estimée à 2,7% . Les Etats-Unis connaitraient une récession de 5,9%, la zone Euro une baisse de la production de 7,5%, la Chine s’en sortirait un peu mieux avec une croissance qui s’établirait au niveau de 1,2%.
L’Afrique Subsaharienne (ASS) enregistrera également une décélération de sa croissance. En effet, le taux de croissance du PIB de l’ASS est attendu à -1,6% en liaison avec les mauvaises performances du Nigéria (-3,4%) et de l’Afrique du Sud (-5,8%).
Le Burkina Faso qui fait déjà face à une crise sécuritaire grave, affectant durablement et négativement son économie, verra sa production globale chuter, passant de 6,0% comme initialement projetée à 2,0% à fin 2020 soit une baisse de 4 points de pourcentage sous l’hypothèse que la pandémie soit maitrisé au plus tard à fin juin 2020.
Comme nous l’avons évoqué supra, le secteur informel est le plus vulnérable dans un tel contexte marqué par de fortes restrictions sur les mouvements de personnes. Or, selon les données du recensement industriel et commercial (RIC VII) de 2016, le Burkina Faso totalise environ 99 261 entreprises parmi lesquelles 90,9% proviennent du secteur informel avec une grande part (52,6%) consacrée aux activités de commerce. S’agissant de l’effectif des employés de l’ensemble des entreprises, il est de 255 908 personnes avec des emplois permanents pour 85,5% d’entre eux. Ces statistiques indiquent clairement l’importance et la place du secteur informel dans l’économie nationale. La maladie du COVID-19 a mis au chômage une large frange des acteurs du secteur informel aggravant du même coup leur situation et plongeant une partie d’entre eux dans l’insécurité alimentaire et la précarité, source de potentielles crises sociale et humanitaire graves.
Les principaux domaines d’activités durement frappés par les mesures énoncées supra sont le transport de personnes, la restauration, le tourisme, l’hôtellerie, les bars, les salles de spectacles, les marchés et yaars et tous les autres secteurs d’activités de sous-traitance. L’activité dans ces secteurs est totalement à l’arrêt sinon au ralenti.
D’une manière générale, le COVID 19 occasionnera le ralentissement de l’activité économique nationale. Ainsi, à court terme, on observera une contraction de la demande puisque les consommateurs sont contraints de rester chez eux, ce qui induit une baisse de la demande. Certains agents économiques vont réajuster leur niveau de consommation, d’autres seront amenés à puiser dans leur épargne pour vivre.
L’Afrique Subsaharienne (ASS) enregistrera également une décélération de sa croissance. En effet, le taux de croissance du PIB de l’ASS est attendu à -1,6% en liaison avec les mauvaises performances du Nigéria (-3,4%) et de l’Afrique du Sud (-5,8%)
Fort heureusement, les initiatives à l’échelle internationale pour l’annulation de la dette des pays les plus pauvres ont abouti à l’allègement par le FMI de la dette de 25 pays dont le Burkina Faso. Ainsi, le pays bénéficie d’un allègement de sa dette envers le FMI arrivant à échéance au cours des six (6) prochains mois pour environ 11,9 millions de dollars us. En outre, les pays membres du G20 ont approuvé un moratoire jusqu’en 2022 pour le remboursement de la dette due en 2020 pour les pays pauvres.
A moyen et long termes, l’économie pourrait faire face à un chômage de masse qui serait la résultante naturelle de la faillite de certaines entreprises notamment les plus fragiles. En l’occurrence, les entreprises qui sont touchées directement par les mesures de bris de la chaîne de contamination sont les plus durement affectées ; suivent les sous-traitants de celles- ci. L’un dans l’autre, l’économie nationale devrait s’attendre à un chômage plus accru, toute chose qui va amplifier la pauvreté et compromettre la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD).
Avec un PIB/tête qui se contracte drastiquement, se situant du fait de la crise à 694 $US, les impacts négatifs de la crise sur le bien-être des populations sont énormes. D’ailleurs, l’examen des impacts négatifs de la maladie, effectué par le FMI, sur le bien-être des ménages africains indique que dans le scénario optimiste, les pertes de bien-être en 2020 s’élèvent à 7 % par rapport au scénario sans COVID-19, mais pourraient atteindre 10 % si la crise devait se prolonger. L’analyse du FMI explique cette tendance de forte perte de bien-être des ménages par la détérioration des termes de l’échange (suite à l’effondrement des prix des produits de base) combinée à une baisse de l’emploi.
Mesures d’accompagnement et analyse de leurs effets.
Pour atténuer les conséquences des mesures prises pour briser la chaîne de contamination de la maladie à corona virus, le Gouvernement du Burkina Faso, à l’instar des autres pays du monde a pris un certain nombre de mesures.
Ainsi, dès le 21 mars 2020 (le premier cas dans le pays a été signalé le 09 mars et la première victime le 17 mars 2020), le gouvernement burkinabè a pris plusieurs mesures qui devraient permettre à notre système de santé, par ailleurs très peu développé et donc incapable de faire face à un afflux massif de malades, de prendre en charge les cas avérés dans les meilleures conditions possibles.
L’analyse du mode de contamination et de la cinétique de propagation de la maladie au niveau des économies développées montrent que ces mesures ont des conséquences dommageables sur le plan économique même si en termes de nombre de malades les résultats semblent encourageants. Qu’en est-il des pays où l’économie est à dominante informelle comme c’est le cas du Burkina Faso.
L’économie nationale devrait s’attendre à un chômage plus accru, toute chose qui va amplifier la pauvreté et compromettre la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD)
Les habitants des zones dites non loties des grandes villes vivent tellement dans la promiscuité que le confinement dans ces conditions pourrait être source de contamination, ce qui est contraire à l’effet attendu de cette mesure.
Conscient des conséquences des mesures évoquées ci-dessus, le gouvernement dans sa réponse pour les atténuer a pris des mesures économiques et sociales dont l’impact budgétaire est estimé à 394 milliards de FCFA, soit 4,45% de notre Produit Intérieur Brut.
Au plan économique, les mesures portent essentiellement sur des allègements fiscaux qui couvrent une période de trois (3) mois à compter du mois d’avril 2020. Si elles sont salutaires pour les entreprises formelles cela n’est pas évident pour les entreprises informelles, encore moins pour les professions libérales. Quel bénéfice peut tirer une entreprise d’une réduction d’impôt s’il ne peut pas mener son activité ? Quel avantage a une femme qui vendait des condiments au marché (alors fermé) d’être exempté de loyer et/ ou de taxes ? Les mesures annoncées par le Chef de l’Etat visent à maintenir l’offre. Elles sont nécessaires parce que le Burkina Faso doit avant tout reconstituer ses capacités productives et préserver les emplois. Toutefois, dans une perspective d’élargissement de la base de la protection sociale et des filets sociaux, le soutien aux ménages vulnérables à travers l’allocation de sommes d’argent pourrait d’une certaine manière avoir des effets salvateurs notamment en termes de relance de la demande et de lutte contre la pauvreté. Le montant pourrait être défini en liaison avec les indicateurs de suivi de la pauvreté.
Pour ce qui concerne certaines mesures (dons de vivres, la relance des activités de commerce de fruits et légumes), il y a l’impérieuse nécessité d’une mise en œuvre rigoureuse pour empêcher les passagers clandestins (usurpateurs) étant donné que le Burkina Faso ne dispose pas d’un répertoire ou d’un fichier des acteurs concernés.
Au niveau social, il a été décidé la gratuité des factures d’électricité pour les compteurs de 3 A et un rabattement de 50% pour les branchements compris entre 5 et 10 A, la gratuité de la consommation d’eau au niveau des bornes fontaines et la prise en charge des factures d’eau de la tranche sociale. Bien évidemment ces mesures sont un soulagement inestimable pour les populations concernées mais elles ne devraient pas cacher les difficultés dans la phase opérationnelle.
Concernant les mesures de soutien à la relance économique, les mesures du gouvernement qui ont retenu notre attention sont (i) la mise en place d’un fonds de 100 milliards de FCFA au bénéfice des entreprises en difficultés et (ii) l’acquisition d’intrants agricoles et d’aliments pour bétail pour le soutien à la production vivrière et pastorale, d’un montant de 30 milliards FCFA. Ces mesures ont l’avantage de maintenir un tissu productif national au niveau de la production agro-sylvo-pastorale, de la transformation et permettent d’éviter au pays une insécurité alimentaire qui aurait des conséquences graves sur le climat social et sur le niveau général des prix.
Au total, en prenant les mesures de quarantaine et de distanciation sociale, le gouvernement avait conscience des conséquences que cela induiraient sur le bien-être des populations et sur l’économie dans son ensemble. Cependant, celles-ci s’avéraient nécessaires. En effet et comme le stipulent les économistes, l’Etat dans ses prérogatives régaliennes remplit trois fonctions essentielles à savoir la fonction d’allocation, la fonction de distribution et celle de stabilisation.
Contrairement, pensée classique qui préconise que le rôle de l’État soit minime dans la régulation à travers la croyance de la main invisible qui permet d’assurer la compatibilité entre les intérêts individuels et l’intérêt général, le COVID 19 rappelle à souhait que l’interventionnisme de l’État, cher à Keynes, est la clé pour éviter de créer les conditions d’une déconfiture de la société et d’anticiper sur la correction des déséquilibres économiques qui pourraient survenir.
Leçons apprises de la pandémie du COVID-19
L’ampleur des dégâts causés par cette crise notamment le coût humain énorme sous forme de souffrance, de dislocation sociale, d’insécurité alimentaire et de bouleversement de la vie quotidienne normale appelle nécessairement un changement de paradigme et de comportement. Afin de proposer des recommandations en phase avec les leçons à tirer de l’analyse de cette crise humaine, notre analyse s’appuie sur les constats majeurs suivants :
1. Les effets pervers de la mondialisation économique. Le développement des voies et des moyens de communications, la libéralisation financière et la déréglementation, la recherche effrénée du profit à la base des délocalisations (facilité par la libre circulation des capitaux) ont fait de la Chine la principale usine du monde (tout ou presque y est produit, produits finis et semi finis).
Le COVID 19 rappelle à souhait que l’interventionnisme de l’État, cher à Keynes, est la clé pour éviter de créer les conditions d’une déconfiture de la société et d’anticiper sur la correction des déséquilibres économiques qui pourraient survenir
Dans le cadre de la lutte contre le COVID-19, l’une des mesures barrières préconisée par les spécialistes de la santé est le port du masque, pour lequel le monde entier est dépendant de la Chine. Il en est de même pour les respirateurs et certains médicaments jugés essentiels dans la prise en charge des cas graves. Par ailleurs, le rapatriement dans les pays d’origine des personnes travaillant dans les entreprises implantées en Chine a également favorisé la propagation de la maladie.
2. La mise à mal de la solidarité internationale. La maladie à corona virus (COVID-19) marquera à jamais la mémoire collective et le monde moderne de ce 21ième siècle. En effet, malgré le niveau de développement exceptionnel de certains pays, notamment ceux regroupés au sein du G20, les ressorts de la solidarité internationale se sont cassés face à cette pandémie. Comme s’il s’agissait d’un démon, le COVID 19 a mis en évidence la désorganisation de la riposte mondiale (théoriquement coordonnée par l’organisation mondiale de la santé (OMS) qui aujourd’hui, est ouvertement critiquée par plusieurs pays dont les États-Unis pour complaisance envers la Chine ou encore pour incapacité à coordonner efficacement la riposte mondiale.
3. Le nationalisme citoyen ou le civisme. Cette crise légitime l’idée selon laquelle la démocratie importée, c’est-à-dire celle qui ne tire pas sa source des valeurs culturelles internes, peut conduire à des dérapages quand il s’agit de restreindre un tant soit peu la liberté individuelle au profit de la liberté collective. En effet, l’histoire des faits relatifs au COVID-19 montre bien que les pays qui ont réussi à contenir la maladie sont ceux dans lesquels le civisme et la discipline sont de rigueur. La Corée du Sud, Taiwan, Hong Kong font partie des pays qui ont réussi à contenir la maladie parce que les populations ont respecté de manière rigoureuse l’application des mesures barrières et les consignes des autorités sanitaires.
4. La résilience des acteurs. La plupart des décisions de distanciation sociale, de réduction des activités sociales, ont révélé certains usages des TIC comme des innovations, sources potentielles de transformation. Il s’agit notamment de la consultation médicale à distance, du télétravail, du dépistage et de la géolocalisation des malades, des cours par visioconférence pour les écoliers/lycéens/étudiants, des activités sportives ou de bien-être en ligne, de la culture et de l’information numérique (journaux, émissions radio ou TV…), les achats en ligne de produits, etc. Pour le Burkina Faso, ces pratiques qui exigent des défis à relever pourraient à moyen terme être créatrices de valeurs ajoutées.
Conclusion et recommandations aux décideurs
Le COVID-19 a profondément secoué les fondamentaux de la société moderne de ce 21ième siècle. En effet, avant la pandémie, il était impensable que l’humanité, tellement forte, succombe ainsi à une telle crise à même de mettre à genoux tous les pays du monde à commencer par les plus développés. Tout d’un coup, l’invraisemblable est devenu possible: rues totalement désertes, usines fermées, avions cloués au sol, avec pour corollaire récession économique, chômage massif, etc. Le marché avec «sa main invisible», censé réguler l’activité économique est tout d’un coup défaillant et l’interventionnisme de l’État est plus que nécessaire pour atténuer les effets néfastes de cette crise sanitaire et humanitaire grave.
Le Burkina Faso qui était déjà confronté à la pire crise sécuritaire de son histoire avec son lot de conséquences socioéconomiques, a dû mobiliser tous ses moyens internes, avec l’aide des partenaires techniques et financiers pour faire face à la pandémie.
1. Susciter et promouvoir les initiatives et les solutions de développement endogène
Si les prévisions concernant l’Afrique sont alarmistes c’est à cause de la très forte vulnérabilité du continent due à la faiblesse des infrastructures sanitaires, aux bidonvilles surpeuplés et mal équipés, à la faible proportion des ménages disposant de moyens de lavage des mains, etc… En outre, le continent dépend des importations (médicaments, nourriture, etc…); au Burkina Faso, la pandémie du COVID-19 aura révélé les nombreuses failles présentes dans les secteurs de l’économie, mettant ainsi en exergue l’importance des solutions endogènes, toute chose qui constitue une opportunité de restructuration et de transformation du tissu socio- économique national.
2. Mettre en place une organisation proactive efficace dans les secteurs sociaux et les secteurs stratégiques nationaux
Une bonne organisation améliore les capacités de réaction, d’anticipation et une prospective efficace. En effet, sans bonne organisation, la réponse à une crise soit-elle pensée, peut aboutir à des résultats inefficaces. Le Burkina Faso dont l’économie est dominée par le secteur informel à près de 90% devra saisir l’occasion de cette crise sanitaire pour mieux organiser ledit secteur à travers le recensement de tous ses acteurs en vue de l’implémentation d’un système d’identification informatisé des acteurs de ce secteur.
3. Investir massivement dans les TIC
Les technologies de l’information et de la communication apportent des alternatives fortes dans les domaines de la production et du développement socioéconomique. L’investissement dans les TIC permettra au Burkina Faso (i) d’améliorer la compétitivité de son économie, (ii) d’accélérer l’entrée du pays dans l’ère technologique moderne et (iii) d’être préparé pour relever les défis du futur. Un accent particulier devra cependant être mis sur la sécurité informatique afin de parer à toutes velléités de cyber-attaques de quelque nature que ce soit à même de compromettre les efforts consentis et mettre tout le système national en danger.
4. Créer une technopole dans le domaine de la santé
Le Burkina Faso devra œuvrer afin de se doter, à moyen terme, d’un parc technologique dans les domaines de la santé avec des infrastructures et plateaux techniques aux normes, un personnel qualifié et en nombre suffisant et des laboratoires de recherche en santé humaine. D’une manière générale, il s’agira d’accroître l’investissement dans la recherche scientifique et l’ingénierie pour renforcer les capacités de résilience du pays.
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