Auteur : Benjamin Sultan
Organisation affiliée : Organisation International pour la Migration
Type de publication : chapitre de livre
Date de publication : 2018
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Les éléments attestant que l’augmentation des émissions anthropiques de gaz à effet de serre a profondément modifié les conditions climatiques à l’échelle locale et mondiale se sont multipliés ces vingt dernières années. Même si le changement climatique au cours du XXIe siècle se limite à une hausse moyenne des températures mondiales de 2 °C, conformément à l’objectif fixé par l’Accord de Paris, le récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat prévoit un réchauffement plus important sur les terres émergées et des effets en cascade sur les systèmes naturels et humains, avec de forts risques de répercussions sur les écosystèmes, la santé et l’agriculture.
L’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest comptent parmi les régions du monde les plus exposées aux conséquences négatives du changement climatique, à cause d’une variabilité importante du climat alliée à une forte dépendance à l’égard d’activités sensibles au climat, telles que l’agriculture pluviale, et à des capacités économiques et institutionnelles limitées pour faire face et s’adapter à la variabilité et aux changements climatiques. En outre, le climat actuel expose déjà l’Afrique à des crises alimentaires récurrentes, à des extrêmes de chaleur et à des pénuries d’eau, qui sont aggravés par une croissance démographique rapide et des conditions politiques instables.
Le changement climatique sera donc un facteur de stress additionnel pour l’avenir des économies et des moyens de subsistance des pays africains, et pourrait influer sur les flux migratoires, souvent dirigés vers les zones urbaines, ainsi qu’il a déjà été constaté.
Scénarios climatiques futurs en Afrique du Nord
La baisse des précipitations prévue en Afrique du Nord aura une incidence sur les ressources en eau, en particulier les eaux de surface qui alimentent les plus grands barrages et réservoirs d’Afrique du Nord. Il est probable que l’approvisionnement en eau diminuera dans une région où la demande en eau devrait augmenter sous l’effet de la croissance démographique et du développement économique, augurant d’un stress hydrique plus important à l’avenir. La diminution des disponibilités en eau menace le secteur agricole et pourrait avoir de graves conséquences pour les moyens de subsistance des agriculteurs, les économies nationales, la sécurité alimentaire et la pauvreté.
En outre, on sait que le stress thermique est la principale menace pour la santé publique liée aux conditions météorologiques, car il augmente la mortalité cardio-vasculaire et prématurée et entraîne un important recul de la productivité du travail. Le stress thermique impose une limite supérieure à l’adaptation aux scénarios de réchauffement les plus pessimistes. De fait, dans de grandes parties du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, le climat pourrait changer à l’avenir de manière si radicale, avec de fréquents jours de chaleur affichant des températures maximales quotidiennes supérieures à 50° C, que certaines d’entre elles pourraient devenir inhabitables pour certaines espèces, y compris l’homme.
Le changement climatique sera donc un facteur de stress additionnel pour l’avenir des économies et des moyens de subsistance des pays africains, et pourrait influer sur les flux migratoires, souvent dirigés vers les zones urbaines, ainsi qu’il a déjà été constaté
Scénarios climatiques futurs en Afrique de l’Ouest
L’Afrique de l’Ouest connaît actuellement des changements climatiques rapides, qui revêtent la forme d’un réchauffement généralisé et d’une hausse des températures moyennes et extrêmes au printemps et en été au Sahel. Ce réchauffement observé est attribué au changement climatique d’origine humaine, qui a provoqué un réchauffement d’environ 1° C en Afrique de l’Ouest. Après la longue et intense sécheresse des années 1970 et 1980, les précipitations annuelles augmentent dans plusieurs pays du Sahel, tandis que la variabilité interannuelle et intrasaisonnière est très élevée, avec des périodes fréquentes de sécheresse et de fortes pluies. Si l’incidence de l’activité anthropique sur l’évolution des précipitations annuelles qui a été constatée fait toujours débat, plusieurs études ont attribué la fréquence accrue des fortes pluies au réchauffement planétaire.
Même si l’ampleur des effets projetés est incertaine, un certain nombre d’études récentes ont estimé que la hausse des émissions de gaz à effet de serre réduira probablement le rendement moyen des cultures et augmentera la variabilité interannuelle de la production dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest où règne déjà l’insécurité alimentaire. Les bassins fluviaux d’Afrique de l’Ouest risquent de connaître de graves pénuries d’eau douce, et seront donc moins en mesure d’augmenter la productivité agricole par la mise en place de vastes réservoirs et systèmes d’irrigation. Ces effets négatifs sur l’agriculture et les ressources en eau devraient se produire même dans les scénarios les plus optimistes où le réchauffement mondial ne dépasserait pas 1,5° C, et n’en seront que plus marqués s’il atteint 2° C. Quant aux pays d’Afrique du Nord, la chaleur extrême représente aussi un risque sanitaire grave qui pourrait être fatal pour des groupes vulnérables tels que les enfants, les personnes âgées et les personnes à faible revenu.
Conclusion
L’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest sont fortement exposées au changement climatique et sont menacées par la chaleur extrême et des pénuries de nourriture et d’eau. Ces facteurs climatiques, conjugués à des facteurs politiques et socioéconomiques, pourraient ajouter une pression supplémentaire qui risque d’influer sur les schémas migratoires et l’apparition de conflits. Les pays d’Afrique du Nord et d’Afrique de l’Ouest peuvent tirer des avantages considérables des efforts mondiaux d’atténuation qui sous-tendent les scénarios à faibles émissions. Ces efforts diminueraient fortement la gravité des effets prévus, même si l’adaptation restera essentielle pour limiter les dommages causés par le réchauffement climatique.
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