Auteur : Estelle Brack
Site de publication : Magazine de l’Afrique
Type de publication : Article
Date de publication : 29 juillet 2019
Lien vers le document original
La gouvernance de la donnée numérique n’est, certes, pas un sujet nouveau, puisqu’elle est liée à l’émergence de l’informatique elle-même. Mais elle a pris une dimension particulière ces dernières années, quand les données et leur commercialisation sont devenues un actif majeur au coeur du modèle économique des acteurs ayant connu la plus forte progression.
L’analyse des données est traditionnellement une composante importante de l’économiste ou du statisticien, elle s’est ouverte au Data Scientist dans le monde du digital.
Aussi, poursuit-elle, « au-delà des questions sécuritaires et politiques, une trop faible protection des données personnelles des citoyens est une aberration à l’heure de l’intelligence artificielle (IA). La course mondiale à l’IA va changer l’économie et le marché du travail. Le continent africain, qui espérait depuis longtemps devenir la prochaine usine du monde, doit revoir ses ambitions à la hausse »
Cette analyse répond à plusieurs objectifs. Notamment économiques et financiers quand il s’agit de mesurer les performances d’une entreprise, d’un État ; marketing pour connaître les comportements des clients et leur fournir les services et produits idoines ; opérationnel pour la supervision de l’activité ou la maintenance du matériel ; réglementaire pour appréhender le risque inhérent à l’activité des entités supervisées (exigences en matière de lutte contre la fraude, le blanchiment d’argent, financement du terrorisme, etc.).
Une analyse robuste de données, quelle qu’elle soit, implique de disposer d’une base importante et fiable, et de sources de bonne qualité. Bien sûr, l’évaluation statistique est basée sur le passé, l’historique comportemental des acteurs étudiés servant souvent de base pour prédire le futur.
Traditionnellement, ce sont les organisations internationales (Banque mondiale, FMI, Banque africaine de développement, etc.) qui fournissaient les données sur les économies du continent, à partir des déclarations des gouvernements et administrations.
Un potentiel de data considérable en Afrique
La croissance des internautes à l’échelle globale s’explique en grande partie par la baisse des coûts des smartphones et des forfaits de données. Ainsi, plus de 200 millions de personnes ont acquis leur premier téléphone portable en 2017 et deux tiers des habitants dans le monde, soit 5,135 milliards de personnes, possèdent désormais un mobile.
Les taux de pénétration de l’Internet peuvent certes encore être considérés comme faibles dans une large partie de l’Afrique centrale et de l’Asie du Sud, mais ce sont aussi précisément dans ces régions que l’adoption du Web connaît la croissance la plus rapide.
Par exemple, le nombre d’internautes au Mali a quasiment été multiplié par 6 depuis janvier 2017 ! Quant aux internautes au Bénin, en Sierra Leone, au Niger et au Mozambique, leur nombre a plus que doublé sur un an.
D’autre part, selon le Global Findex database de la Banque mondiale, 1,7 milliard de personnes autour du globe sont non bancarisées. Sur le continent, c’est 70 % de 1,2 milliard…
d’individus qui ne sont pas bancarisés, soient 840 millions de personnes, alors que le taux d’équipement en smartphones devrait atteindre 70 % de la population en 2024.
Un État qui ne protège pas correctement les données personnelles de ses citoyens s’expose à ce que celles-ci soient utilisées pour déstabiliser le pays. » Par exemple, l’entreprise Cambridge Analytica, pour perfectionner les « produits d’exploitation psychologique » qu’elle a utilisés au Royaume-Uni et aux États-Unis, la firme a d’abord fait des tests au Nigeria et au Kenya
C’est l’occasion d’innover : « En matière de données, il ne faut pas penser à la solution occidentale que l’on va appliquer en Afrique. Il faut imaginer ce que l’Afrique va faire.
Un RGPD (Le règlement général sur la protection des données) pour l’Afrique ?
Julie Owono, avocate camerounaise et directrice exécutive d’Internet sans frontières vient rappeler que « dépourvues de protection, les données des Africains sont à la merci du premier venu, et des abus en la matière pourraient être porteurs de conséquences dévastatrices. »
Aussi, poursuit-elle, « au-delà des questions sécuritaires et politiques, une trop faible protection des données personnelles des citoyens est une aberration à l’heure de l’intelligence artificielle (IA). La course mondiale à l’IA va changer l’économie et le marché du travail. Le continent africain, qui espérait depuis longtemps devenir la prochaine usine du monde, doit revoir ses ambitions à la hausse ».
Google vient d’investir dans un laboratoire de recherche en IA à Accra, au Ghana. « Ce signe doit de toute urgence mettre la puce à l’oreille des dirigeants ! L’Afrique doit se faire une place dans ce nouveau marché des possibles. Pour se développer, l’IA a besoin de scientifiques, de données et de garanties démocratiques.
Un État qui ne protège pas correctement les données personnelles de ses citoyens s’expose à ce que celles-ci soient utilisées pour déstabiliser le pays. » Par exemple, l’entreprise Cambridge Analytica, pour perfectionner les « produits d’exploitation psychologique » qu’elle a utilisés au Royaume-Uni et aux États-Unis, la firme a d’abord fait des tests au Nigeria et au Kenya.
La plupart des pays africains n’ont pas de législation à jour concernant les données personnelles. Au vu des levées de boucliers récentes sur l’utilisation gratuite des données par la GAFA, du standard que pose le règlement européen des données (GDRP) et du volume de données croissant sur le continent, la question devient prégnante et susceptible de faire réagir les régulateurs africains rapidement.
Les Wathinotes sont soit des résumés de publications sélectionnées par WATHI, conformes aux résumés originaux, soit des versions modifiées des résumés originaux, soit des extraits choisis par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au thème du Débat. Lorsque les publications et leurs résumés ne sont disponibles qu’en français ou en anglais, WATHI se charge de la traduction des extraits choisis dans l’autre langue. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
The Wathinotes are either original abstracts of publications selected by WATHI, modified original summaries or publication quotes selected for their relevance for the theme of the Debate. When publications and abstracts are only available either in French or in English, the translation is done by WATHI. All the Wathinotes link to the original and integral publications that are not hosted on the WATHI website. WATHI participates to the promotion of these documents that have been written by university professors and experts.