Site de publication : Assises de la transformation digitale en Afrique (ATDA)
Date de publication : 2018
Type de publication : Rapport
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Pour vous, en tant que président d’une grande entreprise, quels sont les atouts que représente l’IA ?
L’intelligence artificielle est une donne que toute entreprise soucieuse de son avenir doit considérer. Maintenant qu’elle se rapproche du stade de la maturité, il faut s’attendre à ce qu’elle introduise des changements prévisibles mais aussi des bouleversements inattendus. Les atouts qu’elle contient vont dans le sens d’une amélioration significative de la productivité, dans la mesure où elle redéfinira les relations et les interactions aussi bien sur la production que dans la relation avec les tiers. En effet, il ne faut pas seulement voir le robot intelligent qui remplace la force du travailleur. L’intelligence artificielle c’est d’abord la redéfinition du sens même du travail et donc la perturbation des modèles économiques, des modèles sociaux, voire de l’ordre moral.
L’intelligence artificielle est une donne que toute entreprise soucieuse de son avenir doit considérer
Quelles sont les atouts que contient cette révolution silencieuse ? Je dirais que pour profiter de cette révolution, il faut se donner les moyens d’être sur la bonne rive. Pour cela, il faut anticiper le mouvement en investissant d’abord sur les compétences. L’intelligence artificielle se nourrit des données. La maitrise des compétences qu’il faut pour les collecter, les analyser et les monétiser est un impératif pour les entreprises. Ensuite, il faut se projeter sur les besoins futurs de sorte à se donner les moyens d’être un élément substantiel dans la chaine de valeur dans laquelle l’entreprise se trouve. Enfin, il faut adapter ou reconstruire l’organisation pour la mettre en adéquation avec l’ampleur des défis à relever.
Quels sont les risques que représente, selon vous, l’IA pour l’économie africaine ?
Les risques pour l’Afrique sont nombreux. D’abord nous courrons le risque de voir sortir de nos écoles et universités des compétences obsolètes qui ne satisferont plus les besoins des entreprises et donc qui rempliront les bancs du chômage. Ce risque est d’ailleurs déjà consommé car la révolution digitale, sans même considérer la composante Intelligence artificielle, a déjà rendu obsolète les modes d’enseignements et les curricula.
Nous courrons le risque de voir sortir de nos écoles et universités des compétences obsolètes
Sur le plan économique, la compétitivité de notre tissu industriel exigera des investissements et engendrera des pertes d’emplois que seul un secteur des services dynamique pourra absorber. Le système financier traditionnel n’est sans doute pas encore en mesure de répondre aux nouveaux enjeux qui conditionnent le futur de la production. Enfin, sur le plan de la gouvernance publique il y aura une exigence de plus en plus forte de transparence. Les administrations devront impérativement se moderniser pour être au diapason des attentes des citoyens. La somme des données qui dorment dans des salles d’archives ou sur des serveurs devra constituer la dorsale du pilotage stratégique des pays.
Quels secteurs seront à votre avis les plus révolutionnés par l’IA, comment, pourquoi ?
Les secteurs qui seront les plus affectés par l’émergence de l’intelligence artificielle sont a priori les secteurs où la robotisation constitue un levier de compétitivité. On pense essentiellement aux industries et aux chaines de montage contrôlées entièrement par des robots et les secteurs pour lesquels les modes de production et de prestation impliquent des processus répétitifs. En résumé, de moins en moins d’humains en front office, de plus en plus d’humain sur de nouveaux métiers autour des données. Pour les métiers d’expertise, ils auront tendance à se redéfinir. Les capacités d’analyse reviendront aux machines tandis que la décision finale restera humaine… enfin, jusqu’à ce que les machines nous challengent sur l’abstraction et les émotions…
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