Alioune Tine

La place des questions de droits de l’Homme dans les relations entre les États-Unis et l’Afrique de l’Ouest

Les États-Unis sont l’un des rares pays au monde à avoir un rapport annuel mondial sur les questions de droits de l’homme. Au Sénégal, les États-Unis travaillent avec les organisations de la société civile et les institutions publiques. Dans le passé et jusqu’à présent, les États-Unis collaborent avec les organisations qui évoluent aussi bien sur les questions des droits humains que sur celles sur la démocratie, le respect de l’espace civique et la transparence dans les élections.

Ces questions intéressent autant l’État que les organisations internationales américaines comme USAID ou NDI ( National Democratic Institute) qui travaillent sur le terrain aux côtés des organisations africaines et les États africains pour propager le modèle démocratique, renforcer les acquis en matière de protection et de promotion des droits humains et faire face aux enjeux sécuritaires qui sont tout aussi important pour les Etats-Unis avec la présence du Commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM).

Les États-Unis promeuvent l’Etat de droit et soutiennent l’organisation des élections libres et transparentes avec des mécanismes comme le centre Carter qui appuie et conseille les États et le NDI qui travaille à l’observation des élections

Après les événements du 11 septembre 2001, le volet sécuritaire notamment la lutte contre le terrorisme a été intégré dans l’agenda international américain. Les États Unis promeuvent l’Etat de droit et soutiennent l’organisation des élections libres et transparentes avec des mécanismes comme le centre Carter qui appuie et conseille les États et le NDI qui travaille à l’observation des élections. L’ambassade des États Unis au Sénégal finance les plateformes de veille citoyenne.

Stratégie de promotion de la bonne gouvernance et de l’Etat de droit

Les États-Unis ont des relations multilatérales avec les pays.  Ils travaillent avec les leaders locaux, les autorités du pays, l’opposition, les institutions comme l’Assemblée nationale. Il invite souvent les leaders locaux à discuter sur des enjeux divers. Récemment le maire de Thiès, Babacar Diop était en visite aux États-Unis. Il a noué des partenariats avec d’autres villes des États-Unis. En marge de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2022, le président ivoirien Alassane Ouattara s’est entretenu avec le Maire de New York, M. Eric Adams. Le Maire de New-York a souhaité le renforcement de la coopération entre les deux pays, notamment le District d’Abidjan  et la ville de New York.

La jeunesse africaine est au cœur des préoccupations américaines avec la création en 2014 du programme YALI (Young African Leaders Initiative).Des jeunes sont minutieusement sélectionnés pour aller suivre un programme de leadership aux États-Unis. La nature de leurs relations n’est pas exclusivement d’État à État, ils essayent également d’avoir des relations avec les peuples. Human Rights Watch qui est une grande organisation en matière de droits humains est très présente en Afrique de l’Ouest dans pratiquement tous les théâtres d’opérations et fait un rapport annuel sur les droits humains. Les départements qui travaillent sur les questions africaines sont généralement dirigés par des Africains. Ils soutiennent les initiatives visant à renforcer la démocratie et l’état de droit à travers le Millénium Challenge Corporation qui est une agence d’aide américaine visant à lutter contre la pauvreté et à promouvoir la bonne gouvernance. 

La position américaine face au recul démocratique et aux violations des droits de l’homme

Les États-Unis sont contre les violations des droits humains et punissent toute prise de pouvoir par des militaires. Ils sont aussi réservés par rapport aux questions de troisième mandat. Concernant la démocratie et le respect de l’État de droit, Ils soutiennent les pays qui respectent la limitation des mandats à travers les organismes comme le Millénium Chalenge Corporation ou l’USAID qui financent des projets de renforcement de la démocratie. En octobre 2021, s’était tenu à Niamey, le forum sur la limitation des mandats. Cette initiative soutenue par les États-Unis à travers le NDI a vu la participation d’anciens chefs d’État africains comme Mahamane Ousmane du Niger, Nicéphore Soglo du Bénin, Goodluck Jonathan du Nigeria, Catherine Samba-Panza de Centrafrique et Amos Sawyer du Liberia. A l’occasion de ce forum, le président nigerien Mahamadou Issoufou avait solennellement annoncé qu’il ne briguera pas un troisième mandat.

Les États Unis soutiennent aussi les organisations africaines qui militent pour la limitation des mandats. Ils n’hésitent pas à couper leurs aides lorsqu’il y a une rupture constitutionnelle. Après le coup d’Etat au Mali en août 2020, les États Unis ont suspendu leur aide au gouvernement et aux forces de défense et de sécurité tout en continuant l’aide humanitaire. Les États-Unis récoltent les données les plus fiables en matière de violations des droits de l’homme. Cela se fait avec les organisations de la société civile africaine qui travaillent sur le terrain. Souvent ce sont des sénateurs américains qui demandent la libération de certains détenus politiques comme celle de l’ancienne ministre Reckya Madougou.

Elle a vu sa candidature être rejetée à la précédente élection présidentielle de 2021 au Bénin. Elle a été condamnée à 20 ans de prison pour terrorisme. En juillet dernier, le président du comité sénatorial américain des Affaires étrangères, Bob Menendez a appelé le président de la transition Tchadienne, Mahamat Deby à respecter la date des échéances électorales  initialement prévues pour 2022.

L’aide humanitaire américaine pour les populations dans le contexte de crise au Sahel

Les États-Unis sont le plus grand donateur d’aide humanitaire, à la fois dans la région du Sahel et dans le monde entier. Même lorsqu’ils coupent leurs aides aux gouvernements en cas d’entrave à la démocratie ou de violation de l’État de droit, l’aide humanitaire reste disponible. Dans un contexte sahélien assez difficile à cause des effets du changement climatique, du terrorisme, des conflits intercommunautaires, les Etats-Unis interviennent à travers le Bureau de l’aide humanitaire de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) qui apportent une aide aux pays du Sahel afin de créer des opportunités économiques, des abris, des soins de santé essentiels, une aide alimentaire d’urgence, de l’eau potable, des services d’assainissement et d’hygiène. Cette assistance est aussi bien vitale pour les déplacés internes vivant au Sahel qui sont estimés à plus de 3 millions de personnes qu’aux communautés d’accueil.

Source photo : ISS Africa