Auteur: Tiasvi Yao Raoul Agbavon
Organisation affiliée: Communication, technologies et développement
Type de publication : Article du journal
Date de publication : Février 2022
Ce n’est pas une incongruité d’affirmer que l’Afrique compte la grande majorité des pays sous-développés. Une telle situation va de pair avec un développement technoscientifique quasi inexistant. L’invasion des téléphones mobiles sur le continent démontre la pénétration assez rapide des produits de la technologie qui ne saurait laisser les sociétés africaines sans transformations plus ou moins profondes.
Les nouvelles technologies, notamment les smartphones qui pullulent sur l’espace africain, embarquent considérablement l’intelligence artificielle. Il semble alors que celle-ci aura des impacts majeurs sur les sociétés africaines qui ont déjà intégré la téléphonie mobile et les solutions du numérique. La question de leur configuration au prisme du numérique et surtout de l’IA ne pourrait être fortuite et ne devrait pas être passée sous silence. Dès lors, comment le numérique et l’IA pourraient-ils reconfigurer davantage l’altérité et l’espace social africain ?
L’Afrique face aux technologies numériques et leurs incidences sur l’espace et les liaisons sociaux
En termes de rapprochement spatio-temporel, il convient d’admettre que les communications téléphoniques permettent des liaisons sociales qui, autrefois, étaient presque impossibles.
Utiliser l’IA sans en avoir pleine conscience, c’est passer à côté de tout son potentiel. Il va sans dire que l’humanité ne pourra pas se passer de l’IA. Les pays développés qui l’ont compris tôt en réfléchissant sur les enjeux de l’IA pour l’humanité ne sauraient donner de réponses univoques, si tant est que toutes les configurations sociales ne soient pas les mêmes
Dans la société traditionnelle africaine, notamment subsaharienne, l’individu ne saurait être pensé comme tel qu’en fonction de la communauté, donc de l’autre. À cet effet, l’altérité a une importance capitale dans la société traditionnelle africaine et elle est solidaire de la territorialité. Au-delà de la famille et du clan, les liaisons sociales traditionnelles étaient essentiellement liées à la proximité, dépendantes d’un contexte spatio-temporel reposant sur des territoires bien délimités.
Avec la technologie téléphonique, l’espace semble être, à la fois, plus étendu et réduit. De la sorte, l’expansion du numérique sur le continent africain peut aussi avoir des répercussions sur les liaisons sociales et l’espace social.
Le fait que les sociétés deviennent de plus en plus numériques est tel que les sociétés africaines ne sauraient rester en marge, tant l’espace africain est envahi par les technologies numériques qui tendent à en assurer la dimension virtuelle.
Applications mobiles et smartphones en Afrique : l’expansion silencieuse de l’IA à partir des technologies numériques
Il est vraisemblable de concevoir une distinction claire entre téléphonie mobile, technologies numériques et l’IA. Cependant, ce serait manquer de percevoir, aujourd’hui, le lien fondamental qui les unit en portant un regard univoque sur leurs distinctions. Toutefois, l’IA ne s’appréhende pas en dehors des technologies qui fonctionnent avec elle, même si elle est une science qui a un développement interne. De la sorte, il peut être dit des technologies mobiles et numériques, notamment avec les smartphones, que même s’ils ne sont pas de l’intelligence artificielle en soi, ils permettent le déploiement de celle-ci.
Avec les applications qui utilisent de l’intelligence artificielle comme Google Maps, Facebook, etc., il faut noter que les utilisations ne se font pas sans appareils qui peuvent prendre en compte cette intelligence. D’autant plus qu’il ne faudrait pas perdre de vue qu’en 2018 les prédictions estimaient que les équipements en appareils (smartphones) de 350 millions allaient doubler en 2020 sur le territoire africain, il faut se rendre à l’évidence de l’expansion silencieuse de l’IA sur le continent.
Avec la technologie téléphonique, l’espace semble être, à la fois, plus étendu et réduit. De la sorte, l’expansion du numérique sur le continent africain peut aussi avoir des répercussions sur les liaisons sociales et l’espace social
Reconfiguration de l’altérité et l’espace social en Afrique avec l’IA : pour une approche éclairée de l’IA
Le développement de l’IA sur l’espace africain n’est pas une illusion, c’est une réalité qui prend des allures diverses dans certains pays d’Afrique. C’est déjà un grand pas réalisé par certains pays africains qui exploitent les solutions numériques produites avec l’IA. Au fond, l’IA est en plein essor dans le quotidien des Africains, même si cela peut quelque peu échapper à la conscience de plusieurs.
La santé, le commerce, l’éducation sont autant de domaines qui, lorsqu’ils subissent une forme de révolution quelconque, soulèvent des questions relatives à la société et à l’altérité. Il va sans dire que les sociétés africaines qui intègrent de plus en plus le numérique ne peuvent en aucun cas éluder les questions sociales liées à l’espace et à l’altérité.
Par exemple avec les moteurs de recherche, il devient plus aisé de retrouver une personne, voire trouver des informations afférentes à cette dernière, sans dépenser beaucoup d’énergie. La distance physique qui pouvait être considérée comme un obstacle à la création et à l’entretien des relations sociales n’en est plus, car l’autre n’est plus tant éloigné.
Alors que des projets de villes intelligentes et d’IA prennent forme en Afrique, les bienfaits du numérique sur l’espace africain, tant au niveau de la santé qu’au niveau socio-économique sont louables. La e-santé, par exemple, fondamentalement basée sur l’IA permet un accès facile au soin et au dépistage, à condition d’avoir le support adéquat. Les banques mobiles en plein essor en Afrique sont plus profitables sur le continent, là où le taux de bancarisation est relativement faible.
Il est vraisemblable de concevoir une distinction claire entre téléphonie mobile, technologies numériques et l’IA. Cependant, ce serait manquer de percevoir, aujourd’hui, le lien fondamental qui les unit en portant un regard univoque sur leurs distinctions
Dès lors, que faut-il faire pour que cette reconfiguration de l’altérité et de l’espace social africain soit plus profitable en ayant une approche éclairée de l’IA ? Utiliser l’IA sans en avoir pleine conscience, c’est passer à côté de tout son potentiel. Il va sans dire que l’humanité ne pourra pas se passer de l’IA. Les pays développés qui l’ont compris tôt en réfléchissant sur les enjeux de l’IA pour l’humanité ne sauraient donner de réponses univoques, si tant est que toutes les configurations sociales ne soient pas les mêmes.
Dès lors, les Africains devraient déjà s’approprier l’IA au risque de voir leur espace social davantage reconfiguré par des technologies numériques et l’IA sans pouvoir les maîtriser, et qui n’émanent pas d’eux-mêmes ou de leurs réalités.
Ce n’est pas un fait négligeable que certains pays africains comme le Nigéria et le Ghana soient ouverts à l’IA, mais cela reste insuffisant sur un continent qui regroupe une soixantaine de pays, dont le quotidien de la plupart de leurs populations est fortement influencé par les technologies numériques et l’IA.
Si l’IA reconfigure l’espace social et l’altérité en Afrique, cette reconfiguration doit se faire avec les Africains eux-mêmes en s’appropriant l’IA qui s’est désormais intégrée sur le continent.
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