La présence des femmes dans les médias « Je trouve que les femmes ne sont pas suffisamment représentées dans les médias. Dans le cadre d’un reportage que je faisais à l’initiative de l’Institut Panos – Afrique de l’Ouest, nous nous étions retrouvés à Saly dans un atelier et le thème, c’était « Femmes : occuper les médias ». J’ai compris à ce moment à quel point les femmes étaient sous-représentées au niveau des médias. On estime que les femmes représentent autour de 51% de la population en Afrique de l’Ouest. Mais au niveau des contenus médiatiques, on se rend compte que les femmes ne sont pas très présentes. Le poids numérique dans les contenus médiatiques est estimé à environ 20 à 30% des personnes qui sont vues ou entendues sur les plateformes.
Je pense que les médias gagneraient à mettre les femmes devant et à développer des formations sensibles au genre
Très souvent, ce sont des rôles domestiques qui sont attribués aux femmes dans les médias, comme l’image de la mère de famille. Pourtant les femmes interviennent dans beaucoup de domaine : au niveau de la production alimentaire, elles contribuent au moins à 70%. Dans le secteur tertiaire, nous avons 75% de femmes. Il existe cette image de la femme au foyer, de la femme-mère qui n’a pas de temps à consacrer à son travail, mais plutôt à sa famille. Pourtant les femmes sont dans les domaines de la résolution de conflit par exemple. Elles sont dans les hautes instances, mais parfois moins visibles. La société dans laquelle nous sommes ne va pas mettre forcément en exergue les femmes. Mais cela a tendance à changer. Beaucoup d’organisations, d’ONG travaillent pour avoir l’effet contraire. « Je pense que les médias gagneraient à mettre les femmes devant et à développer des formations sensibles au genre » L’absence de femmes au niveau décisionnel dans les médias « Il n’y a pas beaucoup de femmes patronnes de presse. C’est un déséquilibre qu’il faut corriger. Mais sont-elles prêtes à assumer ces rôles? Certaines choses handicapent la femme, comme être enceinte ou avoir des enfants à charge. La femme, nous avons beau le dire, a certains désavantages, mais il y a une façon de contrecarrer tout ça à travers des stratégies, des mécanismes de solidarité et d’entraide féminine. » La réticence des femmes à s’exprimer dans les médias « Il y a un manque de confiance qui rend difficile l’expression des femmes sur les plateformes médiatiques. De plus, elles ne sont pas aussi au parfum des opportunités. Je pense qu’il revient aux femmes de s’imposer et de montrer qu’elles n’ont pas seulement un corps, mais aussi un cerveau. Les femmes peuvent apporter leurs contributions chaque jour dans tous les domaines de la vie. C’est à elles aussi de ne pas accepter de jouer les rôles dans lesquelles elles sont cantonnées, des rôles de personnes pas assez intelligentes ou pas assez mûres. » La responsabilité des femmes présentes dans les médias « Mon ancien patron me disait : « il faut arrêter de parler chiffons ». Je pense qu’il y a des débats qui mériterait d’être sur la place publique et d’autres qui ne vont pas aider à faire progresser un pays ou une nation. Le problème des femmes est qu’elles ont tellement été habituées à être juste des poupées, qu’elles ont été presque conditionnées.
Faites plus confiance aux femmes parce que je pense qu’une femme a tellement honte d’échouer qu’elle ne peut qu’exceller
Mais de plus en plus, la tendance est en train de changer et les femmes prennent le pouvoir. Elles parlent, elles s’assument. Elle se rendent compte de la force qu’elles ont maintenant. » L’utilisation des réseaux sociaux pour la cause des femmes « Je pense que les réseaux sociaux, c’est une sorte de révolution. Et je pense que les femmes qui vont prendre conscience du pouvoir des réseaux sociaux pourront l’utiliser pour faire leur promotion. La promotion sur les réseaux sociaux consiste parfois en des vidéos très courtes. Une vidéo ou une capsule de 30 secondes voire une minute sera plus attrayante qu’un documentaire de 30 minutes. Donc je pense que c’est sur ce créneau là que les organisations ou les femmes elles-mêmes peuvent se développer. » Message « Faites plus confiance aux femmes. Faites plus confiance aux femmes parce que je pense qu’une femme a tellement honte d’échouer qu’elle ne peut qu’exceller. Il serait important également de permettre aux journalistes de créer des informations et du contenu plus sensible au genre. Il faut donner plus de place dans les contenus médiatiques aux femmes, pour que les hommes se rendent compte des capacités inestimables des femmes.
Journaliste, responsable vidéo à l’Agence de presse africaine (APA News), Fatoumata Ndiaye Loum a été formée dans une école de communication avant d’être plongée directement, après sa formation, dans une rédaction de journal où elle a acquis ses premières expériences.
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Ma journaliste préférée,
Humainement c’est une femme humble, généreuse, modeste, professionnellement, une femme acharnée, consciencieuse, brillante… je ne pourrai tout citer ici trop grandes qualités …là Afrique mérite des femmes comme toi et c’est dommage que la place de la femme ne soit pas plus reconnue pour ce qu’elle apportent à la société.