Auteur : Ake Ohouo Ferdinand
Site de publication : European Scientific Journal
Type de publication : Article
Date de publication : Février 2016
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Introduction
Les marchés de la ville d’Abidjan ont connu une évolution depuis les années 1970 jusqu’à nos jours. Ils sont en nombre très important atteignant près de 150 aujourd’hui. Ces marchés ont leurs spécificités. Ils sont de taille variable, et certains d’entre eux présentent un aspect de désordre. Malgré ce désordre, ils jouent un rôle essentiel dans la commercialisation des produits agricoles et manufacturés. Ainsi, les différentes communes offrent à la population abidjanaise et aux usagers, des marchés qui leur permettent de s’offrir des biens et services. La plupart des acteurs du domaine commercial travaillent dans l’informel. Cette activité connaît un développement spectaculaire lié à plusieurs facteurs et constitue une source d’emploi inestimable pour de nombreuses populations. Ce travail a pour objectif de présenter les facteurs humains et économiques de développement des activités commerciales sur les marchés de la ville d’Abidjan.
La plupart des acteurs du domaine commercial travaillent dans l’informel
La croissance de la population abidjanaise
Abidjan, qui ne comptait que 17000 habitants en 1934, a connu une croissance rapide de sa population après l’ouverture du canal de Vridi. En 1965, la population abidjanaise ne regroupait que 362000 habitants, 10 ans plus tard, cette population a plus que doublé pour atteindre 949000 habitants. L’accroissement naturel était de 2,7% en 1963 à 3,7% en 1975. Le solde migratoire sur cette période était 24000 habitants en 1963 pour atteindre 60000 habitants en 1975. De 1975 à 1979, le rythme de la croissance démographique s’est accru. Cet essor démographique particulièrement rapide de 10,42% est dû à la conjugaison de plusieurs facteurs qui sont la migration importante venue des régions rurales et des pays voisins et la forte croissance économique du pays.
De multiples communautés peuplent la ville et lui donnent un caractère particulièrement composite. La population qui migre vers Abidjan provient d’un bassin démographique dépassant les limites nationales actuelles et englobant économiquement le Burkina Faso et la Mali et à partir de 1958, surtout pour des raisons politiques. Les migrants ivoiriens vers Abidjan proviennent eux du milieu urbain et pour des raisons scolaires, du milieu rural, car beaucoup d’enfants originaires des villages viennent se scolariser à Abidjan, et ceux qui ont fini leurs études sont à la recherche d’un emploi.
L’activité commerciale est relativement facile à exercer et elle peut être entamée sans grands moyens. Raison pour laquelle, les femmes s’adonnent plus au commerce pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille au côté leurs époux, vu la cherté de la vie. Aussi, cette activité est caractérisée par un faible niveau d’instruction de ses acteurs et elle ne nécessite pas l’obtention d’un diplôme pour l’exercer. Ainsi, parmi les commerçants, il y a des analphabètes, des commerçants ayant le niveau primaire, secondaire et supérieur. Sur un total de 600 commerces et services enquêtés sur les marchés d’Abidjan, nous avons 60 analphabètes (10%), 240 ont fait le primaire (40%), 270 ont le niveau secondaire (45%) et 30 ont un niveau supérieur (5%).
Alors que le secteur de la vente des produits alimentaires et autres marchandises, est en majorité occupé par des commerçants analphabètes et ceux ayant le niveau primaire et secondaire ; le secteur des services (banque, pharmacie, assurance, agence de télécommunications, etc.), est principalement occupé et géré par des personnels ayant le niveau de l’enseignement supérieur. Le nombre d’années passées par les commerçants sur les marchés d’Abidjan pour l’exercice de leurs activités est variable. En effet, la plupart des commerçants ont passé plus de 5 ans à leur emplacement sur les marchés. Ainsi, sur un total de 600 commerçants, 160 ont entre 0 et 5 ans d’ancienneté sur les marchés, 180 ont entre 5 et 10 ans ; 160 ont entre 10 et 20 ans et 100 ont plus de 20 ans d’ancienneté.
Le développement des activités économiques
Dès 1975, Abidjan concentre l’essentiel des emplois en Côte d’Ivoire et fournit avec près de 90 % de la valeur ajoutée du commerce, 80% du secteur tertiaire et 65% du secondaire. La ville génère plus de 50 % de la consommation des ménages. En outre, en 1978, Abidjan accueille plus de 67 % des actifs du secteur tertiaire et 32% des actifs du secteur secondaire. Selon l’étude menée par l’observatoire de l’emploi en 2008, Abidjan compte 1 240 337 emplois, Ce nombre serait en baisse de 0,3% par rapport à 2002, qui marque le début de la crise militaro-politique. La participation de la population en âge de travailler à l’activité productive a fortement baissé de 16,3 points par rapport à 2002, davantage chez les hommes avec 20,6 points que chez les femmes 12,2 points. L’étude montre que les emplois informels sont dominants à 76,5%, davantage chez les femmes avec 78,7% que chez les hommes où ils représentent 74,6%.
Les services emploient l’essentiel de la population occupée
Selon le secteur d’activité, l’emploi à Abidjan se repartit à raison de 1,4% dans l’agriculture, 13,3% dans l’industrie et 85,3% dans les services qui emploient l’essentiel de la population occupée. Le niveau d’instruction de la population totale est faible, davantage dans la population féminine. Selon l’étude sur l’emploi et le chômage menée par l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) en 2002, 30% des individus âgés de 10 ans et plus n’ont jamais fréquenté l’école primaire, près de six personnes sur dix sont actives et il y a plus d’actifs que d’actives. Avec un niveau scolaire très bas, l’activité économique des abidjanais est prédominée par le secteur informel. Il occupe la première place des emplois avec une main d’œuvre très jeune moins de 25 ans, avec un niveau d’étude moyen, car plus de trois quarts de ce secteur n’ont pas dépassé l’école primaire. Les secteurs modernes en crise (administration publique, entreprises privées) n’emploient qu’une petite partie de la population active. L’économie informelle apparaît comme une réponse au besoin d’emploi d’une population urbaine croissante face à un secteur moderne insuffisamment dynamique.
L’agriculture
Sur l’espace abidjanais, des zones agro-pastorales existent malgré l’urbanisation rapide et l’étalement urbain. En effet, des activités agricoles sont pratiquées dans le District d’Abidjan et même dans la ville d’Abidjan. Plusieurs sites sont exploités à des fins agricoles à Abidjan en l’occurrence ceux situés dans les villages lagunaires tels que Lokoa, Azito et Béago dans la commune de Yopougon. Dans certaines communes d’Abidjan, l’agriculture constitue pour 68,8% des producteurs, l’activité principale. Sur l’ensemble des sites (Lokoa, Azito, Béago), plus de 50% des populations vivent principalement de l’agriculture urbaine, ce qui confirme son importance pour la sécurité alimentaire. En plus de ces sites agricoles, il existe dans les différentes communes de la ville d’Abidjan des zones de forte production de cultures vivrières. Ce sont les communes d’Abobo, de Cocody, de Marcory, Koumassi et Port-Bouët, qui possèdent des espaces cultivés en produits maraîchers, en particulier et vivriers en général.
Les activités industrielles
Malgré la crise, l’industrie ivoirienne est aujourd’hui la plus importante et la plus performante de l’Afrique francophone subsaharienne. La ville d’Abidjan concentre à elle seule 90% des unités produits tels que les huileries, les conserveries, etc. Ces industries sont surtout spécialisées dans la transformation de la production agricole locale.
La ville d’Abidjan concentre à elle seule 90% des unités produits tels que les huileries, les conserveries
Le tissu industriel du pays observe une hausse de 4,7% du volume de sa production au cours des cinq premiers mois de l’année 2014 comparativement à la même période de l’année 2013. Cette amélioration résulte de la bonne tenue des branches de fabrication des produits alimentaires et de boissons (9%) ; de la fabrication de produits en caoutchouc ou en matières plastiques (52,2%) et la fabrication de textiles (114%).
La concentration des activités industrielles à Abidjan et la présence du port autonome d’Abidjan ont entraîné une vitalité de l’activité commerciale qui s’explique par d’importants échanges de produits entre Abidjan, l’intérieur du pays et des pays limitrophes à l’origine du développement des espaces commerciaux et des marchés d’Abidjan.
Les transports
Les transports jouent un rôle essentiel dans le développement économique de façon générale et du développement des activités commerciales en particulier, dans la mesure où ils sont indispensables pour le ravitaillement des marchés abidjanais en produits agricoles et en produits manufacturés d’une part et d’autre part, ils facilitent aux commerçants et aux consommateurs l’accès aux marchés. Cet accès se trouve facilité par l’installation des gares routières à proximité des marchés. En effet, des gares de minicars communément appelés « Gbakas » et des taxis banalisés communément appelés « Woro-woro » côtoient la plupart des marchés de la ville Abidjan. A ces moyens de transport qui sont de véritables facteurs de développement des activités commerciales sur les marchés abidjanais, il y a les bus de la SOTRA et les taxis compteurs. Ces derniers sont utilisés par les commerçants pour l’acheminement de leurs produits sur les marchés. De plus, ils sont utilisés par les clients pour retourner dans les quartiers avec leurs emplettes, et le transport des marchandises des commerçants vers les domiciles à la tombée de la nuit.
Le transport intervient en amont et en aval des productions agricoles et industrielles qui sont par la suite acheminées sur les marchés en l’occurrence, les marchés abidjanais qui sont pris d’assaut quotidiennement par les consommateurs, venant de divers horizons. Le point le plus important de ces réseaux de lignes de marchés se situe au niveau du grand marché d’Adjamé, avec ses lignes et gares intercommunales, relayées par des gares secondaires dans chaque commune, au voisinage des principaux marchés. Rares sont les marchés à proximité desquels, il n’existe pas de gares ou d’itinéraires de transport populaire surtout des taxis collectifs. En effet, il existe des gares de minicars appelés ‘‘Gkaka’’ et de taxis communément appelés ‘‘Woro-Woro’’ à proximité des marchés de la ville d’Abidjan et plusieurs lignes de ces moyens de transport relient les marchés à l’intérieur des communes et aussi, d’une commune à une autre.
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