Auteurs : Dr. Cheikh Tidiane Wade, Dr. Mamadou Dimé, Pr. Aly Tandian, Lancelot Soumelong Ehode
Organisation affiliée : Innovation Environnement Développement Afrique
Site de publication : IED Afrique
Type de publication : Article
Date de publication : Octobre 2016
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À l’instar de tous les pays sahéliens, le Sénégal continue de connaître des migrations d’une grande ampleur. Les facteurs environnementaux sont aujourd’hui de plus en plus mis en évidence comme une des causes explicatives des migrations. Mais, les phénomènes migratoires suscités ou amplifiés par les changements climatiques, la dégradation de l’environnement ou encore par la rupture de l’équilibre entre les hommes et leurs ressources ont de tout temps existé.
C’est dans ce cadre qu’il faut situer les migrations sénégalaises observées depuis les années 1970. En effet, les sécheresses, conjuguées au croît démographique et au désengagement de l’État du secteur agricole, ont accru la vulnérabilité des sociétés paysannes. Ce qui a accéléré la redistribution du peuplement sur le territoire national, en générant d’importants flux migratoires internes. La migration a aussi été internationale.
En milieu rural sénégalais, la mobilité a toujours représenté une stratégie d’adaptation et de lutte contre la pauvreté, en plus d’être un facteur crucial dans la quête de la durabilité et de la préservation des capitaux social et humain.
Une étude récente réalisée par l’État du Sénégal permet de dégager quelques tendances marquantes sur le profil des émigrés sénégalais. Ils sont en grande majorité établis sur le continent européen (62,5 %). En Europe, ils sont principalement en Italie (23 %), en France (21 %) et en Espagne (15 %). Les émigrés s’établissent également en Afrique (19,8 %).
En milieu rural sénégalais, la mobilité a toujours représenté une stratégie d’adaptation et de lutte contre la pauvreté, en plus d’être un facteur crucial dans la quête de la durabilité et de la préservation des capitaux social et humain
Quel que soit leur pays d’établissement, les migrants sénégalais sont connus pour leur attachement à leurs localités d’origine où ils transfèrent argent, biens, technologies et savoir-faire.
Des ressources opportunes pour la résilience
Selon la BCEAO, l’utilisation de l’argent des transferts présente, dans l’espace UEMOA, les caractéristiques suivantes : les fonds reçus servent essentiellement à la consommation des ménages (54,6%), à l’investissement dans le secteur de l’immobilier (15,8%), aux dépenses d’éducation et de santé (6,4% et 3,4%).
L’argent des migrants sert prioritairement à prendre en charge les besoins domestiques de base des ménages (alimentation, santé, éducation, habitat), ce qui contribue significativement à l’amélioration des conditions de vie. La capacité des ménages à satisfaire ces besoins est un aspect fondamental de leur résilience face aux multiples effets des changements climatiques.
Les diasporas arrivent à exercer une citoyenneté transnationale multiforme qui est de plus en plus reconnue et prise en compte par les collectivités locales, surtout dans un contexte de promotion de la coopération décentralisée.
Pour favoriser l’investissement productif à partir des envois de fonds, il s’avère nécessaire de proposer une amélioration de l’environnement des affaires dans les régions de départ, en intervenant au niveau des politiques, des incitatifs, des marchés et une conscientisation des populations sur l’information climatique disponible ainsi que des créneaux économiques les plus dynamiques et plus porteurs.
L’argent des migrants sert prioritairement à prendre en charge les besoins domestiques de base des ménages (alimentation, santé, éducation, habitat), ce qui contribue significativement à l’amélioration des conditions de vie. La capacité des ménages à satisfaire ces besoins est un aspect fondamental de leur résilience face aux multiples effets des changements climatiques
Les migrants se mobilisent pour le développement de leurs communautés et terroirs d’appartenance, surtout dans le cadre des associations diasporiques. Ils mettent en oeuvre des actions de sensibilisation et de recherche de partenaires pour tisser des liens de coopération internationale profitable à leurs communautés.
Pour favoriser l’investissement des migrants
Malgré les nombreuses réalisations et la disponibilité de moyens financiers importants, les migrants sont confrontés à un manque criard d’informations sur les possibilités d’investissement viables au Sénégal. D’après l’État du Sénégal, nombreux sont les migrants désireux de rentrer pour contribuer au développement de leurs terroirs.
Mais, les migrants buttent le plus souvent sur un environnement peu propice à la valorisation de leurs transferts et compétences. L’utilisation des transferts et leur rôle dans l’adaptation au changement climatique sont des questions très importantes.
Pour augmenter l’effet de levier sur les opportunités économiques locales et leur niveau de mobilisation, les ressources doivent être davantage captées par des intermédiaires financiers formels proposant des options attractives pour les migrants et, dans le cas des investissements sous forme d’entreprises individuelles ou collectives, par des structures d’accompagnement efficaces et adaptées.
Tous les jours, l’homme prend des décisions qui font intervenir l’information météorologique et climatique, du point de vue personnel jusqu’aux décisions les plus complexes qui affectent ses activités socio-économiques. Une bonne utilisation de l’information météorologique et climatique permettrait une meilleure planification, voire une optimisation des ressources sociale et économique.
Il est donc possible de proposer aux migrants qui veulent investir dans leurs zones de départ des informations climatiques et agro-climatiques fiables, à l’échelle de la parcelle agricole et du terroir villageois ou communal.
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