Auteur : Alphonse Ibi Kouagou
Organisation affiliée : Groupe de la Banque Mondiale
Type de publication : Note de l’administrateur / Edition spéciale
Date de publication : avril 2022
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L’Afrique reste en effet la région du monde qui compte le plus de jeunes puisque l’âge médian y est de 19,7 ans, contre 30,9 ans au niveau mondial en 2020 selon les chiffres publiés par l’Organisation des Nations Unies (ONU). En outre, selon les données de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, 60 % de la population africaine avait moins de 25 ans en 2020, et près de 80 % de la population africaine avait moins de 35 ans comparé à moins de 40 % en Europe, 45 % en Amérique du Nord et 55 % en Asie. Par ailleurs, plus de la moitié de la croissance démographique dans le monde d’ici à 2050 aura lieu en Afrique. Proportionnellement, c’est donc la région qui connaît la plus forte évolution démographique. C’est également la seule région au monde où la population jeune croît très rapidement.
L’évolution de la population jeune en Afrique interpelle sur la disponibilité des opportunités économiques offertes aux jeunes africains, chaque année de plus en plus nombreux à entrer sur le marché de l’emploi.
L’entrepreneuriat comme piste de solution pour relever les défis de l’emploi des jeunes en Afrique
L ’Union africaine (UA) reconnaît que l’entrepreneuriat, sans être à même de régler tous les problèmes des jeunes, apparaît comme une solution durable à la crise de l’emploi en Afrique. Selon l’organisation continentale, l’entrepreneuriat est un moteur clé de la transformation économique structurelle envisagée dans l’agenda 2063, avec le potentiel de créer des millions d’emplois. En cela, l’entrepreneuriat constitue une piste prometteuse pour tirer pleinement profit du dividende démographique. Car avec 11 millions de jeunes qui devraient entrer sur le marché du travail chaque année au cours de la prochaine décennie (selon les estimations de la Banque mondiale), il devient de plus en plus urgent de développer la capacité de l’Afrique à absorber, former et intégrer cette main-d’œuvre croissante largement confinée au secteur informel, et éviter que des générations entières ne soient marginalisées.
Les politiques et investissements pour soutenir l’entrepreneuriat des jeunes en Afrique devraient apporter des solutions efficaces aux problèmes actuels du côté de l’offre et de la demande du marché du travail. L’expérience depuis les indépendances a démontré que les secteurs traditionnels public et privé ne peuvent résoudre le problème de l’emploi des jeunes en Afrique. En effet, alors que le secteur public ne peut absorber toute la demande, le secteur privé – dans son état actuel – demeure un secteur majoritairement informel, avec son lot d’emplois précaires.
Car avec 11 millions de jeunes qui devraient entrer sur le marché du travail chaque année au cours de la prochaine décennie (selon les estimations de la Banque mondiale), il devient de plus en plus urgent de développer la capacité de l’Afrique à absorber, former et intégrer cette main-d’œuvre croissante largement confinée au secteur informel, et éviter que des générations entières ne soient marginalisées
S’il faut convenir que le secteur privé est la réponse pour le développement et la stabilité économiques, il devra subir une véritable transformation en Afrique pour générer des emplois décents et de bonne qualité. La jeunesse africaine a besoin d’un secteur privé novateur et dynamique qui serait construit par les jeunes eux-mêmes, et qui deviendrait le moteur de la transformation économique dont le continent a tant besoin pour ajouter de la valeur à ses immenses richesses naturelles. L’entrepreneuriat des jeunes s’inscrit dans cette logique, façonné par la technologie, l’innovation et le numérique, autant de perspectives qui permettent de catalyser et d’accélérer la croissance économique.
Vers un secteur privé fort et dynamique en Afrique pour soutenir l’entrepreneuriat des jeunes
Les PME porteuses d’espoir pour tirer les jeunes vers l’entrepreneuriat
Le secteur privé à travers les Petites et Moyennes Entreprises (PME) offre aux jeunes l’opportunité de la quête d’un emploi décent pour s’autonomiser6 . De ce fait, de plus en plus de jeunes hommes et femmes pourraient être intéressés par la création d’entreprise afin de créer de l’emploi, et embaucher eux-mêmes des jeunes si les conditions favorables sont réunies. Selon la Société financière internationale (SFI), la branche d’investissement du secteur privé du Groupe de la Banque mondiale, les PME sont l’un des moteurs de la création d’emplois et de la croissance du PIB. Elles contribuent pour beaucoup à la diversification économique et à la stabilité sociale, et jouent un rôle important dans le développement du secteur privé. Les PME agissent également comme catalyseur pour l’innovation et l’intégration des pays dans les chaînes de valeurs. À une époque marquée par le progrès technologique et l’innovation, si les jeunes sont bien armés et encadrés, le secteur des PME devient la clé de l’expansion future de tout secteur industriel pour assurer la transformation économique et un meilleur partage de la prospérité.
Quel rôle pour l’État et les banques multilatérales de développement ?
Les PME ont besoin du soutien de l’État pour créer et maintenir un écosystème favorable à leur développement et à l’innovation. Les responsabilités de l’État sont à plusieurs niveaux : de la promotion de la culture de l’esprit entrepreneurial, au développement des instruments de financement, en passant par la mise en place d’un cadre réglementaire, d’un système incitatif, et d’un environnement des affaires propices au développement et à l’éclosion des entreprises. Pour améliorer le financement des PME, il est important pour les États de dérisquer le secteur en développant des instruments qui protègent les banques contre les risques d’insolvabilité et d’instabilité des PME ou qui amènent les banques à prendre davantage de risques, notamment à travers la mise en place de lignes de garantie et de financements par capitaux propres. La présence de l’État dans l’actionnariat d’une PME pourrait permettre de mieux entreprendre toutes les diligences non financières, y compris en termes de gouvernance pour mieux favoriser le développement de la PME.
L’accompagnement des Banques multilatérales de développement est important pour accélérer les réformes liées à l’amélioration du climat des affaires et favoriser l’accès au financement.
Autonomiser le secteur privé pour un meilleur dialogue politique avec le secteur public
Le secteur privé est le moteur de la croissance. Pour lui permettre de jouer pleinement ce rôle, un dialogue et une collaboration avec le secteur public sont indispensables. À cette fin, les opérateurs du secteur privé devraient s’organiser en associations, tant sur une base sectorielle que nationale, pour coordonner leurs actions et parler d’une seule voix avec le gouvernement sur les stratégies de développement économique et social. Par exemple, ils peuvent influencer les politiques gouvernementales en soumettant des mémorandums écrits avant les consultations directes et en organisant des consultations avec la société civile pour générer un consensus national pouvant alimenter l’élaboration des politiques gouvernementales.
Les responsabilités de l’État sont à plusieurs niveaux : de la promotion de la culture de l’esprit entrepreneurial, au développement des instruments de financement, en passant par la mise en place d’un cadre réglementaire, d’un système incitatif, et d’un environnement des affaires propices au développement et à l’éclosion des entreprises
Le gouvernement et le secteur privé devraient également travailler en collaboration pour mettre en place un écosystème propice à la promotion de l’entrepreneuriat et au développement des PME. Le schéma ci-dessous suggère quelques éléments clés d’un tel écosystème. De plus, les gouvernements devraient offrir une plate-forme pour des consultations régulières avec le secteur privé sur les questions et stratégies de croissance économique à long terme, y compris les préoccupations à court terme notamment le chômage, les inégalités et le rôle du secteur privé dans le cadre d’une stratégie de développement durable.
Du besoin de lever les contraintes de l’entrepreneuriat des jeunes en Afrique
Les contraintes liées au développement des PME
Au cours de ses divers échanges avec les jeunes entrepreneurs, notamment dans le cadre de ses missions effectuées au Bénin, au Burkina Faso, aux Comores, en Côte d’ivoire, au Niger, et au Togo, il est apparu clair pour l’Administrateur du Groupe Afrique II que la première option des uns et des autres n’est en général pas de se lancer tout de suite dans l’entrepreneuriat. En effet, pour la plupart des jeunes africains – notamment les diplômés toutes catégories confondues – l’entrepreneuriat se présente comme une solution de dernier recours qui est saisie après avoir épuisé toutes les autres options. Pour ces jeunes, la première option est la recherche d’un emploi stable dans le secteur public, suivie par celle dans le secteur privé formel. Ceci est encore plus vrai dans les pays francophones de l’Afrique subsaharienne où la notion de fonctionnariat, de l’emploi stable jusqu’à la retraite, est très prisée.
Plusieurs jeunes ont fait savoir à l’Administrateur que leurs débuts dans l’entrepreneuriat étaient plus informels et sans une réelle ambition de se formaliser, car la rigidité de la règlementation exacerbée par le manque de préparation pour connaître les étapes à suivre dans cette optique n’étaient pas des facteurs encourageants. Il n’est plus à démontrer que, face à une démographie galopante, les Etats sont à bout de souffle, incapables de servir de plateforme d’absorption des compétences disponibles ou même de produire et former les compétences nécessaires.
Qu’il s’agisse de contraintes liées au manque de compétences, ou à l’inadéquation de la formation avec les besoins du marché du travail, ou encore à l’offre réduite des opportunités d’insertion dans le secteur public, il convient de faire un état des lieux réaliste afin d’explorer des pistes de solutions idoines dans un contexte où l’Afrique a une population jeune et grandissante – ce qui pourrait être un atout, ou au contraire constituer une véritable menace pour le développement du continent.
Contraintes du cadre juridique et institutionnel, et faible soutien des acteurs publics
Dans les pays visités, les promoteurs d’entreprises affirment éprouver de la difficulté à accéder aux informations sur les formalités nécessaires à la création des PME. Ils déplorent le manque de transparence ou d’uniformité dans les informations reçues dans le cadre de la création des entreprises. En effet, les frais à payer ne seraient pas toujours uniformes et bien compris. À cela s’ajoute l’interaction avec les services gouvernementaux. En effet, beaucoup de jeunes ont rapporté qu’il faut avoir des relations informelles avec les agents des services gouvernementaux pour bénéficier de meilleurs délais et de meilleurs services. Aussi, une opacité existerait dans les frais relatifs aux impôts en sus de règles comme la délivrance de factures normalisées dont le coût d’accès serait prohibitif pour une PME qui en est à ses débuts ou pas encore rentable.
Accès limité aux infrastructures et aux technologies adéquates
L’accès limité aux infrastructures et aux technologies adéquates a été identifié comme une contrainte majeure pour les entrepreneurs de PME. L’analyse de l’écosystème entrepreneurial dans les pays visités suggère que des contraintes majeures se cristallisent autour de coûts de transport élevés ainsi que de problèmes de fiabilité dans l’approvisionnement en électricité. En outre, l’accès à un internet fiable est également crucial pour beaucoup d’entreprises. Au-delà de la question d’accès, l’indisponibilité de technologies est également un facteur important qui nuit au développement d’un écosystème entrepreneurial dynamique. Adopter les technologies adéquates est un élément crucial pour le développement d’une entreprise. Cependant, l’adoption des technologies reste limitée par la pauvreté, le niveau d’éducation et les effets de réseau. Pour illustrer ce point, le cas de quelques entreprises d’agro-business dans certains pays visités est particulièrement édifiant. Les entreprises de ce secteur d’activité réalisent des chiffres d’affaires élevés, mais leurs bénéfices n’augmentent pas parce qu’elles ne peuvent pas faire de la production de masse en raison du manque d’équipements de transformation et d’emballage. La plupart d’entre elles doivent se tourner vers les pays voisins pour leurs besoins en produits intermédiaires. Ces entreprises sont également confrontées à une concurrence accrue des produits importés sur le marché et à des difficultés d’accès aux marchés transfrontaliers.
Limites de l’entrepreneuriat dans le secteur informel
Deux types d’entrepreneurs doivent être distingués : les entrepreneurs de subsistance (subsistence entrepreneurs) et les entrepreneurs disruptifs (transformational entrepreneurs). Les premiers représentent la majorité des PME créées qui choisissent cette voie comme un moyen de subsistance, quasiment et exclusivement dans le système informel. Le second groupe, minoritaire, comprend les promoteurs de PME qui ont le potentiel de se développer, rejoindre le secteur formel et contribuer à l’économie en créant des emplois décents.
De manière générale, l’informalité affecte les PME à deux niveaux : elle tend à limiter la productivité d’une entreprise en phase de développement, mais aussi à accroître la vulnérabilité aux chocs. Les micro-entreprises formelles dominent les entreprises informelles en termes de productivité du travail, de ventes et d’emplois. Elles sont également plus susceptibles que les entreprises informelles de posséder des caractéristiques essentielles pour stimuler la performance, comme l’accès au crédit, aux marchés, à l’électricité, ainsi que l’adoption de technologies. La formalisation des entreprises informelles les plus avancées peut également libérer leur potentiel de croissance. Mais les coûts relatifs à leur formalisation découragent souvent les promoteurs à s’embarquer dans leur formalisation. Parallèlement, il est important de mettre à disposition des bonnes incitations, y compris en limitant les excès bureaucratiques et la corruption qui alimentent l’informalité, afin d’encourager les promoteurs à formaliser leurs PME informelles. De plus, les travailleurs et les entrepreneurs du secteur informel sont plus vulnérables aux chocs économiques, du fait de leur accès limité aux services financiers et aux programmes de soutien du gouvernement.
Manque de talents, fuite des cerveaux, et faiblesse des compétences
Le manque de formation et les faibles niveaux de capital humain constituent également des contraintes à la création, au développement et au succès des PME. La première étape de toute activité entrepreneuriale requiert des compétences techniques et des connaissances pour convertir les idées en biens et services afin de les commercialiser. Parmi les facteurs importants qui empêchent les individus d’opter pour l’entrepreneuriat, l’on peut compter l’indisponibilité de mentors, et l’inexistence d’une culture de la prise de risque.
En outre, la fuite des cerveaux africains affecte la capacité d’embauche du continent. Pour illustrer ce constat, il ressort de l’entretien avec le responsable du Centre Incubateur des Petites et Moyennes Entreprises au Niger (CIPMEN) que près de 40 % des entreprises incubées au CIPMEN travaillent dans le domaine du digital et la plupart de ces entreprises sont confrontées à un problème de ressources humaines . Deux facteurs complémentaires expliquent cela : i) la rareté des talents dans le numérique, qui fait mécaniquement monter les salaires et rend difficile les moyens de se lancer en startup ; et ii) la concurrence avec les multinationales pour recruter.
En outre, la fuite des cerveaux africains affecte la capacité d’embauche du continent. Pour illustrer ce constat, il ressort de l’entretien avec le responsable du Centre Incubateur des Petites et Moyennes Entreprises au Niger (CIPMEN) que près de 40 % des entreprises incubées au CIPMEN travaillent dans le domaine du digital et la plupart de ces entreprises sont confrontées à un problème de ressources humaines. Deux facteurs complémentaires expliquent cela : i) la rareté des talents dans le numérique, qui fait mécaniquement monter les salaires et rend difficile les moyens de se lancer en startup ; et ii) la concurrence avec les multinationales pour recruter.
Inadéquation des programmes de formation
La plupart des programmes de formation des jeunes n’aboutissent pas aux résultats escomptés. Cela est dû en partie au fait que les emplois pour lesquels les jeunes ont été formés n’existent pas. Pour les jeunes éduqués, les formations professionnelles et techniques qui sont souvent offertes par le système éducatif standard ne suffisent plus à elles seules pour leur permettre d’être immédiatement employables ou de se diriger vers l’entrepreneuriat. Par ailleurs, les programmes de développement en entrepreneuriat supposent très souvent que les jeunes aient les compétences et les attitudes fondamentales nécessaires pour créer des entreprises et ne manquent que d’éléments complémentaires de connaissances et de techniques de gestion d’entreprise.
Difficultés d’accès au financement
Le manque d’accès au financement constitue l’un des principaux obstacles à la croissance des PME. Dans beaucoup de pays africains, les banques restent averses au risque, accentuant les difficultés des PME pour accéder à un financement adéquat. Les PME n’ont pas toujours les moyens d’offrir les garanties exigées par les banques. En outre, les instruments de financement des PME restent très peu diversifiés. Enfin, les PME ne sont pas toujours en mesure d’identifier une structure pour les accompagner dans le service non-financier de montage des dossiers de financement à des coûts acceptables, rendant les projets non bancables. Face à ces multiples défis, l’accès au financement est capital, soit par le canal des prises de participations, soit par l’accès aux financements bancaires ou aux subventions.
Parmi les options de financement envisageables, l’on pourrait citer :
- Les prêts d’honneur à zéro taux d’intérêt et sans garantie exigée des incubateurs de PME, ou des prêts de la famille et des amis.
- Les prêts-équipement, avec plusieurs options de remboursements sous la forme de subvention si l’entreprise prospère ou remboursables à un certain niveau, en général 50 %.
- Les tontines et associations, basées sur la confiance. Cependant, il n’existe pas de statistiques fiables sur le sujet.
- Le recours aux Systèmes Financiers Décentralisés (SFD), notamment la microfinance, avec des taux d’intérêt en général avoisinant 20 %, voire plus, accompagnés de garanties diverses. Ici les montants prêtés dépassent rarement 50 millions de francs CFA (environ 86 000 USD) pour des délais de remboursement souvent courts.
- La participation au capital via les fonds d’investissement ou des investisseurs privés.
- Les subventions, et les initiatives des diverses institutions. Celles-ci sont en général limitées dans le temps et souvent associées à une initiative, projet ou programme spécifique qui, par la suite, ne bénéficie pas toujours du suivi adéquat. Par exemple, une PME est assistée dans sa phase de mise en place. Ensuite, dans sa phase de croissance, elle ne bénéficie plus d’un suivi et tombe dans la précarité pour enfin disparaître.
- Les prêts bancaires dont les taux d’intérêt peuvent varier entre 6 et 14 %, avec des demandes de garanties à 100 % ou plus, ou via un fonds de garantie. Les montants des prêts pouvant aller jusqu’à 100 millions de francs CFA (environ 172 000 USD) sauf dans le cadre de l’exécution des marchés régulièrement enregistrés et souvent accompagnés de garanties hypothécaires ou les montants requis sont plus élevés.
Les femmes entrepreneurs font face à des difficultés supplémentaires
La pandémie de COVID-19 a aggravé ce constat (Encadré 1). En outre, la fracture numérique entre hommes et femmes a un impact négatif sur l’accès aux technologies et leur adoption par les entreprises dirigées par des femmes. Les obstacles économiques et socioculturels contribuent à l’écart entre les sexes en matière de possession de téléphones mobiles et d’utilisation de l’internet. Le coût élevé des données, le manque de contenu adapté à la vie des femmes, la prévalence du harcèlement en ligne à l’encontre des femmes, et les moindres opportunités en termes de formation renforcent cette fracture numérique entre les hommes et les femmes. De plus, dans les pays en développement, les études démontrent que les femmes ont trois fois moins de chances que les hommes de travailler dans le secteur des Technologies de l’information et de la communication (TIC) et huit fois moins de chances de travailler dans des emplois directement liés au numérique. Néanmoins, de nouvelles opportunités apparaissent pour les jeunes femmes, car les emplois numériques peuvent augmenter leur productivité, leurs revenus et leur indépendance financière. Les emplois impliquant un travail à distance, en ligne, et flexible peuvent aider les jeunes femmes à surmonter les contraintes de mobilité, et à remettre en question les normes restrictives sur le genre tout en augmentant l’accès des femmes aux activités génératrices de revenus.
Des solutions innovantes pour stimuler l’entrepreneuriat des jeunes en Afrique
Tirer parti des nouvelles technologies, du numérique et des outils d’intelligence artificielle pour développer les compétences et le savoir-faire entrepreneurial
Le secteur du numérique et des TIC a ouvert des perspectives complètement nouvelles qui nécessitent une gamme de compétences techniques pour accéder à de nouveaux emplois. Le numérique est devenu un outil essentiel dans la production, la distribution et la livraison d’une vaste gamme de biens et de services tels que les audios et les livres électroniques, la musique et l’abonnement en streaming vidéo, la publicité multimédia en ligne, la création de publicité, la formation interactive en ligne, la télémédecine, etc. Les TIC ont également créé des opportunités pour les entrepreneurs : le développement de logiciels, les opérations d’édition, de mise en page et d’impression, l’externalisation des affaires et des connaissances, le conseil juridique, l’audit et la comptabilité, la facturation médicale, les services de traduction et les dessins architecturaux, entre autres. Ces compétences sont rares et doivent être développées rapidement pour soutenir la croissance de l’industrie technologique et numérique. Ce déficit de compétences doit être comblé de toute urgence si les pays ne veulent pas être laissés pour compte. Cela doit être initié dès le début de l’éducation primaire et être un processus d’apprentissage tout au long de la vie.
Exploiter les opportunités offertes par l’économie orange et traditionnelle
La transformation des économies africaines pourrait passer par le développement de l’entrepreneuriat dans les secteurs créatifs. Selon la note thématique S4YE (Solutions for Youth Employment) du Groupe de la Banque mondiale sur l’économie orange publiée en septembre 2020, la valeur économique des activités créatives est souvent méconnue mais les chiffres de l’emploi montrent que les secteurs culturels et créatifs jouent un rôle essentiel en tant que source de revenus et moteur de création d’emplois. Les activités créatives et culturelles telles que l’art, l’artisanat, la musique ou la mode ont un potentiel inexploité en tant que moteur d’emplois meilleurs et inclusifs, en particulier pour les jeunes, les femmes et les groupes minoritaires dans le secteur formel et informel. C’est un secteur en pleine croissance.
Par ailleurs, le soutien à l’entrepreneuriat pourrait également impulser la transformation économique à travers la consolidation des secteurs traditionnels existants, l’amélioration de leur productivité et de leur efficacité. Le développement de l’agro-industrie par exemple offre l’opportunité de voir émerger des initiatives dans le domaine de l’entrepreneuriat qui pourraient augmenter la valeur ajoutée et les recettes d’exportation, tout en jetant les bases pour le développement de nouveaux secteurs. Le recours à la mécanisation, de meilleures installations d’irrigation, l’utilisation d’engrais et de pesticides appropriés, l’utilisation de semences résistantes aux maladies, l’accès instantané aux cours en vigueur, et le regroupement des terres des petits agriculteurs pour des économies d’échelle sont quelques-unes des voies qui conduisent à l’amélioration de la productivité, tout en bénéficiant du savoir-faire et des solutions offertes par les jeunes entrepreneurs grâce au numérique. L’automation et la mécanisation des services pourraient entraîner des licenciements, mais en même temps créer un creuset de travailleurs pouvant être conditionnés ou recyclés dans d’autres secteurs d’activités, y compris dans les industries naissantes. Il est donc nécessaire qu’une telle transformation s’accompagne du développement de nouveaux piliers, y compris le développement de l’économie numérique.
Investir dans l’industrie des startups africaines
Investir dans la startup, c’est soutenir l’entrepreneuriat et les nombreux emplois qu’elle peut potentiellement créer, une fois sortie de cette phase particulière qui est qu’elle en est au premier stade de ses opérations. Une startup est une jeune entreprise innovante qui évolue dans le secteur des nouvelles technologies à fort potentiel de croissance13. La startup découle directement de la fibre entrepreneuriale et de l’innovation. La startup africaine notamment reste très attractive pour le capital-risque international, et ce en dépit de la pandémie. Selon Disrupt Africa, le nombre de transactions des startups africaines et leur montant respectif de financement ont augmenté régulièrement au cours des cinq dernières années. Le financement total des startups a augmenté de 42,7 % pour atteindre plus d’un milliard de dollars US en 2020. En août 2021, plus de 300 startups africaines avaient déjà levé plus de 1,1 milliard de dollars et ce montant devait doubler d’ici la fin de 2021. Les startups Fintech ont attiré plus de 60 % de tous les fonds de venture capital qui ont afflué en Afrique le premier trimestre 2021.
Nonobstant la tendance à la hausse des startups en Afrique, elle varie fortement d’une région à l’autre.
L’Afrique du Sud et le Nigéria sont en tête du peloton des pays africains avec le financement de démarrage le plus élevé en 2021, représentant respectivement 28 % et 27 % du total des fonds levés. Le Kenya, l’Égypte et le Ghana complètent la liste des Top 5 (13 %, 11 % et 10 % respectivement) connue sous le nom de Big Five d’Afrique.
Pourquoi l’Afrique francophone est-elle en retard ?
Il est observé que la majorité des investisseurs/ entreprises et financiers du secteur sont originaires de pays anglophones ; la barrière de la langue est une réalité car le secteur technologique est principalement dominé par la langue anglaise. La taille de la population (marchés plus petits) joue également un rôle et le fait que la plupart des ressources des startups (incubateurs et accélérateurs régionaux, laboratoires, conférences) se trouvent dans la région anglophone. Couplé à ces facteurs, il y a aussi l’inexistence de l’environnement réglementaire, la fragilité du climat des affaires, le manque d’infrastructures, la faiblesse de la culture d’entreprise et les problèmes de gouvernance en Afrique francophone qui se sont avérés de nature à entraver les investissements et la confiance des investisseurs dans la région.
En conséquence, il existe encore un manque de soutien pour les entreprises en démarrage dans la zone francophone. Et parce qu’il n’y a pas un réseau solide d’accélérateurs et d’incubateurs, les investisseurs internationaux rencontrent des difficultés à trouver un point d’entrée dans la région qui puisse les connecter à un pipeline de transactions potentielles.
En outre, les jeunes entrepreneurs n’ont pas les compétences nécessaires, les ressources, les motivations et un appui technique pour exceller et changer le rythme de l’entrepreneuriat et du développement dans la région. Pour combler ce fossé, l’Afrique francophone doit créer un environnement favorable, faciliter l’accès au financement, s’attaquer au problème du capital humain par le biais de formations, de programmes accessibles aux jeunes tels que le mentorat, et autres avenues comme les incubateurs/agences agiles, les laboratoires et les conférences pour soutenir et produire des talents. En effet, la région francophone représente un marché non saturé pour les startups, offrant un éventail d’opportunités pour les investisseurs privés et publics dans le domaine numérique et dans plusieurs secteurs tels que l’agriculture, la santé, l’éducation, la logistique, l’e-commerce et la fintech où les jeunes entrepreneurs et innovateurs peuvent jouer un rôle majeur dans le développement économique de la région.
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2 Commentaires. En écrire un nouveau
Mon objectif est spécial car j’ai un très grand désir de voir pousser sur le sol dAboude mandeke à 28 km dÀgboville une grande usine de cacao et du _café une usine de produits traités jusqu’à la finission pour permettre à toute la jeunesse de ce balcon isolé de gagner quelque chose â faire dans la vie pour mieux être confiants de leur devenir
.car les forêts se font plus en plus rares dans toute la partie sud du pays .venez m’aider à faire de ce rêve une realite merci je vous remercie .merci de bien vouloir agréer.
J’ai l’honneur de constaté que cette cette grande opportunité peut être destinée à n’importe quel personne désireuse de faite du sérieux dans le domaine de l’entreprenariat .nous autre nous n’avions pas de moyen pour entreprendre maïs à cause de cette opportunité nous ne desesperons pas mais nous espérons que ces organismes et ces entités financiers très outilles pour contrôler les différentes opérations en place