Auteur : Shane Starling
Site de publication : theafricaforum.com
Type de publication : Article
Date de publication : 16 février 2022
Les prêts et microcrédits de crypto-monnaies sont une nouvelle forme de services financiers décentralisés qui ouvrent des perspectives aux Africains non-bancarisés et se distinguent par des conditions lucratives et des délais rapides.
En apparence, la montée des prêts cryptos est un bon exemple de l’utilisation de nouvelles technologies et méthodes pour favoriser l’inclusion financière : de jeunes entreprises agiles cherchent à répondre à un besoin non satisfait par les acteurs traditionnels, qui croulent sous le poids de leurs propres processus et structures.
« L’Afrique est une vraie pionnière de la mise en œuvre de technologies simples et déjà connues pour résoudre des problèmes complexes d’inclusion financière », estime Nathan Lynch, Spécialiste de la criminalité financière pour Thomson Reuters dans la région Asie-Pacifique et les marchés émergents, et auteur de The Lucky Laundry.
De nouveaux pools de liquidités qui attirent les petits prêteurs et emprunteurs
Dans un contexte d’inflation galopante et de dépréciation de nombreuses monnaies africaines depuis le début de la pandémie, les pools de liquidité disponibles pour les prêts cryptos ont rapidement augmenté et incité à investir dans les crypto-monnaies en tant que réserve de valeur.
De l’autre côté, les emprunteurs peuvent utiliser des crypto-actifs comme collatéral (une réserve de garantie) pour obtenir des prêts beaucoup plus rapidement qu’avec les solutions traditionnelles. « Même s’il est prometteur, ce marché cryptographique reste peu accessible. De nombreux sous-bancarisés ne savent pas vraiment comment y participer, le défi est réel » juge Topsy Kola-Oyeneyin, analyste en finance transformationnelle de McKinsey.
Des restrictions règlementaires
Au Nigeria, comme dans de nombreux pays africains, des restrictions réglementaires strictes voire des interdictions complètes creusent ce fossé entre les utilisateurs et le marché crypto. Dans un rapport publié en novembre 2021, la US Library for Congress a constaté que 23 des 51 nations qui interdisent ou restreignent l’accès aux crypto-monnaies sont africaines.
Dans un contexte d’inflation galopante et de dépréciation de nombreuses monnaies africaines depuis le début de la pandémie, les pools de liquidité disponibles pour les prêts cryptos ont rapidement augmenté et incité à investir dans les crypto-monnaies en tant que réserve de valeur
Les taux de participation aux crypto-monnaies restent faibles au Nigeria, où environ la moitié des adultes ne sont pas bancarisés et où la Banque centrale a interdit aux banques du pays d’interagir avec les marchés et les opérateurs cryptos en février 2021. En octobre dernier, elle est pourtant devenue la première nation africaine avec sa propre monnaie numérique, l’eNaira.
La volonté d’inclusion financière est l’une des principales raisons citées par la Banque centrale du Nigeria pour en expliquer le lancement. Certains pensent que les monnaies numériques des banques centrales comme l’eNaira finiront par offrir leur propre gamme d’options de prêt centralisées.
Différents types de prêts cryptos
La plateforme de logiciels libres SourceForge répertorie 191 entreprises proposant des prêts cryptos accessibles aux particuliers et aux entreprises en Afrique, depuis les grandes plateformes de crypto-monnaies, comme Binance et Crypto.com, aux spécialistes DeFi comme AAVE et NFTfi.
« Le NFT est mis sous séquestre lorsque le montant du prêt est transféré à l’emprunteur », explique Ani Alexander, sa Directrice du marketing. « Lorsque l’emprunteur rembourse le prêt, le NFT est retransféré à l’emprunteur. S’il est en défaut de paiement et ne peut rembourser le prêt, le NFT est alors transféré au prêteur. Aucune autorité centrale n’intervient, le système n’est pas du tout régulé pour le moment. »
Mais certaines petites opérations axées sur l’Afrique sont absentes de la liste de SourceForge. C’est le cas de KamPay et Koinwa, qui connaissent une croissance rapide dans le domaine des échanges de crypto-monnaies et facilitent les prêts cryptos.
Des prêts sans collatéral pour les agriculteurs
L’exemple de KamPay illustre bien la différence entre une opération crypto et la finance traditionnelle. Son écosystème englobe l’échange de crypto-monnaies et des services numériques qu’au moins 10 gouvernements africains comme le Tchad et la Guinée utilisent ou prévoient d’utiliser pour rationaliser l’accès du public aux loteries nationales. L’entreprise possède aussi sa propre crypto-monnaie. Elle développe un programme de microcrédits cryptos. Un de ses projets cible notamment les petits exploitants agricoles d’Afrique subsaharienne.
Lutter contre la fraude
La Banque centrale du Nigeria a aussi lancé l’eNaira pour renforcer la lutte contre la fraude, un risque omniprésent avec les crypto-monnaies. « Sur ces transactions, la connaissance du client fait souvent cruellement défaut. Même lorsque la réglementation en matière de lutte contre le blanchiment d’argent (AML) est en vigueur, le niveau de protection est largement insuffisant pour bon nombre de start-ups et disrupteurs de crypto-monnaies », regrette Nathan Lynch.
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