L’ambition du réseau Agri Vision Sahel est de booster et renforcer davantage le rôle de l’Agriculture pour assurer le développement du Sahel et ce, en termes d’amélioration du système alimentaire et de résolution des défis et enjeux multidimensionnels, cruciaux et urgents auxquels les populations sont confrontées au quotidien. Petits et moyens agriculteurs et autres agri-entrepreneurs, en particulier les jeunes et les femmes, comme d’autres agro-entreprises et les partenaires du réseau du gouvernement, de la société civile et des institutions du savoir auront tous une contribution à apporter pour renforcer ce rôle positif de l’Agriculture pour assurer le développement du Sahel. L’objectif du réseau Agri Vision Sahel est d’améliorer l’impact collectif des membres du réseau sur l’Objectif de développement durable 2 (ODD2) , et parallèlement à divers autres Objectifs de développement durable. Pour améliorer l’impact collectif, il s’agira de s’attaquer aux goulots d’étranglement majeurs auxquels les différentes communautés du sahel font face. La mission principale du réseau Agri Vision Sahel est d’être un «accélérateur d’idées»: permettre des approches innovantes nécessaires à la transition alimentaire et agricole. Il vise donc à relier les organisations, pour créer un espace expérimental, pour accélérer les connaissances et de donner une visibilité à ces activités afin de clarifier ce qui est nécessaire. Le réseau Agri Vision Sahel créera l’espace pour les inspirateurs, les innovateurs, les changeurs, les experts et les entrepreneurs pour se réunir et partager, apprendre, réfléchir, concevoir et planifier de nouvelles approches programmatiques. Les principaux moteurs du réseau Agri Vision Sahel sont : de se connecter, d’innover et d’évoluer. Connecter est essentiel pour mobiliser l’expertise pertinente et la relier aux connaissances, à l’expérience et aux compétences dans les pays ou zones ciblées. Innover stimulera les partenaires à développer de nouvelles interventions de pointe qui feront une différence. Le réseau Agri Vision Sahel offrira de l’espace pour expérimenter et apprendre. La mise à l’échelle est nécessaire pour s’assurer que les interventions ont un impact à la fois en diffusant les meilleures pratiques et en les ancrant dans les systèmes et les politiques actuels. Le réseau Agri Vision Sahel appuiera des coalitions variables de partenaires engagés. Aussi, le réseau Agri Vision Sahel utilisera l’approche du système alimentaire pour identifier les possibilités d’accélérer le changement du système ainsi que les obstacles au changement. Cela permet d’identifier les interventions qui pourraient contribuer à entraîner ce (plus) impact durable à l’échelle dans les différents domaines, par les acteurs individuels ainsi que par la collaboration des parties prenantes du réseau. Le réseau Agri Vision Sahel a priorisé quelques activités phares, il s’agit, entre autres :
L’importance de l’entrepreneuriat dans le domaine agricole « Nous pouvons voir l’entrepreneuriat comme une force ou une faiblesse. Cependant, au niveau de l’Afrique, la population est extrêmement jeune et la dynamique démographique peut être une bombe à retardement si nous continuons avec le système éducatif actuel. Le potentiel agricole de l’Afrique est très important, les surfaces cultivables en Afrique dépassent celles de tous les autres continents ! Je pense que l’entrepreneuriat agricole est une des meilleures solutions car notre souveraineté nationale et panafricaine commence d’abord par notre capacité à nous nourrir. Nous continuons à recevoir la nourriture de ce qu’il reste du stockage alimentaire des pays développés alors que le potentiel de production est immense. La priorité est donc de promouvoir l’entrepreneuriat agricole pour tenter d’absorber cette masse de jeunes désorientés. En obtenant un travail décent, les jeunes entrepreneurs sont aussi capables d’embaucher d’autres personnes et d’engager une démarche de co-entrepreneuriat. Il y a une incitation panafricaine à consommer ce que nous produisons, avec un travail à faire sur le Made in Africa.
Je pense que l’entrepreneuriat agricole est une des meilleures solutions car notre souveraineté nationale et panafricaine commence d’abord par notre capacité à nous nourrir
Le champ des possibilités est large mais le défi est de rendre le secteur de l’agriculture plus attractif pour les jeunes. » L’impact des différentes activités « Nous avons mené des études pour faire l’état des lieux de l’entrepreneuriat agricole au Mali. Nous avons organisé des ateliers afin de déterminer ce qu’il faut améliorer, encourager ou changer. Il y a une problématique d’accès au foncier, que nous essayons de résoudre avec des démarches de facilitation agro-foncière. Au cas-par-cas, nous accompagnons un jeune agriculteur dans sa communauté pour s’engager devant les chefs traditionnels à ce qu’il exploite la terre de manière respectueuse. Également, nous sommes à la 7e édition de la Caravane des Jeunes pour l’Entrepreneuriat Agricole. Il s’agit d’un voyage d’apprentissage qui permet aux jeunes d’aller à la rencontre d’entrepreneurs-experts, d’identifier la filière porteuse dans chaque région et de lier des relations pour accroitre les facilités de co-entrepreneuriat. Il y a aussi les rencontre B2B (Business-to-business*) de l’agro-business qui permettent de faciliter l’accès des jeunes au financement par des séries de formations et de rencontres. Nous avons aussi initié des formations sur les mécanismes innovants de financement. Par exemple, l’une des valeurs ancestrales de l’Afrique est le soutien financier qu’un proche peut apporter à une personne qui désire réaliser un projet. Nous identifions donc les cadres avec une grande capacité d’épargne qui n’ont pas le temps pour investir ni pour suivre rigoureusement le projet dans lesquels ils ont investi. Nous facilitons les rencontres entre le jeune porteur de projet qui a le temps et le cadre moyen qui n’a pas le temps mais qui possède la capacité d’investissement. Ces activités nous ont donné l’opportunité d’initier chaque mois les Business Cocktails. Ce sont des cadres formels dans lesquels le but est de rencontrer des professionnels du milieu et des investisseurs. Nous organisons aussi les salons d’innovations paysannes parce nous savons que nos paysans ont des savoir-faire ancestraux. Ce sont des richesses que nous perdons, dans nos villages les plus reculés.
Les chercheurs doivent être plus à l‘écoute du monde de l’entrepreneuriat agricole
Avec les salons, les vieux dictateurs du savoir vont à la rencontre des jeunes pour partager leurs connaissances. » La valorisation des résultats de ces activités « Nous sommes dans une dynamique intéressante de vulgarisation de la recherche. A travers les instituts de recherche, il y a énormément de résultats endormis dans les bibliothèques mais la vulgarisation est timidement menée sur le terrain. Avec les outils de communication digitale qui s’offre à nous, les initiatives des réseaux ruraux, la plateforme des écoles agro-sylvo-pastorales, nous avons de beaux canaux de diffusion de ces savoirs. Les chercheurs doivent être plus à l‘écoute du monde de l’entrepreneuriat agricole. La recherche est assez timide sur la mécanisation, l’accent est mis sur la recherche scientifique et non les recherches technologiques. Lorsque nous considérons des chercheurs en Inde, au Brésil, dans n’importe quel pays qui possède plus ou moins les mêmes conditions agro-climatiques que nous, ils ont fini la phase de la recherche. Nous sommes en retard sur cette thématique. Il faut aujourd’hui apporter les outils pratiques. À partir de demain, nous commençons la Foire du numérique agricole pour vulgariser les avancées technologiques et scientifiques. Dans le cadre d’une synergie collaborative, les chercheurs doivent agrandir les recherches sur les outils pratiques. »
Georges Akibodé est titulaire d’un MBA spécialisé en gestion de projet et développement local, obtenu en 2010 à l’Institut africain de management, après une maitrise en sociologie.
Il a travaillé comme consultant en alternance avec ses activités culturelles en créant la troupe artistique Akibodé, qu’il a hissé au rang de la première association culturelle résolument engagée pour la cause environnementale au Mali. Il a rejoint par la suite Agripro focus comme chargé du développement.