Organisation affiliée : Ambassade de France au Nigéria
Type de publication : Rapport
Date de publication : 2019
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Environ 55% de la population n’aurait pas accès à l’électricité au Nigéria avec un écart important entre les villes et les zones rurales, où le taux d’accès à l’électricité chute à 36%. La privatisation du secteur entamée en 2010 n’a pas eu les effets escomptés, les investissements nécessaires dans les infrastructures se faisant toujours attendre, contraints par le fort endettement des acteurs du secteur. Une large partie de la population et la quasi-totalité des entreprises se voient ainsi obligées de se doter de moyens d’autoproduction, essentiellement des groupes électrogènes polluants. Ces derniers sont néanmoins remplacés de manière croissante par des solutions renouvelables exploitant l’énergie solaire. Soutenu par le gouvernement et les bailleurs, la présence étrangère dans le secteur des énergies renouvelables se densifie, avec plusieurs entreprises françaises positionnées en première ligne de cette transition énergétique.
Le Nigéria souffre d’un manque d’accès et de disponibilité électrique important
La capacité électrique installée au Nigéria est de 12 600 MW mais la capacité réellement disponible atteint seulement 5 000 MW. En parallèle, la demande électrique est estimée à environ 20 GW, une valeur qui pourrait être très largement sous-estimée. Les pertes globales du système électrique sont très élevées, estimées à plus de 40%. Environ 55% de la population n’aurait pas accès à l’électricité avec un écart important entre les villes et les zones rurales où le taux d’accès à l’électricité chute à 36%.
Le secteur de l’électricité souffre d’un manque de production mais aussi d’une défaillance des infrastructures de transport et de distribution. Ainsi, si les capacités de transport s’élèvent à environ 7 000 MW, seuls 5 000 MW seraient supportés par le réseau de distribution. La privatisation du secteur entamée en 2010 n’a pas eu les effets escomptés. Les onze sociétés de distribution privées (DISCOs) sont endettées en raison d’un taux de recouvrement faible (encaissement entre 40 et 60% des factures) et d’une tarification inappropriée ce qui impacte l’ensemble de la chaîne, du fournisseur au consommateur en passant par le transporteur national (TCN).
Le mix énergétique au Nigéria demeure peu diversifié, composé essentiellement de capacités thermiques au gaz (81% du mix électrique) et hydrauliques (19%). Au regard des ressources potentielles du Nigéria, les énergies renouvelables constitueraient une alternative ou un complément intéressant et nécessaire pour augmenter à la fois les capacités de production et diminuer les problématiques réseaux. Par ailleurs, certaines entreprises se tournent vers des solutions renouvelables pour diminuer leurs coûts et améliorer leur autonomie.
Dans un contexte de réformes, divers plans ont été formulés pour l’exploitation des énergies renouvelables
Le plan National Renewable Energy and Energy Efficiency Policy (NREEEP), approuvé par le gouvernement en 2015, vise une génération off-grid de 12 500 MW d’ici 2030 avec une projection à 6 GW de production hydraulique, 1,3 GW de production solaire et 631 MW de production éolienne en 2020. L’irradiation solaire moyenne au Nigéria est de l’ordre de 7,0 kWh/m2 (25,2 MJ/m2 par jour) dans le nord du pays et de l’ordre de 3,5 kWh/m2 (12,6 MJ/m2) au niveau des côtes. Elle représenterait un potentiel théorique de génération compris entre 400 et 450 GW. Les potentiels hydrauliques sont quant à eux également importants: 11 250 MW pour les installations de grandes envergures et 3 500 MW pour celles de petites tailles. L’exposition du territoire au vent pourrait être également exploitée de manière localisée, notamment sur les régions côtières où la puissance moyenne est estimée à environ 4m/s et jusqu’à 5 m/s sur certains espaces géographiques mais le manque d’études statistiques limitent les projets. Le Nigéria dispose enfin de ressources abondantes en biomasse et géothermie mais peu de projets s’y consacrent actuellement.
La capacité électrique installée au Nigéria est de 12 600 MW mais la capacité réellement disponible atteint seulement 5 000 MW
L’État ne pouvant subvenir seul aux besoins de capitaux à investir dans les infrastructures à mettre en place en vue de l’exploitation des nouvelles énergies, des projets sont accordés aux investisseurs privés sous forme de PPA (Power Purchase Agreements).
Toutefois, des projets privés ou d’électrification rurale solaire sont en cours ainsi que dans le domaine hydraulique où l’on peut relever l’important projet Mambilla d’une capacité de 3 050 MW dans l’Etat de Taraba et les projets de plus petite envergure de Gurara (30 MW), Dadin Kowa (29 MW) et Kashimbilla (40 MW). En revanche, le secteur de la biomasse reste peu développé.
Avec l’ouverture du secteur aux investisseurs, la présence étrangère se densifie
Le gouvernement fédéral a notamment signé certains accords bilatéraux avec des partenaires (Allemagne, États-Unis, Suède, Finlande, Norvège) souhaitant ancrer leur présence dans le secteur. Les entreprises françaises sont présentes avec des services couvrant la quasi-totalité de la chaîne de valeur (planning, conseil, installation, etc). Même si principalement positionnée sur le solaire, l’offre française tend à se diversifier. Le secteur des énergies renouvelables était par ailleurs une des thématiques phares de la visite présidentielle du président Emmanuel Macron au Nigéria en juillet 2018.
Les bailleurs de fonds ont largement investi dans le secteur des énergies renouvelables au Nigéria. La Banque mondiale a par exemple prévu d’investir un total de 765 M USD d’ici 2023 dans le Nigeria Electrification Project (NEP) mis en exécution par la Rural Electrification Agency. Une première enveloppe de 350 M USD portée par l’Association internationale de développement (IDA) a été approuvée en juin 2018, mais seulement 5 M USD auraient effectivement été déboursés jusqu’à aujourd’hui. Le NEP prévoit de soutenir la REA à étendre son action et de l’assister à développer les solutions de mini-réseaux électriques en zones rurales avec pour objectif de donner accès à l’électricité à 10 000 nigérians d’ici 2023.
La Banque africaine de développement (BAfD) a également donné son accord pour un financement de 200 M USD qui doit contribuer à l’extension de mini-réseaux grâce à des subventions, entre autres mesures. A travers le Sustainable Energy Fund for Africa (SEFA) qu’elle dirige, la BAfD a également approuvé une subvention d’1,5 M USD pour le projet IPP de Jigawa et une autre de 500 000 USD pour le lancement du Nigeria Energy Access Fund (NEAF) développé par All On, une société nigériane d’investissement financée par Shell.
Par ailleurs, le Fond vert pour le climat (GCF) a approuvé en février 2019 un projet sur 3 ans, « Nigeria Solar IPP Support » d’un coût total de 467 M USD, qui vise à apporter une structure de financement de long-terme à certains des projets IPP de centrales solaires pour lesquels l’Etat fédéral du Nigéria a signé un contrat d’achat d’électricité en juillet 2016. Le projet sera exécuté par l’Africa Finance Corporation (AFC) avec une première tranche de financement de 100 MUSD du GCF sous forme de prêts concessionnels et une seconde tranche de 200 MUSD divisée à part égale entre l’AFC et la BAfD sous forme de prêts non-concessionnels.
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