L’Agence nationale de télésanté et d’informatique médicale est un établissement public national à caractère scientifique et technologique. Elle a été créée par l’ordonnance N° 08 – 007 du 26 sep 2008 ratifiée par la loi N°08-34/4L du 27 octobre 2008. Elle a pour mission d’assurer la promotion et le développement de la télésanté et de l’informatique médicale au Mali. A cet effet, elle est chargée de : Le Ministère de la Santé à travers l’Agence a été lauréat du prix TIGA 2009 en Avril à Addis Abeba en Éthiopie. Ce prix récompense les efforts des gouvernements en Afrique pour l’utilisation technologiques de l’information et de la communication dans l’administration. En plus de TIGA 2009 en Éthiopie l’Agence nationale de télésanté et d’informatique médicale (ANTIM) a remporté en juillet 2009 le prix de la meilleure invention dans le domaine des NTIC lors de la 5ème édition du salon national des inventions et innovations technologiques (SNIIT).
L’importance de la recherche dans le domaine de la santé « Cette recherche nous permet de connaitre l’environnement, les germes avec lesquels nous cohabitons, la transmission des maladies à travers ces germes, la manière de prévenir ces maladies etc. C’est pour cela que la recherche dans le domaine de la santé est diversifiée. Il y a la recherche opérationnelle, scientifique et interventionnelle. Ces différentes étapes convergent ensemble pour que nous puissions mettre en œuvre des actions pour le bien-être de la population. Donc sans recherche, on ne peut pas parler de santé. » La provenance des ressources financières « Le goulot d’étranglement au niveau de la recherche dans les pays en voie de développement, et plus particulièrement dans notre pays, ce sont les ressources financières. Les ressources destinées à la recherche ne nous permettent pas de faire de la recherche pure et dure. Cela nous permet juste de faire des recherches opérationnelles sur quelques protocoles, mais pas d’aller vraiment au fond des choses. À titre d’exemple, notre structure est une Agence nationale de technologie et une structure de recherche, mais avec une ligne budgétaire pour la recherche à zéro. Nous avons essayé de nous organiser en interne pour avoir des ressources propres mais malheureusement, nous avons des difficultés de mobilisation. Parce que, nous avons voulu un système où la transparence est de rigueur alors que notre vécu socio-socioculturel fait que tout ce qui va dans la transparence et la traçabilité n’acquiert pas souvent une grande adhésion. Donc cela est un frein. » Les résultats des activités de recherche « Nous avons effectué une étude pour voir l’utilisation des outils technologiques au niveau du ministère de la Santé. Nous avons fait cette étude avec l’accompagnement de l’Organisation ouest africaine de la santé. L’étude a commencé en 2012 et nous l’avons fini en 2013. Elle a été publiée et nous a permis de faire l’état des lieux en matière de ressources humaines, en matière de matériel, en matière d’infrastructures, en matière d’utilisation des outils technologiques dans le cadre de la prise en charge des patients. Avec l’organisation Terre des Hommes, nous avons mis en place une plateforme dans la région de Sekou, plus précisément à Macina. C’est une plateforme pour la prise en charge des maladies de l’enfant, en même temps, elle permet d’aider les agents de santé communautaire, les acteurs techniques à pouvoir prendre en charge l’enfant dans sa globalité. Cette plateforme a été numérisée et contraint l’agent de santé à respecter les différents protocoles.
Nous travaillons pour pouvoir aider les structures à mettre en place un réseau correct capable de supporter les outils numériques parce qu’il ne s’agit pas de placer une plateforme, une solution seulement, il faut que cette solution puisse marcher sur un réseau qui est solide
On a eu à faire une évaluation pour voir effectivement comment on pouvait l’améliorer. Cela nous a permis de passer d’une version ordinateur de bureau à une version tablette avec laquelle l’agent de santé partout où il est capable de recevoir, d’envoyer et d’exploiter les données de santé. Nous sommes en train de travailler pour l’informatisation des hôpitaux. C’est un grand projet de recherche. Nous avons fait l’état des lieux pour savoir exactement ce qui existe en matière d’informatisation. Quel hôpital est à quel niveau ? Quelles sont les ressources disponibles ? Maintenant, nous préparons l’élaboration d’un projet commun d’interconnexions parce qu’on ne peut pas informatiser, ni utiliser les outils, les plateformes sans une bonne connexion et une bonne communication. C’est le premier défi auquel nous devons faire face. Nous travaillons pour pouvoir aider les structures à mettre en place un réseau correct capable de supporter les outils numériques parce qu’il ne s’agit pas de placer une plateforme, une solution seulement, il faut que cette solution puisse marcher sur un réseau qui est solide.
Aujourd’hui, au Mali, nous avons la chance d’avoir les ressources qu’il faut, nous avons la chance d’avoir les ressources humaines qui sont dévouées à la recherche. Mais le fait qu’il n’y ait pas de financements à hauteur des souhaits fait que beaucoup vont ailleurs pour pouvoir évoluer
Et aujourd’hui, nous avons jusqu’à 6 chercheurs attachés de recherche sur ce projet, mais ce n’est pas suffisant. Nous espérons toutefois, que tout cela mis ensemble va donner un noyau solide pour pouvoir soutenir la recherche dans l’utilisation des outils technologiques pour le bien être de notre population. » Message aux décideurs et acteurs de la recherche « Aujourd’hui, on ne peut pas faire de la recherche sans financement. Il ne s’agit pas de mettre quelques milliers de francs et prétendre faire de la recherche. Il faut y croire et investir conséquemment. Quand les ressources sont suffisantes, les chercheurs arrivent à trouver des solutions aux préoccupations des populations, à soigner les maladies et à les prévenir, au final, les décideurs y gagnent. On gagne en temps, en ressources et en matériel au lieu de courir derrière à soigner les gens. Si la population est en bonne santé cela permet de pousser le développement humain dont on parle. Aujourd’hui, au Mali, nous avons la chance d’avoir les ressources qu’il faut, nous avons la chance d’avoir les ressources humaines qui sont dévouées à la recherche. Mais le fait qu’il n’y ait pas de financements à hauteur des souhaits fait que beaucoup vont ailleurs pour pouvoir évoluer. Ceux qui restent gèrent de petits projets comme nous le faisons, et avec des partenaires. Et chaque fois, quand le projet doit être financé par un partenaire, vous êtes tenus d’aller vers l’idéologie de celui qui doit financer. Or, quand le chercheur est contraint, il y a un biais dans les résultats. Alors que le chercheur doit être libre dans sa pensée, être libre de ses actes pour pouvoir donner des résultats qui vont servir. Voilà la vraie réalité que les chercheurs vivent au Mali. »
Médecin de formation, Dr Dakau est diplômé d’un Master en suivi et évaluation des politiques et programmes en santé et a suivi un master en épidémiologie.
Il est à l’Agence nationale de télésanté et d’informatique médicale depuis 2012, d’abord en tant que chef de l’unité d’audit, contrôle, suivi et évaluation, ensuite, directeur adjoint de l’Agence depuis mars 2017.