Auteurs : Mastercard fondation
Site de publication : Mastercard foundation
Type de publication : Rapport
Date de publication : 2020
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Préface
Les jeunes représentent la plus grande ressource de l’Afrique. La population africaine est la plus jeune du monde et, d’ici 2075, elle comptera davantage de jeunes que celles de l’Inde et de la Chine réunies. L’avenir de l’Afrique dépendra de sa capacité à exploiter les compétences des jeunes et à développer leur potentiel. D’énormes progrès ont été accomplis pour assurer l’accès des jeunes à l’éducation primaire, et ce, plus rapidement que dans bien d’autres régions en développement aux situations de départ comparables. Bien que les niveaux d’apprentissage représentent toujours un défi majeur, cet accomplissement s’explique par une combinaison de l’engagement politique envers l’éducation, de la hausse des ressources budgétaires allouées à l’éducation primaire, de la forte croissance économique et du soutien de donateurs internationaux.
L’éducation secondaire est la prochaine étape. Comme les taux d’achèvement du primaire sont en hausse, une part croissante de la jeunesse en plein essor se rapproche du secondaire. À l’échelle du continent, le taux d’inscription au secondaire devrait doubler d’ici 2030, soit 46 millions d’élèves supplémentaires sur les 10 prochaines années.
Faire basculer l’éducation secondaire d’un système élitiste réservé à quelques privilégiés à un système ouvert à tous les jeunes, qui leur permet d’acquérir les compétences nécessaires pour s’épanouir dans un monde du travail en constante évolution est un défi sans précédent, mais d’une importance capitale. Ce défi est encore plus pressant à la lumière de la COVID-19. Au plus fort de la pandémie, plus de 250 millions d’enfants et de jeunes ne fréquentaient plus l’école en Afrique subsaharienne, selon des données compilées par l’UNESCO. Cela s’ajoute aux 97 millions d’enfants et de jeunes d’Afrique subsaharienne qui déjà ne fréquentaient pas l’école avant la pandémie. L’inquiétude concernant un recul des inscriptions, de l’achèvement et des acquis d’apprentissage de même que les enjeux d’équité est réelle. Soudainement, les systèmes d’éducation sont passés à l’éducation à distance, et on en ignore les répercussions. Avec le repli économique, la concurrence entre gouvernements pour les ressources limitées sera plus féroce. Les questions font surface au sujet de la « nouvelle norme » en éducation et ce qu’elle signifie pour la conception et la prestation de l’éducation secondaire et la profession d’enseignant. Ce qui est clair, c’est que le statu quo ne suffira pas. Il est nécessaire de réformer en profondeur les systèmes existants et d’innover.
Pourquoi l’éducation secondaire ? Pourquoi maintenant ?
La main-d’œuvre mondiale est de plus en plus africaine. L’Afrique est actuellement le continent le plus jeune du monde et continuera à l’être au cours des prochaines décennies. D’ici 2075, la population africaine comptera davantage de jeunes que celles de l’Inde et de la Chine réunies. La population jeune et croissante d’Afrique place le continent en bonne position pour réaliser ce dividende démographique. Une éducation secondaire fournissant aux jeunes, et en particulier aux jeunes femmes, les compétences nécessaires pour entrer sur le marché du travail mondial jouera un rôle crucial pour réaliser ce potentiel.
L’éducation secondaire est la prochaine étape. Comme les taux d’achèvement du primaire sont en hausse, une part croissante de la jeunesse en plein essor se rapproche du secondaire. À l’échelle du continent, le taux d’inscription au secondaire devrait doubler d’ici 2030, soit 46 millions d’élèves supplémentaires sur les 10 prochaines années
Faire en sorte que les jeunes Africains trouvent un emploi ou assurent leur propre subsistance est l’une des tâches les plus importantes auxquelles les responsables politiques africains font face aujourd’hui.
La transition numérique, l’automatisation et les progrès technologiques changent la nature du travail à l’échelle mondiale, y compris en Afrique. Ces tendances vont accentuer les incertitudes et accélérer les changements, et il sera de plus en plus important pour les jeunes d’avoir acquis des compétences leur permettant de s’adapter, de faire preuve de résilience et de résoudre les problèmes de manière créative. Aider les jeunes à développer ces compétences stimulera la productivité aussi bien dans le secteur formel qu’informel, augmentera les revenus et accélérera potentiellement la transformation économique.
Améliorer la pertinence des programmes pour favoriser l’acquisition de connaissances et de compétences
Les économies africaines évoluent, et les jeunes doivent désormais acquérir de nouvelles compétences et de nouvelles connaissances adaptées aux tendances et aux défis qui caractérisent l’avenir du travail.
Les employeurs du secteur formel, comme ceux du secteur informel attendent de plus en plus de leurs employés qu’ils maîtrisent les technologies numériques et possèdent les compétences du XXIe siècle : esprit critique, communication, résolution des problèmes de manière créative, résilience et esprit d’équipe.
Les activités parascolaires et périscolaires sont un moyen efficace, et pourtant souvent négligé, de favoriser l’acquisition des compétences du XXIe siècle.
Garantir un corps enseignant très qualifié
Plus de 10 millions de nouveaux enseignants du secondaire seront nécessaires d’ici à 2030 pour répondre à la demande en éducation secondaire sur le continent.
Faire en sorte que les jeunes Africains trouvent un emploi ou assurent leur propre subsistance est l’une des tâches les plus importantes auxquelles les responsables politiques africains font face aujourd’hui
Assurer la présence d’enseignants hautement qualifiés dans les salles de classe est l’un des investissements les plus stratégiques qu’un pays peut réaliser afin de permettre à tous les élèves d’acquérir les compétences dont ils auront besoin dans la vie active.
Les meilleurs systèmes d’éducation au monde ont réussi à élever l’enseignement au rang des professions de prestige attirant des étudiants aux bons parcours universitaires et très motivés à enseigner et à développer leur pratique conformément aux normes professionnelles élevées.
Proposer des parcours flexibles à grande échelle
De nombreux jeunes en âge d’étudier au secondaire n’empruntent pas un parcours scolaire linéaire. Les jeunes démunis subissent souvent des pressions considérables qui les contraignent à quitter le système scolaire afin de chercher un travail et de contribuer aux besoins de leur famille. Les jeunes touchés par les conflits ou par le changement climatique doivent souvent interrompre leur éducation pour chercher refuge ou trouver de nouveaux moyens d’existence. Les jeunes femmes font face à des pressions supplémentaires qui les empêchent de terminer leur éducation.
Les programmes d’éducation et de formation alternatives répondant aux besoins des jeunes non scolarisés ou qui quittent prématurément le système scolaire sont limités (ils sont peu nombreux et peu ambitieux) et doivent être harmonisés aux cursus normaux afin de faciliter la réintégration au système formel.
Mesures préconisées
- Proposer une vision et un leadership politiques aux plus hauts niveaux afin de soutenir les investissements et politiques de réforme et d’innovation en éducation secondaire, mais aussi de leur donner la priorité.
- Élargir le recrutement et la formation pour combler les manques prévus (10,8 millions d’enseignants dans les écoles secondaires d’ici 2030).
- Établir et formaliser d’autres parcours entre éducation non formelle et éducation formelle à l’aide d’une accréditation transférable, afin de stimuler l’accès des jeunes non scolarisés. Les systèmes secondaires doivent être de plus en plus flexibles pour offrir à un grand nombre de jeunes d’autres parcours d’éducation leur permettant de retourner dans l’enseignement formel.
- Institutionnaliser au sein du gouvernement la capacité d’innover en matière d’éducation. Au fur et à mesure que les changements sociaux et économiques s’accélèrent, et alors qu’un plus grand nombre de jeunes tentent d’accéder à l’éducation secondaire, le besoin d’innovation en éducation s’intensifie.