Les acquis pour les droits des femmes au Sénégal « De façon globale, je pense qu’il y a une très grande amélioration. Aujourd’hui, on parle de la loi sur la parité qui a été votée au Sénégal en 2010 et cette loi nous a permis d’avoir un nombre important de députés femmes à l’Assemblée nationale. Un autre acquis également est la loi criminalisant le viol ainsi que les actes de pédophilie. Donc, aujourd’hui, les femmes ont gagné ce combat. C’est très important et ce sont des aspects qui nous permettent de dire qu’aujourd’hui, il y a une amélioration. Aujourd’hui, quand on parle de Journée internationale de la femme, on est plus dans l’autonomisation, dans des débats d’idées sur comment aider les femmes, comment lutter contre les violences faites aux femmes. Ce qui veut dire que les femmes ont continué quand même à se battre. Mais il faut également le dire, il reste beaucoup à faire. Bien entendu, ce ne sont pas des combats d’une journée, ce sont des combats de tous les jours. D’ailleurs, c’est vrai que, comme je l’ai dit tantôt, on a criminalisé le viol, mais les femmes continuent à subir les viols. Les femmes continuent à subir d’autres formes de violences et je pense qu’il est temps quand même qu’on passe à autre chose. » La présence des femmes dans les médias « Dans le milieu des médias, il y a une présence et une importante représentation des femmes. Si nous prenons par exemple le cas de la télévision, il y a eu beaucoup de journalistes femmes qui évoluent dans ce milieu, de même que pour la radio et la presse écrite, entre autres. Mais je pense que quand même, les femmes méritent beaucoup plus de respect dans les médias. Aujourd’hui, quand on parle des médias en tant qu’institutions, rares sont les femmes qui occupent des postes ou des responsabilités et des postes clés. Il faut oser le dire. Quand on parle politique, oui on voit des femmes mais est ce qu’on a le nombre qu’il nous faut ? Quand on parle de culture, on a des femmes, est ce qu’on a le nombre qu’il faut? Quand on parle de sport, est ce qu’il y en a assez? Je pense que c’est là où se situe la problématique. En réalité, je pense que les femmes occupent une place importante, mais on doit encore donner de l’espace, de la place à toutes ces femmes très compétentes qui sont dans le milieu et qui se battent autant que les hommes et qui font d’excellentes choses. » La prise en compte de la question des droits des femmes dans le débat public « Le débat public a participé aux combats. Et si aujourd’hui nous parlons de résultats, les débats qu’on a mené ont joué un rôle très important. Aujourd’hui dans les télévisions, il y a des programmes dédiés à la cause des femmes. Mais, cette question va encore revenir, parce que je vais encore me répéter, il n’y a pas un nombre assez représentatif de femmes dans les instances décisionnelles des médias. Quand on montre ces femmes qui ont réussi, ces femmes qui ont eu un parcours exceptionnel, parfois difficile, quasi impossible, cela peut servir d’exemple, de référence à toutes ces personnes qui regardent. Donc, c’est quelque chose qui est bénéfique pour toute la population, pas uniquement pour les femmes Les femmes attendent toujours quelque chose. Il y a des postes de responsabilité que les femmes n’ont pas encore occupées. Ensuite, au niveau des programmes, il y a beaucoup de choses à faire. C’est vrai que grâce à la télévision on peut découvrir ou voir une réalité, une vérité. Il faudrait qu’il y ait cette envie de mieux poser le débat. Il faut qu’on revoie tous ces programmes pour que toutes les femmes, surtout rurales puissent être au-devant de la scène. Il faut qu’on revoie les programmes pour que ces femmes puissent se retrouver à travers ces contenus. Il faut dresser des portraits de femmes exemplaires, nous faire découvrir ces profils de femmes qui sont des références parce qu’elles ont beaucoup apporté à notre pays dans tous les domaines. On peut citer plein de femmes qui, aujourd’hui, ont réussi haut la main et qui doivent nous servir d’exemple. Quand on montre ces femmes qui ont réussi, ces femmes qui ont eu un parcours exceptionnel, parfois difficile, quasi impossible, cela peut servir d’exemple, de référence à toutes ces personnes qui regardent. Donc, c’est quelque chose qui est bénéfique pour toute la population, pas uniquement pour les femmes. » La réticence des femmes face aux médias « Parfois, il y a des journalistes quand même qui prennent le temps d’aller voir ces femmes, mais parfois, c’est un refus catégorique. Pourquoi ? On ne sait pas. Elles doivent quand même accepter de partager leur expérience. On va peut-être parler de timidité, entre autres, c’est très normal. Il y a des personnes qui sont introverties. Mais comme je l’ai dit, ces femmes qui ont réussi quand même, le peuple a besoin de connaître leur parcours. Le peuple a besoin de les entendre parler parce que la situation actuelle est tellement compliquée. Je pense que ce problème de communication, on doit le régler pour aller vers la collaboration. La collaboration entre ces femmes qui sont des références et les médias. » L’utilisation des médias sociaux pour les droits des femmes « Les médias sociaux sont une très bonne vitrine. On note une présence massive des jeunes et des femmes sur les réseaux sociaux, ce qui est un atout. Je pense, quand on parle d’éducation aujourd’hui, on peut utiliser un média social. En quoi faisant ? On regarde juste un exemple des groupes de femmes qui sont sur les réseaux sociaux. Ce sont des groupes de femmes qui comptent des milliers de membres. Donc, il faut mettre à contribution ces groupes de femmes, aller dans ces groupes et poser les vrais débats. Et puis, les débats ouverts ne doivent pas rester uniquement dans ces groupes de femmes. Mais y impliquer tout le monde. Le Sénégal, c’est Diourbel, le Sénégal, c’est le Saloum, c’est partout. Et dans tous ces points que je viens de citer, il y a des exemples de femmes qui méritent d’être montrés. Il y a des profils de femmes exceptionnelles, extraordinaires Moi, je suis membre de plusieurs groupes de femmes, quand vous voyez ce qu’elles font à l’intérieur des groupes, c’est extraordinaire. Ces femmes ont de très bonnes idées. En fait, à travers ces groupes créés sur les réseaux sociaux, elles arrivent à parler d’autonomisation. Elles arrivent à s’entraider, à créer de l’emploi, etc. Ces femmes nous parlent de transformation, de formation, d’éducation, et d’entrepreneuriat. Ces femmes ont un pouvoir et elles le savent très bien. Maintenant, il faut mettre à contribution ces groupes de femmes, mais surtout les aider parce que quand ces femmes montrent cette volonté, il doit y avoir quand même des mesures d’accompagnement. » Recommandations « Je pense que les médias ont l’obligation de nous montrer le pays, l’ensemble du territoire national, le Sénégal, ce n’est pas uniquement à la capitale sénégalaise. Le Sénégal n’est pas uniquement Dakar. Le Sénégal, c’est Diourbel, le Sénégal, c’est le Saloum, c’est partout. Et dans tous ces points que je viens de citer, il y a des exemples de femmes qui méritent d’être montrés. Il y a des profils de femmes exceptionnelles, extraordinaires. Si on va dans le Nord, on va rencontrer une certaine Korka Diaw, elle est dans le riz. Elle est exceptionnelle. Nous avons la chance d’avoir une Korka dans notre pays. Il y en a des milliers d’autres. Les médias doivent nous les montrer toutes, pour que les autres, qui traversent peut être une mauvaise phase, puissent se ressaisir, continuer le combat. Parce que je pense qu’ensemble, si nous travaillons main dans la main, on pourra avoir d’excellents résultats. »
Faty Dieng est journaliste et écrivaine. Après des études coraniques, puis au sein de la Maison d’éducation Mariama Ba de Gorée, elle s’inscrit à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop à Dakar.
Sa première année validée, elle réussit au concours d’entrée au Centre d’Études des Sciences et Techniques de l’Information (CESTI), dont elle sort diplômée en journalisme et communication, option télévision.
Faty Dieng est journaliste à TFM (Télévision Futurs Médias) depuis 2011.
En 2019, elle publie son premier roman intitulé “Chambre 7”.