L’Institut national de la recherche agronomique du Niger (INRAN), créé en 1975, est depuis avril 2010 un Établissement public à caractère scientifique, culturel et technique (EPSCT). Ce changement de statut lui confère une plus grande autonomie scientifique, administrative et financière et, traduit la volonté de l’État d’impulser une nouvelle dynamique à la recherche agricole. L’institut est doté d’un conseil d’administration et d’un conseil scientifique. Placé sous la tutelle du ministère de l’agriculture et de l’élevage, l’INRAN a pour missions générales de concevoir et exécuter des programmes de recherche agronomique dans tous les secteurs du développement rural ; de coordonner et superviser toutes les recherches agronomiques entreprises au Niger ; de contribuer à l’élaboration de la politique nationale dans le domaine de la recherche agronomique ; de participer à la formation à la recherche ; de contribuer au développement de l’information scientifique. Dans le domaine de la biodiversité, il contribue à la connaissance de la flore et de la faune à travers ses chercheurs. Il met également au point de nouvelles variétés de semences améliorées dans le domaine agricole, rizicole et horticole. Les travaux de recherche sont conduits dans 4 centres régionaux de recherche agronomique (CERRA) : Dans l’ensemble, ces infrastructures sont en bon état, mais elles manquent d’équipements scientifiques et de matériel de communication et de bureau. L’INRAN compte cinq départements de recherche : Coordonnées et contact Siège : Adresse postale : BP 429 – Niamey Téléphone : +227 20 72 34 34
Les activités de recherche « Je conduis des recherches en nutrition animale, particulièrement la nutrition de la volaille. Il est question ici de trouver des solutions pour former des aliments qui répondent aux besoins de la volaille locale mais aussi industrielle sur la base des ressources disponibles. Concernant, les ruminants, il est question de valoriser les ressources disponibles en milieu paysan pour former un aliment qui permettrait d’améliorer l’état nutritionnel particulièrement le poids des animaux afin qu’on parvienne à avoir un poids amélioré à la vente supérieur à la pratique paysanne actuelle. Nos contraintes de productivité sont liées à l’alimentation. Certes, Il y’a la dimension génétique et la dimension sanitaire mais afin d’avoir un animal qui peut rapidement être vendu sur le marché, il faut une action rapide sur l’alimentation d’où l’intérêt de trouver des solutions afin d’avoir un aliment qui permet à l’animal d’atteindre rapidement un poids conséquent et ceci dans un court délais. » Les démarches « Les démarches adoptées sont d’abord liées à la catégorisation des animaux : jeunes, petits, en croissance et en fin de croissance. D’un autre côté, concernant la production de lait, on a des gestantes, des femelles et femelles vides. La categorisation des ces animaux permet de former des aliments qui répondent à leur besoin. Ensuite, s’agissant de l’aliment, il faut axer la démarche sur ce qui est accessible par exemple pour les ruminants ce sont les tiges, du sorghos ou du mil, les fanes que ce soit du gnébé ou de l’arachide mais aussi certaines feuilles… Après avoir considéré ces deux préalables ; à savoir la catégorie de l’animal et les ressources accessibles, nous essayons de formuler un aliment qui après consommation par l’animal sera bénéfique pour son développement. Il faut les croiser pour avoir une production laitière plus élevée et améliorer le poids actuellement visible sur le marché. » La provenance des ressources financières « La recherche est une activité qui prend assez de temps et il faut avoir des ressources disponibles pouvant être rapidement utilisées par les chercheurs. Mais vu le contexte difficile actuel, on ne peut affirmer avoir suffisamment de ressources. Le peu que nous avons nous permet juste d’avancer dans certains domaines. La recherche demande du temps et des moyens. Nos grandes contraintes sont dues au fait qu’on peut débuter une activité mais on ne parvient pas à un résultat final juste parce que le financement est suspendu et le temps mis pour reprendre le financement ou pour trouver un autre financement ralentit la progression. » La valorisation des résultats « La publication se fait à plusieurs niveaux. Tout d’abord, à travers les publications scientifiques, ici pratiquement toutes les formules ont été publiées à partir des conférences auxquelles nous participons à l’échelle nationale ou internationale pour présenter les résultats de la recherche. Mais aussi, il y a des formations que nous donnons en milieu paysan pour amener les producteurs à améliorer leur production. Lorsque vous prenez un de nos projets intitulé : le projet « catygao », nous faisons des transferts de formules basées sur ce qu’ils ont comme ressources disponibles. Ainsi, afin de venir en aide aux producteurs, nous analysons d’abord ce qu’il ont comme ressources disponibles sur place et en fonction de cela on les amène à formuler un aliment qui améliore la productivité de leurs bétails. » Message à l’endroit de l’État « Pour une recherche durable, il faut une prise en charge de l’État car laisser les chercheurs dépendre des financements extérieurs conduit à deux contraintes. Tout d’abord, on se retrouve obligé de travailler avec l’objectif du bailleur qui n’est pas forcément celui de l’État ou le nôtre. Mais puisque c’est un projet en collaboration on est obligé de s’y soumettre. On note aussi qu’on est contraint par le temps ce qui nous empêche de faire tout le tour d’une question puisqu’on est obligé d’avancer afin de satisfaire les bailleurs. Ensuite, quand les financements s’arrêtent, nous n’avons pas directement un autre financement pour continuer la recherche déjà entamée. L’Etat manque d’informations concrètes car il nous laisse nous débrouiller avec les bailleurs qui financent les projets. Pourtant, si cet État prenait en charge les questions relatives à la recherche, il serait obligé de suivre la recherche de près, de rester informé et définir des objectifs. Il faut que l’État définisse ses objectifs de recherche et trouve des moyens pour qu’on aboutisse à un résultat qui va non seulement servir l’État mais aussi la population. »
Nouri Brah est chercheur en nutrition animale à l’ Institut national de recherche agronomique du Niger au centre de Maradi.